Tombe la neige. Milliers de flocons blancs qui se répandent sur Boston. Devenue manteau, elle confère au lieu, une aura particulière. Eparpillé. L’esprit aussi éparse que la blancheur hivernale. Parcourant les lieux endormis, les pas de l’ombre le mènent jusqu’à la verrière. Sweat sur le dos, il s’enfonce dans un des canapés disponibles. Spectacle. A travers les baies vitrées. Il en prend plein les yeux. Comme un film, certains souvenirs de gosses se superposent les uns sur les autres. Et pour une fois, il est ravi de les retrouver. De mettre de côté, l’université. Les études, Lena. Tout ça s’est enfermé dans une boite. Hypnotique vue. Perdu dans sa contemplation, il n’entend pas les bruits de pas silencieux. Ses yeux papillonnent. La fatigue l’happe presque. Morphée au bout du tunnel. C’est finalement, un bruissement qui l’empêche d’aller plus loin. Réouvrant d’un coup ses paupières, il se frotte les yeux rapidement, avant de discerner dans la pénombre sa silhouette. « Putain » Il jure presque en silence. « T’es flippante tu l’sais. »

Des doutes. Voilà ce qui résumait l'état de mon cerveau en ce moment. Quoi faire pour les fêtes ? Continuer les études de droit? Repartir à New-York ? Continuer de m'attacher à Zayn? Trop de questions, j'aimais pas ça. Allez, je restais en pyjama, enfilant par dessus un châle doux et tellement agréable. Des pantoufles et j'allais me servir un verre de vin blanc dans la cuisine. Fermant les yeux un instant, j'me dirigeais dans la verrière, endroit que j'appréciais par son calme. Le fait de pouvoir tout voir, puis la neige c'était magnifique. J'pensais être seule et j'tournais mon visage vers toi. Flippante. J'me mis à rire, buvant une gorgée de vin en haussant les sourcils. J'te laisse continuer ta nuit t'inquiètes.. entre l'envie de vraiment tourner les talons et aussi de rester. Te parler. Sourire. Que tu m'fasses rire, t'avais été présent à ma rupture et quand bien même maintenant tu étais en couple, tu m'manquais. Ma fierté ne te le dira pas.

Verre de vin en main. Châle sur les épaules. Elle avait tout de la petite mamie flippante en plus canon. « T’peux rester. » Les mots lancés, l’ombre se redresse légèrement. Histoire de moins être enfoncé dans le canapé. Combien de temps n’avait-il pas échangé quelques mots avec elle ? Combien de temps est-ce qu’il ne l’avait pas vu ? C’était tellement plus simple de l’envoyer chier par message qu’en face. Même après ça, elle gardait le même regard. Une sorte de douceur qu’il n’aurait pas pensé revoir. « La verrière est pas qu’à moi. » Ricanement léger au bord des lèvres. Nerveusement, il passe une main sur sa nuque. Qu’est-ce qu’il devait dire pour combler le silence ? Parce qu’il trouverait forcément quelque chose, pas vrai ? Lui qui l’ouvre sans cesse pour ne pas être confronter à cette sensation de vide. Pourtant, rien ne vient. Rien d’intéressant. Alors, il prend le seul truc qui passe. « Il neige. »

Tes mots m'arrachèrent un sourire presque invisible, mais je gardais mes pieds plantés là, regardant l'extérieur et sirotant mon verre à ballon comme une petite bourge -que j'étais en vrai-, non la verrière n'était pas qu'à toi mais on savait toi comme moi que c'était weird cette situation. On s'était pas croisé depuis un moment. Pas parlé pareil, et même si j'voulais simplement que tu sois heureux, j'étais vexée que tu m'aies clairement mis de côté pour elle. Du jour au lendemain. clairvoyant Guerin.. lançant mon regard sur toi sur le côté, je terminais mon verre en fermant les yeux. j'me demandais ce que c'était que ces petits trucs blancs et froids qui tombaient du ciel! mimant une découverte, je me mis à rire en venant m'asseoir à tes côtés, laissant de l'espace tout d'même. ça va? question tellement étrange en vrai. T'allais me répondre la vérité ? J'en savais rien. J'comblais le vide.

