La vérité c’est qu’à bien y repenser, je n’aurais jamais cru que mon rendez-vous de Saint Valentin organisé ne me permette de nouer une quelconque amitié. Mais comme le veut le proverbe, il ne faut jamais dire jamais. Et la vie, c’est tous les jours qu’elle peut nous surprendre, pas vrai ? Alors voilà, c’est simplement ce qu’il s’est passé entre Emile et moi. On n’espérait peut-être pas le grand amour le soir de notre rencontre, mais je suis heureuse de pouvoir le noter dans les personnes qui, pour moi, comptent.
De fait, je n’ai pas hésité à dire oui lorsqu’il m’a invité à le voir à peine revenue de mes congés. Une fois la plage gagnée, un sourire se glisse sur mes lèvres lorsque je reconnais, de loin, sa silhouette. Mes pas rapides me guident jusqu’à lui, appréciant l’idée de « pique-niquer » à nouveau à ses côtés. « Taylor ! Pas trop dur le décalage horaire ? » Il interroge une fois que je suis à proximité. Et quand je m’apprête à ouvrir les lèvres afin de lui répondre, je me laisse surprendre par ses propos, « J'ai un cadeau pour toi. » si bien que j’en fronce les sourcils sans entendre le véritable sens de ses mots. « Tu m'avais proposé de tester ma nouvelle gamme alors nous y voilà. » Et mes prunelles se posent sur les bouteilles de son vin, engendrant l’un de mes sourires malins. « Alors ce séjour ? Pas trop compliqué de supporter les étudiants ? » Mais avant de lui rétorquer quoi que ce soit au sujet de mes vacances, je préfère opter pour un « Quel honneur de pouvoir gouter. » Synonyme d’un merci, à peine déguisé, le ton amusé mais terriblement enclin à la sincérité. Puis reprendre dans la foulée, au moment de m’installer sur la couverture qu’il vient de positionner. « Pour être honnête, je n’avais pas envie de rentrer, » et pourtant, cette ville, Boston, qu’est-ce que je peux l’aimer, « et j’ai survécu aux étudiants, je crois que je suis trop vieille pour m’en soucier maintenant. » Bien loin des drames et autres qui peuvent bercer le Summer camp. « Et toi, tu as passé ton été à tenter de faire le meilleur vin ? » Le ton est taquin, mais j’espère surtout qu’il va me dire qu’il va bien.
     

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Le fait est simple, j’aime de plus en plus passer du temps avec lui. Et j’apprécie penser que nous sommes de réels amis. « Tu parles, si tu n'étais pas rentrée je t'aurais manqué à la longue. » Un sourire malicieux se glisse sur mes lèvres et je me permets de souffler « Juste un tout petit peu. » histoire de le contredire, paraphant mes paroles d’un petit rire. Puis il m’interroge en me donnant mon verre ; « Raconte moi, tu as fais quoi là-bas ? » Les prunelles levées vers le ciel, le temps de réfléchir, mais à la vérité, je n’ai pas besoin de le faire, parce que là-bas, j’ai vu ce qu’est le paradis sur Terre. « Franchement, le plus marquant, ca reste un safari au Sénégal, c’était vraiment… » et je ne saurais pas trouver les bons mots pour le décrire. « Incroyable. » Mais vrai. « A des années lumières de Boston. » Unique et j’en garde des souvenirs impérissables, j’en suis persuadée.

Alors je le taquine au sujet de son vin, juste avant de le goûter, « Et je pense avoir réussis ! tu me diras comment tu le trouves ! » j’opine l’écoutant sur le récit de son été, « Et sans mon neveu et ma nièce à la maison c'était presque des vacances pour moi aussi. » Je ne peux qu’imaginer, parce que pour ma part, la maison n’est pas des plus animée, « J'ai pu profiter de ma piscine sans qu'ils ramènent tous leurs potes d'Harvard ! » Et je me mets à rire de plus belle, lui affiche une mine outrée, « Comment ça ?! » que je joue les fausses choquées, « Tu as une piscine et je ne suis pas au courant ! » Sous-entendu, savoir s’il compte m’inviter et quand. Mais pour lui souffler, après une autre gorgée, « Il est très bon. » c’est mon sérieux que je reprends.
     

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