Voilà deux semaines que j'entretiens une relation avec Briony. C'est une fille cool, elle se prend pas la tête, elle me prend pas la tête non plus. On s'entend plutôt bien en gros. Mais j'avais un gros problème. Pas de petit tilt qui dit que ca peut durer, puis même, étant donné que je ne suis pas très fidèle, autant dire la vérité, je ne suis pas une fille pour elle.
Ce soir là, j'étais partie la voir à la Quincy House. Malgré le fait que j'étais Eliot et tout, j'étais déjà défoncée, une vraie Mather dans l'âme. Entre mes médocs qui me shootaient et une forte dose d'alcool dans le sang, autant dire que je ne marchais pas très droit sur le chemin qui reliait nos deux maisons. Enfin arrivée, je toquais à sa porte attendait une réponse de sa part. Il fallait que je lui parle, mais si je pouvais profiter une dernière fois de sa beauté sublime, je ne dis pas non.

J'regrettais pas d'avoir quitté Yale pour Harvard. J'commençais à m'acclimater à ma nouvelle université, Harvard. Et quoi d'mieux que d'se mettre en couple huhu ? J'avais trouvé une vraie perle. Une Eliot. Parfaite. Gwen. Elle m'comprenait, on était sur la même longueur d'ondes pis elle au moins, elle savait y faire quoi. Elle avait peur de rien, ni du regard des autres, ni d'se faire plaisir. Est-ce que c'est de l'amour ? J'en sais fichtrement rien mais qu'est-ce que j'en avais à faire ? Je voulais juste prendre du bon temps ici, profiter de ma jeunesse et elle était juste géniale, faut le dire entre nous quand même. J'étais dans ma chambre dans la Quincy House, celle que j'partageais avec Nevada, la présidente. J'profitais d'une de ses absences pour fumer une cigarette tout en gardant la fenetre ouverte. J'révisais en même temps. Eh oui -à l'époque-, j'ai la niac de réussir. J'suis venue ici pour profiter mais aussi pour bosser et sortir d'une des plus grandes universités mondiales steuplait. Je mordillais un crayon tout en relisant un texte quand j'entendis toquer à la porte. J'avais une vague idée de qui ça pouvait être, ce qui étira mon sourire sur mes lèvres. Je me leva après avoir écrasé ma cigarette et allai ouvrir. Gwen. Good Game Briony. Je lui lança un regard provocateur et espiègle, heureuse de la voir, sincèrement. Coucou.. Je lui pris la main pour l'attirer dans ma chambre, ferma la porte et mes lèvres rejoignirent rapidement les siennes. Autant y aller franco nan ?

Ca faisait deux ans que j'avais quitté ma Californie natale pour Harvard, Autant dire que c'était presque un choc thermique quand je suis arrivée à Cambridge. Déjà, il pleuvait et ensuite, j'avais l'impression qu'il faisait moins douze. Moi qui avait passé l'été sous un soleil de plombs et avec quarante degrés à l'ombre, j'avoue que c'était vraiment spécial. Mes débuts à Harvard étaient spéciaux. Pour m’acclimater, je traînais dans les bars et les clubs de strip-tease du coin, allant même jusqu'à Boston parfois. Chacun son adaptation, hein. Mais après avoir participé à des soirées, à des tournées des bars et des clubs, que j'ai tout de même mis deux ans à faire, j'avais fait la connaissance par hasard de Briony, l'arrivante de Yale, studieuse et canon.
L'avantage d'être en couple avec Briony, c'est qu'elle ne m'oblige pas à être tout le temps avec elle et qu'elle ne m'exhibe pas comme un trophée. En dehors, mis à part les bisous parfois en public, on agit comme des potes. On se chahute, on rigole, elle fait pas sa jalouse, c'est cool quoi. Puis des fois, je voyais Nevada par la même occasion, puisque Bri' partageait sa chambre.
Elle ouvrait enfin la porte avec son regard mi provocateur mi espiègle, ce qui me fit sourire. Salut.. J'étais contente de la voir, malgré ce que j'allais lui annoncer par la suite. Je me laissais entraîner dans la chambre et lui rendait rapidement son baiser. Je gardais ma main dans la sienne. T'as passé une bonne journée ?

J'étais vraiment heureuse et touchée que Gwen vienne jusqu'à la Quincy House pour m'voir, juste moi. Ca s'voyait t'façon au sourire qu'il y avait sur ces lèvres que c'était pour moi héhé et pas pour ma coloc, c'est à dire la présidente des Quincys. Eh voui, vous avez vu ça ? J'fais dans l'Elite moi huhu. Amie avec Nevada, j'sortais avec une Eliot, aka l'Elite sociale. Autant dire que mon intégration sur le campus d'Harvard se passait bien j'pense. Salut.. dit-elle avant que je l'entraîne finalement dans ma chambre. Qui était rangée. Faut le préciser j'pense. Vous avez vu ma maniaque de coloc aussi ? Non, j'dis ça, j'dis rien, sinon j'vais m'faire tuer j'crois. Je m'approcha rapidement de ma petite amie avant de finalement venir l'embrasser tendrement. Ouai, autant pas commencer à être sauvage et tout, on sait s'contrôler quand même, un minimum s'il vous plaît. Gwen me rendit mon baiser un instant avant qu'on vienne à se séparer. Elle garda ma main dans la sienne, tandis qu'elle reprenait la parole. T'as passé une bonne journée ? C'est la question qui tue touuuut ça. Je fis une petite moue avant de lui montrer du regard mes cahiers ouverts sur mon bureau et mes fiches de révisions sur mon lit. Ouai, ça va si on dit que passer sa journée à bosser est une bonne journée. lui répondis-je tout en souriant. Et toi ? Pas trop crevée ?

