Tourne en boucle. La pensée mortifère. Accrochée à son esprit, elle refuse de s’abandonner au néant. Fléau. L’insomnie qui le guette. L’oblige à la faire vivre. Martèle le bitume, ses boots au pas lourd. Sur l’ombre, se déverse une pluie fine. Agaçante. Accélérant l’allure, l’ombre aux yeux émeraudes trouve refuge dans un des amphi encore ouvert. Il est tard, mais l’université réclame la performance. Alors, vouloir bosser et trouver refuge à Vingt-deux heures dans le complexe, arrangeait bien leur affaire. Eux qui réclamaient l’excellence. Pénétrant dans l’espace, le nocturnal trouve place. Perché en hauteur dans l’obscurité, il allume son ordi. Commence à bosser, tout en trouvant refuge dans la noirceur. Y’a quelque chose de rassurant à être là. Entouré d’un velours noir avec pour seul éclairage, la lumière de l’appareil. Dans l’ombre, il devine les fantômes des étudiants. Ceux qu’ils laissent derrière eux. Leur peur de l’échec. Leur lassitude. Et puis, il y a se calme. Celui qui vous donne l’illusion d’avoir un bourdonnement dans l’oreille. Le silence à u bruit. Et c’est celui-là qu’il recherche Scott. Celui qui fera taire ses pensées. Accompagné de l’obscure qui effacera les messages échangés. Imprimés encore sur sa rétine. Qui donnera l’illusion que la douleur n’est plus. Le jovial devenue terne. Plus besoin de se parer de l’apparence du Dudley toujours en action. Qui prend tout en légèreté. Tout ça, c’est que du vent dans le fond.

GUETTE L'INSOMNIE @Scott Guerin — 22h00 fin du service, sac sur l'épaule, baskets qui frottent légèrement le bitume, écouteurs dans les oreilles. Il te faut toujours ressasser, réfléchir à ce qui aurait pu être fait ou dit. Des émotions refoulées. Une multitude de si, en passant par les regards croisés dans la journée, c'était un tourbillon de sensations. Puis tout était sujet à tension. Tu aurais toujours pu mieux faire, mieux dire, mieux être. Ton esprit rumine encore et encore, il en devient compliqué de juste penser à fermer les paupières, et les minutes finissent par s'écouler jusqu'à ce que tes pas te guident jusqu'à l'université. Tu as oublié quelques affaires, notamment quelques livres pour réviser et peut-être te donner envie de fermer les yeux. Sac que tu remets donc sur ton épaule après avoir tout récupéré. Néanmoins, une chose alarmante attire ton attention, tu penches le corps, entrouvres légèrement la porte, l'œil qui fixe l'objectif de dos, poule qui s'accélère. Voleur ou pas tu sens l'adrénaline monter à toute vitesse, la peur aussi. Esprit tordu qui en déduit rapidement. Tu ne cherches pas loin, plonges ta main dans ton sac pour saisir ta bombe poivrée. Corps qui passe la porte doucement et rapidement se jette au sol pour marcher à quatre pattes. Qu'est-ce que tu fous, Julia ? T'en sais rien. Juste ton instinct. Et lorsque t'es assez proche de ta cible, tu te lèves et sautes face à lui pour l'asperger de poivre. — Va au diable sale voleur ! Hausse la voix avant de le bombarder à coup de sac. — Dégage avant que je n'appelle les flics ! L'homme se redresse et la pénombre semble laisser place au vrai visage du soit disant voleur. Sac qui s'écrase contre le sol, trait du visage qui se déforme. — Ça va ! Scott ? Le pauvre, subir la tornade Julia... Tu veux bien t'approcher pour diagnostiquer la victime de tes conneries, mais tu as peur que ça se retourne contre toi.

