Assise sur un tabouret du bar de l’hôtel, j’observe sans trop y réfléchir les dossiers qui défilent au milieu de mes mails. Jamais en vacances, toujours à contrôler. Même les bulles de la coupe de champagne que j’ai commandé n’ont pas le même attrait. En colère parce qu’une commande est en retard, parce que je ne peux hurler contre l’employé qui a merdé. Ca me tape sur le système ces deux mois éloignée de la WW. Mais l’image, elle est trop importante dans mon monde, alors le Summer Camp, je ne peux pas l’éviter. Et j’avoue – même si ça me coûte de le faire – qu’il est possible que je puisse m’y amuser. Après tout, quel être humain censé se plaindrait de partir deux mois, de se prélasser, de profiter et voir des nouvelles destinations, et ce tout en soutenant une association.

Une personne qui ne gère pas une entreprise à distance et qui n’est pas moi. « Bordel. » j’exulte en voyant ma notification. La main tremblante pour verrouiller mon écran et attraper ma flute d’un geste véhément. Quand mon regard décline sur le côté, que je me perds à contempler les gens… Jusqu’à tomber sur un minois que j’ai déjà croisé plusieurs fois. Au cours de l’année, car elle fait partie de la même maisonnée, mais aussi récemment, dans l’une de ces épreuves qui nous bouffent tout notre temps. Adversaire que je verrais bien – pour une nuit – devenir ma coéquipière. Alors je m’approche, forcément, parce que ledit visage, il est plaisant, et souffler une fois que je suis nouvellement assise à ses côtés. « Je te paie ton prochain verre si tu acceptes d’abandonner les Fennecs. » Mon envie de faire chier Haiwee, jamais je ne m’en déleste.

J'défais la carte et j'analyse les goûts. Tu vois, on bosse toutes les deux. J'suppose que là, comme ça, mon occupation semble plus futile que la tienne, mais j’entraîne mon palet à disséquer chaque gorgée. J'suis pas sûre que ça m'aidera dans la vie, cette passion pour les saveurs, mais en soirée, ce genre de talent à manier les alcools ça peut vous sauver une ambiance. J'ai même pas besoin d'une soirée, pour que ma silhouette se tortille sur la chaise du bar. La musique en fonds, la chaleur, les coups de soleil qui tiraillent sur les épaules et les reins rassasiés d'instants avec l'alliée rousse ; j'inspire un air qui a rarement été aussi sucré. Je préfère le sel, d'ordinaire. Mais on s'y fait, à l'overdose glycémique, au tranquille de l'océan, à ne plus voir son nom sur véritas, à ne plus piocher quelques pilules sauveuses sous son lit. Insouciance et apaisement. Rien de mieux pour attirer les emmerdes. La paille entre les dents, les orbes vertes relevées vers la compagnie. Wendy, je crois. Ca change les gens, le soleil. Les rayons offrent une meilleure luminosité pour les entrées de ce type, que dans la Adams. Y a de la malice qui se glisse déjà, aux commissures qui se trahissent. « Je te paie ton prochain verre si tu acceptes d’abandonner les Fennecs. » Les deux gorgées finissent le verre, et le métal toujours planté entre les lèvres, laisse passer le son: « J'ai arrêté d'écouter à partir de « je te paye ton prochain verre ». » Libère la paille, pour soulever légèrement son verre, une moue vers cette absence de liquide désormais. Effrontée s'amuse. « Tu crois vraiment que je suis un élément primordial de cette équipe ? » Ils sont où d'ailleurs ? J'ai pas lu notre conversation meets, j'ai rien suivi. Les toboggans, c'était une BA suffisante pour quelques jours. Mes vacances se priorisent sur n'importe quelle compétition ; surtout quand j'n'ai pas choisi la bataille à défendre.

