Habituellement, cette période de l'année est un véritable enfer pour moi. Elle me rappelle l'absence, le vide provoqué par la perte de ma famille et l'omniprésence de cette solitude. De quoi briser le cœur des plus insensibles dans les chaumières, comme le malheur étreint la petite Bain. Mais cette année, c'est différent. Je prends conscience de la chance que j'ai d'être encore en vie. D'exister dans ce monde. Et surtout de pouvoir être aux côtés de l'homme que j'aime. Il ne faut jamais lâcher, jamais abandonner. Parce que finalement, la vie sait offrir aussi des cadeaux qui dépassent nos plus folles espérances. C'est ce que j'aimerais te dire Dwayne. L'espoir que j'aimerais insuffler dans tes orbes hantés des traumatismes. Je ne reconnais que trop bien cette lueur. Elle a longtemps été aussi ma seule famille. Mais tu en fais partie désormais. Je me suis remplumée. J'ai repris quelques forces. Je reste fluette mais je semble plus vaillante, plus affirmée. Après tout, il paraît que l'amour donne des ailes. Je t'ai convié aujourd'hui pour que tu m'aides à choisir la robe de mariée. Normalement, on partage ça avec une mère, une sœur. Mais c'est toi que je désirais à mes côtés. Mon ange obscur. Tenant deux gobelets dans mes mains frêles, je te rejoins à l'angle de la rue que je t'ai indiqué quelques heures plus tôt. Ton éternelle clope aux lèvres et ton air prêt à menacer n'importe quel intrus. Je souris. Parce que finalement, j'ai pris conscience que je sais encore le faire. Te tendant un des deux contenants chaud et fumant. « Je t'ai pris un regular, sans sucre, je me suis dit que tu n'étais pas du genre à adoucir les choses. » Et j'espère ne pas me tromper. Mais c'est ainsi que je te vois. « Je suis trop heureuse de te revoir Dwayne et contente aussi que tu sois là pour m'aider à choisir. » La robe de mon moment, tout de même ce n'est pas rien. « Comment tu vas ? » De ça aussi, je m'inquiète et j'espère juste t'apporter un peu de légèreté dans tes tourments.

Les fêtes de fin d'année, cette saveur amer qu'ça me laisse en bouche depuis deux ans; j'suis pas vraiment ravi d'y revenir, mais j'oublie pas qu'il y a Jared dans l'équation; mon p'tit bonhomme encore innocent. Pour lui, j'me dois d'être à la hauteur. Il aura droit à cette magie si précieuse, qu'les gosses adorent. Il aura droit aux paquets cadeaux, à l'histoire du grand monsieur avec sa barbe blanche; et aux p'tits lutins paumés sur une autre planète. La totale. Pourvu qu'il en prenne plein la vue. Pourvu qu'il reste à l'abri d'mes emmerdes, de mes préoccupations; ces histoires d'adultes que j'voudrais voir disparaître à l'aube d'une nouvelle année. J'me rapproche du but, et c'est même maintenant que j'suis le plus prudent, pour n'pas éveiller les soupçons, ne pas faire fuir ma cible. Albus est l'seul qui soit au courant de l'histoire, dans toute son ampleur; j'laisse les autres - et surtout toi, ma protégée - en dehors d'cette merde. J'attendais de tes nouvelles, avec une impatience non dissimulée, à prier pour qu'ton cher et tendre fasse pas l'con, qu'il te dise oui et qu'on s'retrouve tous, avec une fête à célébrer. Aujourd'hui, c'est un grand jour pour toi; dieu sait qu'j'aurais pas manqué cette occasion, surtout qu'elle aurait dû revenir à ta mère, et non à ma petite personne. Le choix d'la robe du mariage, j'en vibre par avance. Je t'ai connue au plus mal, et j'pèse mes mots; alors te voir approcher, sourire aux lèvres, avec ta bouille de jeune femme heureuse, ça m'fait un truc. T'as déjà fait l'plus dur, depuis ce lit d'hôpital; t'es une vraie battante, Lyra Bain. Un sacré bout d'femme qui s'apprête à goûter au mariage; autant dire qu'tu vas croquer dans l'bonheur à pleines dents. " Suis-je donc si prévisible ? " et j'en étire un sourire, amusé; te remerciant d'un signe de tête avant d'porter la boisson chaude à mes lèvres. T'as raison, j'aime quand l'quotidien me bouscule, j'aime ce p'tit mordant qui rend la vie intéressante. " C'est un plaisir Lyra. Au passage, je m'excuse d'avance pour l'essence de ma critique. " j'ai tendance à être cash, tu l'auras compris. Quoique, pour toi, un effort m'semble être de mise. " Pas plus mal que l'autre nuit. " autant dire que ça n'peut être que mieux, pas vrai ? T'es peut-être la seule qui accepte réellement ma noirceur; chaque seconde avec toi m'semble plus légère, rien qu'pour ça. " T'es prête ? " c'est l'une de tes journées, ça restera dans nos têtes, on l'sait. T'as l'air plus sereine, t'as l'air d'avoir trouvé l'juste équilibre à ta vie, et j'en suis réellement heureux. Clope écrasée dans l'fond du gobelet, mon bras s'invite dans ton dos; réflexe conservé depuis le lit, notre instant de proximité. J'ai hâte qu'on s'mette à la tâche; ça promet d'être épique.  

