Les sourcils froncés, elle observe le papier, avance de quelques pas, convaincue que celui qu’elle accompagne est enclin à la docilité, qu’il lui emboite naturellement le pas, comme il se doit. Naïve qui ne s’aperçoit pas que le vieillard se la joue vagabondage le temps qu’elle épèle mentalement les lettres qu’elle parvient à décoder, et arrive finalement à la conclusion que c’est le mot « journal » qui est calligraphié en premier. Malgré elle, elle tique, sur l’ordre de ses priorités, avant de relever son nez.

Elle exulte un « Mais ?! » lorsqu’elle s’aperçoit qu’il n’y a aucune trace de l’homme dans le rayon. Cadeau empoisonné, c’est ce qu’elle ne peut éviter de se dire de prime abord avant de s’affoler. A la recherche du septuagénaire perdu. Elle se met quasiment à courir entre les allées, pour le retrouver deux rayonnements plus loin, le regard en l’air, l’index aussi, accroché à son caddie comme à une bouée, à chercher son chemin. Elle doit s’armer de toute sa patience pour réussir à rester douce au moment de lui souffler, « Si vous partez sans moi, je ne vais pas réussir à vous aider. » c’est l’évidence même si bien qu’elle ne s’imaginait pas être dans l’obligation de le conseiller. « J’crois, j’crois qu’on tourne en rond. » La voix lui fait tourner la tête sur le côté, lui affichant un sourire un tantinet blasé quand elle souligne ce qu’il se passe de son côté, « Au moins, vous tournez. » Car l’homme ne semble absolument plus déterminé à avancer, si bien qu’elle articule avec un peu moins de bienveillance qu’à l’accoutumé ; « C’est le jour-nal en premier. » Haiwee, elle refuse de perdre sans avoir tout fait pour gagner.

- JOURNAL: 1 REUSSI
- PILES: 2 REUSSIS
- DENTIFRICE: 1 REUSSI
- POMMES: 3 REUSSIS

Et même si ce n’est que la fin du mois de novembre, elle espère sincèrement qu’ils ne vont pas y passer le réveillon. C’est dingue combien, dans cette recherche du précieux journal, le temps lui semble long. « Plus maintenant… » Certes, le binôme opposé au sien a ralenti la cadence, mais c’est l’agacement de l’amérindienne qui fait boule de neige à présent, parce qu’à regarder le vieil homme qu’elle accompagne, elle comprend que la galère n’est pas près de s’arrêter. « On ne va pas y passer le réveillon, allez, » Comme quoi, elles sont sur la même longueur d’onde, leurs pensées. Ca la fait sourire, de le constater. Renforce, comme la naïve Haiwee qu’elle est, sa façon de l’affectionner.

Elle en soupire, envisage de se tirer une bûche afin de patienter, le temps de voir son coéquipier se décider à nouveau à avancer. Un spectacle qu’elle pourrait regarder de loin sans trop s’en faire quant à l’issue de cette journée, oui, elle tente de se rassurer en se disant qu’elle a d’avance, gagné. Qu’elle a hâte d’y être aussi, c’est vrai. « ET NOUS LE P-Q ! » Ce coup-ci, elle ne peut retenir son rire, instinctif et naturel, amusée de voir Sheng perdre le contrôle de la situation, subir de la senior, les actions. Elle n’ajoutera rien sur l’objet de leur recherche, parce que de ce fichu journal, elle en est encore loin. Humectant ses lèvres, elle se décide à remotiver son partenaire, « Et si je prenais le volant ? » et que lui se contente de s’accrocher sur le côté, si tant est qu’il lui prenne encore l’envie de se volatiliser.

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Alors elle tente de se concentrer sur la prise en main du caddie et aussi sur le fait de ne pas égarer le papi. Sauf qu’elle doit aussi se rendre à l’évidence, c’est vers Sheng que son attention se veut se centrer, incapable de réagir autrement lorsqu’elle se trouve à proximité de l’étudiant. « Autant ?l » Ca la fait sourire, et elle en omet l’objectif du journal, ses prunelles cherchant à se reposer sur la silhouette d’un Sheng exaspéré, ayant l’envie de lui remémorer, que c’est sa faute – en toute mauvaise foi – puisque c’est pour les Adams qu’ils sont là. « Aille » elle doit pincer ses lèvres pour ne pas se mettre à rigoler. Elle secoue le visage, consciente qu’elle perd du temps, et que cette lignée d’arrivée, il va finir par la passer en premier.

Du coup, elle s’en revient au grand-père à ses côtés, ou presque à ses côtés, car il semble vouloir une nouvelle fois se tirer sans elle, celui-là. Elle en soupire longuement, tente de conserver ce calme qu’on lui connaît, ne serait plus une Haiwee si elle se mettait à hurler sur un senior qu’elle ne connaît. « Où est-c… » elle amorce quand Sheng refait son apparition et qu’il lui lance, moufles à la main. « Merci » et il se perd dans sa gorge, le de rien. Parce qu'elle s’agace, parce qu’il reprend son chemin, de fait, en se tournant vers le fuyard elle intime, le ton beaucoup moins serein, « On ne va pas y rester jusqu’à demain, » comme un enfant, réticente d'un brin, elle lui attrape la main et le guide dans les allés pour trouver ce fameux journal, enfin. Prête à attaquer, la quête des articles prochains…

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