Nous ne sommes pas partis avec les autres ce matin, pas très fanatique des activités de groupe, j’ai préféré lui proposer de venir ici quand l’après-midi toucherait pratiquement à sa fin. De toutes les façons, je crois que de la première soirée, on a retenu la leçon. Moi surtout, n’est-ce pas ? Parce qu’il semble évident que lui, de la présence de Joshua, il s’en contre-fiche totalement. Je n’avais même pas pensé à cette possibilité, ne l’avait pas, ne serait-ce qu’une seule seconde, envisagé. A Cancun, ça me paraissait improbable de le croiser. A Boston, j’avais assimilé l’idée, mais au Mexique, il faut croire que c’est plus compliqué à rentrer. Mon esprit potentiellement atrophié à cette idée.

Assise sur un transat, j’attends de voir Hanzo me rejoindre, soucieux du détail, j’ai préféré le laisser récupérer tout l’attirail. Sous couvert du fait que si j’avais été à côté de lui, c’est certain qu’on n’aurait jamais su se mettre d’accord et on se serait simplement contenté du décor. Je laisse ma peau se gorger de soleil, parée d’un maillot aux reflets de miel, les paupières quelques secondes fermées, je force le vide dans mes pensées. Jusqu’à les rouvrir sur sa silhouette dont l’ombre vient de perturber ma piètre séance d’uvs.

Derechef mes pupilles se déplacent de son visage à ce qu’il tient entre les mains, masques et tubas, et j’en esquisse un sourire, aussi facilement que ça. Rien qu’à songer à l’instant unique que l’on va vivre et partager. Nos chemins se sont entremêlés plusieurs fois durant le séjour, l’ayant aperçu avec une blonde élancée certains jours, ici et maintenant je mets absolument tout le reste de côté, ne viendrais pas le taquiner, si bien que je lui tends la main pour qu’il m’aide à me redresser. « Interdiction de me noyer. » J’avise, le ton léger.

Il y a une légèreté dans l’air, une émotion de bien être que je sais passagère. C’est ce qui arrive toujours en vacances, quand on appuie sur le bouton pause de notre existence. Et en venir au point de me dire que je pourrais très bien m’accoutumer à sa présence. A nos batailles de caractères ainsi que d’éloquence. Oui, je m’habitue, car j’exècre le vide, le silence. Mes lèvres toujours fendues en un sourire, j’accueille après quelques secondes seulement, sa main dans la mienne. Et à la force de sa poigne, de mes mouvements, je me relève rapidement, le corps bancal, trébuchant, faute de l’élan. A proximité réduite lorsqu’il vient me préciser en parfait écho à ce que j’ai, moi-même, énoncé. « Je ne garantis rien. Un accident est si vite arrivé, » je hoche le visage par la positive, comme pour approuver, mouvement accompagné d’un « Evidemment. » en riant de moitié car il est clair que je me refuse à l’idée, précisant que « Je vais peut-être me tenir à distance, dans ce cas. » sur ton d’on ne sait jamais comme ça je pourrais palier d’avance cette possibilité, même si la crainte reste indéniablement feinte.

Et me glissant à son côté, je récupère le matériel qu’il me tend, en amorçant la marche vers le bord de plage, les récifs où elles sont cachées. Ressentant l’excitation poindre en mon être, galvanisée par les minutes qui nous attendent. Ca reste encore presque trop nouveau, pour moi. Les escapades dans ces genres d’endroits, ce ne sont pas des évènements auquel je suis habituée, ne pourrais pas glaner que je sais les maitriser, parce qu’avant cet été, ce n’est qu’entre l’Inde et les Etats-Unis que je l’avais fait. Voyager. Mon dernier aller-retour datant du printemps deux-mille seize, et m’ayant changée probablement pour toujours. Après ça, ce n’est que grâce à Trent que j’ai eu le droit de profiter de paysages tel que celui-là. Funambule sur le fil de mes pensées, lorsqu’on arrive à la lisière de l’océan où une embarcation de fortune nous attend, destinée à nous éloigner de la plage, des gens encore présents, je commence à défaire le nœud du sari me servant de robe, les pieds mordant la frontière de l’eau salée. « C'est ta première fois ? » je demande, curieuse, amusée par le double sens qu'à cette question on peut donner, même si pour l'heure, c'est évident que je parle de la plongée.