La grand-mère. La corde touchée. Julia attachée au souvenir. Elle cochait donc la case du sentimentaliste. Elle qui d’extérieur, se fait froide. Presque. Contraste de sa chevelure ébène sur son derme ivoire. Presque translucide. Là dans la lumière jaunâtre de l’amphithéâtre. « T’inquiète pas pour elle. » Tamponne l’extrémité de son œil droit. « Elle est entre d’bonnes mains. » Gestes mis en pause. Il abaisse la main. Garde captive, l’artefact. Amusé est le sourire. Celui qui déborde sur ses lippes, alors qu’il referme l’ordinateur d’un coup sec. Dans l’espace, son bruit résonne. « T’imagine pas à quel point. » Entre ironie et flirt. Il oublie momentanément le poids sur son pulsant. « Qui t’dis qu’ça m’intéresse pas ? » Il détourne ses mots. Appose le doute. Seulement, c’est Julia qui a raison. Clairvoyante. Il en avait rien à foutre. Jusqu’à maintenant. Les lippes qui s’apprêtent à s’entrouvrir, mais rapidement, l’élan est mis à mal. A sa hauteur, elle s’abaisse. Approche son ovale presque irréel de son ombre. L’ivoire contre sa peau légèrement brunit. Machiavel est son souffle quand il caresse ses cils. Dispersent les dernières particules de poison, mais se veut brulant sur sa rétine martyr. « La prochaine fois qu’tu cherches un cobaye pour tester c’genre d’connerie, prend quelqu’un d’autre. » Face à elle, il maintient l’œil ouvert. De force. Alors que déjà, se forme une pellicule humide. Main tendue. « J’vais la garder. » Le poing qui se referme sur le tissu. Le chiffonne pour le plonger dans la poche arrière de son jean. « J’vais t’le laver. C’la moindre des choses. » Fierté dans l’regard. Tête à claque.

GUETTE L'INSOMNIE @Scott Guerin — Langue qui tourne dans ta bouche, tu grognes intérieurement, maudit davantage ce sentiment d'étrangeté, tu n'aimes pas que la situation t'échappe, transparente, tu te conviens de le rester, mais il arrive que tu perdes rapidement patience lorsqu'un sujet te touche. Ta grand-mère est juste l'exception à ta propre règle. — Permets-moi d'en douter. Tu regrettes déjà de lui avoir confié ce bout de tissu. Sourcils qui froncent cependant à l'aveu intéressant. Mensonge enjoué. SOS lancé, appel au flirt. Votre petit jeu semble tourner au réel, vous n'êtes plus derrière un écran. Les dés sont jetés. Le destin se plie en en ta faveur. — Je tâcherai de rajouter cette idée à ma to do list. Tester les amphithéâtres. Quel plaisir pourras-tu en tirer ? À voir un jour. — Je n'ai pas besoin que tu me le dises, ça s'voit comme un point au milieu de ton front. Et surtout, vous avez l'air de fonctionner de la même façon. T'arrives à te regarder dans un miroir qui n'existe présentement pas. — Ça n'aurait pas été aussi fun à tester avec quelqu'un d'autre. Sourire gamine, provocatrice, narquois. Voilà comment tu es Julia. Tu te nourris du paroxysme. Des conneries que tu peux faire sur un coup de tête. Comme là par exemple : lorsqu'il se permet de prendre ta serviette en otage. La fourrer dans sa poche arrière et t'afficher ce sourire aguicheur. Il porte le parfum de l'interdit. Goût des délices que tu arrives à sentir sur ta langue. L'adrénaline monte en flèche, il te défie presque du regard. — Laisse-moi rire, mecs et lessive ? Ça sonne tellement faux. Mets ta fierté de côté et avoue que tu ne veux pas que je parte. Tu vois venir les réponses du garçon, mais avant qu'elles ne sortent dans le but de te renvoyer la balle, tu te penches à nouveau. Noue tes mains qui châtient les deux bordures de chaise où il est assis, ton esprit vagabond pour n'en laisser que la surprise intacte d'un guet-apens. Charnue qui pulse avec force contre la sienne, corps du garçon qui penche légèrement vers l'arrière. Baiser sans en être véritable un. Respiration que tu veux juste couper afin qu'il ne s'aperçoive pas de la supercherie et pour qu'il ne sente pas que le bout de tissu vient de retourner à sa maîtresse. Aussi rapidement que t'as atterri sur ses lèvres, tu t'en retires avec la serviette que tu brandis comme un drapeau. — Désolée, je préfère moi-même m'occuper de sa lessive ! Audace de prendre ce que tu veux. Couilles que tu portes à sa place. Qu'il attrape tes désirs virevoltants aux quatre coins du monde s'il peut.

