@Katalia Borgia Les échanges tendres, les écrits rassurants, presque des déclarations d'amour avaient fini par se transformer comme toujours en pics sanglants, en regards perçants et humeurs maussades. La dernière entrevue avec Kat' avait été plus que complexe, la raison ? Un mensonge par omission. Une tentative de calmer nos rancoeurs par un mini mensonge. Mais ne fallait-il pas mieux bien s'entendre lorsqu'elle me pensait loin d'elle, que se détruire encore et toujours lorsque nous nous savions proches ? Aucune réponse à cette question, mais j'avais fait le choix d'assurer le coup en cachant le fait que Harvard était de nouveau ma vie. Ceci ? Entraînant une colère noire pour mademoiselle la queen PFO, la queen Borgia. Un carnage ! Oui mes oreilles meurtries encore par les aigus de ma cousine en janvier ... douloureux. Et pourtant, nouvelle Borgia que j'étais en ce début de février je lui avais envoyer un message pour la retrouver autour d'un chocolat chaud dans la Common Room  de la PFO, comme une envie de revenir parmi les dorés, pour faire la paix ? C'est pour cela que je me retrouve un stylo entre les doigts en milieu d'après midi à griffonner des notes de cours en attendant que Mme la Vice Présidente digne arriver, elle me fera languir j'en suis certaine autant en profiter pour bosser ... le retard des 4 premiers mois de l'année se comblant petit à petit, dans l'espoir de ne pas repiquer malgré mon absence.  

@Rosalia C. Borgia Cet "échange" catastrophique d'il y a quelques semaines en arrière, t'y repense sans cesse. Tu revois le mensonge, tu revois la peine, tu revois ce vif sentiment de trahison. A vrai dire entre vous ça a toujours été comme ça. La trahison. Depuis toujours et pour toujours visiblement. Mais alors pourquoi cette fois ça faisait si mal ? Surement parce l'an dernier, et pour la première fois de vos vies, les choses avaient différentes. Vous aviez su parler et surtout, vous aviez su vous entendre. Mais t'as fait n'importe quoi au bal, et t'aurais pas pensé qu'elle pourrait autant t'en vouloir. Tu restes persuadée que ça a été l'élément déclencheur de tout ce qu'il s'est passé après. T'as longtemps ruminé votre précédente rencontre, et même que Lukas et Ottis t'avaient conseillé de lâcher un peu de leste, d'arrêter de vouloir tout contrôler. S'il y a quelque chose qui n'a jamais changé, c'est le fait que ta cousine ne l'est pas, que même votre relation est incontrôlable. Pourtant elle t'a envoyé un message aujourd'hui, et t'as eu à le relire plusieurs fois pour être sure de pas être en train de rêver. T'as bien évidemment pas répondu, piquée de fierté. Pourtant t'es là à te pointer à la Pfozheimer House, talons de tes bottes hautes qui claquent sur le sol du grand hall. Elle sait comme t'es quelqu'un de ponctuel, et comprendra assurément le message dans ton retard volontaire. T'aurais peut être pas du, mais encore une fois vous savez, cette histoire de fierté. « Salut. » tu la trouves dans la Junior Common Room, élève sage et appliquée. Elle est comme dans ton souvenir, toujours aussi belle toujours aussi parfaite, ta cousine.

Passionnée et surmotivée pour réviser en attendant qu'un moment "peut-être " Katalia se décide à pointer le bout de son nez, les cheveux libres et le ruban autour des cheveux finement attaché. Simple et efficace. Le retour à la simplicité depuis mon voyage au Cambodge à la rentrée. Ce voyage avait fini par me bouleverser bien plus que je ne l'aurais pensé, ainsi que mon caractère. La peste s'était assagie, pour combien de temps encore ? Mes relations étaient devenues moins tendues ... sauf avec Katalia depuis notre dernière entrevue. Glaciale. Pinçante. Déchirante. Destructrice. Alors nous en étions toujours au même point, le point zéro d'une relation plus néfaste que transcendante. Le néant. Des talons se mirent à claquer et sa démarche assurée comme à son habitude la trahissait. Elle se trouvait finalement face à moi, magnifique, élégante, chavirante. Salut. Que je répondais avant de reprendre le cours de la parole, timide -non-, impressionnée -non plus -. Peut être que Kat' pouvait en imposer à Harvard, même peut être à la PFO, mais jamais elle ne saurait me rendre petite chèvre frêle et fragile. Je pensais qu'on pouvait tenter de prendre un chocolat chaud ... pour désamorcer tous ces ressentiments ?! Je ne lui laisse pas le temps de répondre que déjà deux chocolats débarquent sur la table, l'invitant à s'asseoir.