Contemplent dans le vide, ses orbites. Billes vertes fatiguées. Epuisées par le mental. Il cligne. Deux fois. Trois fois. Et les ténèbres l’aspirent. L’emmène avec elle dans son néant. Là où les pensées s’emmêlent. Se font. Se défont. Devant lui, se dessine l’agression d’une ombre. Embrumé, il tourne la tête d’instinct. Presque trop tard. Quelques gouttes d’un liquide tente de s’accrocher à ses cils. Cauchemars. Seulement, il bouge. Tout ça c’est trop réel. Réveil. Il réalise que tout ça est bien vrai et qu’une foldingue gesticule en gueulant comme une putain d’harpie en colère. Rapidement, il se redresse. « MAIS PUTAIN T’ES MALADE ! » Avec l’aide de sa manche, il essaie de se débarrasser rapidement du produits. Face à lui, l’inconnue prend la forme de traits familiers. Julia. « Très bien. Ça s’voit pas ? » Sarcasme sur sa serpentine. Encore à l’abri de l’obscurité, seules, les lumières de l’écran, éclaire son visage. « T’en croise souvent des voleurs avec le cul assis ? » Il grogne Scott. Percute que son sweat est trempé de spray au poivre. Agacé, il le fait passer par-dessus sa tête avec précautions. Le roule en boule pour le laisser choir sur le fauteuil voisin. En t-shirt sans manche, il pourrait presque remercier l’amphi d’être chauffé.

GUETTE L'INSOMNIE @Scott Guerin — Ce n'est pas de ta faute si monsieur a choisi de s'asseoir dans l'obscurité, déjà qu'à la base, tu as une faible myopie, mais alors dans le noir ? Impossible pour toi de distinguer les faits correctement. Cependant, tu ne lui en veux pas, il s'est pris un tas de poivre à la gueule et tu imagines bien que ce ne soit pas la joie. — Je suis désolée, j'ai réagi à mon instinct... Prunelles qui suivent le garçon ôté son chemisier et le balancer sur une chaise plus loin. Tu ne vois que son visage, mais tu peux sentir qu'il est bien gaulé quand même. — Pas ma faute si on ne voyait presque pas de loin. Quelle idée aussi de préférer la pénombre dans un tel lieu et à cette heure-ci ? Haussant les épaules, tu contournes le garçon pour aller appuyer sur l'interrupteur. — Que la lumière soit ! Ah ouais, quand même, le corps d'Hercule limite, avec tous ces tatouages, c'est sexy. Tu te rapproches de lui et tu fixes longuement ses abdos. — J'peux faire quoi pour me racheter Guerin ? T'es prête à lui donner ta veste pour ne pas qu'il attrape froid, mais pas certaine que ce soit à sa taille. Certes, t'as les épaules larges, mais pas suffisamment pour que cette veste passe ses épaules. Tes doigts agrippent néanmoins son menton pour surélever légèrement son visage et arpenter les dégâts que tu as fait sur ses yeux légèrement rougis. — J'ai une petite bouteille d'eau, ça fera l'affaire ?

« Paye ton instinct. » Il grogne. Se débarrasse de son sweat trempé. « Et quelle idée d’agresser les gens connement ? » L’œil rougie par les quelques gouttes qu’il avait reçu, il cligne plusieurs fois. Comme si se simple geste permettrait de l’humidifier et de faire circuler le poison. Près de lui, elle passe et avant même qu’il ne réagisse, elle lui claquait la lumière à la gueule. « putain ! » Les dents serrées, il jure. Plisse les yeux agressés. En les rouvrant, il capte son regard. Celui qu’elle balade sur son corps. Sans gêne. Dans d’autre circonstance, il en aurait joué. Se serait amusé à le lui faire remarquer, mais ce soir, il est pas d’humeur. Entre Lena et le poivre, il avait assez donné. Ombre qui s’avance. Les doigts glacés, elle agrippe son menton. Fait bouger son ovale. S’approche pour mieux regarder les traces qu’elle à laissée sur lui. Rien de dramatique. Il aurait pu se prendre complètement le liquide dans la face. « C’pas comme si j’avais le choix. » D’elle, il s’arrache. Se laisse tomber dans le fauteuil. « J’te laisse gérer ta connerie. » Flemme de le faire lui-même. Surtout, si c’était pour se foirer.

