J’ai plus d’un tour dans mon sac. Multi-tâches. Sorcière le jour ou bien la nuit, je flirte avec l’illégalité lorsque les temps sont durs. Et toi, tu es devenu un de mes fidèles. Cela va faire trois fois que l’on s’est rencontré. Je commence à pouvoir deviner les différentes ramifications autour de toi. Arbre généalogique comme arbre amical, je commence à te connaître et à devenir ta psychologue attitrée, mais sans le diplôme. J’sais que tu ne me dis pas tout, j’ai malheureusement hérité des dons de Ma’. Je ne suis plus une opportuniste, j'ai réellement du pouvoir. La fibre d'une voyante à laquelle j'ai rajouté encore plus de mysticisme. Aujourd’hui, tu ne viens pas uniquement pour te libérer de tes démons, mais pour m’demander un sortilège. J’ignore de quelle nature il sera, tu n’as pas été précis à ce sujet. Amour, travail, argent ? Ce qui est sûr, c’est qu’un acte pareil est coûteux. Il m’faudra des ingrédients spéciaux. Dans tous les cas, le chaudron est prêt. Je suis prête. Astrid fait sa sieste au fond du couloir, j’espère qu’elle ne se réveillera pas pour nous interrompre. C’est ça mon quotidien, jongler entre le boulot et le rôle de maman. La sonnerie qui m’fait sursauter, j’pars t’ouvrir, vérifiant ta personne à travers le judas. Après trois cadenas débloqués, la porte cède. « Bonsoir, entre, je préparais du thé, mais tu veux peut-être un café ? » J’ai pris l’habitude de nos rendez-vous, j’crois bien qu’ils me font aussi du bien, comme si tu t’étais créé une place dans ma routine … « Comment vas-tu depuis notre dernière séance ? » Le tutoiement, lui aussi il s’est installé, ça prouve bien que notre relation repose sur une certaine confiance non ?

@Gypsy Snyder
Elle a toujours eu l'ouverture d'esprit suffisante, Chelsea, pour croire en ces pratiques jugées occultes ou dignes de mauvaises arnaques. La médecine et la science ont fait leur temps dans sa vie, et la jeune femme s'en remet au don de Gypsy pour lui venir en aide. Requête particulière pour un problème qu'elle n'a, jusqu'à présent, abordé avec personne. Ca doit fonctionner, elle en a besoin. Espoir qu'elle place en toi, comme une dernière cartouche pour parvenir à son but. Tu commences à la connaitre, l'infirmière au teint halé; sa bonne humeur, son esprit battant et ces multiples traumatismes, cachés dans les méandres de son corps. Hygie, son surnom du quartier; la native de Los Angeles au père pratiquement inconnu, la mère guérisseuse et l'appartement surpeuplé; trop de frères, soeurs et connaissances, l'intimité envolée. A ton côté, la demoiselle se sent en confiance et trouve l'envie de te raconter ces histoires, celles qui restent désespérément coincées dans sa gorge, en temps normal. Tu incarnes la professionnelle qu'elle respecte, et peut-être aussi l'amie qu'elle affectionne; comme deux faces d'une relation aussi simple que bien accordée. Elle s'est pointée, après sa garde aux urgences, après une nouvelle journée de rebondissements, bons et mauvais, tristes et drôles, joyeux et frustrants. Soulagée à l'idée de te retrouver, presque impatiente de voir ce que la séance pourra lui offrir, Chelsea s'empresse de sonner à ta porte; lèvres pincées pour contenir ce surplus d'énergie, petite pile pratiquement survoltée. Toujours aussi fascinée par le nombre de cadenas que tu imposes à l'entrée, comme l'impression de rentrer dans une dimension dangereuse, comme si la sorcière cherchait à se protéger d'autres créatures mythiques. - Bonsoir ! Un thé, ce sera parfait; merci d'avoir proposé. un sourire qu'elle te glisse en joignant sa présence à la tienne; réellement ravie de venir te voir pour la troisième fois.. En peu de temps, finalement. - Je fais aller, ça va.. J'ai connu pire ! Et toi ? Ta petite va bien ? la joie en façade, pour l'instant; cette habitude que tu as, de gérer entre boulot et rôle de mère, que Chelsea admire. Un enfant dans les parages, et son myocarde ne peut s'empêcher de faire des bonds dans sa poitrine; envieuse d'un bonheur que l'on ne peut lui accorder.