C'est aussi étrange que véridique à dire, t'es devenu un de mes repères. Un point central dans cette nouvelle que je m'efforce d'être. Autrement dit, moi-même. Oscillant entre le clair et l'obscur, si les funambules voient leur équilibre devenir précaire, j'ai aussi appris que la chute permet la relève. Il en faudra davantage pour m'abattre et si le sort pensait pouvoir se débarrasser de Lyra Bain, il n'a en réalité que permis l'ascension d'une nouvelle force. Douce et tranquille mais efficacement redoutable. On ne me donnerait pas les traits de l'Assassine quand je campe ainsi le rôle de la gamine promise, tendant un gobelet fumant au sauveur inespéré. L'Ange déchu qui semble ignorer jusqu'à ses propres ailes. Il les pense happées au cœur de l'échine d'un amour éteint par une destinée fataliste, mais moi je sais qu'elles sont solidement attachées à tes épaules, elles n'attendent que ta conscience pour éclairer le reste. « Dans ce domaine, on va dire un peu. » Loin de moi l'idée de t'affubler d'un frappuccino ou toutes ces boissons emplies de sucre et de crème. Mon sourire se révèle léger, comme toujours lorsqu'il est empreint de sincérité. « Je ne cherche pas les compliments mais un avis objectif. » Et c'est parfait que tu ne prennes pas de gants, qui plus est, un regard masculin sera toujours le bienvenu. « Pas plus mal, c'est déjà quelque chose. » Mes sourcils se froncent sous cet effort exaspéré de positivisme. Cela ne me ressemble pas trop mais je ne viendrai pas te reprocher une humeur maussade, on ne s'en débarrasse pas si facilement. « Plus que prête. » Je ne peux pas réaliser encore la réalité de la chose, tout ceci est encore si étrange à mes yeux, un semblant de normalité qui revient dans une vie qui s'en passe depuis presque trois années maintenant. « C'est ici. » La boutique est luxueuse sans en faire trop, mais j'ai le trac. « Dois-je dire que j'ai scrollé leur site une bonne partie de la nuit ? » Et que les vendeuses se demanderont sans doute ce qu'on fiche ici. On semble trop abîmés pour les bonheurs, pour les moments festifs, mais il n'est jamais trop tard pour embraser les enfers de nouvelles lueurs.

