Malgré les échanges, t'as encore du mal à réaliser que tu vas la voir, que tu vas retrouver la femme que tu as tant aimée, que tu aimes toujours. Les mots, pourtant, ont été posés. Amour toujours présent après tout ce temps sans se voir, amour intact, malgré la mort qui vous a séparées un temps. Fausse mort, certes, mais les blessures sont presentes des deux côtés. Blessures qui ont érigé des barricades autour du myocarde tout ce temps. Unique amour. Voilà ce qu'elle est. L'amour, la tentation, la passion. Tu as parlé d'elle à ton frère pour la première fois il y a quelques semaines. Tu as parlé d'elle et de vos retrouvailles à ta petite sœur il y a quelques jours à peine. Pour y voir plus clair, pour comprendre, pour extérioriser. Quatre ans, putain. Mais t'es devant elle, une nouvelle fois, consciente cette fois. L'envie de brûler les étapes, de l'embrasser directement. Mais jouer sur l'attente, sur la tentation encore un peu. Rendre les choses encore plus réelles. « J'suis pas venue pour voir tes talents en matière d'aménagement, de toute façon.. » Oh non, ça, tu as tout le temps pour observer l'intérieur de son appartement. Là, t'es juste captivée par son être, par ses courbes, que ce soit son corps ou rien que ses lèvres. Le palpitant s'affole contre sa peau, tes doigts qui viennent se saisir de ses hanches. « Très bonne question... » dis-tu avant de plaquer tes lèvres sur les siennes, avec la fougue du manque, de l'envie, du besoin.

Tu as désiré d'autres corps en quatre ans. Mais aucun corps n'a été désiré comme le sien tu le désires encore. Ce corps qui hantait tes nuits, qui te manquait tellement, que tu pensais ne plus jamais revoir, finalement dressé devant toi pour la première fois dans sur le podium d'un club de striptease, à la vue d'êtres qui ne t'ont inspiré que du mépris et une touche de possessivité. Ce corps dressé devant toi maintenant, seule à seule. Corps dont tu retrouves la mémoire des courbes à mesure que tu le découvres sous tes yeux, sous tes doigts. Ca fait tellement de bien à ton être tout entier que tu savoures ce moment, que tu veux l'imprimer dans ta mémoire visuelle et sensorielle. Lèvres qui t'appellent, elle qui réclame les tiennes. Une drogue dont tu ne saurais plus te passer, tu le sais. Quatre ans de sevrage forcé, auquel tu peux enfin mettre un terme. Et bordel, que c'est bon de retrouver la douceur de ses lippes contre les tiennes, la chaleur qu'elle dégage, son parfum qui n'a pas changé, ce parfum qui te faisait toujours te retourner, parfum jamais oublié de ta mémoire olfactive. Retrouver tous tes repères auprès d'elle. L'armure formée autour de ton coeur qui s'effondre complètement. En vie, enfin. Fini de vivre dans un univers monochrome. La vie retrouve ses couleurs à l'instant même où tes lèvres retrouvent les siennes. Tes mains qui l'agrippent, la relèvent pour la porter sans quitter ses lèvres. Renaissance. Détacher ton visage du sien un instant. Besoin d'ouvrir ton coeur. « Putain, je t'aime. » Le dire de vive voix pour la première fois depuis trop longtemps. Retrouver le sourire pleinement.