déguisement Missandei
@Horace Dawson

Face au miroir de l’entrée, elle réalise les retouches de son maquillage, à l’horizontale de son cou, elle trace et retrace la marque de cette décapitation factice. Déguisée en cette esclave sauvée, libre et accrochée à une reine pour laquelle finira par être tuée. Elle ne mentira pas, elle trouve forcément, que l’histoire lui va comme un gant. Puis elle repose le pinceau, déplace une ou deux de ses boucles, resserre son corset… S’approuve seule d’un dernier regard, avant de sortir dans la rue et d’aller rejoindre celui à qui elle a proposé de passer cette soirée à ses côtés. Désireuse de renforcer leur amitié, ne l’ayant que trop rarement croisé durant les derniers mois écoulés.

Et tandis qu’elle marche en direction de leur point de rendez-vous, elle se laisse porter par l’ambiance de ce crépuscule, envoûtée par les décorations, les groupes d’enfants qui s’amusent, les plus vieux qui rejoignent des amis, des soirées. Chez elle, ça n’existe pas, et à la vérité, certes elle le célèbre aujourd’hui mais ce n’est que sa seconde fois. Alors après quelques minutes, elle parvient à discerner la silhouette recherchée, le reconnait malgré le déguisement, l’interpelle en le taquinant, « Tu n’es pas très effrayant. »  

déguisement willy wonka
@Haiwee Wind River

Tu n’es pas très effrayant. Puisque je n'ai jamais eu vocation à l'être, effrayant. Si j'aime provoquer des émotions, la peur est la dernière sur la liste. Que les pupilles se dilatent sous l'impulsion de nouvelles couleurs, sensations. Je choisis les frissons mais pas ceux d'effrois. Ca se marre autour de moi, et j'essaye de m'intégrer dans ce paysage de légèreté. La vérité, c'est que je sursauterais au moindre bruit, si je n'avais pas chargé cette fiole que je vide de moitié avant de m'approcher. Je déteste tout ce qui m'entoure ici. Les fantômes, les têtes coupées, le sang ; les histoires qui finissent mal. Je préfère le rire aux cris. Alors, dans cette ambiguïté, j'ai choisi un costume qui se situe dans cette zone grise. Personnage étrange, que l'on ne classera pas dans les plus attachants, ni dans les plus horrifiques. Ensemble de fripes chinées les précédentes semaines ; puisqu'il était évident qu'on allait finir par le traîner dans les méandres de ces rues mal décorées. Le chapeau imposant bien fixé parmi la jungle des boucles, et l'espièglerie greffée à la bouche. « Peut-être, mais j'ai des bonbons pleins les poches, moi. » Soufflé, sortant quelques papiers déjà vidés de son contenu. Mes orbes qui vont sur ton costume, joli-e, le costume et la fille. « T'es censée être qui, du coup ? » L'index, presque à toucher cette peinture rouge. Un rictus gamin. « Visiblement l'histoire finie mal. » C'est peut-être pour ça que j'ai oublié de la lire, de la voir, de m'y intéresser. C'est comme ça que tu vois demain, désormais, Haiwee ? Moi le sucre, toi les peaux qui se tranchent.