Je chéris plus que tout ces instants entre nous. Non pas par les billets que je récolte en fin de séance, mais grâce à ta présence. Tu es une femme exceptionnelle et il se pourrait bien que je t’envie de temps à autre. J’aurais aimé avoir une carrière plus « droite ». Un métier reconnu. Au lieu de cela, je discute avec les morts et je titille le futur. La plupart du commun des mortels me qualifie de ‘charlan’. Ils n’ont pas tout à fait tort, ma science n’est pas exacte. Porte ouverte, je t’accueille dans ma taverne tamisée, ma convivialité dégainée. Je veux que tu te sentes comme chez toi ici, ce n’est qu’en ayant tes chakras ouverts que je pourrais te guider au mieux. Je pense que tu commences à connaître le propriétaire et mon mode de fonctionnement. Tu peux déposer tes affaires, tout mettre sur pause, ici, le temps parait interrompu. « Elle roupille, elle a eu beaucoup d’émotions avec le père noël et tous ses cadeaux » Je souris, me remémorant sa bouille quand son con de grand-père a fait son apparition. Tout ce qui compte, c’est qu’Astrid avait des étoiles pleins les yeux. La théière préparée, je dispose deux petites tasses dans un plateau et le dépose sur cette fameuse table qui voit parfois l’avenir de mes clients. « Installe-toi, mi casa es tu casa » Ou un truc du genre, je parle peu l’espagnol, je n’ai que de vagues souvenirs de mes cours, lorsque je ne rêvassais pas sur la belle gueule de mon petit-ami. La potion préparée, je la verse dans nos tasses. Un vrai goûter avec les madeleines qui viennent en accompagnement. « Comment ça se passe au boulot ? Toujours la course ? » Je crois que l’on a passé le stade du vouvoiement et tout le reste. Nous avons quasiment le même âge, probablement les mêmes préoccupations, je n’ai plus envie de conserver les barrières que l’on s’était mises. « Tu viens pour l’habituel tarot ou tu as une autre demande aujourd’hui ? »

@Gypsy Snyder
On lui a souvent conseillé de passer par la case "psychologue" pour traduire ses maux en paroles, et tenter de les évacuer; seulement, à dire vrai, cela n'a jamais vraiment fonctionné. Chelsea a besoin d'un lien pour parler; de se sentir proche, presque complice de l'autre pour réussir à se confier. Jusqu'à présent, elle se sentait seule, un peu larguée dans cette marée d'émotions, positives et négatives; de quoi lui mettre la tête à l'envers pour le peu que la fatigue s'y invite. En venant te retrouver, c'est comme si elle plongeait tête la première dans une potion apaisante; comme si, le temps de quelques minutes, le poids sur ses épaules se posait à côté, et lui permettait de souffler. Chelsea, elle aime ces instants; ta douceur, ton écoute attentive et cette absence de jugement, primordiale pour être capable d'encaisser ses confidences. Sac à main et veste qu'elle laisse dans l'entrée, fermant les yeux une seconde avant d'expirer profondément, comme pour laisser les mauvaises ondes à l'extérieur de ton logement. - J'imagine; ça devait être génial pour elle.. Et pour maman. un sourire complice, une page de ton histoire qu'elle envie fortement, plus qu'elle ne devrait sans doute. C'est facile d'imaginer à quel point cela doit combler une mère, que de voir son enfant épanoui, des millions d'étoiles scintillantes au coeur de ces prunelles. - Mi casa es tu casa. Pas mal du tout. sourire malin, taquin; Chelsea a appris l'espagnol au coeur du quartier, puisqu'il s'agissait de la deuxième langue parlée, derrière l'anglais américain. Un véritable plus sur son cv, d'être capable de s'exprimer dans trois langues, au minimum. Tasse qu'elle porte à ses lèvres, te remerciant