« T’as vu ça. » Silhouette qui se détache dans la pièce presque obscure. Elle reste là, debout, avec son verre en main. Laisse l’humour percer ses traits. Le genre de truc complètement con, mais qui le fait sourire. Finalement, elle s’assoit près de lui. Laissant cependant, une certaine distance. « Toi ? » Ni oui ni non. Il préfère ne pas répondre. Dans l’ensemble, il allait plutôt bien. Ses études étaient irréprochables et si tout allait bien, il allait pouvoir partir en stage dans quelques mois. Quant à sa vie privée, il n’était pas sûr de la réponse qu’il allait fournir. Il avait parfois, l’impression d’être quelqu’un d’autre. De faire ce qu’on lui demandait, alors que l’ancien lui ne l’aurait jamais fait. Comme un putain d’canard qui court derrière sa canne. Le bras accoudé sur le rebord du canapé, il tourne son ovale vers elle, tout en se frottant l’arcade sourcilière. « J’ai la gale ? » Léger sourire qui flotte sur ses lippes.

J'avais toujours adoré la neige, d'aussi loin que je me souvienne, c'était les moments que je préférais presque dans l'année. Tandis que d'autre râlait et avait peur de conduire, moi j'buvais mes chocolats chauds -ou verre de vin- en regardant ce beau spectacle qu'offrait la nature. Tu me retournais la question sans y répondre. ça doit être une manie chez toi de jamais répondre au question.. cette fois, je posais mon verre sur un truc à côté et je m'asseyais sur le côté, de façon à te regarder. je vais. bien aussi dans l'ensemble. Mais bon, j'avais connu mieux, et pire aussi biensûr. Ta question me fit sourire presque sans m'en rendre compte. T'as une copine, hyper jalouse. C'est presque pareil tu sais.. fronçant les sourcils comme pour te taquiner, j'regrettais déjà de passer ce moment avec toi. Puisque après ce serait silence radio je le savais. Du coup, j'savais même plus quoi dire. Je me remémorais simplement les moments qu'on avait passé. Le toit de la Dudley, New-York, les soirées, l'incruste au mariage. Comment tu pouvais mettre de côté notre "amitié" pour elle? elle a pas confiance en toi Scott. Sinon elle te laisserait m'parler. T'étais grand, majeur et vacciné.

Une manie – qu’il savait- agaçait les autres. Il avait pris cette habitude avec son paternel. Lui qu’il aimait pousser à bout. Comme si ce toc était le point de départ de sa rébellion. « C’est pas vraiment une réponse. « Tu le sais ? » Regard oblique dans sa direction, tandis qu’elle se positionne de sorte à faire face à son profil. « A moins qu’elle soit devenue la femme invisible, elle est pas là. » Est-ce qu’il allait lui parler de cette rencontre ? Ou est-ce qu’il allait taire cet instant pour éviter une nouvelle crise ? Peut-être qu’il devrait remonter dans sa chambre. L’ignorer. Mais il n’en a pas envie. Sans compter son putain d’esprit de contradiction. Plus vous lui demandiez de faire quelque chose et moins il allait le faire. De toute façon, il ne faisait rien de mal. Se tournant à son tour, il prenait appuie contre l’accoudoir du canapé. Un coussin calé derrière son dos. « Ça te dérange ? »

