if you ever leave, i'm coming with you
w/ @Jude Montgomery
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On va paniquer, c'est sur. Pour tout et n'importe quoi. Pour des trucs bateaux de parents débordés, affreusement ordinaires : moi qui ai toujours eu peur de me noyer dans un océan de banalité. Moi qui ai toujours craint de ressembler à ces individus que je trouvais fades, le nez toujours enfoncé sur leurs téléphones à montrer les photos de leurs gosses, et décrire leurs samedis soirs tristes à crever. Ca fait des mois que j'me rappelle même plus ce que ça fait, que de me taper une cuite. C'est ça, vieillir ? Le pire, c'est que ça me déplaît pas. J'dis pas que je ne me juge pas un peu, quand mon plaisir du soir est de mourir dans notre canapé, et avancer notre série avec Quito. J'te demanderai bien de me sortir de là. Mais j'suis pas sûre de vouloir d'une vie qui ne ressemble pas un peu à celle-là. J'ai mes appuis, je t'ai toi. Et, on sait toujours partir en escapade et oublier le sérieux de notre quotidien. Sauf quand il faut faire le debrief de ce dernier. T'annoncer les dernières nouveautés ; celles qui méritent d'avoir tes traits face à moi. « On est quand même dans une situation complètement inédite, j'sais pas ce que ça va donner, sur la durée. » En dehors du fait d'être trois ; nous sera quatre, en réalité, et j'crois qu'on a jamais vraiment abordé, les trois adultes, comment se composera la vie une fois que nous aurons ce membre en plus. Y a très peu de manuel sur les mères porteuses sans papier dans les librairies. « Siiii ! » Sifflé, comme une gamine, toutes dents dehors, quand tu répètes. « Je sais pas s'il le mérite, de s'infliger ça.. maaais, il a demandé, c'est trop tard ! » Et, compte sur moi pour lui rappeler quand nos voix s'élèveront. Quand, peut-être, un jour, il regrettera. Le rire qui s'incruste, à la suite. « Je voulais juste que tu prêtes un costard à Quito, mais.. » Les lèvres pincées, irradiantes. « Les deux, j'veux les deux. Parce que j'vois pas qui serait plus légitime à m'accompagner ce jour là que toi. » Les années, les limites franchies, l'amitié toujours intacte. On est ceux qui resteront à la fin, j'te l'ai toujours dis. « J'pensais pas que j'aimerais ça, que j'voudrais ça.. ou, au moins pas avant d'être vieille moche et ridée. Mais...ouais, j'crois que je suis prête. Je le serais encore plus si c'est toi qui t'assures que j'fais pas demi-tour. » Mes doigts qui broient les tiens, en prévision de ce jour là. « Je vais être insupportable, j'espère que tu le sais. » Et, Deirdre et toi, vous allez devoir canaliser un dragon.  