« M’semblait pas avoir un point sur la gueule. » Expression retourné. Il en joue. S’amuse à être l’idiot juste pour voir ses opales s’étrécirent d’agacement. Encore. Occupation nocturne. Celle qui efface ses pensées. Renvoie Lena dans un coin sombre. Là où la lumière ne fait pas jour sur la rupture. Serpentine misogyne. Et après ce sont les hommes qui se délectent d’argument sexiste ? Prend naissance, un ricanement narquois. Bas. Comme s’il se fondait au peu d’obscurité de la pièce. En comblait la noirceur. Comme un bout de vie qui se fond dans son épaisseur jusqu’à en être étouffé. « J’ai pas besoin de t’voler pour qu’tu restes. » La langue imbue, il crache ses mots. Se referme quand la brune se fait veuve noire. Bras de part et d’autre, elle l’emprisonne. Entrave ses mouvements. Il ne peut les empêcher. Ses lèvres qui se joint à lui. Qui lui arrache un frisson autant elles le répulsent. Parce que c’est l’image d’une autre qui se superposent. La douleur qu’il veut taire ressurgit comme s’il venait de blesser la seule âme qui le comprends. L’accepte. Serviette arrachée. Il ne la ressent même pas. Cette main qui s’infiltre. Fierté sur les traits de la jeune femme. Trophée entre les mains. Il aurait pu en rire. Avant. Lunatique garçon. Le visage fermé, c’est de la froideur qui perce ses pupilles. Qui fait d’elles, des fentes. « T’fais souvent ça ? » Se détournant de sa vision, il attrape son sweat encore imprégné de la puanteur du poivre, mais plus sans risque. Tant que le tissu ne touche pas ses yeux. Avec précaution, il l’enfile. Couvre sa peau. Utiliser l’moindre prétexte pour t’vendre à mec. » Hargneux. C’est contre lui qu’il est en colère, mais contre elle qu’il va vouloir se décharger. Parce qu’elle est la seule âme errante. Et surement, parce qu’elle caresse son impulsivité. Murmure des idées folles dont il pourrait tenter de s’assouvir.

GUETTE L'INSOMNIE @Scott Guerin — Tête à claque il n'y a rien à faire. Au fond, ça te fait bien marrer, mais comme tu es si bonne comédienne, tu ne laisses rien entrevoir, ou alors un fin sourire dissimulé dans le coin de tes lèvres. — Si tu veux jouer à ça, vas-y, je peux tenir toute une nuit à déblatérer toutes pleines de phrases contradictoires. C'est un mec après tout, un mec avec beaucoup trop de fiertés à vendre. Il n'est pas à plaindre puisque tu es pareil, mais même ainsi, tu es certaine qu'il te tiendra tête plus que tu ne le feras. Il pourrait très certainement te battre à ce jeu. Mais l'heure actuelle n'est plus au jeu, puisque apparemment, tu viens de toucher une petite corde sensible, tu ne sais où. Pourquoi ce froid d'hiver d'un coup ? Est-ce l'effet évident que tu viens de lui procurer qui le met dans cet état ? Est-ce de la colère parce que tu réussis avec facilité à percer son âme malgré le bouclier qu'il y a autour de lui ? Les mots du garçon résonnent avec cette honnêteté écœurante qui frappe avec violence. Blasée, tentée de laisser couler. Tu te laisses mener en silence, hochant simplement la tête avec un sourire si ravi du regard hargneux qu'il t'oppose. — Un mec ? Je n'en vois pas là. Ton esprit s'évade, submergé par l'amusement que son être éveille en toi. — Autrement dit, tu veux que je te donne les raisons qui m'ont poussé à prendre en otage tes lèvres ? Ce n'était pas plus simple de passer par ce chemin plutôt que de faire une remarque dans le but de blesser ? Car c'est carrément l'effet inverse, j'assume qui j'suis, que ça plaise ou non. Et je suis comme ça, impulsive. Je navigue au gré du vent voilà tout... Attention Julia, t'en dis un peu trop là. Tu veux briser l'destin et contrôler ta propre existence. — Est-ce sur cette note qu'on s'quitte Guerin ? Un pas en arrière, puis deux, t'éloignes de son âme que t'a bien touché du bout de tes pulpeuses, geste qui restera imprégné t'es certaine, trace empoisonnée que t'as laissé sur ses charnues comme un goût d'inachevé.