J'pense sincèrement qu'un autre verre m'aurait aidé à être un tantinet plus détendue. Mais on allait faire avec, cette humeur de merde. Cette insomnie qui continue et ton regard qui se veut curieux. au moins j'ai répondu moi. on va jouer à qui à la plus grosse là, ça recommençait. t'as de l'humour dis donc ce soir.. biensûr qu'elle était pas là. Tu s'rais pas en train de me parler sinon. si elle serait là, tu m'aurais même pas regardé, tu l'sais Scott. haussant les sourcils, j'continuais à te dévoiler le fond de ma pensée, c'était l'occasion. c'qui me dérange c'est que du jour au lendemain, t'as fais comme si y avait plus rien. même si d'ton côté y avait pas un minimum d'attirance ou je n'sais quoi et que je n'ai été qu'un putain d'objets, j'pensais que y avait au minimum une amitié. j'te reconnais plus. donc oui ça me blesse parce que tu comptais pour moi. ok, l'émotion qui monte alors que c'était pas prévu. J'me racle la gorge, comme si ça allait me faire redevenir moins sensible à la situation. si t'es heureux c'est le principal. un fin sourire, forcé oui. Mais qu'importe. J'attrapais mon verre vide, regardant l'extérieur. Fallait que j'parte, que j'aille dormir et qu'on continue de s'ignorer. C'était ça qu'tu voulais, qu'elle voulait.

Le ton qui change. Le regard qui se voile. Et les reproches muets s’envolent. Il les sent l’effleurer. Devenu silencieux, il l’observe. La laisse s’ouvrir. Dans la pièce presque obscure, la lampe vacille. Grésille comme si elle était défectueuse. Pendant un instant, elle confère à la verrière une atmosphère inquiétante. A travers les baies vitrées, la neige, elle, redouble d’intensité. Se fait plus tumultueuse. Et l’émotion qui teinte le timbre de la blonde, le transperce. Avait-il compté à un point où même son amitié lui aurait suffi ? L’impulsivité de Scott le fait agir. Son égoïsme, le positionne à la première place du podium. Il ne voit pas toujours, les dégâts qu’il cause, mais cette nuit, il en prend conscience. Vraiment. « J’voulais pas te blesser. » La sincérité se fait jour dans sa voix. Se détournant de lui, la jeune femme au sourire crispée, boit une nouvelle gorgée. Après un temps indéterminé, l’ombre parle enfin. Laisse carte blanche aux mots qu’il emprisonne. A ses pensées qu’il garde précieusement en lui. « J’ai pas changé Loïs. C’est juste moi. J’sais que c’est pas compréhensible pour tout le monde, mais je suis comme ça. Egoïste. Et si pour garder Lena, je dois m’éloigner de certaines personnes, je le fais. » Soupire lasse, il porte son regard sur l’extérieur. « Mais tu vois, elle a pas tort sur une chose. » L’inquiétude de la brune était-elle fondée ? Il ne s’était jamais posé la question, parce qu’il est bien trop obnubilé par elle, mais s’il n’y avait pas eu de Lena, peut-être qu’il y aurait eu une Loïs. « J’ai appris à t’apprécier et j’sais pas… peut-être que c’est mieux comme ça. »

C'était quoi cette conversation là ? Qui devenait bien trop sérieuse. Puis la tête que j'devais avoir. Ce chignon mal fait, le visage brut, le pyjama et.. tout ça j'men fichais. Je l'avais même oublié. Avec toi j'avais été moi-même. J'avais laissé cette carapace de côté. Mais ce soir je laissais de nouveau des distances. J'respectais ton couple. J'étais pas ce genre de filles. J'entendais tes paroles, et j'pouvais comprendre. Mais enfaite non. il m'en faut plus pour véritablement m'faire du mal. je suis déçue c'est tout.. c'est peut être même pire.. c'était le cas. tu veux que j'te dise? c'est elle qui est égoïste. Qui te prive de ta vie, des gens autour de toi. Je savais pas forcément tout de vous deux, mais quelque chose me disait que t'avais pas eu envie d'couper les ponts. C'était quoi tes derniers mots là ? quoi? pas tord sur quoi? fronçant les sourcils, tu regardais dehors et moi j'attrapais ton menton pour que tu me regardes. J'enlevais rapidement mes doigts de ta peau, elle était interdite. t'as apprécié quoi Scott? me sauter? passer du temps à New-York avec moi et t'mettre en couple avec elle quelques jours après? Incompréhensible.