de son regard, aussi chaleureux qu'à son habitude, lorsqu'il croise le tien. - Les fêtes, c'était la folie.. D'ailleurs, j'ai pensé à toi l'autre nuit, on a eu un cas vraiment étrange.. tasse qu'elle repose, certaine de pouvoir t'en parler librement sans risquer d'être prise pour folle. Réelle inquiétude pointant dans l'ambre de ses iris, écartant toute forme de plaisanterie de mauvais goût. - Un gosse a failli perdre la vie, par noyade dans sa baignoire.. Sauf qu'il était trois heures du matin. La mère n'a pas cessé de prétendre qu'elle était innocente.. Et selon elle, la responsable serait la Llorona en personne. elle suppose que tu auras entendu parler de cette légende, celle qui vise l'esprit d'une mère à la recherche de ces enfants. Frisson courant sur l'échine de Chelsea, clairement pas à l'aise avec cette histoire. D'autant qu'elle n'est pas venue pour ça, à l'origine; comme quoi, les conversations sont capables de dériver. - A vrai dire, j'ai une demande bien spécifique aujourd'hui. Et c'est.. Super délicat. la séance promet d'être riche en émotions, et Chelsea n'est pas certaine de réussir à retenir toutes ses larmes, déjà prêtes à plonger le long de ses joues.  

Les rafales sont puissantes dehors. Mon logement n’est pas aux dernières normes. On entend siffler le vent dans les joints. Peu d’isolation, j’dois alors pousser le chauffage pour que mes clients ne grelottent pas de froid. Et oui, dès que tout le monde disparaît, je coupe aussitôt et m’emmitoufle sous des couches de laine. Pareil pour Astrid. Vis ta vie de pauvre. J’en ai pris l’habitude, depuis que je suis petite en fait. Le thé préparé, je m’autorise enfin à m’asseoir pour poursuivre notre conversation. Intriguée par l’histoire que tu me contes, je me créerais presque des rides à froncer mes sourcils de la sorte. La chair de poule s’installe. C’est une histoire glaçante que tu tiens là. Serait-ce vraiment l’acte d’un esprit malin ou la simple maltraitance d’une mère débordée ? Le noeud se forme à l’estomac. L’envie d’investiguer se pointe. Moi qui voyais ce job comme une farce, j’crois bien que cela était ma vocation. Prise à mon propre piège. « Nous ne sommes pas seuls, c’est une certitude. Ça ne m’étonnerait pas que cela puisse être vrai. » Des dizaines de phénomènes paranormaux restent insolubles, mes lectures me l’affirment. Mais il y a aussi l’autre possibilité. C’était peut-être l’acte désespéré d’une femme dépassée. Nous ne le saurons probablement jamais. Et de toute façon, c’est pour toi que nous sommes réunis. « Délicat ? Tu peux tout me dire, j’en entends des vertes et des pas mûres tous les jours » Des vieilles femmes qui veulent savoir si leurs perruches sont bien au paradis. Des hommes qui aimeraient vivre éternellement. Des femmes qui voudraient jeter le mauvais oeil sur l’amante. Je suis prête, tu peux y aller, balances la sauce et j’encaisserais. Quel secret pourrais-tu me cacher ? J’sais bien que l’on s’est vu trois-quatre fois, mais j’croyais avoir aperçu déjà pas mal de recoins poussiéreux chez toi, qu’est-ce que j’ai pu bien louper ? « Ne me dis pas que tu veux une augmentation au taf, j’peux pas faire ça, même si tu le mériterais »

@Gypsy Snyder
