Le temps pour les drames en quatre actes était terminé. Lidiya voulait croire que 2022 serait plus clémente, plus charmante, plus vivable. Juste calme. Après avoir découvert des secrets de famille, ses parents avaient de nouveau abordé la question des petits enfants qu'ils attendaient toujours. Pour qu'elle finisse par entendre son oncle, en font sonore, sortir "de toutes les façons elle aurait du retenir le premier, qu'il ne prenne pas ce maudit avion". La russe en avait eu les larmes aux yeux. Et il fallait mettre le paquet pour la faire pleurer, c'était ainsi depuis ses 27 ans... Depuis... Qu'elle n'avait pas suivi le premier dans cet avion. Ils étaient parfaits... Et pourtant, maintenant qu'elle y repensait, elle trouvait que quelque chose sonnait faux, comme si le souvenir qu'elle avait de lui était trompeur. Elle avait oublié sa voix, son rire et elle ne s'était pas sentie coupable de ça... Pas jusqu'au premier appel de l'ambassade de Russie en été, alors qu'elle était en vacances, sur cette plage, cette foutue plage. Les appels avaient été réguliers, elle les avait ignorés. Mais à chaque fois qu'elle voyait le numéro, ça lui faisait si mal. Elle avait senti le poids de l'alliance qu'elle portait toujours autour de son cou, elle avait voulu l'enlever. Elle avait tourné chez elle pour Noel, seule, comme une lionne en cage, incontrôlable, fière et indomptable. Elle n'arrivait plus à respirer. Puis elle avait vu que son club de boxe était ouvert le 31, salvation. Elle était restée jusqu'à la fermeture... Lidiya avait tenté de soudoyer le proprio qu'elle connaissait très bien, battant des cils, pour qu'il lui donne les clefs, et qu'elle puisse elle même fermer. Il avait refusé, pas fou le cocos. Elle avait frappé, de toutes ses forces dans le sac, la sueur avait perlée sur son front. À 17h, lorsque les lumières s'etaient éteintes et qu'on lui avait fait signe de quitter les lieux, elle s'était écroulée sur le trottoir, vidée.
Mais ça n'avait pas été suffisant, il lui en fallait plus, plus de sensations. Et plus de contrôle à la fois. Et elle avait décidé de pousser la porte d'un endroit qu'elle n'avait pas visité depuis un an. Le stand de tir du centre ville. Leggings noir et débardeur de sport bleu marine, la blonde avait payé l'entrée et les munitions qu'elle allait utiliser. En ce mois de Janvier et à cette heure de la journée, l'endroit était vide. Elle se présente sur le pas de tir, visse le casque de protection sur ses oreilles et ajuste rapidement des lunettes. Elle retrouve un automatisme qui lui avait presque manqué. Elle n'est pas adepte des armes à feu, mais elle sait s'en servir. Son père a insisté lorsqu'il considérait sa vie en danger en Russie... Au cas où. Elle lève brièvement les yeux au ciel alors que la première cible est mise en place. Elle ajuste son bras et son poignet et elle tire. Plusieurs fois, ne se laissant pas de pause. Très brouillon pour une reprise, les trous sont éparpillés. Puis elle recommence, encore; et encore. Et une nouvelle cible fait son apparition. Elle ferme les yeux quelques secondes.

*Breath in, breath out ... Breath in, breath out*, qu'elle pense, tentant d'ajuster son rythme cardiaque.

Et elle tire, parfaitement concentrée cette fois, bien trop concentrée car elle ne se rend pas compte du cri qu'elle lâche alors que la dernière balle s'échappe de l'arme qu'elle tient dans la main. Elle respire enfin librement. Elle pause le revolver sur la petite table après vérifier qu'il ne pouvait plus faire de mal à personne. Elle s'appuie sur le petit rebord qui se trouve non loin et elle expire tous les mauvaises sensations qu'elle a pu avoir depuis quelques mois. Sa poitrine se soulève et s'abaisse rapidement. Puis elle quitte le muret pour retourner à son espace; mais c'est alors que ses yeux azures viennent s'accrocher à d'autres qui ne lui sont pas incconus. Elle se redresse légèrement de surprise avant de prononcer simplement :

- William...