déguisement Missandei
@Horace Dawson

Elle ne connaît peut-être pas grand-chose à Halloween, puisque ce n’est que son second, mais elle est tout de même convaincue qu’il y a la partie ne serait-ce qu’un brin horrifique dans l’équation. Mais parce qu’il lui a soufflé qu’il n’est pas fanatique de cette célébration, ça ne devrait probablement pas la surprendre dans le fond. Il affiche un sourire, cette malice et gaité que la première fois, elle lui avait trouvé. Le symbole de leur amitié. « Peut-être, mais j'ai des bonbons pleins les poches, moi. » Au tour de l’amérindienne d’arquer ses lèvres, d’approuver en inclinant son visage sur le côté, dévoilant de plus belle son cou faussement écorché. « T'es censée être qui, du coup ? » Il désigne la césure, et elle en grimace plus pour la forme que sincèrement. « Visiblement l'histoire finie mal. » C’est le cas, et elle hausse les sourcils, d’abord mutine avant d’avouer. « Missandei. » Pas vraiment l’héroïne de ce show télévisé qu’elle a pris le temps de regarder, entre toutes les choses dont elle s’est gavée pour combler toutes les lacunes de la culture qu’avant son arrivée à Boston, elle ne connaissait. « Une esclave libérée qui est décapitée. » Puis les paupières se plissent comme pour lui demander s’il la comprise, la référence à son élevage en captivité. A la finalité de son histoire aussi, pour laquelle elle ne sait plus espérer. Une Haiwee paumée. « On y va ? » et elle montre l’entrée du labyrinthe à quelques pas. Parce que même sans apprécier cette tradition, ils sont venus chercher quelques fortes émotions. « Niveau courage, tu te situes où ? » La Haiwee taquine à l’instant où ils entrent à l’intérieur, méfiante malgré tout.

déguisement willy wonka
@Haiwee Wind River

Ecoute et dis-moi ce que tu trouves de beau à cette bande son horrifique. Les cris, les hurlements, les larmes parfois. Les rires, aussi, mais je ne les entends pas. J'arrive pas à comprendre, intégrer, qu'on puisse prendre son pied à le voir trembler. J'vous l'ai dis, les tremblements, je ne les aime que de plaisir. Pourquoi perdre son temps à flipper quand on peut aller perdre sa sueur à danser pendant des heures ? Pourquoi ? Pour des filles comme Haiwee. Pas celles qui se régalent d'horreur ; mais qui découvrent. Pour elle, je veux bien. Revêtir un costume qui colle avec l'injonction d'un déguisement, mais révèle surtout que j'suis pas foutu d'être un vrai méchant. Mes massacres, je les ferai avec du sucre, et beaucoup de couleurs. Overdose de musique, de gaîté. Mes tortures seront doucereuses.  « Missandei. » Le sourcil haussé s'intéresse, mais l'absence de réplique signifie une certaine méconnaissance. L'explication suit. « Une esclave libérée qui est décapitée. » La tête qui tilte, assez rapidement d'ailleurs, preuve que le sang est presque clean. Ingénu s'inquiète d'un personnage de fiction qui pourrait porter un peu de tes traits : « Elle vit quand même, entre la libération et la fin ? » Dis-moi que c'est heureux, au moins un peu, entre les deux. Comme cet instant, presque léger avant de s’engouffrer dans l'enfer du labyrinthe.  « On y va ? » Un soupire, et on pourrait voir les pas ralentir assez franchement. La grande gigue marche comme un plus petit, oubliant la taille de ses jambes. « Tu me rappelles pourquoi on fait ça ? » Grogné comme un gosse, la mine boudeuse cachée sous la tête un peu baissée. « Niveau courage, tu te situes où ? » Le sourcil haussé. « Moi c'est plus l'imprudence mon truc, tu vois. » Une autre manière de voir le courage, d'apprécier le battant enflammé. Il n'y a rien de drôle à rentrer dans ce truc, et s'faire surprendre par une mariée dégoulinante qui s'avance vers nous. J'ai les doigts autour de ton bras, après avoir poussé un cri on ne peut plus masculin. « Je déteste ça, je déteste ça, je déteste ça. » Au cas où t'avais pas capté. J'passe devant la sanglante en me collant contre la paroi du labyrinthe. « Elle nous suit ? » J'me retourne pas, j'm'en fous. « Tu crois que si j'te donne en pâture ça marche ? » Rieur, qui te pousse avec délicatesse vers la flippante. Tournant le dos à la suite.

