Il est rentré avec ce gout de nouveauté, les yeux plissés, amusés aux souvenirs des quelques paroles qu’ils ont tous les deux échangées durant ce rendez-vous improvisé. Au début il n’y aurait pas cru, surpris en la détaillant lorsqu’elle s’était approchée. Lui qui ne souhaitait entendre parler d’enfant il y a peu encore se retrouvait nez à nez avec une femme attendant un heureux évènement, chose à laquelle il avait prêté attention - sans y faire plus que çà mention - une bonne partie de la soirée jusqu’à parvenir à s’en détacher au fil de la conversation.

Il est presque minuit sur l’imposant œil de bœuf qui donne le ton dans l’entrée lorsqu’il déverrouille la serrure d’un tour de clefs, ouvrant sur un couloir partiellement éclairé. * Déjà rentrée. * Sa colocataire de fortune elle aussi est de retour visiblement puisque les chiens ne sont pas venus lui faire la fête comme il s’y attendait, ôtant déjà sa main gauche de sa poche pour les repousser. Mais personne n’est venu à sa rencontre alors en bon enquêteur qu’il est, les hypothèses se frayent rapidement un chemin et il en conclue qu’elle voulait certainement avoir la paix. * Elle a dû les mettre dehors, dans le jardin. * Et il en aurait fait de même sachant qu’ils ne sont pas à blâmer, une niche présente pour chacun des deux malgré ses problèmes financiers. C’est un trait de caractère chez le policier : il fera toujours passer le bien des autres avant le sien, même…. surtout lorsqu’il s’agit de son chien. Aiguillé par les bruits de verre qui proviennent de la cuisine, l’agent s’attarde sur les affaires dans le couloir qu’elle aurait pu laisser trainer, toujours à vouloir tout ranger derrière elle, un autre tic qu’il ne peut contrôler. Mais rien hormis ce sac à main dont la bandoulière pend maladroitement et qu’il redispose selon ses propres critères d’agencement. Plutôt content du résultat il fait volte-face pour aller à sa rencontre, passage obligatoire pour emprunter les escaliers et s’étonne même de la voir une bouteille à la main et un verre dans l’autre. « Vous buvez ? » Il est resté là, à la mesurer d’un regard bienveillant elle et la bouteille avant de s’annoncer. « De l’eau » parce qu’en ce qui le concerne il a bien profité et que dans quelques heures si ce n’est moins, il devra se lever pour aller encore décortiquer des dossiers, acharné qu’il est. D’un sourire complaisant pourtant il s’est approché de l’ilot, pliant sa veste avant de la déposer sur le dossier de ce tabouret sur lequel il prend place lentement. « Mais, ce n’est pas une soirée ordinaire alors… » D’un mouvement de la main, ses doigts dépliés, il l’autorise silencieusement à lui servir de ce poison qu’elle apprécie tant tandis qu’il s’accoude, les bras croisés, dans l’expectative d’un dialogue plus léger. « J'imagine, à votre tête, qu'il n'y aura pas de second rendez-vous »

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