Etre membre de l'Elite sociale faisait de moi quelqu'un d'assez connue sur le campus. Mais j'étais surtout connue pour être la mauvaise Eliot. Lesbienne, alcoolique, droguée qui faisait ami ami avec la maison ennemie et pour mes excès de violence envers certains membres de ma maison. Récemment, j'avais agressé Solweig, depuis elle a peur de moi. Les remarques homophobes de la part d'Andy et ses amis m'énervaient et je me réfugiais souvent seule dans les bars ou au sein de la Mather House, parce qu'ils étaient une seconde famille et qu'ils m'acceptaient telle que j'étais. Heureusement que Mai-Lan est là et que je ne sois pas tellement seule au sein de l'Eliot House, je ne tiendrais pas. La chambre de ma petite-amie était rangée, cela ne m'étonnait pas vraiment, connaissant Nevada et sa folie compulsive du rangement. Quand je lui demandais si elle avait passé une bonne journée, elle me fit sa tête de chien battu avant de me montrer ses cahiers et ses bouquins ouverts, je riais alors doucement. C'est ca d'être aussi studieuse en même temps, t'es presque digne d'une Dunster là... dis-je en passant une main dans mes cheveux. Bof, une journée normale avec des gens normaux...et des homophobes, comme d'hab, rien de plus normal. Légèrement déchirée quoi ! dis-je en souriant. Elle avait un peu l'habitude désormais de me voir défoncée quand j'allais la voir, mais là c'est vrai que je sentais la téquila à dix mètres.

J'étais ici pour bosser même si j'étais d'accord et j'avouais qu'en ce moment, j'me relâchais. En fait, c'était parce que j'me rapprochais enfin de bons gens, ceux qui partagent la même vision du monde que moi. Les mathers. Fin la plupart d'entre eux sont cools avec moi, m'acceptent comme j'suis, même si j'appartiens aux mathers et que j'sors avec une Eliot depuis quelques jours. Sont parfaits j'vous dit. Ptete que j'aurai dû allée chez eux, j'en sais rien du tout. C'est ca d'être aussi studieuse en même temps, t'es presque digne d'une Dunster là... Je ris doucement en entendant cette remarque. Ouai, nan, faut pas déconner j'pourrais pas passer tout mon temps quand même dans les livres.. Et ta vie sociale ? Et ta jeunesse ? Nan, j'veux garder ça, merci bien. C'est le plus important, faut l'savoir. Même si on est à Harvard. Bof, une journée normale avec des gens normaux...et des homophobes, comme d'hab, rien de plus normal. Légèrement déchirée quoi ! Ouai une journée normale. Les homphobes, faut faire avec, un jour ils comprendront leurs torts j'en suis certaine et là, ils s'rendront compte à quel point ils étaient cons. Et qu'elle soit déchirée.. c'est normal aussi j'ai envie de dire. Et c'est là que tu as eu envie de voir ta copine.. lui dis-je en souriant avec malice. Ca m'fait plaisir que tu sois venue..

J'en avais vraiment plein le cul de l'Eliot House, au point que j'avais trouvé une maison refuge chez les Mather. Ils avaient remarqué que je n'étais pas comme les autres de la maison et que parfois même, je leur donnais des infos au sujet de mes comparses, sans trahir les infos qu'ils me fournissaient eux. J'aurais vraiment dû aller chez les verts, j'avais foiré ma vie sociale chez les bleus. J'étais certes reconnue, mais pas à ma juste valeur. C'était une sale réputation qu'ils m'avaient fait. Bien qu'une partie était vraie, j'étais une Womanizer. Ouai, nan, faut pas déconner j'pourrais pas passer tout mon temps quand même dans les livres. Je lâchais un léger rire. Boah, p'tetre qu'ils savent s'amuser aussi, à leur façon... C'est vrai que je ne connaissais pas de Dunster, mais ils avaient une réputation de rats de bibliothèque et ca devait être légèrement flippant le soir, tous, la tête enfouis dans leurs livres. Je lui faisais un topo rapide de ma journée, et elle me lançait un Et c'est là que tu as eu envie de voir ta copine..Ca m'fait plaisir que tu sois venue.. avec un sourire malicieux, qui me faisait sourire à mon tour. Bah ouais, normal quoi.. Et ca m'fait plaisir que ca t'fasse plaisir... Je savais pertinemment que ce que je faisais là n'était pas très bien, mais je voulais profiter une dernière fois de son corps de rêve, avant de retourner dans la case amie.

