howee

TRICK OR TREAT

Abordons le pire avec légèreté, attaquons de front ce que d’autres n’auraient pas le cran seulement d’effleurer. C’est ça qui est facile avec toi Haiwee, il n’y a pas cette enveloppe de pudeur qu’ont ceux qui coupent leurs phrases de peur d’aller trop loin dans une investigation de l’autre. Ca m’dérange pas. Rien ne me dérange, c’est bien là le problème la plupart du temps. J’irais pas jusqu’à dire que j’n’éprouve jamais de gêne, mais elle est anecdotique. Surtout quand en face, on est exempte de jugement. Alors oui, je tapote ma caboche qui sonne trop vide à mon goût. Au goût de pas mal de profs depuis le début de ma scolarité ratée ; j’tire pas mes doutes de nul part. C’était écrit sur les bulletins. On s’y fait. J’veux dire, on comprend qu’il y a des routes, pas mal, trop, qui seront impossibles à prendre. Qu’on aura même pas le droit de les envisager, d’en rêver. Faut juste avoir un peu de cran, et surement du courage pour apprendre à manier soi-même le béton et s’ouvrir de nouvelles possibilités. Un corps à donner, par exemple. « Horace… » Mais m’sors pas mon prénom comme ça, avec le ton de celle qui compatit. J’suis pas un oisillon tombé du nid qui supplie pour quelques vivres. Les paupières qui couvrent légèrement les orbes, froncées dans une expression trahissant l’inconfort. J’te coupe d’un retour de réplique. Plus simple, plus confortable. A en oublier que toi aussi, tu maîtrises cet art de préférer l’autre. « Il y a quoi de si terrible, là-dedans ? » Une encoche en forme de sourire sur les lèvres, brève. “Pas grand chose qui marche.” Puis, un rire qui veut dire que c’est digéré, accepté, que ça ne fait plus mal que les jours de pluie. “C’est tout mélangé là-dedans, un vrai bordel.” Les lettres, les mots, les informations et les sentiments. Ce qu’il y a de bien, c’est qu’un seul mot peut tout résumer. C’est peut-être pour ça que j’y ai fini, dans le bordel. J’te stoppe dans les changements intempestifs de direction, mes phalanges posées sur ton bras. “Et toi ?” Y a la poupée par très sympa qui s’approche. “J’bouge pas tant que tu m’as pas répondu.” Le regard qui vaque de toi à elle, et qui je crois te supplie un peu de répondre ; parce qu’il a quand même pas l’air rassurant le gamin maudit.

@Horace Dawson & @Haiwee Wind River
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TRICK OR TREAT

Haiwee, elle n’en démordra pas, si elle s’est accrochée à Horace, si elle a su le voir dans ce fameux bar… C’est qu’il n’y avait pas de hasard, c’est qu’elle a su lire la beauté dans son regard, dans les souvenirs et les espoirs. Dans son entière histoire. Alors non, le bordel dans sa tête, il n’y est pas, parce que pour un tas de choses il a une clairvoyance que le monde n’a pas. “Pas grand chose qui marche.” Il explique, accompagné d’un faible rictus qui rend ses lèvres obliques. “C’est tout mélangé là-dedans, un vrai bordel.” Pour sa part, elle en secoue le visage par la négative, afin de balayer ses idées péjoratives, en une piètre tentative. « Je crois que tu te sous-estime. » et ça va bien à l’amérindienne de prononcer une phrase telle que celle-là, pour elle qui est toujours la première à se penser… tout bonnement pas assez.

Mais elle s’égare dans le vif du sujet, faute de son désir de fuir le lieu, car ils sont poursuivis par des poupées morbides, tous les deux. “Et toi ?” Il l’apostrophe et la prend de court. Elle ? Ce qu’elle changerait ? Peut-être que c’est trop compliqué à déterminé. Et dire que ce sont les sentiments à Sheng serait le chemin de la facilité. “J’bouge pas tant que tu m’as pas répondu.” Alors la brune déglutit, jongle quelques secondes entre le regard de son compagnon en ce début de soirée d’Halloween et les intervenants machiavéliques. Bizarrement, dans son esprit, finalement, ça germe plutôt rapidement. « La déception que j’ai pu lire sur les visages de mes parents. » L’hiver dernier lorsqu’elle leur a annoncé qu’elle ne comptait plus rentrer. Qu’elle accepté d’être reniée. Quand pour la liberté, son cœur s’est brisé. C’est une part de ce dernier qu’elle a laissé dans les montagnes enneigées. Et car le mélodrame la dérange, d’Horace, elle attrape les phalanges, « Maintenant, on court ! » Comme des enfants, des dératés, comme si rien ne pouvait les arrêter, comme si le monde comptait s’ouvrir sous leurs pieds. Guidés par une certaine légèreté. Sortir de ce labyrinthe sans calculer le chemin à emprunter. Avec leurs instincts, ils vont forcément trouver.

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