Ses bras sont ma meilleure source d'apaisement. Je crois qu'il n'y a rien de tel pour me canaliser et c'est pas toujours facile de le faire. Mais il a aussi ce côté qui me fait partir en vrille. Passer d'une émotion extrême à une autre. Une parole déplacée et c'est le revirement de situation entre nous. Enfin ça, c'était avant. Avant qu'on se retrouve à la plage à regarder les étoiles. Avant qu'il se mette en couple. Là, on y arrive à être calme, à se parler sans se disputer. S'entendre et s'écouter. Plus ou moins en tout cas. Le sexe apaise, la tendresse et la proximité de nos corps sans retenue aussi. Une sorte de soulagement, des retrouvailles attendues par lui autant que moi. Dans mon fort intérieur j'ai une boule de stress qui se transforme en une excitation palpitante qui me ferait presque oublier les conséquences de nos actes. Des décisions de merde. Elia l'avait prédit. Elle prédit toujours tout Elia. Elle me connait mieux que quiconque. Il me fait sourire. Je suis contente de l'entendre dire que c'est moi qu'il veut. Un sourire qui s'efface rapidement par les mots qui suivent. j'serais toujours la maîtresse, c'est ça? Je suis blessée. Au fond, j'ai l'impression d'avoir un truc qui cloche. De pas être assez bien. Assez belle, assez présentable, assez quelque chose. Et ça me brise, ça brise la Marnie qu'il ne connait pas. La faille énorme, le trou béant, ce manque de confiance dont on a pas conscience lorsqu'on me voit. elle a quoi de plus? Vas-y dis le, on verra si j'encaisse. Ma mâchoire se serre parce que voilà, elles sont presque là les larmes, presque prêtes à se montrer. Je ferme les yeux, je souffle un grand coup et j'me reprend. j'vais te redire ce que j'ai dis plus tôt. si tu la quitte pas, j'le quitte pas marché conclu ? Une situation qui m'arrange pas et qui me ressemble pas. Mentir, être infidèle, blesser les gens. et si on les quitte pas, nous, on devient quoi? Je me colle encore plus à lui, comme si c'était possible de faire plus sans devenir oppressante. Je veux lui faire comprendre que j'veux pas qu'il me laisse sur le côté, qu'il m'oublie. Je veux pas ça. Je veux lui tout le temps et pour toujours mais je peux pas lui dire autrement.

Je ne suis clairement pas le meilleur pour exprimer mes sentiments, et encore moins pour rassurer les gens. Je fais même plutôt le contraire, avec mes paroles, je vexe, je fais peur, je rends les gens en colère. Alors oui, je n'avais pas envie de devoir dire les choses à voix haute à Marnie. Je savais que j'allais devoir faire attention à mes paroles et réfléchir avant de parler. Ce qui n'est pas mon fort. Mais en même temps je ne veux pas lui mentir, ou ne pas tout lui dire juste pour la ménager. Si je la veux auprès de moi, je veux être sur dans quoi elle s'embarque. Non, Marnie. Non. Je déposais ma main sur sa joue, vint l'embrasser avant de lui dire. Tu seras ma femme un jour. Je te le promets. Je dis cela comme si cela était une évidence, une évidence qu'elle dirait oui pour devenir mienne. Parce que de toute façon, si ce n'est pas elle, ça ne sera personne d'autres. Je ne voulais pas la froisser, mais shit, ce que c'est dur de rassurer une personne. Plongeant mon regard dans le sien, j'essayais de lui faire passer mes mots par mon regard. Après tout, la dernière fois, notre contact avait fait tout le travail. Alors pourquoi pas ce soir ? Je lui pris sa main de nouveau. Marnie, avant d'officialiser avec toi, je veux être sur d'en être capable. Capable de te rendre heureuse et de ne pas merder. Je serrais sa main, afin qu'elle comprenne que je ne voulais pas en dire plus. J'espérais que cela lui suffise. Ca va me faire du mal de te savoir avec un autre... Mais je comprenais son envie de ne pas le quitter si je n'en faisais pas de même avec Sofia. Mais ne serait-ce pas un mal pour un bien ?