@Katalia Borgia

@Rosalia C. Borgia Tes longueurs brunes sont emprisonnées dans une tresse faisant le tour de ta tête comme une couronne. Maquillage appliqué au millimètre et tenue parfaitement lissée, t'es toujours très apprêtée mais aujourd'hui, tu l'es plus. Comme si t'avais besoin de te prouver quoi que ce soit à toi même, mais surtout à elle. Te tenant devant le sang, à vrai dire la seule qui compte vraiment. Ca te perturbe de la voir ici devant toi après autant de mois, mais ça bien sur tu t'appliques à ne pas le laisser entrapercevoir. Elle t'invite à prendre un chocolat chaud, te laissant pas vraiment le choix vu qu'elle a déjà de déposé les deux tasses sur la table. De la fumée s'échappe de ces dernières, liquides brulants et laissant penser qu'elle vient tout juste de les terminer. T'aurais tellement mieux aimer un verre d'alcool à cet instant, de quoi endolorir ta langue, ta gorge, tes sens, tes peines. « T'as des ressentiments à mon égard ? » Tu joues l'effrontée, un sourcil redressé alors que t'approches finalement de la table. Tu prends le temps de retirer ta veste, ton écharpe, tes gants, ton sac, et déposes le tout sur la chaise à côté de toi. Tu prends place en face d'elle, tout ça est presque beaucoup trop solennel.

Le rituel semble se jouer une nouvelle fois, @Katalia Borgia qui de nouveau garde la tête haute, pas un sourcils ne se tord, ni un rictus sur le visage, l'atmosphère glaciale est bien là, à croire que c'est l'histoire de notre relation. Froide. Détachée. Peut être est ce finalement mieux ainsi, mieux que lorsque les cris se mêlent aux reproches et les regards assassins aux coeur brisés. Cette idée de crever l'abcès n'était peut être pas de bon présage, abdiquer sur cette relation aurait été plus facile, et pourtant mon coeur savait cette résolution impossible. Sa perfection, sa beauté, sa grâce, étaient bien que destructrices, essentielles à ma vie. Alors qu'elle hésite, ou fait semblant pour le côté théâtral, je la regarde, ne pouvant la relâcher du regard, mes mains se posant sur la tasse chaude pour un brin de chaleur, de réconfort. Ta tresse en couronne, ça me rappelle quand maman nous coiffé à Milan lorsqu'elle nous gardait toutes les deux ... voulant faire de nous des jumelles alors qu'elle savait pertinemment qu'on ne ferait que se chamailler. Un pincement au coeur de ses moments volés, de ces instants avec les deux femmes les plus importantes dans mon existence. Elle s'installe et je lui tend sa tasse. Je crois que tu es la plus blessée et en colère ces derniers jours ... Le Cambodge m'a apaisé, et j'ai fauté ! Pour une fois j'étais saine envers elle.

@Rosalia C. Borgia Silence presque trop solennel dans la pièce. Il n'y a personne d'autre que vous. Comme si l'ensemble de la PfoHo avait senti la surcharge d'électricité dans la pièce et avait fuit cette dernière. C'est pas plus mal, t'as horreur de t'étaler en public, et vous n'auriez pas pu discuter alors. Cette discussion ne regarde personne d'autres que les Borgia. Assise en face d'elle, dos droit et menton redressé, comme votre professeur particulier de bonnes manières vous l'avez appris lorsque vous n'étiez encore que des gamines et que vous ne pensiez qu'à partir aller jouer. Tu sais pas retenir un sourire triste à ses mots, repensant à ce souvenir qui résonne tout aussi fort en toi. « Personne ne saura jamais aussi bien faire ces tresses qu'elle, mais je tente de prendre la main pour y arriver un jour. » Tu soupires pour chasser ce sourire, parce que c'est pas le moment de te souvenir ni de faiblir. « Tu penses ? » est-elle sérieuse ? A-t-elle oublié toutes les rancœurs de l'an dernier ? Est-elle vraiment passé à autre chose ? « Pour quelle raison ? » tu veux l'entendre le dire, t'as bien trop peur de te mettre à devoir marcher sur des œufs, t'es lasse de tourner autour du pot.

La vie était un continuel rebond des abysses les plus profondes aux virevoltements légers du bonheur. La joie précédait le chaos. Les sourires anticipaient les pleurs. Les retrouvailles faisaient suite aux déchirements. Ainsi était la vie. J'avais fini par me faire une raison que le bonheur était éphémère mais cela était réjouissant car cela voulait aussi dire que les ténèbres passeraient un jour. Ma relation avec @Katalia Borgia ne dérogeait pas à la règle, et si ma vie semblait être stable, sans excès de fantaisie depuis quelques semaines, me laissant tranquille le temps d'un instant, croire que Kat' et moi pourrions nous aligner sur cet espoir de vie sereine était se méprendre. Et pourtant je me trouvais ici, nouvelle, presque incapable d'expliquer une soudaine envie d'être neutre, non dans l'excès, juste apaisée, calme. Surement pour un énième mensonge que j'ai fait. Et je t'ai déjà expliqué la raison du pourquoi je t'avais caché mon retour .... dis je en levant les yeux au ciel, incapable et non désireuse de reprendre cette conversation, cette explication. Après tout on avait l'air de s'entendre, s'encourager de loin, c'était calme, presque déstabilisant de s'entendre l'une l'autre aussi bien. Je te guettais de loin, apprenant que tu avais des soucis ... d'où l'idée de t'inviter ici pour un chocolat chaud plutôt que dans quelques heures autour d'un cocktail Queen Borgia. Je lui disais inquisitrice, parce que tu m'en veux peut être ?! Et moi je t'en veux de te faire du mal. Qu'est ce qu'il s'est passé Kat' pour en arriver là ? J'essayais de taire le fait que @Caesar Falls était au courant de mon retour depuis le premier jour, et aussi qu'il m'avait mis en garde sur la santé de ma cousine. La prunelle de mes yeux. La kryptonite de mon coeur.

