Voilà le genre de projets que je ne peux plus te cacher. Sans doute que tu t'interroges, sur ce sourire persistant à mes lèvres, sur ses attraits inédits de légèreté. Ils ne ressemblent pas à Nova mais ils parlent bien de Lyra et depuis cette mort qui est venue me frôler, je me suis retrouvée. C'était un mal nécessaire pour m'aider à réaliser que je ne peux plus me détruire. Que je dois accepter d'être en vrai. La tâche n'est pas facile et les démons sont coriaces, mais j'y crois et d'ailleurs chaque jour je progresse. Je me suis fait cette promesse, de vivre ma vie à ma façon. En dépit des lignes obscures et claires communément admises. J'en franchis les limites sans même culpabiliser. J'ai le droit au bonheur et je le réclame. Notre établissement tourne, est renconnu et respecté. Je me sens à l'abri et je sais que tout ceci c'est aussi grâce à vous. On a tous travaillé dur pour en être ici. Finissant de me parer pour la soirée à venir, je t'ai demandé de passer me voir au bureau avant de prendre ton shift. On ne fait que se croiser et je veux qu'on ait un peu plus de temps aujourd'hui. J'entends frapper et d'un sourire, je lance un « Entre ! », finissant d'attacher un collier, puis glissant une lame le long de ma cuisse, on est jamais trop prudentes. « Joey ! Assieds-toi, je dois t'annoncer un truc. » Et je t'imagine faire tout un tas d'hypothèses dans ta tête, même si à mon visage, tu dois sans doute te douter que c'est plutôt pour une bonne nouvelle.

Vénéneuse et féminine, ta prestance arrose l'endroit. Tu aurais pu compter aisément parmi les rangs de mes filles et même Celle de la précieuse alliée, la reine même de la place. Mais tes mœurs ne sont pas assez douteuses pour autant t'incliner. C'est toujours une certaine part d'admiration qui m'étreint lorsque j'ai à partager ta compagnie Joey. Gamine amusée par tes doutes, qui viendra te malmener quelques secondes encore mais point trop. « Ne rêve pas. » Le regard est complice lorsqu'il vient étrenner celui de l'Altière. On ne sait que trop comme tu te repais des violences, des choses plus malsaines, de la rage qui gronde entre les ailes flétries de l'échine. Mais point ce soir. Cette nuit, on ne verra que les lumières, les douceurs, ces choses habituelles qui nous agacent parce qu'elles nous semblent trop lointaines. J'attends en silence que tu prennes place malgré la protestation de tes ongles enfoncés dans la chaise, de la tension perçue dans ton buste. « Tu as dû constater que j'ai changé depuis ce séjour à l'hôpital, et d'ailleurs je veux te remercier pour avoir été là, avoir pris soin du Sidh et de moi. » On est pas de ces femmes qui s'épanchent, qui viennent éclabousser l'autre de bons sentiments, mais tu sais parfaitement de quoi je veux parler. J'ai pris conscience de beaucoup de choses lorsque mon cœur s'est arrêté. « Je t'ai fait venir ici pour t'annoncer que je vais me marier... » Je ne peux pas m'empêcher de sourire davantage. Ça fait presque mal aux mâchoires tellement c'est surréaliste. « Avec Shayn. » Il ne me semblait pas vraiment utile de le préciser mais sait-on jamais, je t'ai connu quelques élans paranoïaques. « Et je voudrais que tu sois ma Demoiselle d'honneur  avec Horace. » Oui vous feriez un tableau plus que parfait. Idéal, à notre image. Je viens me poster sur mes genoux à tes pieds, gueule de gamine enfarinée et trop heureuse, paumes posées sur tes cuisses. « S'il-te-plaît Joey dis oui ! Je peux pas le faire sans toi à mes côtés. » Une petite moue façon Bain pour accompagner le tout. Je peux pas te faire une déclaration plus franche non ?

