« Les étudiantes en médecine, ce que vous êtes compliquées. » Il s’aventure à prononcer à l’intention de la rousse auprès de laquelle il marche depuis quelques minutes déjà. Se taisant sur le fait qu’à défaut du mot « compliquées », il avait réellement envie de dire lui souffler qu’elles sont « coincées ». Elle lui offre un petit sourire, une expression maitrisée, le genre de minauderies qui lui plaît. « Manny, je dois bosser. » Elle s’évertue à prononcer, et lui en lève les yeux au ciel aussi agacé que fatigué, il est d’accord pour courir, pour se prendre au jeu, mais estime qu’il ne faut pas non plus abuser. Elle prend un peu trop à la lettre l’idée de se faire désirer. « L’année scolaire est terminée. » Il s’entend râler, les des sont jetés, les examens passés, il ne voit tout simplement pas pourquoi elle se devrait de bosser plutôt que de venir avec lui afin de s’amuser. « La médecine n’attend pas. » Il en crache un soupir, brassant l’air de ses bras, « J’abandonne. » Parce qu’il n’est pas non plus à l’agonie, et que rien ne saura la convaincre, il l’a bien compris, pour ce fait, pas besoin d’être géni. « Tu m’appelles et on verra si je suis dispo. » Qu’on se le dise, il ne prend aucune pincette, Manolo.

Et sortant du bâtiment en ruminant un piètre agacement, il ne regarde pas où il va, et te laisse le heurter aussi simplement que ça. « Excusez-moi, je ne faisais pas attention. » Lui non plus, mais là n’est pas la question, au contraire, si ça peut justifier pour lui ses humeurs de mec ronchon. Alors parce qu’il est gentleman dans l’âme, il entreprend de l’aider à ramasser ses livres, mouvement avorté par leurs regards qui viennent à se croiser. « Manny ? » Le seul, l’unique, comme on dit. « Que le monde est petit. » Il lui faut quelques secondes pour repositionner dans sa mémoire, ses traits. C’est forcément qu’il la connaît, puisqu’elle vient de l’appeler par son prénom, seulement, des femmes, il y en a des tas, égarées dans les méandres de sa raison. Alors il tente l’option de la grimace désolée, de sa belle gueule devenue angélique à souhait, quand il questionne, d’un ton excusé. Soucieux de ne pas la vexer. « On se connait ? » Ramassant finalement l’un des bouquins, et lui rendant dans la foulée, son regard heurtant le sien, l’assimilant directement à ce qu’il se souvient comme un périple européen.

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Tandis qu’elle se permet de le détailler, l’observer sous toutes les coutures, ou presque, dans son esprit, l’hispanique se met à chercher. Les souvenirs, les instants passés, les lieux où il aurait pu la croiser. Et pour la forme, il pourrait avouer, qu’il s’en veut un peu de ne pas tout de suite tilter. Surtout avec un visage comme le sien, il est intimement persuadé qu’il aurait pu lui souffler qu’elle est de celles qu’on n’oublie jamais. Enfin… Pour le moment, c’est clairement loupé et dans le fond, ça a le don de l’emmerder. Jusqu’à ce qu’elle se remette à parler et qu’il parvient doucement à la placer dans sa réalité. « Maxyne. Londres il y a quelques temps. » Avec la ville, c’est plus simple, forcément. « Tu ne dois pas te souvenir de moi. » Glissant sa main sous son menton, accentuant sa réflexion. Ce n’est pas vraiment qu’il ne souvient pas, c’est qu’il a encore cette légère hésitation. Qui se dissipe peu à peu à l’aide de son prénom… « Ca m’aura fait plaisir de te voir en tout cas. » Elle s’essaie à conclure leur aparté, armée d’un sourire qui lui plaît.

Il s’en devient charmeur, sans pour autant bouger, il en omet même sa mauvaise humeur, d’ailleurs. Se préfère taquin tandis qu’il l’arrête d’un mouvement de la main. « Est-ce que j’ai dit que ça ne me faisait pas plaisir ? » Il se fend en un sourire, « Maxyne de Londres. » il répète, dans le seul but de la perturber, plantant son regard bleuté dans le sien, avant d’ajouter d’un air malin. « C’est donc Maxyne de Cambridge maintenant ? » Une façon de lui demander s’il risque de la croiser plutôt souvent. Quand il conclue, enfin ; « Oh mais oui, je me souviens, » l’arrogance il sait la feindre, et ça, il le fait très bien, « t’as brisé mon cœur, n’est-ce pas ? » En te refusant à moi. Il se pourrait que l’espagnol se joue un tantinet de toi. Mais Manny, c’est un fait notoire, qu’on l’aime comme ça.