Ce n'est pas parfait, et c'est peut-être l'élément qu'elle préfère en venant ici. Le manque d'isolation, les bruits en provenance de la rue, c'est son enfance; venir chez toi, c'est comme un retour dans le passé, mais sous contrôle cette fois, avec une forme de sécurité. Pour Chelsea, c'est mieux que le monde doré; que les grands appartements ou le silence résonne et se risque à la percuter. Elle est habituée au bruit, à vivre en écoutant inconsciemment le monde extérieur; son travail n'est d'ailleurs qu'une extension de ce besoin, avec le brouhaha du peuple aux urgences. Ici, c'est calme, tout le contraire de son quotidien stressant; sans parler de ta présence et de cette confiance naturellement installée entre vous. Au point qu'elle te raconte ces anecdotes, même les plus glauques qui existent; cette histoire d'âme errante a eu le don d'alimenter ses cauchemars, quelques nuits durant. - Je ne sais même pas ce qui serait le pire.. Mais j'imagine qu'on aura la réponse, si des histoires similaires se produisent avec des enfants différents. ayant été confrontée à cette culture, Chelsea y est forcément réceptive. De la à dire qu'un fantôme pourrait réellement sortir des eaux pour venir chercher des gosses, il y a un monde. Mais rien n'est impossible dans sur cette Terre, et la jeune femme serait prête à y croire, pour peu que le phénomène se reproduise. Les ambrées se relèvent, la langue caresse un instant les lippes; tension nerveuse invitée dans les cellules de son organisme, lui impose quelques secondes de concentration pour garder ce self-control auquel elle est attachée. Un petit rire, tout aussi nerveux, et la tête se secoue légèrement de droite à gauche; obtenir une augmentation lui parait être un jeu d'enfant, en comparaison. - Rien à voir avec l'argent.. J'ai fait une erreur quand j'avais treize-quatorze ans, et j'en paie les conséquences aujourd'hui.. de ces choix qui paraissent évidents sur le coup, et qui finissent par vous pourrir la vie des années plus tard. - Je voudrais que mon corps puisse accueillir la vie.. Devenir maman, c'est mon souhait le plus cher. ose-t-elle déclarer, le regard fuyant au travers de la pièce, cherchant des réponses dans les ombres de tes murs.  

J’ai ce regard lourd, ces paupières surdéveloppées qui m’donnent toujours un air fatigué. Et je le suis. Je suis exténuée de courir à droite et à gauche. Jeune et déjà lessivée. Les douleurs sont sourdes et me rappellent que je devrais lever le pied avant qu’il ne soit trop tard. Mais lorsque je t’accueille ici, dans cette pièce dédiée à ma profession, j’oublie. J’oublie les dramas et que la vie peut être sacrément dure. Je me concentre uniquement sur toi et la raison de ta venue. Bien évidemment, nous dévions souvent vers d’autres sujets, comme cette affaire de fantôme et c’est d’ailleurs ce qui me plait. Il n’y a pas cette barrière invisible qui nous empêche de se lier d’amitié. Tout est possible entre nous et c’est ça qui m’attire. Sourcils qui se froncent, prunelles qui jonglent entre les tiennes, j’tourbillonne dans le mystère et finis par obtenir la raison de ta venue. Bouche entrouverte, je reste un instant stupéfaite avant de la fermer. C’est bien la première fois que l’on m’exprime ce souhait. « C’est dans mes cordes » J’ai déjà aperçu une flopée de sortilèges portant sur la fertilité, j’m’y mettrais aussi vite que possible. « Mais j’vois pas quel est le lien avec ta jeunesse … Tu as … avorté ? » Le mot peut glacer le sang des femmes l’ayant vécu, j’en ai bien conscience, mais j’aimerais être au courant des potentiels freins à ce souhait peu anodin. Enceinte, j’étais bien loin de m’imaginer à quel point j’allais en baver, il faut que tu en sois consciente, mais tu dois l’être, surtout avec ta profession. « Tu as un homme pour .. pour tomber enceinte ? » Parce que c’est mieux d’avoir une moitié, ne serait-ce que pour l’équilibre du bout de chou. Avoir un enfant qui ne connaîtra pas son père, je ne préfère pas, bien que cela reste ton choix.