Un délire personnel, une indéniable envie de gagner, de le soupoudrer de piment, un peu, cet été. Je me trouve des amusements que les autres ne voient pas. Le monde comme échiquier géant. Et je suis la reine, cela va de soi. Le sourire derrière sa paille, l’impétuosité dans le regard, ça ravive les feux de mes entrailles. Souveraine d’enfers. « J'ai arrêté d'écouter à partir de « je te paye ton prochain verre ». » Petite futée. En un léger mouvement, elle montre qu’elle n’a plus de quoi s’hydrater, et moi, j’ai toujours eu une faiblesse pour l’impétuosité. Les belles formes, les esprits vifs, et l’impétuosité. Pas de doute sur le fait que ce sont les trois catégories qu’elle peut cocher. « Tu crois vraiment que je suis un élément primordial de cette équipe ? » Je n’en sais strictement rien, à dire vrai. Je pourrais mentir, parce qu’en la matière, je suis douée. Je pourrais bien lui dire que je l’ai observé, qu’elle a l’air sportive, qu’elle est élancée, baragouiner n’importe quoi en une tentative de la charmée. Mais je suis aussi pas mal pour analyser, et je ne crois pas qu’avec toi, ça fonctionnerait. Tu vois, je le sens que tu pourrais me rire au nez, et ça, mon égo ne saurait pas le supporter. « Honnêtement ? » je questionne, une vicieuse amusée. « Je ne pense pas. » Ca se sent que tu t’en fous, de tout ça. « Sois pas vexée. » Mais comme précédemment pensé, c’est une façon malsaine de m’amuser. « Mais dans les conquêtes, faut bien commencer quelque part. » Et moi, je commence avec toi, ce soir. Et t’indiques, le ton malicieux, avec cette pointe d’orgueilleux, « Prends ce que tu veux. » Le verre, si tu ne lâches pas ton équipe au premier, j’irais jusqu’au dernier.

Dans l'équipe, je suis celle sur le côté, qui prépare les boissons pour l'équipe et qui matte d'un œil les maillots de bain adhérer aux peaux. Je peux aussi être la première, celle qui gueule et qui crèverait pour une place au sommet. Tout dépend de la motivation, vois-tu. Elle est modérée, cet été. Trop de fluctuations pour que je ne profite pas de deux mois de repos. Lune de miel avec la rousse, et découverte de paysages. Découverte de nouveaux traits, ou redécouverte, quand c'est toi qui te pointes devant moi. Croisée à la Adams, singularité observée. T'aurais pu me plaire, dans un monde où j'ai encore le droit. Mais, j'crois que dans le manuel, on peut regarder, pas toucher. J'en tire une moue pour l'esprit, qui turbine toujours plus vite que le reste. Qui se mue en amusement, quand tu recommences. « Du coup tu décides de commencer par le maillon faible. » Un sourcil qui se hausse, et c'est une grimace, mal exécutée pour être persuasive. J'en ai rien à foutre de ce qu'on pense de moi ; et malheureusement, ça, j'sais pas le cacher. « C’est pas très valorisant pour moi mais.. » Insultant, pour d'autres. Les autres, qui doutent de leur propre valeur. «  La stratégie se tient. » Reconnu, dans un rictus piqué de malice. J'ai les orbes vertes qui vont vers la liste des cocktails, au loin sur un écriteau. « J’aimerai bien le faire moi-même. » Ta spécialité, c'est peut-être d'affaiblir l'équipe adverse. Moi, c'est de mettre des bâtons dans les roues, surtout quand l'envahisseuse est jolie. Les traits qui oscillent sur le côté, et se réceptionnent sur ma main, supportée par un coude sur la table. Gamine mignonne, quand elle prononce : « Tu crois que tu pourrais persuader le barman de me laisser faire ? » C’est trop facile, de commander et de recevoir. T’aimes les défis n’est-ce pas ? En voilà un simple, juste pour lancer notre accroche.

« Du coup tu décides de commencer par le maillon faible. » Peut-être, peut-être pas. En fait, je commence du côté où ça me plaît le plus, tu vois ? Elle a fait son apparition dans mon champ de vision, belle et magnétique personne ne pourrait le nier, et moi, je m’emmerdais, ruminais ma haine et l’ennuie que peut m’inspirer ce SC. « C’est pas très valorisant pour moi mais.. » Peut-être, simplement j’ai cette sensation qu’elle s’en fiche un peu des déductions qui se jouent dans ma tête. Persuadée qu’elle n’est pas du style à s’offusquer, ça me décevrait, si elle l’était. « La stratégie se tient. » Ne jamais douter de mon esprit malin. Et être caressée dans le sens du poil, ça fait toujours du bien.

