Dans les films fantastiques, il y avait souvent un personnage capable de lire dans les pensées, c'était la capacité qui l'effrayait le plus. Qu'on soit capable de lire en lui, de décrypter chaque regard, chaque pensée, et qu'on puisse ainsi rendre public ce qu'il tenait tant à garder secret. Imaginer un instant qu'on découvre toute la crasse qui l'habitait, les ténèbres dans lesquels il logeait et qu'au fond, ce n'était qu'un enfant terrorisé par les remords, ça lui faisait horriblement peur. C'est aussi pour cela qu'il évitait de se perdre dans le regard de l'interne. C'était prendre le risque qu'elle comprenne que Camille n'était rien, que ses paraîtres n'étaient que l'expression de ses propres peurs. Ses paupières toujours fermées, en chute libre direction la moisissure qui l'habitait, il fut surpris de la voir le regarder, presque l'examiner, alors qu'il rouvrait les yeux, prolongeant cet instant défini dans le temps. Se sentant toujours bête, il ne pu s'empêcher de se gifler mentalement, ayant l'impression d'être un adolescent sans expérience. C'était détestable, comme sensation. Et soudainement le gros dur se transforme en agneau. Son corps se braqua, son regard devint plus dur alors que ses yeux se plissèrent face à l'attaque qu'il n'avait vu venir. Il ne savait dire ce qui le touchait, si c'était qu'elle le considérait comme faible ou simplement si c'était lié simplement à elle. D'un autre côté, Camille était assez empathe que pour se rendre compte qu'elle fuyait la question posée, et qu'au final, tous les deux avaient bien plus de points communs qu'il ne voulait s'avouer. Ne la perdant pas du regard, il lui dit d'une voix certaine et froide. Ne dis plus ça. Ce n'était même pas un problème d'égo du mâle surpuissant. Non, la faiblesse ne pouvait être montrée. Jamais. Heureusement que l'attaque fut accompagnée d'un léger sourire et que deux de ses doigts flanchèrent sur l'omoplate du résident, lui permettant de se dérider à nouveau. Ils étaient presque mignons, à oser à peine laisser leur corps se frôler. Le corps de Tay se remit en mouvement, prenant cette fois-ci une position retournée, coupant tout contact visuel. Son prénom fut cité et il en fut surpris. C'était la première fois qu'elle le disait à voix haute. Drôle de sensation. Il l'avait cherché, à lui demander comment elle allait, à la forcer à se remémorer des moments difficiles. Quel con aussi. Ses intentions étaient sincères et à cet instant, il ne savait comment réagir. Elle fuyait comme il l'aurait fait, lui tournant le dos.. Spéciale, mais pas folle. Même s'il réfutait cette part de lui, cette part qui lui permettait de percevoir finement les émotions des autres mais aussi les messages cachés – surtout lorsqu'il était connecté -, il perçu un bouleversement au mot employé deux fois de suite par l'interne. Ses dernières paroles furent accompagnées d'un mouvement d'épaule, comme pour dire qu'elle n'en savait pas plus et qu'il y avait peut-être un fond de vérité. Camille garda ses distances, fronçant les sourcils, même si elle ne pouvait le voir. Tu es la seule dans cette pièce à parler de folie.. Il garda le silence un instant, passant son regard du plafond à sa longue chevelure brune. Sauf s'il y a une troisième personne avec nous. Alors oui, il va falloir faire les présentations.. Camille sourit, tentant brièvement de lui arracher le même geste, même s'il ne pouvait rien voir. La voir recroquevillée sur elle-même, il ressentit le besoin d'être présent, une sensation retrouvée alors qu'il tentait de la fuir il y a encore quelques heures. Sa main chaude se déposa délicatement sur le côté de son ventre caché par son uniforme d'interne, tandis que ses lèvres s'approchèrent de son oreille, lui murmurant quelques mots. Tu sais... J'ai aimé... rencontrer cette part de toi. C'était tellement plus simple quand elle ne le regardait pas. Comme s'il pouvait reprendre un peu de son pouvoir. La proximité qui était la leur ne pouvait être plus proche. Etonnement, cela ne le gêna plus, maintenant que le contact visuel n'était plus. Il ressentit un besoin de la protéger, d'être à nouveau là. Il se décala pour poser son corps contre le sien, sa tête derrière la sienne tandis que sa main quitta la taille de Taylor pour se poser un peu plus loin devant elle, sur le lit, ne voulant se montrer intrusif mais rêvant secrètement de la serrer fort, en cet instant de doute que l'interne ressentait. La fatigue, l'atmosphère du moment, leur courte histoire commune, son odeur, sa peau, ses mots.... Beaucoup de questions, aucune réponse, mais un souhait : celui de lâcher prise dans ses bras, même pour quelques secondes.

Des regards qui se croisent, qui se synchronisent, espérant décrypter leur code respectif pouvant leur permettre de se comprendre, un petit peu plus. Deux êtres perdus dans le poids des souvenirs, des cicatrices qui ne guériront jamais et ce besoin presque vital de ne jamais exposer ces parties d'eux qu'ils considèrent comme honteuses. Des parts d'eux-mêmes qui les définissent, les impactant dans leur vie quotidienne, faisant remonter des peurs qui ne s'en iront jamais. Tandis que ses mots furent murmurer à son oreille, les sensations provoquées purent se ressentir sur le corps de la jeune femme, l'épiderme répondant à la douceur des mots prononcés par Camille. Effet miroir, son sourire grandissait face à cette observation. C'est alors que ce qu'il désirait arriva, leurs doigts s'entremêlèrent,, connectés pour la seconde fois. Cette bulle, c'était quelque chose d'incompréhensible pour le résident, comment pouvait-elle provoquer en lui tant de sécurité, juste par un rapprochement physique, une invitation à se lier. Notre secret, c'est d'accord. souffla-t-il, tout en posant sa tête sur l'oreille, juste à côté de la sienne, pouvant maintenant s'envelopper de son odeur tandis que son souffle chaud balaya légèrement ses cheveux. Ses yeux se fermèrent, se permettant une pause dans cette vie qu'il incarnait. Les minutes passèrent, les souffles se faisaient plus réguliers, le silence s'installa définitivement. Jusqu'au moment où le biper du jeune homme vibra, tintelant de son signal. De sa main gauche, il le prit et put lire l'urgence qui le demandait. Merde. Ce n'était absolument pas le moment. Néanmoins inquiet pour sa jeune patiente, il se força à retirer sa main, se libérant ensuite de son corps, espérant ne pas la réveiller. Souriant paisiblement, il glissa sa main dans sa chevelure, un geste de gratitude pour cet instant pour ce moment hors du temps. Il était temps de retourner à la réalité et d'oublier ce qui n'a jamais existé.