Elle ne s'attendait pas du tout à le trouver là. Pourtant, c'est assez logique vu son métier.

- À moins que je ne puisse pas t'appeler ainsi..., Et elle accompagne sa phrase d'un petit sourire taquin dont elle a le secret; elle vient de se retrouver, de retrouver son petit caractère provocateur, c'est plus fort qu'elle.

*À moins que je n'ai pas l'autorisation de te tutoyer*, qu'elle pense. Pourtant, elle se doute que ce n'est pas le cas, ils ne sont pas dans un contexte de travail, loin de là. Ils ont déjà collaboré par le passé, certains projets gouvernementaux qui ont nécessité un certain rapprochement entre elle et les forces de l'ordre. Qui fut loin de lui déplaire lorsque ses prunelles s'étaient posées pour la première fois sur l'Agenr qui lui faisait aujourd'hui face.

Un sourire instantané qui se dessine sur les lèvres de la russe. Il a cette voix rassurante et franche, du moins c'est son point de vue. Il la salue de façon si familière et pendant un court moment, ses muscles se détendent et elle oublie les évènements récents. Pourquoi n'a-t-elle pas revu William plus tôt ? Manque de temps, probablement... Lidiya n'a pas tendance à accorder sa confiance si facilement mais elle se souvient avoir eu une impression très positive la première fois qu'elle l'avait vu passé la porte d'un bâtiment administratif, alors qu'elle était penchée sur un réacteur. Elle hausse un sourcil lorsqu'il lui dit qu'elle peut même se risquer à l'appeler Bill, comme bon nombre de personne. Son sourire se fait plus grand alors qu'elle décide d'ouvrir la bouche pour la troisième fois en sa présence :

- William..., Qu'elle répète. Car après tout, elle n'est pas friande de la normalité, ne l'a jamais été.

Elle ne s'est jamais considérée comme supérieure ou même "tronche", ce que certains se sont amusés à dire. Mais elle sait qu'elle est... Différente. Voilà c'est le mot qu'elle préfère. Et elle a l'impression que lui aussi, il a quelque chose de différent. Moue rapide qui passe sur son visage, le temps d'une fraction de secondes car elle ne sait pas mettre le doigt dessus. Qu'y a-t-il de différent chez l'Agent Bennett?! So far, elle ne saurait le dire. Peut-être qu'elle appréciait le fait qu'il soit un travailleur acharné, tout comme elle. Lidiya porte une main à sa bouche alors qu'elle tente d'étouffer un petit rire lorsqu'il lui dit qu'elle avait pris son emplacement fétiche :

- Je promets que je n'ai pas fait exprès ! Et je me sens si privilégiée !

Elle avance de quelques pas et lui accorde une petite tape sur l'épaule. Seconde Familiarité, après avoir prononcé son prénom à deux reprises déjà.

- A-t-on le droit de partager, Monsieur l'Agent ?

Et elle conclus sa phrase par un nouveau sourire, qui se veut cette fois plus mutin. Elle le taquine, et elle apprécie cela, elle ne s'en cachera pas. Lidiya n'a plus beaucoup de honte et agit à l'instinct. Bien que parfois elle puisse réfléchir à X ou Y situations, mais c'est souvent lié à son travail.

- Un changement de carrière ?! Tiens, pourquoi pas ! Le FBI recrutererait-il des consultants ?

Nouvelle plaisanterie et nouveau rire qui s'échappe de ses lèvres. Elle se permet un petit geste de la main lorsqu'il la complimente sur ses tirs, comme si elle voulait lui dire "baaah c'est rien". Et pour elle, cela était bien le cas. Elle devait remercier son père. Il avait été pris d'une peur panique lorsqu'ils avaient été cambriolé et avait décidé que sa fille devait apprendre à se défendre. Naturellement il avait décidé de lui mettre une arme entre les mains. Combien de clichés sur les russes pouvait-elle cocher en ce qui l'a concernait ? Quelque uns, sans la moindre hésitation. Mais elle avait bien du avouer que devoir venir sur un pas de tir lui permettait d'évacuer ses émotions trop... Prenantes dirons nous... Ça et la boxe, elle ne pouvait vraiment pas s'en passer. Se vider la tête, enlever toutes ces équations... Toutes ces pensées négatives, ces troubles, ces doutes, et SES peurs. Elle se rapproche encore de lui, réduisant encore la distance entre eux, moins d'un mètre:

- T'apprendre des trucs ?! Sur ce point là, as-tu vraiment besoin de mon aide ?!