Deux mondes qui s'opposent, deux mondes qui se ressemblent. Femme aux facettes différentes mais complémentaires, opposées et similaires. Blessées à nos manières mais avec des défenses différentes. Tu es mon soutien, mon pilier dans ce monde trop bancale Joey. Je sais que tu t'étales ps question sentiments, mais tu es là et tu me le prouves à ta façon. « Certaine. » que je te réponds avec un sourire. Je suis jeune oui et notre couple l'est encore plus. Mais je sais que Shayn est le bon, celui qui m'est destiné. Peu de mois ensemble mais beaucoup d'épreuves qui nous ont rendu bien plus forts. « Je sais que les happy ends vont pas trop dans notre décor, mais pourquoi nous aussi on aurait pas le droit à des petites bulles de bonheur ? » Faire partie des méchants, est-ce que ça impliquait une atmosphère morose et perpétuelle ? On sait toi et moi qu'on est bien plus que ce rôle que le monde nous assigne. Que les frontières sont plus floues que ce qu'on définit et que chacun a le droit à sa part de bonheur et de malheur également. On est juste plus lucides que le reste. « Alors ? Dis oui. » Je me relève un peu, reculant mon buste pour observer ta réaction. Comme lorsque deux lionnes s'affrontent pour mieux faire preuve de tendresse quelques instants plus tard. T'es ma mentor, de bien des manières et je veux que tu sois là pour ce moment si spécial. Que tu brilles de mes lumières.

Je t'imagine pas dans celles qui se réjouissent mais de celles qui vont garder la tête froide, peser le pour et le contre, chercher la supercherie de l'histoire. Je t'en blâme pas, je t'apprécie même pour ça. Eau froide contre mes impulsions juvéniles, toi et moi, on a su trouver un certain équilibre. Et j'en serai pas là aujourd'hui si tu n'avais pas été à mes côtés. Sœur de caractère, protectrice, griffes de phalanges mais aussi farouche indépendante dont je ne peux que m'inspirer. L'impatience me gagne, de savoir si tu feras partie des rangs privilégiés pour ce moment unique. Je doute pas de la beauté de la parade avec toi et Horace à mes côtés. Tu te relèves, torturant mon impatience de tes doutes. Tu veux plus de détails, en bonne vorace, impliquée dans tes raisonnements et les réponses que tu pourras livrer. « Peu de temps après le mariage de Neal et Lukas. J'avais pris un petit logement près de l'océan, je comptais lui faire ma demande, mais c'est lui qui l'a fait avant moi. Sur l'eau. » Parce que c'est l'élément qui nous lie. « C'était en quelque sorte une demande mutuelle. » Je souris en t'observant, me relevant à mon tour, laissant mes phalanges se joindre entre elles pour masquer mon impatience et ma gêne. « C'était désespérément romantique. Je pense que t'aurais pu en vomir. » Rire qui s'échappe, parce que tu fuis ce genre de choses bien qu'au fond tu les aimes. Je le sais. Je vois comment tu le regardes. Mais l'amour fait peur, puisqu'elle est synonyme de l'attache. « Je suis prête. » Je le répète, bien que je sois jeune, je pense que les années ne m'ont pas épargné et que je n'ai plus de temps à perdre.

Dialogue qui se suspend à tes regards, mimiques appliquées et finalement viennent se réjouir pour mes nouvelles aventures. Tu seras ma garde, le bouclier dans ces affronts que j'impose à la vie. « Sur l'eau oui, sur une barque pour être plus précise. » Lieu où on avait aussi consommé pour la première fois, mais je me passe de ce type de détails sur notre union. Adoucie par ton sourire, je m'approche lorsque ta main s'ouvre, phalanges plus graciles qui viennent se poser sur la paume experte et féminine. Laissant entrevoir une bague au saphir serti d'une lune et d'une étoile. Une bague de grande valeur et parfaitement à notre image. « Alors ? » Il ne s'est pas moqué de moi, on peut le dire. Mon sourire se révèle, impatient, heureuse, la joie pur en fait. Tellement que ça éclabousse un peu et que j'espère ça viendra contaminer tes pores. « Et puis Dutch ne pourra que fondre en te voyant dans une belle robe de cérémonie. » On ne m'arrête plus dans les excès de romantisme. Pour ceux qui ne savaient pas que Nova la Reine cachait Lyra l'ingénue romantique, ça explose sans doute un peu au visage...