@Gypsy Snyder
Elle en profite, Chelsea, de ces instants de répit en ta compagnie. Parfois, ça lui arrive de penser qu'elle va s'endormir, là, sur ton canapé. Parce qu'elle se sent bien, naturelle, protégée par tes soins. Comme enveloppée dans ton aura protectrice. A ce jour, tu es l'unique personne qui parvient à la détendre, presque totalement; et l'une des rares avec qui elle se montre authentique. C'est agréable de ne pas avoir à mentir, ou à faire croire que tout va bien, lorsque l'âme est sans dessus-dessous. Si pleurer est et reste un exercice complexe; à ton côté, l'infirmière se sent libérée. Capable de parler du beau temps, tout comme d'une histoire de fantômes; un truc bien creepy et pourtant réaliste. Les sujets sont toujours variés, impossible pour la belle de s'ennuyer. Aujourd'hui est une occasion particulière; l'envie de tester tes compétences sur quelque chose de plus profond, de réellement important. Parce qu'elle t'envie, dans ton rôle avec Astrid, et qu'elle espère pouvoir connaitre une situation similaire, un jour dans sa vie. Alors forcément, lorsque la surprise sur ton visage, fait place à cette réponse potentiellement positive, Chelsea en esquisse un sourire; lueur d'espoir naissante et capable de faire fondre la glace présente autour de son myocarde. Le lien avec sa jeunesse ? Elle va t'expliquer. La gorge se noue, le corps tout entier se tend, comme s'il s'apprêtait à revivre le traumatisme en question. Si tu as besoin de détails, elle va t'en fournir. Tout pour réussir et accomplir son objectif. - J'étais vierge, et j'ai été violée. J'ai pas eu l'occasion de voir des professionnels, j'ai tout fait dans mon coin.. Par mes propres moyens. la perle s'invite sur la joue, et le revers de main s'empresse de la chasser. Parce qu'elle est forte; parce qu'on lui a tout arraché, mais qu'elle a fait le choix de ne pas tomber. Nouveau rire nerveux perçant d'entre ses lippes, consciente qu'il faut un homme pour ce genre de choses; mais pas foncièrement pressée de répondre par la positive. - C'est pas faisable avec une femme ? ose-t-elle demander, et peu importe si la question va à l'encontre des lois établies par la nature. Chaotique est l'adjectif approprié pour définir son expérience avec les hommes, aussi reste-t-elle plus qu'ouverte à la perspective d'un changement sur ce plan là, également. - Non, je n'ai pas d'homme.. Je voudrais seulement redevenir "fertile". en attendant que l'opportunité se présente, tout simplement.    

Je suis nerveuse, nerveuse au point de faire claquer le bracelet autour du poignet. J’ai l’habitude d’entendre de sales histoires et la tienne l’est. C’est pas de l’étonnement que tu peux lire sur mon visage, mais de la colère. Le monde est répugnant. La jungle n’est pas qu’en Amazonie. Les prédateurs rôdent partout autour de nous. J’ai la rage, je leur couperais leur service trois pièces à ces enfoirés. T’es une femme extraordinaire, quelqu’un que je ne pensais jamais voir émue. Tu parais si forte, blindée comme tout, mais en réalité, tout vient de ce terrible évènement. Incapable de répondre à une telle confession, je ris de bon coeur à ta remarque. « Si, enfin, il faudra demander la graine à une banque » Les doigts qui pianotent sur la table, j’attrape ma tasse bouillante et laisse glisser le thé le long de ma gorge. « Fertile ? Comment tu sais que tu ne l’es pas ? Quelqu’un te l’a certifié ? » Il faut parfois consulter plusieurs médecins, si c’est un grincheux qui t’a examiné, tu pourrais avoir perdu espoir inutilement. Le coeur encore déchiré, je me relève pour chercher un bouquin dans ma bibliothèque poussiéreuse. L’index qui longe les tranches des livres, je m’arrête sur le bon et l’extirpe de sa place. L’ouvrant au milieu, je feuillette le manuscrit debout jusqu’à ce que je retrouve le chemin de mon fauteuil. « Tu devrais d’abord trouver l’amour et qui sait, tout finira par se débloquer … » Est-ce que tu plaisantais