Quand j'évoqua les Dunsters, lui disant qu'en aucun cas j'voulais aller chez eux, parce que j'voulais garder précieusement ma vie sociale, un minimum, Gwen rit un peu, ce qui ne fit qu'agrandir un peu plus mon sourire, déjà bien niais depuis qu'elle était entrée ici. Boah, p'tetre qu'ils savent s'amuser aussi, à leur façon... Ah bah oui c'est certain ! J'imagine déjà plusieurs divertissements à leurs manières. Jor youhou allons faire une soirée baccalauréat ! Celui qui a plus de cinquante points en total pourra boire un petit verre de erm.. sky ! Nan pas de vodka pur, faut pas déconner, après ils pourraient pu enchaîner sur une partie de scrabble hein. C'pas drôle et la soirée serait que bien trop viter terminée, m'voyez ? Nan, sérieusement, j'pourrais pas aller dans la Dunster House. Ou alors, juste si ils arrivent à changer leur image au sein du campus. Bonne chaaaance mes amours. Je repris la parole ensuite pour dire à ma copine que j'étais vraiment contente de la voir, sincèrement. Bah ouais, normal quoi.. Et ca m'fait plaisir que ca t'fasse plaisir... Ouh là, on allait entrer dans une discussion absolument sans fin m'voyez ? Du genre, je t'aime plus que toi tu m'aimes. Ah non chérie, désolée, moi j't'aime gros comme une maison. Et moi comme l'univers tout entiiiiier. Erk. C'est bon pour les films romantiques, les niais, les nigauds et les crétins qui croient que l'amour c'est le moteur du monde. Tu voulais m'dire quelque chose de spécial ou jor c'était spontané.. ?

Je comprenais tout à fait qu'elle ne veuille pas se retrouver chez les Dunsters. Après tout, qui avait envie d'une soirée baccalauréat, charades et scrabble ? Il faudrait qu'un jour je vois à quoi riment leurs soirées, bien que je ne connaisse personne là-bas. En même temps, je suis pas du genre à rester cloitrée sur le campus le soir, à essayer d'en apprendre toujours plus. Après, s'ils se montrent un peu plus festifs et moins en retrait, histoire qu'on se souvienne qu'ils existent, pourquoi pas aller y faire un tour, après tout, je serai même capable de me faire passer pour un homme pour devenir Winthrop et fuir l'Elite des bleus. Enfin bref. Ne sachant quoi vraiment lui dire sur le moment, je lançais une phrase qui pouvait nous faire passer des heures dans une discussion niaise à souhait qui me ferait fuir si un je t'aime s'en suivait. Heureusement, non, il n'y en aura pas. Oui, je suis une handicapée sentimentale et j'emmerde les couples amoureux et niais, je les trouve vomitifs avec leurs c'est moi qui t'aime le plus, non c'est moi, blablabla. Brrrr. Tu voulais m'dire quelque chose de spécial ou jor c'était spontané.. ? Et merde, j'allais pas dire de suite que c'était un peu des deux, bien que c'était bien le cas. C'était spontané... C'était pas forcément un mensonge, pourquoi je flippe autant ?

J'étais pas une fan de l'amour, sincèrement. J'trouvais ça niais, inutile, puéril et fait pour les gens qui avaient peur de terminer leurs jours seuls. Pis, de notre temps, la société est poussée à s'mettre en couple. Combien y avait-il de pubs exactement on ne prôner le type de famille parfaite, avec une maman, un papa et des enfants ? J'vous demande. On nous manipule et on nous dit de respecter tout ça, car sinon on s'ra rejeté de la société. J'avais souffert en amour. Quand j'étais plus jeune, avec un Jordan, qui s'est barré de Chicago, comme ça, sans prévenir. Depuis, j'étais plus retombée amoureuse. Mais j'étais sortie avec des gars jusqu'à mon viol, puis des filles ensuite. J'pouvais pas m'approcher de la gente masculine après ce qui s'était passé, m'comprenez ? C'est beaucoup trop dur.. encore aujourd'hui. Est-ce que j'aimais Gwen ? J'en sais rien, j'me suis jamais posée la question. Mais en tout cas, j'aime quand elle est près de moi, qu'elle me touche, me caresse. C'est l'amour ça ? Aucune idée mais j'suis très bien comme ça et Gwen n'a pour l'instant rien dit qu'il laisserait croire qu'elle pense le contraire donc bon.. C'était spontané... Je fronçais les sourcils en entendant son ton.. okay, il était plutôt doux, un peu joviale mais y avait un truc qui clochait. J'saurais pas vous dire quoi par contre. Tu t'sens bien ? Ouai, j'ai envie qu'elle se sente le mieux possible et si jamais j'ai fait quelque chose qui n'allait pas, j'préférais être au courant..