Elle est craintive, peut-être malgré elle, parce qu’elle a tout de même été habituée à être regardée comme une bête sauvage dans cette société. Alors bien qu’elle soit ouverte à lui raconter son histoire, en un à peu près, elle n’ose pas aller dans les grands détails, par peur d’être moquée. « Oui, je crois que je vois. » Si elle le croit, Haiwee imagine que c’est sur le bon chemin, toutes les deux, n’est-ce pas ? « Mais c’est cool. » Sa vie et sa communauté ? Oui, l’amérindienne trouve ça plutôt cool, à dire vrai. « De toute façon, je pense qu’on ne peut pas éprouver de manque pour quelque chose que l’on ne connaît pas. » Elle en sourcille, gravant cette phrase dans son esprit, parce qu’elle semble résonner comme une évidence dans son esprit. Assurément convaincue, à présent, que la brune a une place dans sa vie. « C’est étrangement vrai. » elle se permet, en un murmure, de confirmer.

Et finalement elle vient à préciser qu’elle a l’esprit ouvert, qu’elle est en termes de tolérance, quasiment experte en la matière. « Cool. » Elle note que c’est un mot qu’elle utilise souvent, elle va même jusqu’à s’interroger si un jour elle parviendrait avec autant de naturel que ce avec lequel Eloïse paraît cohabiter. « Parce que c’est super important pour moi et l’autre coloc. » Et ça l’est aussi pour Haiwee, « Enfin plus moi que lui parce que lui n’est pas souvent là. » Elle note donc qu’elle ne sera pas souvent embêtée par la tierce personne, et ça lui va. « On a tous des vies un peu en décalé, chacun à ses limites mais je veux pas que tu t’engages dans un truc qui ne te conviendra pas quoi. » Mais c’est de fait notoire que tout convient à Haiwee, qu’elle est seulement gênée par ce qui se rapproche de près ou de loin à l’intimité. « Mon activité professionnelle se passe à la maison et même si je suis assez organisée, il arrive que des produits trainent, que des colis soient laissés dans le salon ou la cuisine pour les colocs ou autres. » Ca aussi, elle le note, et réalisant qu’elle le fait, elle se dit que malgré le manque de Sheng, de ce quotidien a cohabiter, elle a furieusement envie de s’installer ici. « On a un roulement assez simple pour les tâches ménagères et tout mais de toute façon, chacun y met du sien. » Alors elle fera de même, évidemment. Ca tombe sous le sens, et elle le démontre en souriant. « Tu veux voir autre chose ? T’as des questions ? » Elle fronce les sourcils, le temps de la réflexion, des questions, elle en a des milliers, mais pas forcément au sujet de la future colocation qu’elle est déterminée à signer. « Une seule, » elle commence, taquine quand elle glisse son regard dans celui de sa voisine, « je dois signer où ? » Parce que pour refuser un tel endroit, une telle opportunité, elle faudrait être fou.
Alors les derniers détails seront réglés dans le salon qui sera bientôt le sien, prête à déménager le lendemain. Une Haiwee prête à réinventer son destin.