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w/ @Alexis Callaghan
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Il est clair que leur situation est plus que particulière à ceux-là. Mais ils ne sont pas les premiers que je vois faire ça : un papa et une maman qui font appelle à une autre femme pour porter l'enfant. J'en ai vu passer pendant mon internat, j'en vois passer pas mal à la clinique. Je connais très peu de couples qui décident d'inclure la mère "biologique" dans la vie de l'enfant, alors il est difficile pour moi d'affirmer avec certitude que tout va bien se passer. Ça va peut-être être compliqué, parfois, je ne vais pas mentir et ils le savent, on en a discuté des millions de fois elle et moi quand elle a prit la décision de se lancer là-dedans avec Quito. "C'est vrai, mais le plus important c'est que vous communiquiez. Que vous posiez les règles, les limites." Parce que si ça n'est pas fait, il y aura de la casse. Quand elle me montre le diamant, je ne vais pas mentir : une onde de jalousie m'envahit pendant un quart de secondes. Pas parce que j'aimerais être à la place de Quito, mais parce que ma meilleure amie va avoir tout ce dont je rêve et je suis là, à faire du surplace. Me marier, avoir ma famille, c'était ça mon goal. Regardez moi aujourd'hui : trente trois ans, célibataire, papa qui voit ses enfants qu'une semaine sur deux. Lamentable. La seule chose qui me garde la tête hors de l'eau est ma clinique. Mais cette sensation de jalousie ne dure pas très longtemps, car elle le mérite. Elle. Elle mérite tout le bonheur du monde après tout ce qu'elle a traversé et je serai au premier rang pour l'applaudir, celui qui lui tiendra la main jusqu'à l'Autel s'il le faut. Le sourire qui s'agrandit quand elle me fait ses blagues à deux balles, qui devient encore plus grand quand elle dit qu'elle veut les deux. Et ça me touche, forcément. Y'a presque les larmes qui me montent aux yeux et les lèvres qui viennent laisser leurs marques sur le dos de sa main, "Bien sûr que t'es prête. Tu vas être la meilleure des mamans, la meilleure des femmes.. t'es prête et tu mérites tout ça. Il a de la chance." Il a de la chance d'avoir quelqu'un comme elle auprès de lui. Quelqu'un qui peut lui donner tout cet amour, quelqu'un qui est prête à se lancer pour lui, pour eux. "Plus insupportable que ces dix dernières années ?" Fausse grimace, "Impossible" J'éclate de rire et je mange une frite, l'émotion passée. "Vous avez déjà une date ?" Au moins, elle n'a pas besoin de se préoccuper de finir que la grossesse soit terminée car elle doit rentrer dans sa robe, c'est un peu un mal pour un bien tout ça, non ?

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w/ @Jude Montgomery
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Dans notre projet étrange et notre futur fabriqué comme on peut, j'crois que j'aurai pas été capable de me lancer là-dedans si j'avais pas des appuis solides. Tu sais, pour quand ça déconnera, quand j'commencerai à douter de nos projets, de l'équilibre de mon couple, de l'affection à repartir entre deux femmes. Si j'm'écoutais, si j'accordais de l'attention à la partie moins jolie de mes pensées, de trois nous repasserions à deux. Lui et moi. Avec caché sous le tapis l'invitée de notre couple. Le partage n'est pas franchement dans mes valeurs, surtout quand on parle de cœurs. Mais j'évolue, j'avance, et je crois voir de la sincérité, peut-être même de la ressemblance dans les orbes foncées de cette femme. Oiseau blessé, qu'on devine phénix dans une autre vie. Un fin sourire s'incruste sur mes lèvres. « Les règles et les limites, ma spécialité. » Tu m'aideras, n'est-ce pas ? A condenser la colère, à m'ouvrir les paupières quand je les garderai closes par facilité. Tu me rends meilleure, et sûrement que je m'appuie trop sur tes épaules. Que j'te case partout. En témoin, en appui jusqu'à l'autel, en parrain, j'te mets dans toutes les cases. Je pourrais diversifier, mais quel intérêt ? C'est toi qui prend toute la place. Et j'te l'ai dis, si Quito ne s'était pas pointé, on aurait sûrement fini comme un vieux couple. Heureux, à n'en pas douter. Mais je te souhaite mieux. Une fille qui répare tout ce qui a été causé avant, qui te donne cette stabilité que tu mérites. De quoi remplir de rires et de soupires ta nouvelle maison. Je ne peux te donner que les premiers. La bouche pincée pour réprimer un sourire trop franc, et mes lèvres qui viennent chercher ta joue avec douceur. « C'est clairement toi que j'embaucherais pour mon épitaphe. » J'ai parlé trop vite. La bouche restée entrouverte. « Putain mais je retire teeeellement ce que je viens de dire ! » Te pousse de l'épaule. « J'espère que t'es prêt à regarder mon mariage avec des jumelles. J'te mets au dernier rang avec ma tante et ses gamins insupportables. » C'est dire la considération que j'ai pour ces restes de famille. La vraie, c'est celle que je m'invente, que je me tisse. « On en a pas reparlé. » Ouais, j'me dis pas que c'est bizarre. Les orbes qui se relèvent vers toi. « Tu crois que ça craint ? » Qu'on ai pas de date, rien de prévu, quedal. « Je pense qu'on attend que la grossesse se termine, tout ça.. » Peut-être qu'il attend de voir comment je gère. Si je gère bien. Ok ça y est, je flippe.

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