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Même si sur le coup, contrarié comme il est de s’être fait remballer il y a quelques minutes à peine, il n’a pas réalisé de l’identité de la demoiselle qui se tient face à lui, il est clair qu’il est loin d’être de mauvaise humeur d’être tombé sur elle. Pour une pure et simple raison, elle semble savoir être agréable, d’une douceur sans pareille en plus d’être belle. Et coupler son prénom à la ville où il l’a croisée la première fois, pour la rendre plus réelle dans ses souvenirs, n’est-ce pas ? « Maxyne de Boston en fait, ou Maxyne d’Harvard, comme tu veux. » Il faut faire attention, Maxyne, lorsqu’on prononce et accorde un comme tu veux, car Manny saurait en inventer un nouveau jeu.

Puis articuler qu’il se souvient et l’écouter s’exclamer avec un air malin ; « Enfin ! » il trouve qu’il n’a pas tant joué, néanmoins. Il aurait pu le faire durer un peu plus longuement, le suspense. Et parapher ses pensées, les choses qu’il dit s’être remémorer, pour parapher en lui reprochant un cœur abîmé. « Je... enfin.. comment ça je t’ai brisé le cœur ? » Ô il trouverait bien des raisons, pour se faire plaindre et torturer de la jeune femme, les émotions. Mais il opte pour une autre solution, celle du silence et de l’admirer avec une pointe de fascination. Avec les femmes, il joue à la perfection. « Est-ce que je peux t’inviter à boire un verre ? Que tu me dises à quel point j’ai brisé ce cœur sensible. » Le sourire qu’il lui offre comme première réponse, il est accompagné de ses mains qui se tendent, une façon taciturne de lui proposer de porter ses livres pour elle. Un acte digne de ces gentlemans que l’on voit dans ces comédies à l’eau de rose, de ceux auxquels pour s’amuser, il vole parfois la prose. « Comment pourrais-je refuser une telle invitation ? » Et récupère les bouquins entre ses mains. Pour se poster à ses côtés, la regarder de biais, le visage enjoué, et l’inviter en un faible geste, brassant du vent, pour que la petite blonde prenne les devants. « Du coup, comment Maxyne de Londres est devenue Maxyne de Boston ? » Braquer sur elle le sujet de la discussion. Gardant les grandes révélations sur son égo bafoué pour les minutes qu’ils partageront une fois arrivés au café.

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Plus les secondes passent, et plus le visage de la jolie blonde, dans son esprit, reprend sa place. Il se remémore les instants qu’il a passé à ses côtés, lorsque c’était sur le continent Européen qu’ils étaient. Ce bout de femme transformé en guide touristique attitré, qu’il aurait voulu, c’est vrai, connaître en toute intimité. Chose qui n’était pas arrivée, et qui a – aussi surprenant que cela puisse paraître – toujours le don de l’agacer. Manny, il n’est pas habitué, à ce que la gent féminine ose, à lui, se refuser. Bien qu’à haute voix, Maxyne ne l’avait pas réellement fait. « Alors, il ne faut pas refuser. » Amusé par le fait qu’elle reprenne exactement le mot qu’en pensées, il vient d’utiliser. Il irait presque jusqu’à avouer, que ça le fait tiquer, dans le sens positif de cette expression, à ne pas en douter.