C'était la soirée des montagnes russes. Je m'attendais déjà pas à ce qu'on saute le cap et qu'on couche ensemble et là, il se retrouvait à se confier, à pas me repousser. Fini de me rejeter, de faire tout pour me dégoûter de lui. Non là pour une fois, il est honnête avec moi ou peut-être juste qu'il assume enfin de me dire le fond de sa pensée. Je fais le lien de tout ce qu'on s'est dit, tout ce qu'on m'a rabâché sur lui et moi. Ses choix qu'ils disaient faire pour moi. Tout est plus clair et en même temps c'est tellement flou cette manière de faire. Comment il peut penser que se tester ailleurs est la meilleure idée du siècle? En tout cas, il est bien tombé avec moi faut croire. Parce que j'suis encore là. Près de lui à partager ses draps. Je lutte de toutes mes forces pour pas pleurer. Marnie t'es chiante à vouloir pleurer tout le temps. Il va se dire que t'es folle, que t'as un sérieux problème de gestion de tes émotions. C'est peut-être pas faux ceci-dit. Je ravale à nouveau cette boule dans ma gorge. Ca me touche de l'entendre dire ça. Et j'ai plus une once de doute. Est-ce que je suis naïve et qu'il me mène en bateau ? C'est possible. Je crois que l'avenir nous le dira et qu'au stade ou j'en suis, j'ai plus grand chose à perdre. Je secoue la tête de haut en bas pour affirmer ses dires. Sa femme, ouais. On verra. Une chose après l'autre. Faudrait déjà que je sois sa copine. L'officielle qu'il présente. Pas l'officieuse qu'il voit en cachette. J'suis la complice de ses peurs, mais je suis prête à l'être. Je sais pas ce que je serais pas prête à faire pour lui. Si l'aimer est dangereux, j'en prend le risque, la tête la première dans la gueule du loup. tu considères pas avoir merdé là alors? Parce que moi je considère avoir merdé. J'voulais pas être celle avec qui il tromperait Sofia. J'voulais pas tromper Yuri. Et pourtant on en est là. Tout les deux réunis, nous contre le reste du monde. Mais secrètement. et moi.. j'veux pas parler d'elle là. dis-je d'un ton plus froid. j'voudrais que tu la touche plus, ça me rend folle d'y penser. Mais j'sais qu'il va pas le faire. Qu'il va continuer à se la taper. Pour noyer le poisson ou parce qu'il en a envie. Peut être les deux. Putain. Dans quelle merde je me fou. alors quoi? on est "ensemble" genre secrètement? finissais-je par lâcher après un temps de latence. Je le regarde, profondément, passionnément. Dis moi oui et j'te suis.

Je ne pensais jamais ressentir une telle chose pour une femme. J'en avais vu de l'amour autour de moi. Dire que je n'y croyais pas serait un mensonge. En revanche, j'ai tout fait pour ne pas le vivre. Ayant justement trop peur de vouloir une femme dans ma vie, vouloir une famille. Vouloir réellement construire quelque chose. La vie peut tout nous enlever d'un coup, sans que l'on s'y attende. Je ne veux pas vivre cela pour une seconde fois, ou encore faire vivre ça à Marnie. Et pourtant, il semblerait que je sois en train de le faire. De lui promettre monts et merveilles. Mais après tout pourquoi pas. Pourquoi ne pas tenter d'être heureux ? Même si cela signifie ne l'être que pour X temps. Je ne sais pas ce que la vie réserve pour Marnie, et moi. Mais autant profiter de la vie. J'étais actuellement dans ce mood là. D'où le fait que je me confiais à elle de cette manière là. Moi-même, je ne m'étais jamais vu de la sorte. Ayant toujours eu cette carapace pour moi, pour éviter tout attachement et promesses. Non, car c'est toi. En me mettant avec Sofia je savais que la seule personne avec qui je pourrais la tromper serait Marnie. Du moins je l'espérais. Et depuis que j'étais avec elle, je ne pensais qu'à Marnie et elle seule. J'avais eu quelques plans dragues, mais cela ne m'avait pas du tout donné envie. Et j'en étais presque content d'être en couple, d'avoir cette excuse pour refuser les avances. C'est toi que je touche en ce moment, princesse. Et tout en prononçant ces paroles, je passais ma main sur son intimité, de telle sorte à lui montrer que j'étais prêt pour un second tour si elle aussi le souhaitait. Oui ? C'était elle qui l'avait dit, pas moi. Et j'en étais soulagé. On pouvait peut-être enfin arrêter d'avoir cette conversation et juste profiter...

Je me suis laissée embrigader dans ce tourbillon. Un tourbillon dont je n'ai jamais réussi à sortir. Une putain de toile d'araignée dans laquelle on s'emmêle et dont on n'a aucune chance de se sortir sans être dévorée. Il est l'araignée. Le danger permanent mais si exaltant. Prise au piège d'un charme dans lequel j'ai pas voulu tomber. Que j'ai longtemps fuit. J'ai commencé par le détesté et j'aurais du me méfier. Ma mère me l'a pourtant répété cette phrase "de l'amour à la haine, il n'y a qu'un pas". Allez Marnie, laisse toi aller princesse, entre ses mains expertes, dans ses yeux bleus, dans sa voix suave et ses baisers délicieux. Je tressailli à son contact, enivrer par l'envie de lui. Un accord passé, bancal. Une nuit qui permet de rattraper un temps perdu. Et puis la vie a reprit son cour. J'ai récupéré le bouquet dans sa voiture et j'ai regagné la solitude de mon appartement. Sans lui. En connaissant les enjeux de ce que l'on avait décidé. Pas sûr que cela dure, pas sûr des bons choix que je faisais. Et surtout pas à l'aise à l'idée de devoir mentir à tout le monde.