J'imagine que t'as pas encore idée, du bien qu't'as été en mesure de m'insuffler. Tout n'est pas rose depuis, loin d'là même, mais il y a du mieux. Chez moi, ça se caractérise simplement par l'envie d'profiter, de Jared, de toi, et des quelques autres qui forment mon cercle du moment. C'est un pas énorme en avant. J'ai pas songé à en finir depuis cette nuit là, et j'crois que l'idée ne reviendra pas de sitôt. T'as donné un autre sens à tout ça; t'es comme une soeur que j'refuse simplement d'abandonner, comme une fille que j'ai pas eu la chance d'avoir; ma protégée, prête à s'marier. J'crois qu'on est simplement, un reflet de l'autre, puissant. Derrière nos apparences se cachent des facettes plus obscures, prêtes à faire brûler ce monde, si nécessaire. Et j'peux jurer, sans même te connaitre complètement, que t'es plus forte que jamais. Enfin complète, en accord avec l'ensemble de ta personnalité. Ce n'est pas mon cas, mais j'y travaille. La lueur de l'aube ne pointe pas encore devant moi, et peu importe, les ténèbres me conviennent pour l'instant. " Tu auras les deux. " puisqu'on ne sortira pas avant d'avoir trouvé la robe idéale. Ma critique sera franche, autant que mes compliments. " En effet. " je ne chercherai pas à atténuer cette vague positive, puisqu'elle te profite présentement. Ce n'est pas une journée pour faire la gueule, et je saurais être emballé en temps voulu; cela dit, n'va pas douter de ce bonheur que m'offre ta présence. " Alors allons-y. Lance toi. " c'est peut-être flippant, mais ce bonheur en vaut la peine. J'pense pouvoir dire que j'suis aussi impatient que toi, à l'idée de te voir, accrochée à mon bras. " Ca m'rappelle quelqu'un, c'est drôle. " souvenir léger d'une nuit passée avec Tanwen, à être réveillé toutes les deux minutes pour obtenir un avis sur une nappe, des couverts, des illuminations; tout c'qui pouvait, à l'époque, lui faire plaisir. Je t'imagine sans mal dans ce même rôle, Shayn à ton côté. Porte que je t'ouvre, t'invitant à découvrir la boutique de tes propres yeux cette fois, saluant d'un signe de tête les vendeuses, glissant à nouveau mon bras dans le bas d'ton dos. " Alors, puisque tu as scrollé.. J'imagine que tu avais repéré quelques tenues ? " il est temps de faire briller tes opales, d'incarner la princesse de tes rêves, de permettre au tissu d'habiller tes courbes. Et j'avoue, cette fois, l'impatience de te voir en robe pourrait avoir, également, raison de moi.   

Guerrière qui retrouve ses parures de gamine, les plus inoffensives en ta compagnie. Tu as su faire émarger de ma personne les plus beaux atours, ressusciter la part de lumière. Dans ton souffle, c'est le mien qui est venu clamer son envie de vivre alors ça me semblait naturel que tu viennes partager ce moment plus que spécial. Les vendeuses se demandent sans doute la raison d'un duo pareil dans leur boutique, habituée à voir les futures mariées avec une compagnie plus féminine mais cela m'importe peu. « Je compte sur toi. » dis-je avec un petit sourire et je sais que je peux le faire. Te confessant au passage que ces préparatifs un brin futiles prennent le dessus sur mes nuits, je tiens à ne pas trop embêter Shayn avec les détails ou qu'il prenne la fuite en constatant une obsession trop romantique pour nos ténèbres. « Ah oui ? » mon regard se tourne vers le tien. Qui je te rappelle à cet instant ? Sans doute quelques vestiges de ta propre union. Cela pourrait me gêner mais à l'évoquer tu révèles un sourire, je suppose donc que ce sont de bons moments. « Effectivement... je vais essayer plusieurs styles mais j'en ai un en tête. » Je vais pas faire l'impasse sur le reste parce qu'entre les fantasmes et la réalité, on peut être surpris. La vendeuse nous installe dans un petit salon privé d'essayage et je repère quelques robes à essayer. Ils te fournissent boisson et le reste, on va lâcher pas mal de dollars alors c'est normal. Je disparais avec le premier modèle à essayer. Fébrile, excitée, réapparaissant quelques instants plus tard dans cette robe, je suis toute timide en t'apparaissant ainsi parée. J'ouvre mes bras et fait un petit tour, dans la robe classique à souhait. « T'en penses quoi ? » C'est si étrange et à la fois si excitant.