en parlant d’une relation avec une femme ? Je suis chamboulée avec tes demies-blagues. Les prunelles qui balaient les pages, je les tourne une à une et écarquille les yeux lorsque je tombe sur ce que je cherchais. « Ici, je vais devoir invoquer la déesse mère » Tout est en latin, j’ai bien fait de l’étudier au lycée, avant que toute ma vie ne soit ébranlée par l’arrivée de ma fille. Ma fille qui vient d’ailleurs de se lever avec son doudou pour nous interrompre. « Chaton, je suis en rendez-vous, va jouer dans la chambre » Regard à nouveau braqué sur toi, je grimace, presque honteuse d’avoir pu donner la vie. « Excuse-moi, j’ai pas le fric pour une nounou .. »

@Gypsy Snyder
Cette confession n'était pas prévue au programme; mais après coup, Chelsea comprend qu'elle a simplement été naïve d'imaginer qu'elle pourrait passer au travers. Après tout, c'est bien ça, le déclencheur de son problème. C'est parce qu'on a abusé d'elle, et que son corps s'est naturellement défendu, que la situation présente est devenue réalité. Le traumatisme va plus loin que ça, mais la brune ne préfère pas s'étendre sur la question. Pas aujourd'hui. Tu en sais suffisamment pour l'aider; et si besoin est, plus tard, elle pourra toujours développer. Entre femmes, elle imagine que tu comprends; après tout, c'est un peu l'acte que n'importe quelle demoiselle redoute au cours de sa vie. Qu'on la prenne pour un vulgaire objet, qu'on obtienne la chair sans la permission. C'est pour cela que Chelsea est devenue aussi forte, surtout en apparence. Mais ici, avec toi, le masque s'est largement fissuré. Tant mieux, elle apprécie que tu puisses la voir, sous son vrai visage. Torturée sans doute, mais encore debout. - Cette option ne me dérange pas.. Si nécessaire, je passerais par là. déterminée bien sûr, et plus forcément encline aux rapports hétéros. - J'ai vu des spécialistes à New-York. Mon corps s'est littéralement bloqué quand j'ai interrompu la première grossesse et.. Visiblement, au point de ne plus être capable de recevoir à nouveau. cette période de sa vie est devenue floue, comme un mauvais rêve duquel elle se serait échappée. Des rendez-vous à la pelle, et toujours les mêmes nouvelles. L'espoir au fond des chaussettes, la gorge nouée. Fierté ravalée, et on avance. Elle te regarde filer jusqu'aux livres, admire ton charisme alors que tu lui tournes le dos, ne peut s'empêcher de faire la comparaison dans sa tête, avec ces scènes de films, lorsque les puissances occultes s'apprêtent à être invoquées. Les ambrées ne lâchent pas ta silhouette, s'accrochent à ton mouvement oculaire tandis que les pages se tournent, les unes après les autres. - J'ai eu un copain pendant plusieurs années, et crois moi.. On a essayé. Tous les jours ou presque pendant un an. Il a fait les tests aussi, aucun problème de son côté. Et depuis cette histoire.. J'ai plus trop la fibre avec les hommes. alors qu'avec les femmes, c'est le contraire. Le feeling est facile, la peur moins présente et le contact physique, plus simple à offrir. A croire qu'un petit quelque chose s'est brisé lors de sa grande rupture. - Je te fais confiance Gigi.. s'il y a bien une personne avec qui cette affirmation prend son sens, c'est toi. Interruption haute comme trois pommes, de ta fille si adorable, bouille à croquer. A l'image de sa mère, tout simplement. - Je te rends ta maman très vite, c'est promis. s'autorise-t-elle à rajouter, effectuant un petit signe de main à son intention. De quoi faire fondre son battant, toujours plus alerte lorsqu'il s'agit des enfants. Les prunelles rejoignent leurs jumelles à la seconde suivante, sourire dessiné sur ses lippes, te signifiant que tout va bien. Chelsea est heureuse pour toi; ce bonheur, tu le mérites. - T'inquiètes pas, je comprends.. Si t'as besoin, un jour ou l'autre, fais moi signe. Je serais ravie de te dépanner. elle te dirait oui sans hésiter; pour ça, tu n'as qu'un coup de fil à passer.