wish you could shut your playboy mouth (apo&ter)

J'ignorais s'il était complètement naïf ou simplement trop plein d'espoir pour croire qu'il allait vraiment me voir entièrement nu en train de prendre le soleil sur le balcon de ma chambre. Je savais que celle avec qui je la partageais était partie pour la journée et je ne comptais pas vraiment voir une quelconque intrusion de la journée avant dix-neuf heures. Pas loin d'être le cas, à vrai dire. J'étais tranquille en train de faire bronzette quand monsieur Turner m'a annoncé avoir une nouvelle écharde. Je ne savais vraiment pas où est-ce qu'il traînait pour se les récupérer.

Une heure, qu'il m'a dit. J'ai passé la demi-heure suivante à jouer les nudistes sur mon balcon privé, puis j'ai daigné me lever pour enfiler un caleçon et garder ma dignité au chaud. Et j'ai bien fait, parce qu'il est arrivé un peu plus tôt que prévu. "Alors Max la menace, elle est où ton écharde ?" Je lâche un rire et je me lève de mon transat qui risque de bientôt me manquer. Je vais chercher mon éternelle trousse de premiers secours dans ma valise histoire de le débarrasser de sa gêne passagère, essayant de trouver la seringue large et la mini pince à épiler. "Allez, viens là, et respire un coup, c'est rien qu'un mauvais moment à passer." Et aussi à me faire mater allègrement, mais c'est probablement un détail.

L’écharde n’est qu’un prétexte comme un autre pour toi. Lorsque tu as une idée en tête, tu es prêt à tout pour aller jusqu’au bout de ta folie quelle qu’elle soit. Tu quittes ton plan cul de l’après-midi avec un peu d’avance cette fois. Il faut avouer que cette conversation avec Terrence, t’a grave captivé. Comme toujours, l’étudiant en médecine est fidèle à lui-même, c’est-à-dire, sur la réserve et pas du tout intéressé par des projets plus charnels, mais rien qui puisse te refroidir complètement. Tu presses le pas dans l’espoir de tomber sur une vision de rêve, mais à ton grand damn, tu as droit à une version de lui-même beaucoup moins aguicheuse. Tu entre donc, l'air blasé.  Tes tongs volent non loin de son lit après quoi ton attention se porte sur lui. Étincelle de malice dans l’iris, tu admires la vue sans retenue et t’approche de lui, profitant du fait qu’il ait l’esprit ailleurs. À son niveau, tes bras passent autour de sa taille et dans un geste brusque et calculé, tu le ramènes tout contre toi. Bassin qui s’impose à son cul ferme et rebondi, tu laisses tes lèvres courir le long de sa jugulaire. Tes paupières se ferment, tu profites de sa chaleur et de son odeur aux propriétés grisantes. Discrètement une de tes mains quitte ses hanches en quête du ciseau chirurgical qui se trouve sur la table tandis que l’autre glisse jusqu’à la bordure de son caleçon. ‘’ Je le découpe, le déchire ou te le retire simplement ? ‘’ Question posée dans le creux de son oreille avant d’oser répondre à sa propre interrogation. ‘’ Quelque part sous le pied, mais ça peut attendre. ‘’ Tu glousses comme un gamin, amusé par la situation.

je lâche un soupir quand je le vois ne pas perdre une seule seconde pour commencer son petit manège de tombeur. ça aurait presque pu marcher si ça n'avait pas été moi. je le laisse agir parce qu'en vérité, ce n'est pas désagréable d'être la proie d'un bel homme ; j'aurais simplement aimé que ce soit moins dans le charnel et plus dans le romantique. "tu le laisses entier, tu crois que c'est dans tes possibilités ?" je lâche un rire, laissant mes doigts parcourir son torse par la même occasion. je joue avec lui, lui faisant croire que c'était déjà dans la poche alors que c'est bien loin d'être le cas. "tu sais très bien ce que tu dois faire pour me faire tomber sous tes charmes, sois un peu plus romantique..." et moins brusque... ? qui sait.

l'une de mes mains s'aventure sous sa chemise déjà à moitié ouverte à la recherche de sa peau chaude et halée qui en fait tomber plus d'un. "mais pas cette fois. j'ai pas envie que ma coloc de chambre rentre et observe un phénomène traumatisant, tu veux bien ?" ricanant dans un souffle, je viens tout de même le titiller en approchant mon visage du sien, mon souffle caressant ses lèvres humides l'espace d'un instant. "je le sais que t'en crèves, apollon." et je suis sûr qu'il est au courant que je joue avec lui.

