Je suis là assise, t’écoutant me dire que tu es un homme fiancé. J’ai l’impression d’être dans un mauvais film quand tu me dis ça. Jamais, ô grand jamais je n’aurai fait tout ça, ces sorties, se rapprochement qu’il y a eu jusqu’à t’offrir mon corps en cadeau. J’en avais envie, évidemment. Mais je n’aurai jamais tenté le diable si je savais qu’il y avait une autre femme dans l’ombre, une femme amoureuse qui te pense fidèle, pensant que tu es à elle. Je reste silencieuse après t’avoir demandé depuis combien de temps. J’imagine bien que ça ne date pas d’hier, on ne se fiance pas en deux jours de couple. Il n’y a pas plus tard que quelques minutes tu voulais encore m’embrasser dans ce petit coin de restaurant. Ce gentleman semble bien loin maintenant, laissant place à un salop infidèle. Attendant une réponse de ta part à ma dernière question, qui ne changera rien, je tente de croiser ton regard, je ne vois que ton sourire fin. Comment oses-tu encore sourire après ce que tu viens de me dire ? C’est ce que j’aurai pu dire, mais un serveur nous interrompt pour savoir si on a choisi. Le visage fermé, je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche que tu me demandes si j’ai faim. « Vous pouvez toujours lui servir une once d’humanité, ça ne sera pas de trop.» que je répond au serveur froidement en guise de réponse, sans même te regarder. Ayant compris qu’il n’avait pas sa place autour de cette table, sûrement gêné par la situation, il repassera sûrement plus tard. Ou il enverra une de ses collègues, qu’importe. Tu finis enfin par me donnait un chiffre. Trois ans. « Trois ans..» que je répète à voix haute comme pour faire entrer l’information dans mon cerveau. « Comment tu peux...» Comment tu peux faire ça, comment t’as pu jouer avec le feu avec moi comme ça, et mettre dans cette situation là. Comment tu peux encore te regarder dans un miroir. Beaucoup de comment qui me traverse l’esprit sans savoir les prononcer. « Et t’aurai voulu que je t’embrasse là... aucun scrupule.» Je n’aime pas juger les gens, mais tu n’as pas hésité un instant à passer ta main autour de moi pour venir dans ce lieu, à nous prendre une table un peu isolé, te coller contre ma chaise pour être toujours plus proche. C’est comme si elle n’existait pas. Et pourtant. J’ai le cœur tellement serré quand je repense comment j’étais bien dans tes bras cette nuit en Égypte, cette danse dans les rues de Boston.

Je voulais juste te voir, passer un bon moment. Je savais que j’allais devoir te parler d’Esteban, et de notre rapprochement, de la décision que j’avais prise. Je n’y connais rien aux relations amoureuses, peut-être que je me trompée sur toute la ligne, prenant les mauvaises décisions. Je n’aurai jamais penser que dans ses mauvaises décisions de ma vie, il y aurait eu celles d’avoir fait l’amour avec toi. Malgré ce qu’il se passe avec Esteban, je gardais jusque là un bon souvenir de ce début d’été avec toi.  Sauf que là, ça devient un vrai cauchemar et une source de regret. Tout ce que je ne voulais pas en cédant à tes bras.
J’enchaîne les accusations à ton égards, te demandant comment tu as pu faire tout ça, comment tu pouvais encore te regarder dans un miroir, ou encore me faire ça à moi. Je ne tolère pas que tu puisses jouer de la même façon avec une autre femme, mais pour la première fois de ma vie, je pense surtout à ce que je ressens moi. « Pardon ? Tu te fous de moi là j’espère ?» Le ton de ma voix s’élève dans le restaurant, au point que certains clients se retournent vers nous. Je déteste me donner en spectacle comme cela. Bientôt cela va être de ma faute si tu trompes ta copine. Cette sensation de ne plus connaître la personne que j’ai devant les yeux me noue la gorge, mais je refuse de verser la moindre larmes ici, devant toi. Un blanc se fait, ne laissant qu’une amer déception en guise de repas. Proposant de mettre un terme au repas, je ne te ferai pas l’honneur de donner une dernière attention. Je me lève, mettant ma veste. Et c’est avec les deux mains appuyés sur la table, te regardant dans le blanc des yeux que je te répond. « Tu n’auras pas cette honneur, la seule chose que je te donne avant de partir c’est l’image de ce visage, triste et en colère, qui pensait que l’homme en face de moi valait mieux que ce qu’il peut laisser penser.» Il est difficile pour moi de faire confiance aux hommes, ayant une tendance à les mettre dans le même panier. Mais j’avais appris à te connaître, à te parler, t’apprécier, te pensant différents jusque là. « Tu es finalement identiques à tous ses hommes, tu ne vaux pas mieux.» Je regretterai peut-être ses paroles un jour, la colère parlant pour moi, cela devait sortir. Je récupère mon sac, et c’est sur ce visage que je quitte le restaurant, te laissant seul à cette table, le ventre aussi vide que quand je suis rentrée, incapable d’avaler quoi que ce soit.

THE END