Mais en revenir au verre, parce que c’était la phrase d’accroche, puis avec quelques gouttes d’alcool, il paraît que c’est encore mieux qu’on s’accroche. Pour ce que j’en sais, peu experte dans l’art de m’enivrer. « J’aimerai bien le faire moi-même. » Son cocktail ? J’en reste interloquée, mais après tout, pourquoi pas. Ce n’est pas ce qu’on dit, le client est roi ? Dans mon monde, avec de l’argent, on peut faire n’importe quoi. « Tu crois que tu pourrais persuader le barman de me laisser faire ? » Ca m’arrache un rire, assume mon faible pour l’impétuosité, pour l’espièglerie, aussi. Et tu sembles les maitriser. Ces petits trucs qui font qu’on a envie, avec toi, de s’amuser. « Précise « persuader ». » Si je me dois de lui sortir un énorme plaidoyer, tout un argumentaire, problématique, thèse, antithèse, qui s’en devient démonstration de l’art de la rhétorique. Ou si je peux me contenter de glisser sur le comptoir quelques billets. Même si, sans la connaître, je l’entends déjà me souffler, que ce serait l’option de la facilité.

L'ennui du SC, la fadeur des épreuves. J'aurai essayé. J'aurai tenté, l'expérience d'étudiants qui se déchirent pour deux pirouettes sur un toboggan. Le ridicule de quelques dollars récupérés, quand chacun d'eux rapporterait d'avantage à vendre les mailles qu'il a sur le dos. L'impression qu'ils sont incapables de regarder dans les miroirs plantés devant eux, et d'y voir leur rôle dans cette ironie. Film satirique. Plutôt divertissant, depuis le bord d'une piscine, depuis cette chaise haute. « Précise « persuader ». »  Tu es de celles qui griffent au lieu de caresser, je peux le deviner sans même baisser le regard vers tes ongles. J'en percevrais l'empreinte dans mon échine, si je laissais l'esprit divaguer. Il oublie, parfois, ses engagements. Alors j'ai placé une corde autour de son cou. Étrangler les dérives. Voir que ça ne marche pas toujours. Il tire sur la laisse. « Ne me dis pas que tu as besoin que je te souffle des idées. » Ne me déçoit pas ; tout le reste du monde, à quelques rares exceptions, le fait déjà trop bien. Un fin sourire sur mes lèvres ; la malice. « Aucune contrepartie financière. » Trop facile, trop bas, trop élitiste. Un rictus amusé, plus franc. « Je ne suis pas contre les menaces. » Pour te dire que je ne suis contre rien, et que mes valeurs sont extensibles, perméables. Je déteste juste l'odeur des billets verts trop neufs. La paille jouant dans le verre vide. Le vert accroché à tes orbes. « Tant que d'ici quelques minutes, je peux me glisser derrière le bar et nous faire le meilleur cocktail de ta vie. » L'assurance d'un talent que tu ne trouveras pas ailleurs, ça mérite un peu d'impétuosité, n'est-ce pas ? Et, dis-toi que je ne te quitterais pas des yeux, tout le long.

Les facettes, je les ai toutes. Je les possède tous, les clichés. Et je sais que tu le devines. Je suis l’héritière, la fille à papa, ou maman, dans mon cas. Je suis la vilaine fille, la pétasse manipulatrice. La capricieuse. Trop joueuse. L’allumeuse. Celle qui toujours y parvient, à ses fins. Chose qu’encore une fois, tu sais, car railleuse, tu viens aiguiser mes nouvelles envies de t’impressionner, « Ne me dis pas que tu as besoin que je te souffle des idées. » Absolument pas, juste que ça m’attristerait de me louper. L’échec, je ne suis pas habituée. J’en claque ma langue sur mon palais, en signe d’une factice contrariété. « Aucune contrepartie financière. » Ce qu’elle les lit bien, mes lignes, d’ailleurs, c’est d’un vicieux sourire, que je le souligne. « Je ne suis pas contre les menaces. » Ca aussi je m’y connais, sauf que généralement, j’ai les cartes nécessaire en main pour me permettre de menacer. J’ai une balance, une contrepartie, une chose que je peux retirer, de quoi faire chanter. « Tant que d'ici quelques minutes, je peux me glisser derrière le bar et nous faire le meilleur cocktail de ta vie. » Alors en une grimace, fronçant mon nez, comme pour jauger, je réfléchis. Pour ça aussi, je suis douée ; surdouée, mais je vais me la jouer humble, ne pas le préciser. Bien que dans mon caractère, ce ne soit pas, mon trait premier. De mes ongles, je pianote sur le bois du comptoir, je pèse le pour, le contre, je me passe tous les scénarios de l’histoire. « Ok. » accepte le défi, comme si j’avais fait ça toute ma vie. Je me dresse sur mes Louboutin, balance les boucles enflammées sur le côté d’un mouvement de la main. Avant de me diriger de l’autre côté du bar, attrape l’attention du serveur, et joue de mes charmes mais dans ce discours que j’entame, ceux que je vante, ce sont les tiens. J’aurais fait un malheur, à l’époque de l’apogée du libertin. Puis je reviens, l’autorisation en poche, vicieuse lorsque de toi, à nouveau, je me rapproche. « Tu lui dois une pipe avant demain. »  