GUETTE L'INSOMNIE @Scott Guerin — Ouuuuuh Hercule sort les griffes ? Mmm Sexy... Il s'est levé du pied gauche aujourd'hui ? Il t'agresse presque et tu te connais Julia, tu prends au maximum surtout pour ne pas monter le son toi aussi. C'est bien parce que sur ce coup, c'est toi la fautif. — Tu appelles ça connement ? C'est le strict minimum, dis-toi que tu aurais pu prendre bien pire. Estime-toi heureux que ce ne soit rien de trop méchant. Mais bien, je te l'accorde pour ce coup, j'ai réagi trop vite. Prunelles qui roulent, est-ce qu'il compte t'en vouloir à vie là ? Parce que bordel il n'y pas mort d'homme non ? T'es curieuse d'un coup, tu veux savoir ce qui l'a mis dans cet état parce que soyons honnête, ce n'est pas toi et ce que tu viens de faire, toi, tu l'as juste permise de faire ressortir ce mal-être. — Tu veux que je m'occupe de toi là ? Autant dire que t'es douée pour faire des conneries, mais pour ce qui est de réparer, c'est une tout autre histoire. Quoi qu'il en soit, tu le regardes poser son cul sur le fauteuil et te laisser aveuglément prendre les commandes. — très bien. Bouteille d'eau en main, tu fouilles dans ton sac et tu saisis ta petite serviette préférée avec tes initiales dessus. — J'espère qu'après ça, t'auras la gueule moins ronchonnante ! Sourire espiègle, presque moqueur. T'es comme ça Julia, tu ne peux pas mettre de masque et montrer une toute autre version de toi qui n'est justement pas le tien. Prenant place à ses côtés, main qui agrippe son visage pour le tourner vers toi, non sans une once de douceur. Ongles qui s'enfoncent même dans sa peau. Sorry not sorry. — Qu'est-ce qui te met réellement dans cet état ? Ce n'est certainement pas moi et mes conneries. Yeux qui fixent les dégâts pendant que tu appliques ta serviette mouillée sur son visage, tapotant ses prunelles, là pour le coup, t'es plus douce. Il ne faut pas abîmer les yeux de monsieur grincheux mh ?

« Trop vite ? … Tu m’as sauté dessus ! » Pour en rajouter une couche, la brune décidait que la lumière était une option très agréable pour ses yeux mutilé par son spray au poivre. Prenant le risque de la laisser au commande de sa guérison, l’ombre prenait place sur le fauteuil. Méfiant, il regardait Julia du seul œil viable qui lui restait. Remarque cinglante au bord des lèvres, il se retient en voyant ce qu’elle tenait dans ses mains. « C’est ta grand-mère qui t’la fait ? » Sourire sardonique sur les lippes, il point son mouchoir. Sérieux, qui avait encore des trucs brodés à ses initiales ? Lames enfoncées. Une fois de plus, elle prend possession de son ovale. Non sans douleur. « Vas-y, enfonce-les encore plus, j’dirais rien. » Hargneux, ses prunelles émeraudes -où du moins ce qu’il en reste- se plante dans celles de son interlocutrice. Curiosité en une question. ça l’agace le brun. « Qu’est-c’qui t’fais croire que j’vais t’répondre ? » Douceur dans les mouvements. Elle applique le mouchoir sur ses yeux. Efface les traces du liquide assassin.

GUETTE L'INSOMNIE @Scott Guerin — — C'bon, on ne va pas en parler pendant dix ans non plus ! J'suis désolée. Julia qui vient de s'excuser sincèrement ? Du jamais-vu. Qu'il en profite, parce que ce n'est pas toujours que ta fierté te permettra de le faire. Cependant, il se permet de donner son avis sur ta petite serviette. Personne ne connaît réellement l'histoire de cette serviette et tu n'as de compte à rendre à personne. Surtout pas face à quelqu'un qui se permet de juger sans en connaître l'histoire. Tu te contentes de répondre par un sourire et par un regard méprisant, tu détestes que l'on parle de la personne qui t'a presque élevée tout le long de sa vie. Celle qui était là pour toi quand t'avais b'soin de tes parents... — Un souvenir d'elle... Et maintenant si tu pouvais la fermer Guerin... Tu sers un peu plus la serviette dans ta paume et tu décides de passer au-dessus. Tu ne veux montrer aucune faiblesse Julia. Aucune. T'es de glace, rien ne te touche. — Ce n'est pas comme si tu ne le méritais pas. Bouille qui reprend de la couleur, sourire mesquin qui réapparaît. Serviette qui s'applique avec douceur sur son visage, bien que l'envie de le dégommer soit présente. Curiosité mal placée. Épaules haussées. — Rien, c'était juste une question, tu fais ce que tu veux, j'vais pas me mettre à genoux et te supplier de m'le dire. Tu n'es pas rendue à ça juste pour ta curiosité. Ah, méchante Julia, Julia malsaine, Julia malveillante, qui n'attache aucune importance... — T'as encore mal aux yeux ? J'arrête ? Visage qui paraît si pur que personne ne pourrait savoir que tu es pourrie jusqu'à la moelle. Un petit ange endormi, si inoffensif. Un bel attrape-nigaud que voilà !