Autre sourire, plus carnassier cette fois. Nouvelle provoque. C'est plus fort qu'elle.

- Remercie mon père pour cela, qu'elle ajoute en désignant la cible d'un mouvement rapide de la tête. C'est lui qui m'a envoyée dans mon premier club.

Tiens, elle ne se souvient pas lui avoir encore fait ce genre de révélation si... Personnelle ? Quoi qu'ils s'étaient deja vus, en dehors des enquêtes sur lesquelles ils avaient pu collaborer. Mais cela avait toujours été bref. Et soudain, c'est la curiosité qui anime Lidiya ; elle veut quelque part en apprendre plus sur lui. Elle porte un doigt sous son menton et se demande silencieusement pourquoi ils n'ont pas pu discuter ainsi, plus librement ?! Encore une fois, occasions manquées certainement...elle espère juste qu'à partir de maintenant, cela sera différent.

La fameuse étincelle dans les yeux de Lidiya s'allume alors qu'il lui dit qu'un jour il lui racontera comment il a obtenu privilège sur ce pas de tir. Curiosité plus que piquée, c'est plus fort que la blonde, elle a ce besoin permanent de gratter les mystères, résoudre les problèmes:

- Et si je te paye un café après, tu serais enclin à me raconter cette anecdote plus tôt que prévue ?!

Marchandage, que c'est bas ! À moins qu'elle ne joue un autre jeu, qui pourrait l'amuser et la distraire pendant un temps... Mais pour l'instant, ce qu'elle peut constater c'est que William a totalement réussi à la détendre. Les nombres et équations n'ont pas tourné sans fin dans son esprit depuis de bonnes minutes, ce qui veut dire pour la russe qu'elle se sent totalement à l'aise, là, dans cet environnement... Il propose alors de loger quelques autres balles et qu'elle puisse faire une autre démonstration, demandant au passage d'épargner son égaux. Elle ne peut s'empêcher de laisser échapper un petit rire. Elle exécute alors une petite révérence qui se veut aussi sur le ton de l'humour avant d'enchaîner :

- Je vais faire de mon mieux mais je ne promets rien...

En réalité, Lidiya a toujours aimé la compétition, c'est ce qui la pousse, la porte vers la réussite. Si elle reste trop longtemps passive, sans adversaire à sa taille, elle ne sera pas challengée et ce qu'elle est en train de faire perdra très vite de l'intérêt à ses yeux. "N’hésite pas à me faire signe le jour où tu seras sur le marché."
Lidiya lui adresse un regard en coin après cette phrase qu'il vient de prononcer et ses lèvres s'étirent en un sourire légèrement lubrique pour finir par éclater de rire lorsqu'elle voit sa tête alors qu'il se rend compte du double sens de son commentaire, s'empressant d'ajouter quelque chose à la suite. Elle penche la tête sur le côté alors qu'elle vient accrocher son regard à celui de l'Agent Bennett:

- Le FBI, oui... Je vois..., Qu'elle murmure, prenant le temps de laisser une pause de quelques secondes, histoire de le faire mariner. Techniquement, je suis toujours sur le marché, la recherche d'un nouveau défi est des plus motivant...