déguisement Missandei
@Horace Dawson

Si dans ses yeux elle voit de l’inquiétude quand il interroge ; « Elle vit quand même, entre la libération et la fin ? » elle, elle choisit la malice pour lui répondre, « Elle tombe amoureuse… Pour rien. » Elle fait la guerre, à la faveur de cette reine que malgré sa nouvelle liberté, elle sert.  Elle sait qu’Horace verra les coïncidences avec ces discussions qu’ils ont eu au sujet de l’homme qui perturbe son existence. Alors ils s’avancent, sans être trop sereine, elle joue de nonchalance. Pas peureuse, mais un peu craintive, c’est vrai, surtout lorsque lui souligne, tourmenté. « Tu me rappelles pourquoi on fait ça ? » Pour s’imprégner de la tradition, de la culture, parce que c’est sa seconde fois, et elle essaie de vivre, adore partager l’expérience avec toi. Même si le courage te manque un brin, n’est-ce pas ? « Moi c'est plus l'imprudence mon truc, tu vois. » La nuance, elle n’est pas certaine de bien l’interpréter.

Mais elle n’aura pas le temps de réfléchir plus longuement, car dans leur quête du grand frisson, ils se heurtent à une première apparition. La peur n’est pas ressentie, parce qu’elle se focalise sur la sienne à lui. La main crispée sur son bras, son cri et ses ; « Je déteste ça, je déteste ça, je déteste ça. » Elle ne s’effraie pas, a quasiment envie de rire, quand Horace accélère, ni courageux, ni téméraire. « Elle nous suit ? » Elle vérifie d’une œillade en arrière, « Tu crois que si j'te donne en pâture ça marche ? » Elle en fronce les sourcils en l’observant, l’homme aux mille et un bonbons, qui marche et la pousse, à reculons, elle affiche finalement le choc sur son expression. « Tu oserais ? » Une seconde pour, la traitrise, l’accuser. « Moi qui croyais en notre amitié, je suis blessée. » Seulement, encore, elle n’a pas le loisir de s’épancher sur le sujet, qu’une nouveauté fait son apparition. Elle se réalise pas du tout effrayée par la momie qui veut les rencontrer, après tout, elle a bien foulé l’Egypte de ses pieds, cet été. « Celle-là, elle va t’attraper en premier. » Maligne qui pourrait bien, juste en tantinet, s’angoisser.

déguisement willy wonka
@Haiwee Wind River

La mine est boudeuse et l'entrain seulement motivé par ta présence, Haiwee. Si tu me laisses le choix, on fait demi-tour et on en profite pour débriefer tes histoires de cœur devant un chocolat chaud non loin. On pourra même regarder et se moquer, depuis l'intérieur d'un café, des têtes apeurées de ces idiots qui eux, ont eu la connerie de dire oui pour rentrer dans le labyrinthe. Tu penses qu'on nous regarde là ? Qu'on attend avec impatience, de voir si ma voix prend plus de grave quand j'gueule, et si c'est toi qui tiendra ma main, ou moi qui serrerait davantage. Deux chanceux, la moustache de lait et le verbe acide facile. Puis, y a nous. Moi surtout, puisque toi, balancé n'importe où, tu t'adaptes. Sauf là où je ne peux guère te tracer un chemin, et encore moins rédiger un manuel. Déjà parce que l'écriture c'est pas mon truc. Avec tout un tas d'autres trucs, aussi. Mais l'écriture, avec la lecture, sont placées en premier dans ce qui déconne. Juste après, la stabilité et les sentiments. T'es sûre de vouloir accrocher ta vie à la mienne ? Même pour un labyrinthe. Parce que j'serai toujours incapable de m'abstenir de commentaire. « On ne tombe jamais amoureux pour rien. » Certain, celui qui n'y connaît rien. « Parce que c'est quoi, quand ça marche ? Qu'on est tombé amoureux pour quelque-chose qui vaut le coup ? » Une esquisse de sourire. « C'est encore plus beau de tomber amoureux pour quedal, juste pour la beauté de s'casser la gueule. » Y a pleins de films là-dessus, dont certains chiants. « Enfin ce que j'en dis.. je la connais même pas, cette Missanmachin. » Malice à la bouche. Comprendre mais le taire. Car il est temps de s'effrayer, vois-tu, maintenant que je suis là autant y aller à fonds. « T'es trop naive, Haiwee. » Et par là, balancé avec un humour qui enveloppe, je dois sûrement toucher une vérité. Sauf qu'on est jamais « trop » à mes yeux. J'espère que tu l'entends. « Déjà parce que tu penses que j'ai VRAIMENT peur de ces trucs. » Surjoué, gamin amusé de ses propres frayeurs. Qui tourne même le dos au reste, sursaute avant de voir. Rassuré. « Ah non mais les momies, j'trouve juste qu'elles sont mal habillées. » Large sourire, bien heureux de gérer face à l'une des horreurs. Pas de sang, juste quelques bandelettes. Le temps de reprendre son souffle, que la mariée débarque à nouveau. « J'crois qu'elle t'en veut. » Forcément, c'est pas moi. « T'as dragué son mec ? » Le rire qui habille le palpitant un peu trop saccadé.

