Sensible à l'art, aux volontés plus poétiques, à la transcendance que peuvent offrir nos dons à ce monde, je ne peux que t'encourager dans cette voie. « Ose alors. » Regard qui s'accroche au tien, j'incarnerai le rôle de modèle sans peine si cela peut t'aider à renouer avec ce loisir que tu sembles aimer. Et je suis curieuse de voir l'étendue de tes talents. Je les soupçonne grand, naturellement. J'opte finalement pour la troisième robe, celle qui me plaît le plus depuis le départ. On peut le dire, j'ai même carrément flashé sur elle. Mais je ne sais pas si j'oserai, exposer de la sorte mes courbes, camper une femme à la fois poétique et fatale. Et pourtant, c'est tout moi n'est-ce pas ? Et ce choix semble être le bon à voir ta réaction. Sourire spontané qui vient hisser mes lippes, laissant tes phalanges se glisser dans les miennes. « Tu penses ? » J'en rougirai presque. J'ai tellement hâte que Shayn puisse me découvrir ainsi. Et le rouge monte finalement aux joues lorsque tu parles de danse. Je flotte littéralement de bonheur, d'une joie douce. Je me pensais pas capable d'éprouver ces sentiments à nouveau. « Oui... je sais pas danser Dwayne, enfin les danses de vieux... » Je ris doucement, c'est pas que ça manque de charme mais on m'a jamais appris et je pense que Shayn ne sait pas non plus, alors c'est pas si grave. Regard complice qui vient te charrier un peu passage. « Tu m'apprends un peu ? » Parce qu'après tout, c'est de ton âge non ?

On verra pour l'penchant artiste plus tard, j'ai aucun doute là-dessus. Mais j'préfère de loin me concentrer sur le présent, et ta future robe de mariée. Des trois, celle de ton choix reste la meilleure, ça n'fait aucun doute. Notamment parce que j'sens qu'elle t'inspires quelque chose de plus profond, authentique. Tu brilles Lyra, et on sait tous les deux à cet instant qu't'es prête à t'envoler. Pour de bon. Ce mariage te permettra d'prendre l'impulsion, le reste viendra tout seul. Shayn sera fier de toi, comme j'le suis à cet instant. Comme un père verrait son gosse devenir adulte, la fierté illumine mes traits. T'as déjà tellement évolué depuis l'autre nuit, ça m'paraît dingue. Au fond, t'étais déjà prête à t'engager; fallait juste quelqu'un pour inciter ton coeur à battre, encore. " Certain. " j'pourrais mettre ma main au feu, cette fois. Ton bien-aimé a une chance incroyable, j'espère surtout qu'il prendra soin d'toi. De ton côté, j'sais que t'es prête; mais lui, j'ai pas vraiment eu l'occasion d'juger. On verra plus tard j'imagine, l'avenir m'dira. J'vais te faire danser, comme le bon cavalier que j'suis. Tu t'montres presque timide, et j'en découvre encore une facette, insoupçonnée. " Les danses de vieux ? C'manque de respect est affligeant. " à tout mariage, il faut danser, c'est comme ça. J'vais pas vous laisser sauter sur place, comme deux idiots sur une musique techno. Il faut d'la magie, du rythme; de l'émotion, des sensations. " La comptine d'un autre été, s'vous plait. " ai-je demandé à la vendeuse, hochant la tête avant d'revenir vers toi, glissant une main contre la tienne, l'autre passe contre ton dos; comme quoi, j'suis encore capable de mêler fermeté et douceur à mes gestes. " Suis mon corps, et laisse la mélodie t'guider. Ressens là, comme tu ressens la poésie. " et j'réalise, à l'instant même où j'invite la démarche, que t'es ma première danse depuis Tan'. J'réalise qu'on dansait déjà sur c'même morceau, et qu'elle accompagne nos pas. Dès qu'le piano s'emballe, j'perçois cette petite larme contre ma joue; invitée surprise d'un instant mémorable. C'est fluide, j'en oublie même les lieux, le reste; mon corps guide naturellement l'tien à chaque enchaînement de pas, et on tourne soudainement d'plus en plus vite. " Je t'aime Lyra. " c'est sorti avec les dernières notes de musique, comme un reflet de c'que j'peux faire de mieux. Pour c'moment, qui est l'notre et qu'on pourra pas nous enlever. Je t'aime comme deux âmes, je t'aime aussi pour Tanwen; je t'aime pour ceux qui sont partis trop tôt, ceux qu'on porte naturellement là, dans l'myocarde entêté, muscle fragile.      

Tu es tout de ce dont j'avais besoin pour être rassurée. Regard masculin et neutre, mais aussi bienveillant. Quelque part entre le père, le frère, l'ami loyal. J'ai jusqu'à longtemps redouté les hommes, leurs vices, mais quelques uns s'étaient frayés une place de choix et de confiance dans mon cœur, et tu en faisais partie. Je ris à ta réplique. « T'es pas un jeune premier Dwayne désolée. » Et je te vois assez traditionnaliste sur ce point quand moi j'ignore tout de ces rituels, mais je trouve ça chouette de les apprendre avec toi. Je ploie le genoux dans une révérence improvisée, le rose aux joues lorsque tu viens m'inviter et que le piano de Tiersen retentit. Musique que j'ai souvent écouté malgré tout. Je me contente de ressentir le moment, cette alchimie qu'on partage, une bulle de douceur dans nos chaos, comme souvent. Main prise dans la tienne, la danse est délicate et tendre, surprenante pour nos silhouettes mais finalement à notre image. Deux écorchés qui s'apprivoisent et s'adoptent dans les plus surprenantes tendresses. « Moi aussi Dwayne. » Baiser que je viens déposer sur ta joue alors que j'imagine les tourments qui te gagnent. J'ai pas besoin de savoir à qui tu penses, je le sens. Alors, je me contente de prendre tes deux mains dans les miennes et de te ramener doucement à notre moment, parce que le reste continue et elle veille sur toi, prend garde à ce que tu prennes le train en route, à ton rythme. « Cette robe est parfaite et tu es parfait aussi, merci. » Soulagée d'avoir la bonne tenue pour mon mariage, je réalise que bientôt tout ceci sera concret et mon cœur se gonfle d'une muette reconnaissance, à ton égard et à la vie plus largement.