Esprit malin jouant sur les mots. Elle donne l’impression de se délecter de ce qu’elle provoque, mais lorsqu’elle ouvre sa bouche... Lorsque le son envahit l’espace. Empli le vide entre leurs deux corps... Il sait qu’il a touché quelque chose. Assez pour qu’elle dévoile une partie de son fonctionnement. « Pas mon problème s’tu le prends comme ça. » Le dos tourné, il enfonce sans douceur, son ordinateur dans son sac. Guerin. Nom employé comme pour appuyer ses mots. Dans le silence devenu soudain, seul le bruit de la fermeture éclair résonne. Tournant légèrement la tête, il lui offre l’image de son profil. De son ouïe fine, il entend les pas silencieux. Ceux qui instaure une nouvelle distance. « Ça t’a pas suffi ? » Enfin, l’ombre se retourne. Lanière du sac qui entoure son poing, elle bail légèrement. « T’en veux plus ? » Emeraudes aux allures tempêtes, il positionne le sac sur son épaule. Attrape sa veste de sa main libre. Parce qu’il en a fini Scott. De cette conversation. De leur rencontre. L’instabilité joue l’équilibriste.Il sait qu’il pourrait déraper. Rien que pour faire taire ce qui massacre sa poitrine. La lacère. Il y a quelque chose dans le fond de ses azurs. A elle. Quelque chose qui l’appel. Une impression. Dont il n’est pas sûr de la signification. Si c’est de l’irritation ou autre.

GUETTE L'INSOMNIE @Scott Guerin — Ces mots assassins ne te blessent pas, parce que tu es habituée, Julia, mais tu n'as que faire de ce que les autres pensent de toi. Ce qui t'importe, c'est que tu te sentes bien dans tes baskets. Alors tu hausses les épaules en guise de réponse. Tu ne veux pas lui donner l'occasion de penser que ça t'a touché, la nonchalance est ta meilleure arme de combat. Vous êtes quand même pathétique tous les deux autant lui que toi, parce que cette tension, cette attraction, qui plane autour de vous, n'importe qui pourrait le voir, le ressentir et vous n'êtes pas capable de mettre votre fierté de côté pour vous laisser justement guider. — Qu'importe. Mensonge. Lèvres que t'humidifies discrètement à l'abri de son regard. T'as envie de l'embrasser. C'est une certitude. Vos pas se rapprochent de la sortie. — Toi ? Plongeant un regard interrogateur dans le sien. Tu resplendis, dans cette confiance, dans cette droiture accablante. Comme une vérité qui s’échappe. La réponse ne viendra pas, c’est sans doute ce qui rend le tout si excitant. Pour autant, tu ne perds pas la moindre part de ta volonté.

Ombres dans la lumière. Avancent vers la sortie, leur silhouette. Au rythme de ses pas, se balance le sac. Claque doucement contre son dos. Imperturbable Scott. Uniquement d’apparence, parce qu’à l’intérieur, la tempête tape contre sa boite crânienne. Toi ? Résonne la question. Le plonge dans l’incompréhension. Lui retourne-t-elle la question ou est-ce lui qu’elle redemande ? Il n’en est pas sûr. Incertain. Une première. Surement que la fatigue y’est pour quelque chose. Les yeux encore meurtris par le spray au poivre, luisent d’une lueur rougeâtre. Assombrissent ses billes vertes. Alternative trouvée. « Répond. » Avant que lui le fasse. La porte de l’amphi poussée, il y prend appuie. Se met en arrêt. Attend qu’elle délivre de ses pulpeuses, les mots.