Comme partagée entre tes facettes, l'étoile aux deux visages. Je n'ai pas vraiment rencontré tes nuances plus obscures; je n'considère pas l'instant sur le toit comme tel, puisqu'il s'agissait en fait, de ta renaissance. Parfois, j'me demande c'que ça ferait, que d'être confronté à Lyra Bain, dans sa version tourmentée, éprise du sang et du chaos. Et puis, l'évidence s'affirme toujours à moi, dans c'te même finalité: t'es une putain d'badass. Claire ou obscure peu importe; t'as cette prestance que j'admire, que j'trouve formidable, surtout à ton âge. C'est clair qu'on forme un drôle de duo pour des essais d'robe de mariée, c'est clair qu'les vendeuses ont dû froncer les sourcils dans notre dos; I don't care, j'peux jouer n'importe quel rôle pour toi, j'suis prêt à ça pour t'offrir le bonheur qu'tu mérites. J'ai conscience qu'le mariage est un évènement à part, que l'excitation et l'envie qu'tout soit parfait vous pousse - oui, mesdames, vous êtes les concernées - à tout vouloir gérer et ce, même en pleine nuit; cela dit, belle Lyra, tu dois aussi songer à ton repos, ton organisme en a encore cruellement besoin. " Elle avait une idée bien précise de c'qu'elle voulait, chaque p'tit détail comptait et pouvait nous ramener à la case départ. C'était.. Nuit blanche sur nuit blanche. " et comment protester ? " Elle m'demandait souvent de dessiner pour visualiser; des verres, des gâteaux, des décorations.. J'saurais même pas dire combien de croquis j'ai pu réaliser. " mais c'était mignon, et c'est tout c'qui comptait. J'étais ravi d'participer à ma façon, ravi d'faire ça pour elle. Alors oui, ces souvenirs m'arrachent de joyeux sourires; ils sont d'ces instants plus légers, que j'garde précieusement en tête. " Okay.. Alors allons-y. " j'te suis dans la pièce dédiée aux essayages, jette un coup d'oeil aux robes proposées; y a l'choix, aucun doute qu'on va trouver ton bonheur. Une première est sélectionnée, et j'patiente comme si j'attendais la nouvelle la plus urgente qui soit; un pied donnant la mesure contre le sol, mains jointes contre ma barbe. Et lorsque, enfin, tu apparais, j'en lâche un " wow " impressionné; j'me retrouve gonflé de fierté, parce que putain, t'es magnifique même si la robe est à chier. C'qui me marque, c'est ton visage; ta sensibilité, c'que t'affiches sur l'instant, c'est précieux. " Toi, t'es canon. Par contre la robe.. J'ai l'impression qu'tu t'es mise dans un rouleau d'essuie tout. Pour moi, c'est next. " et c'est pas méchant, mais j'te vois pas défiler à l'église là-dedans. " Cette robe te met pas en avant.. T'as des atouts, le tissu doit pas les masquer. " j'dis ça comme si j'étais un pro' en la matière; au fond, qu'est-ce que j'y connais ?    

Toujours sereine et calme lorsque je suis en ta compagnie. T'as ce pouvoir de m'apaiser et je sais que la réciproque est sûrement vraie. Me plaisant à t'écouter me parler d'elle, cet amour que tu as perdu mais que tu as tellement aimé. « J'ai l'air d'être une petite joueuse à côté. » Je souris doucement parce que le mariage occupe mes pensées mais j'arrive encore à me focaliser sur le reste. Il y a sans doute des détails auxquels je n'ai pas pensé mais j'apprends par le détour de la conversation que tu dessines. « Je ne te savais pas artiste, tu me montrerais ? » J'ai toujours eu une certaine forme d'admiration pour les personnes capables de dessiner. Je n'ai aucun talent dans ce domaine malheureusement, mes lignes étaient plus apprivoisées pour l'écriture. Et puis vient l'instant d'essayer la première robe. J'opte pour le classicisme ultime, la robe bustier. Je suis quasiment certaine de ne pas vouloir la prendre mais ça me paraît évident qu'il faut essayer ce modèle. Ton commentaire me fait hausser les sourcils et arrache ensuite un rire amusé. « Effectivement t'es cash. Mais je veux pas que ce soit vulgaire pour autant. » Il faudra quelque chose entre le classique qu'impose la cérémonie avec une touche de sexy et quelques halos d'innocence. Je me hâte donc de rejoindre la cabine et avec l'aide la vendeuse de passer la seconde robe avec une coupe déjà plus distinguée. « Et celle-ci ? » Est-ce qu'elle correspondrait mieux aux attentes ?

