On est pas sur un plan romantique ou tendre. Y'a pas de ça entre nous, y'en a jamais eu et ça tout le respect qu'on a l'un pour l'autre. Je pense que c'est ça le truc, le respect, qui fait qu'on arrive à se lâcher autant l'un avec l'autre. Dans l'euphorie et l'excitation, je lui demande pas d'être le prince charmant sur son cheval blanc. J'attend pas ça de lui. Je veux juste prendre du plaisir, un putain de plaisir que j'ai pas eu depuis quelques temps. C'est comme si je cherchais à combler le vide en moins. Le néant qui se promène. J'ai cherché la douleur pendant un moment, ce qui fonctionne bien chez moi. J'suis experte pour me bousiller, c'est ce qu'il y a de plus simple, c'est ce que j'sais faire de mieux. Des fois ça arrive que je contrôle plus rien et là, c'est la merde. Un accident de voiture parce que t'es trop bourrée, que t'as rien bouffé depuis des jours, bravo Marnie, t'as cherché, t'as trouvé. Plus de permis et t'as inquiété tout le monde. Le pire? C'est qu'au fond, j'en ai rien à foutre. J'veux juste ressentir quelque chose. Et là, ça marche mais pas comme je le voudrais. J'ai pas le contrôle de mes pensées et ça me convient pas. Il est là, tout le temps, même dans ces moments où j'suis avec un autre. Y'a que quand je me retrouve face au visage de Yuri, que je suis dans le moment présent, focalisé sur lui et rien d'autre. C'est étrangement différent des ce moment là. J'crois que je me déteste de lui faire ça mais après tout, c'est dans ma tête et, il ne le saura jamais. Je ferme les yeux et il revient, toujours plus présent à chaque fois. Wilby putain, j'le déteste. Faut que mon regard soutienne le sien pour pas que je m'échappe. Est-ce que j'en ai envie? Autre débat. En attendant, je prend mon pied, beaucoup trop pour lutter contre l'envahissement de mon esprit. Tant pis. Il maitrise à la perfection chaque partie de mon corps ce qui me procure cette vibration incontrôlée. L'incontrôlable plaisir, ce truc qui explose en toi et qui libère la dopamine. J'reprend mon souffle, mes esprits et j'me rhabille convenablement. Pas un mot qui sort de ma bouche parce que j'serais presque à deux doigts de sortir le mauvais prénom ou une énorme connerie. Je me tourne vers le miroir pour me regarder. J'ai la gueule d'une meuf qui a fait des heures de sport. Je me recoiffe comme je peux et j'appuie sur le bouton pour déverrouiller l'ascenseur et à l'étage de ma chambre. Quelques minutes après les portes s'ouvrent, et je file dans le couloir comme une voleuse. Sans me retourner et sans rien prononcer de plus en le laissant planté dans l'ascenseur comme un con, comme si y'avait jamais rien eu.

FIN

@Yuri Azarov