n peu tendu oui je le suis forcément, cette discussion me parachutant à quelques années derrière moi, à mes soirées bercées de reproches et de critiques. Faut croire que le problème vient réellement de moi. Pourtant tout ce que je souhaite c’est un peu de considération et ne plus être celui qui ramasse derrière elle ses abandons. « Cher ? » Pas tant, ce n’était que pour la formule. Un simple merci ou juste un franc sourire m’aurait suffi. « Tu crois que je vivrais avec toi si j’avais les moyens ? » Sympathique la question et la réponse n’a même pas besoin d’être évoquée : Non, c’est évident, aucune ne le voudrait, je crois que je l’ai compris depuis le temps. « J’suis pas maso à ce point. » Le regard rivé sur le persan de ce tapis, j’ai cette soudaine sensation d’avoir tout foiré dans ma vie. Pas que ce soit nouveau, non. Mais elle vient d’appuyer sur l’abcès qui ne demandait qu’à percer. « Garde tes menaces, je vais déménager. » Elle aussi au final préfère déserter et je ne peux pas l’en blâmer, les yeux de nouveaux plantés dans le vide, songeur en vérité.

« Ne te donnes pas cette peine. » Elle était la première sur les lieux, une invitée dont Miller a besoin visiblement pour une raison qui m’échappe toujours et qu’ils ne souhaitent partager. « Le temps de me retourner et je serais parti », question de quelques jours le temps de placer Glass chez mes parents pour qu’il n’ait pas à connaitre la banquette arrière du pick-up trop longtemps. Pour le reste, je saurais me débrouiller comme je l’ai toujours fait avant de trouver refuge ici.
Me relavant difficilement, ma tasse à la main et en omettant volontairement la sienne, je me suis arrêté pour observer - à défaut d’avoir un objectif fixé - mon chien. Il est vieux alors il saura se faire à l’espace réduit d’un appartement sans jardin, j’en suis certain. « J’ai beaucoup moins d’affaires que toi et je m’en voudrais de... » De dos à la principale intéressée, ma main libre vole en des mouvements circulaires afin  de souligner l’ambiguïté, « ruiner vos plans là », avant de reprendre le chemin de la cuisine pour y nettoyer ce que moi j’ai souillé, question de principe. Au martèlement irrégulier de griffes sur le carrelage, je n’ai même pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s’agit avant de ressentir l’à-coup de son museau humide sur mon pied. Glasgow, exténué à ne rien faire, vient de se vautrer là, par terre. « Pas maso à ce point. » Ses propres paroles que je ronge les deux mains plongées sous le jet, inconscient de torturer la porcelaine plus qu’il ne faut.

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