GUETTE L'INSOMNIE @Scott Guerin — Perdre son souffle. Maintenir la cadence. Les pas se suivent alors que tu poursuis ton chemin. Sortir d'ici, partir d'ici. Loin de cette salle. Loin de ce poison. Loin de ce connard. Loin de ce beau gosse. Loin de celui qui te ressemble comme si vous aviez été fait du même coup de crayon. Le danger rôde autour de toi, Julia et il porte le prénom de Scott. Il s'arrête, pour toi, c'est le signal, c'est le doute qui s'est emparé de lui, l'envie de perdurer ce suspens. Sourire qui fend tes traits, pupilles qui se dilatent, ne pouvant réprimer ton désir. Main contre la sienne posée sur la poignée, tu pousses, vous enfermes et aussitôt, tu agrippes son col afin de le plaquer non sans douceur, contre la porte. — Tu vas finir par répondre une fois oui ?! Agacée, mais toujours excitée. Sang qui pulse, lèvres qui s'accrochent de nouveau sur les siennes. Cette fois, c'est vrai. Cette fois, c'est un baiser. Cette fois, ta langue glisse entre ses lèvres. Cette fois, la barrière vient d'être franchie. Les paupières fermées. Doigts qui se resserrent un peu plus sur son col, étreinte qui l'entraîne dans ton propre tourbillon. Frisson dorsal jusque dans la nuque, les ongles dans la peau de son cou. Jusqu'à ce que tu goûtes au nectar. Délice sucré. Ta langue quitte la barrière et emporte ton visage avec. Regard droit dans les yeux. — C'est une réponse. Le rythme cardiaque réduit peu à peu… Ta respiration est encore un peu audible… Ta cage thoracique s’ouvre en écho à tes poumons. La précision est importante chez Julia, car soyez bien certain que ce petit être fait de vice et de malice, a plus d'un tour dans son sac.

Grincement de la porte en suspens. Son bruit continue de rebondir contre les murs. Si fort qu’il se fait tapageur contre ses tympans. Dans l’attente, la brune commence à se mouvoir. Sa main recouvrant la sienne, elle pousse. Elle use de la force pour les enfermés. Crie contre son aura. Le col attrapé, elle tire. Plus fort. Et son corps qui s’écrase. Capricieuses lèvres qui s’abattent à nouveau sur lui. Forçant le passage, sa serpentine se mêle à la sienne. Devient invasive. Dans sa nuque, se plante ses ongles. Lames assassines. Il les ressent jusque dans les tréfonds de son âme. Elles l’électrisent. Recouvre ses pensées dans une illusion. S’éloigne la veuve noire. Les lippes qui s’étreignent une dernière fois. S’effleurent. Palpitant qui tambourine encore contre sa cage thoracique. Alors que leur respiration saccadée s’unie. Flou. Démon jubilant sur son épaule. Murmure des vices. Mais il tient bon Scott. Tente d’apaiser l’ardeur qui le caractérise. « Hm. » Les battements de son cœur se stabilise. La tête appuyée contre la porte, est subtilement rejeté en arrière. De haut, il la regarde. Observe son visage aux traits séraphiques. Eux qui la font paraitre angéliques. Si ce n’est ses orbes. Les azurs devenus saphirs. Le bleu profond mettant en valeur une résonnance. Une ressemblance entre eux. « J’peux rien faire pour toi. » La carcasse qui se redresse, il met fin à leur proximité. Commence à prendre la fuite.

GUETTE L'INSOMNIE @Scott Guerin — Les yeux ne mentent jamais. Cette tension, ce désir, ce goût salé, amer et à la fois sucré de vos échanges. Tout est là. Julia, Scott, deux parfaits démons qui tentent de surpasser. De prendre le pouvoir. Sur l'autre. Ardent est ce baiser, comment il aurait pu en être autrement ? Qu’il est bon de sentir cette tension, la chaleur de vos muscles qui se tendent et se détendent. Ton visage qui s'écarte, ton sourire n'est que détermination. Ton regard un éclat de glace. Tu nourris encore un peu ce feu qui embrase chaque particule de peau. Contradictoire, sont ses mots. Il peut faire, mais il se fait violence pour résister à cette vérité. Jusqu'à quand ? Visage qui s'engouffre contre sa pomme d'Adam, lèvres qui soufflent telle une légère brise de vent à la fois chaude et fraîche. — C'est déjà fait...Scott. Murmure au gré du vent, sur sa peau, distance qui s'installe à nouveau entre vos deux corps insatisfaits. Pour lui montrer les faits, ton pouce vient effleurer exprès ta propre lippe inférieure. La marque de ses lèvres. La tienne également sur les siennes. — Et prendre la fuite ne t'aidera pas à retrouver les esprits. Parce que le venin coule déjà dans ses veines, et à petit feu, il le consumera. — Mais vas-y je ne te retiens pas cette fois. Recule encore de quelques pas et dans toute ta splendeur, ta grâce machiavélique, tu t'inclines légèrement pour lui offrir la route à l'aide ton bras qui montre la direction opposée.