Souvenir d’elle. Le corps impassible. Trop pour que ça ne cache pas une émotion. Silencieux, il l’observe attentivement, tandis que les bords de la serviette nettoient les dégâts. L’ombre qui semble l’habiter durant un instant, disparait. Se fait néant. Les pulpeuses étirées, apparait à nouveau, les traces de sa mesquinerie. Divine comédienne. « J’te l’demandais pas. » De le supplier. De se mettre à genoux pour qu’il se livre. Elle qui doit surement en avoir rien à foutre. Ce qui était tout à son honneur. Il ne croyait pas en l’altruisme pure. Et si alors, il existait, les personnes finissaient par se perdre. Pour les autres. Des inconnues qui ne seront que de passage dans leur vie. « Donne. » La main qui englobe la sienne. L’immobilise dans son mouvement. Conscient de lui arracher quelque chose, il s’empare du mouchoir. Glisse sur son derme ses doigts glacés. Une fraction de seconde. Juste le temps de tenter de percevoir dans ses opalines, un sentiment. Une réaction. Quelque chose qui lui en apprendrait plus sur l’énigme du bout de tissu. S’arrête le temps. Avant de poursuivre son court. De lui-même, il termine le travail. « T’fous quoi ici ? »

GUETTE L'INSOMNIE @Scott Guerin — Tu le regardes dans le blanc des yeux, regard impassible - quoique débordant d'agacement - ne se détournant pas un instant de celui du garçon. Ce n'était pas vraiment des yeux menaçants, mais des yeux presque interloqués : tu défiais ce type, il t'intriguait, ce regard presqu'aussi perçant que le tien t'attire où simplement nourrit ta curiosité. — C'est pour qu'à l'avenir, tu tournes 7 fois ta langue avant d'évoquer une remarque sur ma grand-mère. Julia, Julia... Tu n'es pas du genre à fermer ta gueule si quelque chose te déplaît, et à vrai dire, c'était le cas actuellement. Tu prends cependant sur toi et soupires, tentant de te détendre, tendue que tu es. Être tolérante. Se calmer. Compter jusqu'à 69 dans ta tête. Aucun de ces foutus stratagèmes n'avait jamais marché. Sans que tu ne voies venir, ses doigts effleurent ton derme le temps de quelques secondes, serviette qui quitte ton poignet. Tu le vois venir Julia, il cherche une quelconque réaction de ta part. Il veut avoir raison, prendre le dessus, te montrer qu'il n'y a qu'une seule place sur le trône. Le sien. Le maître. Sourire mesquin qui fait office de réaction. — Évite de malmener cette pauvre serviette. Le self-contrôle fait partie de tes qualités ! Non, en réalité, pas du tout. Tu es incapable de t'empêcher de dire clairement ce que tu penses. — J'ai suffisamment répondu à tes questions, à ton tour de m'en dire plus sur ta présence dans ces lieux et dans le noir en plus. T'essaies de pirater quelqu'un ? Tu mates du porno ? Remarque, je n'ai pas eu l'temps de voir si t'avais la main dans le pantalon. C'est peut-être kiffant de se toucher ici. Corps qui se tend légèrement au-dessus de son ordinateur portable, épiant du coin de l'œil. Rire qui s'échappe de ta gorge tandis que tu reprends ta place initiale. — Ne fais pas genre de t'intéresser à ce que je puisse faire ici. Après tout, vous vous êtes bien chauffés sur le net, mais il n'a probablement pas eu les couilles de venir chercher bien plus que des mots intimes. Tu peux comprendre que t'intimides assez. Ouais ouais, Julia. Ton ego de malade. Il n'y a pas de raison qu'il soit le seul à jouer. T'as envie de rentrer dans son petit jeu, un jeu que tu apprécies grandement. Tu te penches vers son visage, plus précisément ses yeux, souffle doux qui s'égare sur ses cils. Quelques secondes près ainsi, yeux dans yeux qui font des allers retours, puis tu recules. — Paraît que ça marche quand t'as quelque chose dans l'œil, q'des conneries ma foi ! Tu te lèves finalement, et face au garçon, tu tends la main. — La serviette s'il te plaît ? T'as mieux à faire que supporter ma présence non ? J'vais te laisser tranquille. Tu fuis Julia ? Non, il ne te fait pas peur, mais il n'a juste pas l'air d'avoir envie de te voir ou faire la causette alors tu préfères juste te retirer.