Tout nous sépare et l'essentiel nous rapproche. J'aime l'allure mais pas le menton altier. J'aime le culot et le mordant. Je suppose que tu pourras trouver leurs jumeaux, dans mes orbes brillantes. Amusées. De celles qui ont besoin de ça, de ce jeu, de cet enjeu, dans un quotidien qui tendrait vers une tranquillité que je ne connais que trop peu. Je l'aime, cette plénitude, dans une vie de bordel. Mais, parfois, comme là, je fais tourner la pièce et je me rappelle de l'autre face. Le pile, le vert qui t'observe te mouver, et qui dans un passé pas si lointain, t'aurais rajouté à cette liste de peaux à arpenter. Parait que j'ai plus le droit. Faut dire qu'elle a de quoi vacciner contre les aventures, la rousse. Mais, j'ai le droit de regarder, n'est-ce pas ? J'm'en prive pas, tout le long de ces vacances. Je continue avec toi. Avec un intérêt peut-être d'avantage marqué. Car, les irrégularités, tu sais ? Ce qui accroche, ce qui rappe. Ce qui fait qu'on se distingue dans un océan d'individus tous pareils. Chiants à crever. Alors allez, vas-y, dis-moi que j'me plante pas. Quelques règles énoncées qui me paraissent logiques. Et, quand tu reviens, je m'imagine quelques scénarios que tu balayes avec panache. Y a le rire qui fuse entre les lèvres. Sonore, si peu discret. « T'es une garce. » C'est de bonne guerre, n'est-ce pas ? J'doute pas un instant que tu ne m'en tiendras pas rigueur. La vérité, parfois bonne à dire. Dégage de mon siège, passe à tes côtés, soufflant un amusé : « Mais ça marche. » Y avait des règles, et t'as tout coché. Me livrant au barman. Pas si désirable que ça. « Tu viens ? » Avoir le meilleur cocktail jamais goûté, rappelles-toi. Une fois au bar, passe derrière, comme prévu. Légère moue au désireux. « Tout à l'heure. J'ai une aphte qui m'fait mal. » Ma langue, qui vient pousser l'intérieur de ma joue, pour appuyer sur ce mal qui n'existe pas. Idiot qui ronchonne un peu mais se décale. Quand il est suffisamment loin, occupé à remplir le stock, reprend le rire là où il en était. « Des allergies ? » T'as pas répondu que je commence déjà. « Que je les mette toutes. » Rajouté avec malice.

Sa réaction je m’en délecte d’avance, je me passe tous les scénarios possibles dans les tempêtes qui s’abattent dans mon esprit. Mais quand son sourire retentit, tonitruant, je ne suis incapable de mentir, je trouve ça dément, si bien qu’en un sourire carnassier, mon expression se fend. « T'es une garce. » Mielleuse quand il le faut, j’en ai des envies de te remercier de ce compliment que tu me fais. Alors je me contente d’hocher le visage, afin d’approuver, je suis une garce et si tu savais à quel point ça me plait.