Et parce qu’il ne rejette pas l’idée du café, les voilà donc côte à côte à marcher, à lui demander des nouvelles, à l’image d’une relation qu’on n’aurait pas mis sur pause durant quelques années. Une histoire n’ayant pas été avorté. « Elle est devenue celle de Boston en venant rejoindre ses frères et sœurs, » il approuve d’un hochement de tête, lui prouve qu’il écoute, balayant de son regard azuré sa silhouette, « et de finir ses années de médecines dans l’université où son père a également fait ses études. » Les étudiantes en médecine, il n’avait pas dit que c’était trop compliquées ? « C’était un bon moyen de lui rendre hommage. » Encore, il est attentif, et sur le fait de rendre hommage, il n’est pas dupe, il comprend ce que cette phrase sous-entend. Respectueux de ses propres parents, il hoche le visage, ose un sourire désolé, enclin à la sincérité, et préfère ne rien dire pour ne pas la froisser. Car dans le fond il n’est qu’un quasi inconnu dragueur, faussement baroudeur à ses heures. Néanmoins il est à deux doigts de la remercier, quand elle prend la peine de relancer leur conversation sur un autre sujet, « Et toi, tu as finalement décidé de t’installer ici après ton tour du monde ? » Et qu’elle se rappelle qu’il était ce gars qui voulait voir le monde avant de se poser, ça fend son faciès en un énième sourire, si bien qu’il se permet un soupir, qu’il teinte d’un « Ah cette année-là… » Il avait le monde à portée de doigts. « Disons que je me suis dit qu’il me fallait bien un métier. » Même si n’être qu’un héritier, ça lui plaisait. « Et tout le monde sait qu’Harvard est la meilleure université. » Qu’importe le pays dans lequel vous êtes nés. Elle fait rêver le monde entier, cette faculté. « Alors forcément… » C’est sur cette dernière que ses envies se sont dirigées au moment de se décider. Il hausse les épaules face à l’évidence, pour décliner son regard sur la devanture du Starbucks, et l’inviter d’un « Après toi. » à pénétrer dans le café avec une piètre révérence.

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Un métier, oui, forcément, il en faut un, même si passer sa vie à voyager lui semblait être un programme tout aussi bien. Un meilleur programme, mais une option pas très avisée, si de son père il voulait, ne serait-ce qu’un peu s’émanciper. Alors oui, il ne pouvait juste pas passer sa vie à s’amuser. « Tu as fait un très bon choix, la preuve, elle nous amène tous les deux au même endroit, une nouvelle fois. » Maxyne, elle possède ce côté un peu rêveuse, qui fait sourire l’espagnol, appréciant lorsqu’elle s’en devient aventureuse, « C’est dire combien c’était une très bonne idée. » joueuse, à la lisière, en achevant sa phrase de cette manière, et en lui montrant l’un de ses traits de caractère. Laisse entrevoir à l’homme combien la blonde pourrait lui plaire. « Et tu t’es tourné vers quel étude ? » Etrangement, il apprécie, qu’elle se soucie de lui… « Avocat, » il annonce avec fierté, le charisme de Manny, il n’est absolument plus à prouver, « en droit des affaires, » un vrai requin, un de ceux qui ne lâchent rien. Mais qui se laisse surprendre par la nouvelle question qu’elle s’aventure à lui poser, « Les livres ne sont pas trop lourd ? Tu n’es pas obligé de tout prendre tu sais. » Instinctivement, l’étudiant en fronce les sourcils, perturbé par la faiblesse qu’elle vient d’insinuer. « Tu crois que je passe des heures à la salle pourquoi ? » Toujours de bonne humeur, ou presque, ses traits se détendent aussi vite que ce qu’ils s’étaient plissés. « Pour porter les livres des jolies filles. » Qu’il avoue comme un méfait, comme un tendre secret.

Et lui ouvre la porte avec des minauderies si bien qu’elle lui sourit, alors il a gagné, voilà ce qu’il se dit. « Merci monsieur. » Ils entrent donc tous les deux, elle commande en premier, parce que c’est toujours la femme d’abord, c’est ça les règles du jeu. « Un iced caramel macchiato en venti. » Il a cette réflexion, que la commande, elle sonne bien avec le timbre de sa voix. « Et toi tu prends quoi ? » Il a ce truc, cet accent de chez lui qu’il aime accentuer parfois, et c’est ce qu’il fait pour prononcer un « La même chose que toi. » Même s’il n’a aucune idée de ce que c’est, Manny, c’est noir qu’il l’aime son café. Mais quand il a une fille en tête, il est prêt à tout essayer. Même un truc avec du lait. Alors quelques minutes s’égrènent et les voilà armés de leurs boissons. Il ose poser sa main sur les hanches de la demoiselle pour la guider vers une table sur le côté, il attend qu’elle s’assoie d’abord pour se placer en face d’elle, et plaisante après avoir bu une gorgée. « Il me semble que je devais donc te parler de mon cœur… » Invétéré dragueur.

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