déguisement Missandei
@Horace Dawson

C’est étrange parce qu’elle a cette impression, de toujours se retrouver à parler d’amour avec toi, deux experts de pacotilles, n’est-ce pas ? « On ne tombe jamais amoureux pour rien. » Mais elle ne sait plus si elle songe à son déguisement ou bien à ses véritables sentiments. Elle a envie de se dire que d’y penser, ce n’est pas le meilleur moment. « Parce que c'est quoi, quand ça marche ? » C’est triste, elle n’en sait rien. « Qu'on est tombé amoureux pour quelque-chose qui vaut le coup ? » Elle en a un sourire contrit, comme si elle s’excusait, quand ça fonctionne, quand ça vaut le coup, ça ressemble surement aux à tout jamais que les films romantiques s’évertuent à conter. « C'est encore plus beau de tomber amoureux pour quedal, juste pour la beauté de s'casser la gueule. » Et on fait comment alors, pour les cœurs brisés ? On leur dit que c’est beau ? Que pour quedal, ça justifie les maux ? « Enfin ce que j'en dis.. je la connais même pas, cette Missanmachin. » Elle esquisse un sourire, passe sur le sujet, l’amour, ils en auraient du temps pour le décortiquer, mais le labyrinthe ce n’est que pour ce début de soirée.

Alors une fois à l’intérieur, elle se fait railleuse de constater ses peurs, « T'es trop naive, Haiwee. » derechef l’expression plissée, c’est une vérité dont elle a conscience, mais l’entendre, même pour rire, ça fait un drôle d’écho dans son existence. « Déjà parce que tu penses que j'ai VRAIMENT peur de ces trucs. » Et pour toutes les autres raisons, n’est-ce pas ? Celle que tu tais par respect. Celles qu’on ne peut ignorer. « Ah non mais les momies, j'trouve juste qu'elles sont mal habillées. » Elle arque un sourcil, ne peut s’empêcher d’approuver, mais c’est une autre qui attire encore leur attention. « J'crois qu'elle t'en veut. » La fameuse mariée. « T'as dragué son mec ? » Elle se fond dans un rire sincère, l’amérindienne, qui tranche avec l’ambiance dans laquelle ils se trouvent tous les deux. L’enfer comme terrain de jeu. « Parce que tu penses vraiment que je sais draguer ? » Un truc qu'elle n'a jamais essayé. Qu'elle est bien loin de maitriser. Non, elle, elle est comme Missandeï, elle est juste tombée, sans l'avoir recherché. Pour le coup, à présent, c’est lui qui deale avec la naïveté. D’ailleurs, elle se permet de le piquer, « Là, c’est toi, le crédule. » mais elle accélère malgré tout le pas, accrochant son bras, à celui du presque Willy Wonka, « je parie sur la droite. » Pour trouver la sortie. Même si elle est, on ne peut plus perdue, ici.