La Marla ivre était surement la meilleure tue-l'amour qui soit. Rien de glorieux, rien de sexy. Echouée au niveau des toilettes, je venais de rejeter tout ce que j'avais pu ingurgiter durant ma soirée. Ce n'était qu'un mauvais moment à passer, sachant par expérience que j'allais me sentir mieux dans quelques heures. En attendant, ça ne m'empêchait pas de chouiner comme une enfant malade qui ne comprend pas pourquoi elle devrait subir autant. Ahm. Je pouvais compter sur mon super petit ami qui était trop amoureux pour me dire de me demerder en ricanant. Verre d'eau en main, je me rinçais la douche avant de boire le reste de l'eau. J'abandonnais les toilettes pour le canapé en suivant ton conseil. L'idée d'avoir du fromage sur le front me fit grimacer, presque envie de vomir à nouveau. " Le surgelé c'est bien... " Pour penser à autre chose, j'essayais de repenser à la soirée avant que ça ne m'échappe complètement, en vain. " J'me souviens plus tellement de la soirée, en dehors de la danse. J't'ai envoyé des messages ? " Trucs illisibles surement.

Une fois dans le canapé, je me sentais déjà un peu mieux. Plus rien dans l'estomac pour me faire du mal, assise pour calmer la tête qui tourne. Il ne manquait plus que le sachet surgelé pour faire baisser ma température. D'ici une trentaine de minute, je commencerais à comater. Demain, après une bonne douche, ça ira déjà mieux. Malheureusement, comme je faisais cela auprès de toi, il y avait un côté tue-l'amour embarrassant devant lequel j'allais me sentir honteuse plus tard quand je retrouverais toute ma tête. En attendant, je poussais un soupir de soulagement quand le froid touchait mon front. Comme à mon habitude, j'avais envoyé des sms illisibles dont je ne me souvenais plus le contenu. " Cute et déconcertant ? Est-ce que j'ai parlé de fantasme sexuel ou truc du genre ? " Tout était possible avec l'ivresse dans le sang.

Dès que je buvais, je faisais n'importe quoi. Déjà parce que l'alcool avait un mauvais effet sur mon organisme et en plus, parce que mon cerveau se lâchait à ce même moment. Comme si ma part d'inconscient, toujours dans la retenue, se disait que c'était LE moment pour tester mes limites. Alors oui, j'avais déjà fait des choses improbables mais sur le moment, j'avais pas conscience de ce que je faisais. Quand j'étais soft, mon grand classique c'était les sms illisibles, trace écrite de mon ridicule. Là encore, tu n'échappais pas à la règle et comme pressé de me montrer, les messages s'affichaient sous mon nez. " Tu tiens vraiment à ce que j'essaie de déchiffrer des conneries alors que j'ai la tête en vrac ? " J'pouffais de rire tout en grimaçant avant d'attraper le tel pour regarder de plus près. J'étais un peu en galère, mais plus ça défilait et plus mon cœur s'emballait, comprenant mieux où tu voulais en venir. Putain. " Oh.. " Est-ce que j'ai vraiment osé ?

Quand les messages apparaissent sous mon nez, c'est avec légèreté que j'aborde le sujet. Avec toujours de l'alcool dans le sang et la fatigue, c'était compliqué de se concentrer sur une tâche aussi importante que celle de lire des messages indéchiffrables. Pourtant, avec ton insistance, je m'attelais à me relire depuis ton téléphone, faisant défiler la conversation que nous avions pu avoir plus tôt. Rien n'avait de sens jusqu'à ce que je comprenne où tu voulais en venir. Merde. Pas comme ça. Je grimaçais sans le vouloir avant de me reprendre. Clairement, t'avais l'air heureux de ce retournement de situation quand pour ma part, je ne savais pas trop comment réagir. Non pas que je ne pensais pas ce que j'avais dit, j'étais quand même dég de la moi alcoolisée. " J'voulais pas l'dire comme ça.... " que je couinais avec un moue boudeuse. " Tu trouves ça cute toi ? " Perso, pas tellement. Non ?

Même en ayant le cerveau qui flotte dans la tequila, j'arrivais à penser de manière acharnée à ce qui était en train de se dérouler. Situation périlleuse pour une nana qui ne savait plus très bien comment elle devait s'y prendre. Rouillée à cause des larmes qui avaient coulées par le passé. Maintenant que le cap des mots importants étaient passés, j'étais partagée entre l'idée d'être soulagée ou l'envie de pleurer à cause de la nullité de la situation. J'avais la vague impression qu'il y avait un gouffre entre mon manque d'enthousiasme qui me forçait à freiner des deux pieds et ton envie irrésistible de plonger la tête la première dans l'océan de l'amour. Quand la réalisation me frappe à l'idée que j'étais devenue comme Philip Harrison, je me mords la langue pour ne pas me prendre d'un fou rire sorti de nulle part. Merde.

Je t'observais quelques secondes, les sourcils légèrement froncées. _ Je le pense vraiment. Et j'espérais que tu ne douterais pas de ma sincérité malgré mon manque de fougue. Je le pensais, mais ça se devait d'être difficile. C'était ainsi.
_ Je te déconseille de vouloir m'embrasser maintenant. N'oublions pas qu'entre temps, j'avais eu la tête dans les toilettes à me vider l'estomac.