We're all mad here - 15/10/2022

Je me revois encore dans les locaux de la WW ce matin, quand pour m'échapper d'une horde de conseillers, c'est vers lui que j'ai foncé. Prétextant un je-ne-sais-quoi très important qui ne pouvait attendre plus longuement. Sauf qu'une fois que nous nous sommes retrouvés dans mon bureau, a défaut de prononcer l’évidence, que je n'avais rien à lui souffler, j'ai laissé traîner mes prunelles sur le meuble et sur cette brochure trônant au-dessus d'une pile de papiers à jeter. La ville aux couleurs d’Halloween pour encore plusieurs journées. Je lui ai donc proposé, de sortir avec moi, bien que cela semble étrange d'y songer de façon-là. Et c'est peut-être la faveur de cette accalmie - toujours sans aller jusqu'à dire que nous sommes amis - dans notre relation qu'il a accepté l'invitation.

Cela dit, maintenant que je me retrouve dans la rue, en pleine nuit, l'idée c'est de plus en plus mauvaise qu'elle me paraît. Remontant sur mes épaules le manteau que je porte, c'est dans la poche de ce dernier que va se glisser ma main, afin d'envoyer un message à monrendez-vous de ce soir et lui signifier qu’il va me le payer demain. Bien que cette menace sonne comme un éternel éternel même refrain... Et que dans le fond je comprends l’idée, l’envie, de me faire poireauter. A l’inverse, moi aussi, je l’aurais fait.

@Sheng Lao Xian

We're all mad here - 15/10/2022

Les minutes s’amoncèlent à la mesure que mon agacement augmente, tiraillée par l’idée que possiblement, à défaut de me faire poireauter, c’est un véritable lapin qu’il s’apprête à me poser. Un fait que je n’aurais pas de mal à détester. Qui serait inédit aussi, car jusqu’à présent, personne n’a encore jamais osé. Mes ongles enfoncés dans mes paumes, les poings serrés, j’exècre l’idée qu’il soit l’un de mes premiers.

Et malgré le tumulte de mon énervement, j’écoute la vie autour, le rire des gens, jusqu’à ce que j’éprouve enfin à mes côtés, la présence de l’étudiant. « Le diable s’habille en Prada… Tu veux peut-être de quoi te réchauffer avant. » L’un de mes sourcils arqué au moment de laisser, sur lui, mon regard glisser, Sheng est conscient du magnétisme qu’il dégage, et bien que je ne lui dise jamais, c’est bel et bien pour cette allure nonchalante, ce flegme significatif, qu’il fait partie de mes employés. Ce charisme que je me plais à écorcher. « Loupé, » je commente tandis qu’un sourire étire avec lenteur mes traits, « c’est du Chanel. » Une pièce maitresse de ma collection, unique aussi bien qu’intemporelle.

Ceci étant précise, je me fais faussement suspicieuse quant à sa proposition et décide de l’interroger, le vice toujours dissimulé dans le ton, « T’as révisé ton manuel de bonnes manières ? » Incisive alors que j’accepte la proposition en commençant à talonner en direction du café désigné, la douceur avant d’aller se perdre en Enfer. Mais puisqu’il m’a accusé d’être le diable, j’imagine que malgré tout j'y serai à ma place et que ça va le faire.


@Sheng Lao Xian