Non pas de demande en mariage, même pas de grands projets, forte d’une dose de whisky ingurgité, je voulais savoir juste si durant les demains, tu serais à mes côtés. Si on n’était deux, mais j’ai seulement pu voir que je n’étais pas assez. Pas grave, je suis habituée. C’est un fait récurrent, d’assimiler, j’ai eu le temps. « J'espère que tu fais tes demandes autrement. » Y a ton regard qui me brûle, mais pour palier ça, je souris avec toi. « Je jure que je suis sobre à chaque fois. » Comme si j’en avais fait des tas. Viens, on en rit, s’il te plaît, on n’en parle plus, on n’en parle pas. J’essaie même d’atténuer, je te souffle que ce n’est rien. Que je m’en suis remise, qu’on peut les séparer nos chemins. L’amitié, c’est bien. Même s’il y a tout en moi qui « Evidemment. » T’es le seul à les voir, mes faux-semblants. « C'est là que tu te trompes. Si j'en avais une, je te l'aurais dis. » Oui mais… Seulement je n’ai pas la force de le prononcer. Le débat, on n’a qu’à le laisser à cette journée-là.

Sauf que forcément, tu me lances une bombe. « Repose-moi la question, sur le nombre. » Comment tu veux que je m'en sorte ? Tu les connais les prémices ? Ceux qui piquent l’arête du nez ? Tu sais, ce qui te prouve d’avance que la personne va se mettre à chialer. Ce truc qui fait flancher la voix, qui me force à déglutir, parce que je n’ai pas envie de ça. Je suis obligée de détournée le regard pour te souffler ça, « Non, ça ira. » Je suis intolérante au fait de remuer des couteaux dans les plaies. « Ce qui compte c’est que tu prennes soin de toi. » Je rebondis, je renvoie la balle dans ton camp, avant qu’elle ne me brûle les doigts. Sois gentil, ne m’en veux pas. « D’ailleurs, je devrais te laisser te reposer. » La bouche dit quelque chose, elle est pleine de bonnes intentions, et la paume, elle, va chercher la tienne dans un besoin de te savoir résistant, vivant. Je ne sais pas pourquoi je lie mes phalanges aux tiennes, je ne sais même pas d’où ça sort, ma façon de me pencher vers toi. J’hésite avant l’impact, une fraction de seconde pour sonder ton regard, et aller t’embrasser sur la commissure de ta bouche, piètre courageuse, et te soupirer, caressant l'ovale de ton visage. « Je repasserai. » Je n’en suis pas certaine à dire vrai, c’est mon propre cœur que je souhaite ménager.

 

HARLEY-

Indélicat dans une boutique de porcelaine, qui en essayant de réparer quelques pots cassés par ses propres gestes, provoque des chutes en série. J'essaye la délicatesse, tu sais ? Je retiens mes doigts, je les adoucis, et même quand ils tremblent, je tente d'en maîtriser l'adresse. Sauf qu'à peine j'approche ce morceau arraché pour le recoller, que le reste de la relation se fissure. Alors je recule. Qui ferait autrement, je te le demande ? Mais tu vois, j'essaye. Je te souffle les bonnes questions. La mauvaise qu'il faudrait répéter, pour que cette fois, une réponse réelle en sorte. Affaibli par un cœur raté, j'te donne une marge d'avance. Je te souffle l'énoncé et je m'apprête à en apporter la solution. « Je jure que je suis sobre à chaque fois. » A ca, j'avais esquivé un : « Il faut peut-être revoir la stratégie. » Qui ne nous aidera en rien. Qu'importe. Qu'importe puisque j'avance, un peu plus certain. Sauf que toi aussi, t'es pas adroite. « Non, ça ira. » J'en fronce légèrement les sourcils, d'incompréhension. De ce menteur qu'on a arrêté de croire, et qui se demande pourquoi.  « Ce qui compte c’est que tu prennes soin de toi. » C'est ce qu'on va me sortir à présent, c'est ça ? Que l'important, c'est de prendre soin de moi ? Comme si le monde, les rancœurs et les espoirs déçus allaient disparaître juste parce que moi j'ai failli. J'cogite mais ça mouline pas aussi vite qu'avant, là-haut. Cerveau emmêlé dans les anti-douleurs, ces perfusions qu'on s'amuse à me remplir sans jamais m'expliquer quand ce cirque s'arrêtera. Rajoutez-y un peu de compréhension sur la gente féminine, parce que j'ai tendance à foirer mes pas quand ils se font vers elles. J'essaye mais j'dois viser à côté. Est-ce que j'ai tellement échoué que finalement, qu'importe le nombre, même s'il se limite à toi ?« D’ailleurs, je devrais te laisser te reposer. »  Le regard qui suit la fuite. Mais elle est belle. Faite toute en compréhension et empathie. Ca la rend pas plus agréable. Les caresses ne sont pas toujours douces, quand elles abrègent ce qui aurait dû perdurer. Que vient-on de faire, si ce n'est multiplier les points d'interrogations derrière nos noms ? « Je repasserai. » J'en esquisse un sourire, peu appuyé. « Je sais où te trouver. » Sauf que demain, je m'en irais. Extrait de cette ville qui me fait chuter, pour retourner aux presque origines. Laisse-moi simplifier les choses en sortant de cette foutue boutique, le temps d'apprendre à jongler avec la porcelaine.



 

HARLEY-