Tu sais que ça ne sera pas chose aisée, car Terrence et toi êtes très différent l’un de l’autre. Déjà, il est plus âgé, il est ailleurs dans sa vie tandis que toi, t’es encore jeune et tu as la vie devant toi. Tu as le charme, la grandeur et la gloire, tu n’as aucun mal à obtenir ce que tu souhaites de gré, rarement de force, mais lui, ce blondinet, il te donne du fil à retordre. Combien de temps encore accepteras-tu de jouer à ce petit jeu d’adulte ? Rien n’est certain, mais une chose est sûre, t’es pas du genre à t’éterniser, encore moins avec les causes perdues. ‘’ J’ignore si c’est dans mes capacités, à toi de me le dire. ‘’ Il semble bien te connaître, autant que toi tu le connais pour être honnête. La glace et le feu, l’acier et le bois. Voilà ce que vous êtes, deux opposés. Lorsqu’il parle de romantisme, ton sourcils tressaille de lui-même. Tu sens l’air manquer tout à coup. Il se croit à Disneyland ou quoi ? Dans ton monde, les princes et les princesses n’existent pas. Il n’y a pas de preux chevaliers, ni de cheval blanc. Pas de fleurs, ni de violon en trame. Ce que t’es en train de faire, à tes yeux c’est ce qu’il y a de plus romantique. T’es pas du genre à cajoler, caresser ou encore à embrasser, mais plutôt du genre à prendre ce dont tu as besoin pour ensuite te casser. ‘’ Le romantisme est un phénomène révolu. Faut suivre l’évolution et savoir détecter les petites attentions ou elles se cachent. ‘’ Elles se trouvent juste là, au niveau de son cou ou tes lèvres s’attardent. Au niveau de sa taille ou tu exerces ta possessivité. Empreintes enfoncées dans la tiédeur de son derme de peur qu’on te l’arrache. À son tour il joue avec toi. Tu l’entends à ses mots, tu le vois au travers de ses gestes. Il tente de te pousser dans tes retranchements, mais hélas il n’y a rien à faire. ‘’ T’es asexuel en vrai. ‘’ Qu’est-ce qu’il y a de traumatisant dans l’union entre deux corps ? Deux âmes qui se connectent le temps d’un instant. Lui qui est romantique… Il devrait percevoir l’acte en lui-même comme une valse entre les peaux, un moment privilégié. Opales qui migrent vers le charnu rosé de ses lèvres, tu les fixes un instant avant de reporter ton attention sur lui. ‘’ Envie, je n’irais pas jusque là, mais de voir à quel point les rapprochements t’effraient, ça me donne envie de jouer un peu plus. ‘’ Le bout de ta serpentine s’échappe de la cage formée par tes ivoires pour venir effleurer sa lèvres inférieure avant que tes dents ne viennent la capturer. Regard toujours ancré dans le sien, tu le provoques, le cherche. Ciseaux de nouveau sur le bureau, ta main remonte jusqu’à sa nuque et de là tes phalanges effilées viennent se perdre dans la blondeur de ses cheveux. ‘’ Veuillez procéder docteur, on m’attend ailleurs. ‘’ Cette fois c’est le souffle chaotique de ta voix qui vient enflammer ses pulpeuses.

c'est drôle, parce qu'apollon n'avait aucune idée de ce qu'était le romantisme. je ne saurais dire s'il est mort, complètement dépassé ou si c'est simplement un phénomène "de bourge" d'aujourd'hui, mais j'y crois étrangement encore. emmener quelqu'un à un rencard, offrir le restaurant, aller au cinéma, donner des fleurs... c'est devenu si compliqué que ça ? maintenant, on se retrouve en boîte de nuit, on fait nos affaires dans les toilettes et c'est plié. j'ose quand même espérer que tous les mecs ne sont pas comme ça. "alors tu détecteras les miennes en agissant comme un homme et pas comme un sauvage en quête de reproduction..." je lâche un rire. puis je suis presque abasourdi quand j'entends la plus grosse bêtise à mon sujet. asexuel ? vraiment ? "drôle d'idée, mais non. j'apprécie juste que les choses soient faites dans les règles de l'art."

pour moi, l'union de deux corps ne s'arrêtait pas qu'à une baise sauvage faite aussi rapidement que possible. non ; j'appréciais les choses comme elles se déroulaient, j'apprécie l'acte, chaque chose qu'on y fait, je cherche à faire plaisir à l'autre autant que je peux et tant que c'est possible. "continue à y croire autant que tu veux, tu découvriras bien par toi-même comment il faut s'y prendre avec moi." sourire espiègle, je le laisse à son petit jeu, lâchant un semblant de soupir quand il vient me mordre la lèvre. "examen complet ou check-up rapide ?" et je n'attends pas vraiment plus pour me pencher afin de l'embrasser. baiser chaste mais qui, pourtant, nourrit beaucoup de mes désirs et fantasmes qui gravitent autour de lui. "devons-nous nous concentrer sur votre écharde ou continuer cette mascarade bien passionnée ?" parce qu'en vérité, je prendrais un certain plaisir à l'arrêter avant que ça n'aille trop loin.