Quand elle se lève, j’envisage de le finir seule, mon verre, cependant, je reste étonnée par les mots qu’elle vient me souffler. « Mais ça marche. » Et je me demande si tu vas le faire vraiment, la fellation, s’entend. J’en doute un peu, mais après tout, dans cette rencontre officielle, tu me surprends. C’est à tout, que je m’attends. « Tu viens ? » C’est-à-dire que je ne comptais pas participer à la conception de la prochaine boisson que je me voyais ingurgiter, mais parce qu’elle arrive à piquer assez profondément ma curiosité, je me redresse à mon tour afin de passer de l’autre côté.

Et le serveur ne perd aucune seconde afin de revendiquer son dû, chose qui m’amuse plus encore que ce que je ne l’aurais cru. « Tout à l'heure. J'ai une aphte qui m'fait mal. » Elle mime tandis que moi, j’étouffe un rire. Lorsqu’il s’éloigne, elle relance directement, « Des allergies ? » surprise, les sourcils arqués, « Que je les mette toutes. » à mon tour de rire, à gorge déployée. A observer ses phalanges qui se mettent à attraper tout et n’importe quoi, même sans avoir d’allergie, j’estime que cela va être délicat de survivre à ça. « Je vais te décevoir, » que j’amorce en feignant une moue doucereuse, « rien ne m’atteint. » que ce soit au sens propre comme au figuré, les aliments, les paroles, les sentiments… Rien ne saurait me briser. « T’es donc condamnée à me faire un cocktail comestible. » En plus de ne plus jouer pour cette foutue équipe. C’était ça, du deal, l’intérêt. « Et à me dire si après la gâterie, tu seras disponible. » Pour que l’on puisse s’apprivoiser, en toute intimité.

Dans ce langage que l'on partage, je sais avec conviction que cette insulte pour d'autre, aura une résonance différente pour toi. Considère que je te souffle que tu sors du lot, que dans cette masse de gens chiants à crever, tu rayonnes d'avantage. J'admire les déviances portées en drapeau, les rugosités exhibées et imposées. Je me marre que ça brusque les plus précieux. Dans ce canal qu'on capte comme personne, j'entends les provocations que tu souffles. Un jeu qui m'en coûtera quelques plumes, sûrement. Ou quelques regrets. Ma silhouette qui invite la tienne à la suivre derrière ce bar, et comme spectatrice à une ultime pirouette. Il n'y aura aucun genou posé à terre. Dans une autre vie, celle où je ne me suis pas liée à une princesse rousse, sûrement aurais-je joué le jeu jusqu'à la morsure. L'adrénaline en addiction. Pour le plaisir d'un rire provoqué, pour retrouver un peu de ce que j'ai pu être. J'refuse de me voir fanée dans le reflet de ces verres, alors, j'me prouve, dans cet échange presque innocent, qu'il reste encore un peu de ces flammes destructrices. Les orbes s'en habillent, quand le regard se relève vers toi, une esquisse de sourire accrochée aux lèvres. « Ne me met pas au défi. » Je trouverai, je chercherai, de quoi te faire vaciller. Puisque moi-même je n'ai pas cette prétention. La solitude m'atteint. La mort, les familles esquintées, le manque d'amour. Même le regard des autres, parfois, quand j'ai mal mis mon armure. Elle glisse parfois sur mes épaules, la garce. « Le meilleur, j'te l'ai promis. » Ou dit, qu'importe, dans ma bouche tout a valeur de promesse. Les doigts qui s'agitent, et le regard qui n'a souvent même pas besoin de s'attarder. L'habitude. Amusement à la bouche. « Tu ne veux pas commencer par la partie où j'suis disponible ? » Disponible, j'suppose que je le suis plus ou moins. Plus moins que plus, si j'suis honnête avec moi-même. Mais, l'envie de voir où tout ceci va nous mener. Défi de moi d'aujourd'hui avec le moi d'hier. Grimace exagérée. « Avec mon handicape temporaire, j'voudrais pas trop retarder les choses. » Puisque la gâterie devra être une étape reportée. Malice qui se souligne. « Tiens, goûte. » Avec l'assurance qu'ont les gens qui se savent talentueux dans un domaine, aussi futile soit-il, le verre est présenté. Un mélange de jus de fruits pour le sucre, de la tequila pour l'ivresse, du sel et des épices pour accrocher le palais et devenir un souvenir.