Et elle terminera sa déclaration de la sorte, le doute s'installant lentement autour d'eux. Elle replace une petite mèche de ses cheveux blonds derrière son oreille, se ceux qui étaient trop courts pour se loger de façon discipliné dans la queue de cheval haute pour laquelle elle a optée. Puis son attention se reporte de nouveau sur son "opposant" qui prend de nouveau la parole, lui expliquant alors que son métier peut être bien plus décevant que ce que la plupart des gens peuvent penser. Lidiya prend une mine faussement choquée, entrant dans son jeu même si elle sait qu'il n'exagère qu'à moitié. Elle l'a vu évoluer, la fois où ils ont collaboré sur une enquête... Et c'est d'ailleurs ainsi qu'ils de sont rencontrés. La russe se souvient encore de la fois où leurs mains se sont serrées, classique dicté par la société pour se présenter la fois où on croise quelqu'un qu'on ne connait pas. Ses yeux azures avaient immédiatement rencontré ceux de William et, elle ne saurait dire pourquoi, mais elle avait déterminé qu'ils allaient bien s'entendre :

- Que de déceptions ! Moi qui pensais que tu arpentais les bas fonds de notre ville bien aimée pour faire régner la justice !! Quoi que ... Le fish & Chips c'est bon aussi !

Elle se souvient du jour où elle avait goûté ce plat qui lui paraissait d'abord étrange. Elle avait 7 ans et était en vacances avec ses parents à Londres. Mais il ne lui avait pas fallu longtemps pour flancher et se ranger du côté de la friture. Une nouvelle fois, le flot des souvenirs est interrompu alors qu'il reprend la parole et qu'il la ramène à la réalité. Il lui laisse la place et c'est alors que la piste se retrouve devant elle, s'offrant si simplement, l'attendant. Elle l'imite en remplaçant lunette et casque et avance de quelques pas. Elle arme et cale sa respiration. Telle une longue séance de méditation, elle attend de reconnaître les battements lents de son cœur, le dernier signal qu'elle doit se jeter à l'eau, sous le regard attentif de son "invité". Et puis tout s'efface et il n'y a plus qu'elle face à son but. Elle n'entend plus les bruits environnants, construisant sa petite protection interne qui lui permettra de gérer sa concentration. Elle connait la taille de la cible que trop bien, étant venue de façon un peu trop régulière ces derniers temps. Show must go on..., Qu'elle pense. Avant d'esquisser un petit sourire de défi. Et si c'est ce qu'il veut, il l'aura. Car elle le respecte bien trop pour se moquer de lui et faire exprès de rater. Au lieu de tout grouper au centre, comme ce que beaucoup feraient pour démontrer leur maîtrise du terrain, elle choisit de positionner ses balles sur la ligne qui compose le deuxième cercle de la cible en partant du centre. Un... Deux... Trois... Les cinq sont placées, trois sur la partie haute du cercle et deux sur la partie basse. Avant la sixième et dernière, elle d'accord un rapide coup d'œil à William, prenant un risque volontaire. Comme à son habitude, tout est calculé dans son esprit. Et elle vient loger la dernière légèrement à l'extérieur du cercle qu'elle a accentué avec les balles jumelles. Elle repose l'arme sécurisée, enlève les diverses protections et se tourne vers William:

- Pour ton égaux, qu'elle prononce d'une voix amusée. Et en ce qui concerne être contre moi ou de mon côté, laisse moi te donner une autre information : le cher Président de ce pays m'a confié le bouton qui permet de déclancher l'arme nucléaire, faut pas me chercher !

Mensonge, bien entendu. Mais cela l'amuse. Nouvel air faussement choqué :

- Quelle idiote ! Je viens de révéler un secret d'État ! Va falloir m'arrêter monsieur l'Agent !

Et elle se recule pour lui laisser la place et revenir à sa hauteur alors que la cible s'avance doucement sur son câble.

- À moins qu'on puisse négocier et que vous soyez enclin à me donner une bonne leçon..., Elle désigne alors le pas de tir d'un mouvement de tête. Vous pensez que je peux m'en sortir avec un avertissement ?!

Elle hausse un sourcil et se permet de pouffer de rire. Le fait de le vouvoyer de nouveau n'est qu'un amusement bien entendu, une façon d'accentuer le numéro qu'elle a pu sortir quelques secondes plus tôt. William allait-il entrer dans sa danse ?! En tout cas elle l'espérait fortement...