@Rosalia C. Borgia T'as du mal à comprendre, encore plus de mal à accepter, les circonstances de son retour. A chaque fois que t'as cru que les planètes étaient alignées pour vous rapprocher, il fallait croire qu'à chaque fois elles s'appliquant à toujours plus vous faire vous éloigner. Pourtant au fond de toi, tu le ressens clairement, ton besoin d'être auprès d'elle, de l'avoir avec toi. Parce que contrairement à beaucoup d'autres à qui t'as besoin d'expliquer, elle, elle comprend. Sans les mots, sans les regards, juste elle sait un point c'est tout. C'est perturbant, très gênant, t'aimerais souvent que ce soit différent. « C'est quoi le problème avec le cocktail ? » T'as un frisson qui te remonte l'échine, ton sang ne fait qu'un tour, tu deviens livide. Comment elle sait ça ? Quelqu'un lui a parlé ? Des sales rumeurs tournent déjà sur toi sur le campus ? Tu sens le contrôle t'échapper, t'as horreur de ça, t'as peur. « Arriver où ? » Tu fronces les sourcils et la fixe du regard, enroulant tes doigts autour de la tasse avant de finalement la porter en silence à ta bouche. T'adoptes la technique de celle qui comprend pas. Après tout Rosalia est experte dans l'art de prêcher le faux pour avoir le vrai. Technique que vous avez apprises à parfaire ensemble il y a de nombreuses années déjà.

@Katalia Borgia Katalia avait toujours été celle qui aurait pu être ma plus grande alliée. Tout était aligné pour nous puissions faire de grandes choses ensembles, nées dans une bonne famille, filles et petites filles de, ambitieuse, intelligente et déterminée. Le monde aurait pu nous sourire plus que de raisons, si nos caractères bien trop similaires réussissaient un jour à s'accorder. Et pourtant le destin en avait décidé autrement pour une énième fois, préférant se glacer et se blesser. Les trêves étaient courtes et une fois encore, la chute était rude. Queen Borgia ne semblait pas comprendre mon silence, mon mensonge par ommission et la guerre était de nouveau déclarée. Lasse. Fatiguée de tant de ressentiments, j'essayais d'arrondir les angles, mais ses pics me faisaient bouillir et mes mots venaient l'assassiner sur place depuis nos retrouvailles officielles. D'ailleurs je la vis se crisper, je pourrais le discerner en fermant les yeux, la connaissant par coeur, lorsque j'évoquai le mot "cocktail". Touché Borgia et ça me fige de la savoir si mal. Le problème ? C'est que je crois que t'as troqué ta carte de fidélité avantage Cartier avec celle des bars ou des bouteilles Kat' ... et ça ne je ne veux l'accepter ! Merde Katalia, tu as tout pour être heureuse, TOUT. Et même si je te déteste d'être tout ce qui me rappelle un peu trop ma famille, je t'aime à en crever, et bien malgré tout ça je ne tolère pas ça. Arrête de botter en touche Borgia. Je connais quand tes poils se hérissent, quand tes lèvres se pincent même furtivement ... Cela fait vingt quatre ans que nos vies se rythment en canon ou symphonie, je sais ! J'ai compris ... Que je dis en baissant la voix, et dans un élan complice, allait savoir pourquoi, je me lève pour la prendre dans mes bras le temps de quelques instants. Une étreinte, une seule, qui en dit long et pourtant je la relâche, interdite de tant d'émotions.

@Rosalia C. Borgia L'autre Borgia elle ne lâchera pas. Tu la connais, qu'est ce que tu la connais bien. Son ton passe par plusieurs stades, avant de finalement tenter la douceur. Tu gardes un silence de plomb. Elle se lève finalement et te forces à partager une étreinte. Ta bouche se tord, et tu t'en échappes vite avant de faire un pas en arrière. Tu prends même pas la peine de te rasseoir, et oublies complétement ce foutu chocolat chaud dont t'as même pas envie. « Sérieusement qu'est ce que tu veux Rosalia ? » ton regard provocateur se plante dans celui de la belle en face de toi «  Constater à quel point ta cousine est devenue pitoyable ? Et bien c'est fait, tu dois pas être déçue du voyage, maintenant tu peux repartir. » Après tout, après ta dernière crasse au bal, surement que tu le mérites. Maintenant c'est au tour de la plus jeune de te faire du mal. « Je veux juste que tu me foutes la paix, je me débrouille très bien sans toi. » Ton regard pourtant il est brillant. Il brille de la peine, de l'appel au secours que seule elle pourra intercepter, comprendre et surtout garder sous silence.