Je n'cherche surtout pas à effectuer de comparaisons entre vous; deux âmes si différentes, chacune lumineuse à sa façon. Tanwen était à peine plus vieille que toi, lorsqu'elle m'a dit oui sous cette banderole; à l'époque, on avait pas d'autre préoccupation en tête, c'était aussi simple que de s'dire oui face à un prêtre. " Simplement différente, parfaite à ta manière. " Tan' n'avait pas goûté aux noirceurs comme toi; vos expériences sont opposées sur certains points, mais c'est bien la force de l'amour qui prime à l'arrivée. J'en aborde indirectement l'sujet de l'art, ma passion pour l'coup de crayon, que j'garde plus ou moins secrète. " Avec plaisir, oui. Il faut seulement que j'remette un peu de couleur sur mes pages. " c'est fou comme le noir s'invite facilement sur la feuille, lorsque l'coeur n'y est pas. J'me suis rabattu sur de p'tites réalisations, concernant des enquêtes ou autres interventions; rien qui n'représente du positif, un semblant de lumière. Des cendres, des corps marqués par la souffrance, rien d'foncièrement joyeux. Mais ça changera, j'le sens. Plus tard. Peut-être que j'voudrais te dessiner en robe de mariée, qui sait ? Bon, par contre, pas avec la première. J'ai peut-être été un poil trop brutal, et j'le regrette dans la s'conde. T'es une belle femme, l'habit doit t'mettre en valeur; voilà l'fond de ma pensée. " Ce sera pas vulgaire.. Il faut un juste milieu, voilà tout. " j'en suis convaincu, il faut jouer sur la finesse de tes courbes. Et puis, tu ressors avec la deuxième robe. Et là, j'reste silencieux une seconde, comme frappé par la foudre. Phalanges portées à la barbe, j'reste - littéralement - sur le cul. " Je... Wow. Lyra, c'est.. " nouveau silence, j'prends la peine de m'lever pour l'occasion; ma main glisse contre la tienne et j'te fais tourner sur toi-même, comme pour une répétition de danse. Mes doigts glissent contre tes joues et j'en pose un baiser, délicat et particulièrement chargé en émotions, contre la douceur de ton front. " T'es magnifique. J'ai pas d'autre mot en tête. " j'pourrais parier que t'as trouvé ta perle rare, mais il y a peut-être d'autres modèles qu'tu voudrais essayer. J'en ravale une larme de fierté, offre un sourire idiot à la vendeuse, qu'à bien remarqué qu'j'ai failli pleurer, avant d'me rasseoir. " Tant qu'on y est.. Essaie-en d'autres. Mais celle-ci, j'la garde de côté. " c'est un coup d'coeur, j'avoue; et ce sera probablement difficile d'faire mieux. Mais comment pourrais-je résister à l'envie d'te voir un peu plus dans des tenues similaires ?     

Je te souris comme souvent en ta compagnie, à croire que dans tes ombres, ma joie se retrouve en réponse. « Merci. » Je suis différente d'elle oui c'est une certitude, mais je n'en souffre pas. Je les assume ces parts de noirceur, ces enfers qui viennent sculpter les volontés elles, plus célestes. Parce que quoi qu'on en dise, nous appartenons aux deux mondes. Ici, réside la condition humaine. « Oh j'ai hâte de voir ça, j'ai toujours envié les personnes douées pour le dessin. » Je suis ce qu'on appelle une Visuelle mais sans avoir aucun talent dans le domaine. Pourtant je suis sensible, à la beauté des images, je les traduis simplement autrement. J'essaie la première robe, somme toute classique, avant d'opter pour une deuxième dans laquelle je défile devant toi. « C'est vrai ? » dis-je avec un léger rouge aux joues. M'observant également, il est vrai que j'aime plutôt le résultat, même si à cet instant, j'ai cette impression que ce n'est pas moi. J'ose un tour sur moi-même. « J'en ai une vraiment que je préfère, je l'ai gardé pour le troisième essai. » J'ai résisté à l'essayer immédiatement, mais je sais qu'au pire des cas, celle que je viens de mettre est une option valable. « Bouge-pas. » dis-je en riant. Comme si t'allais prendre la poudre d'escampette. Je réapparais quelques minutes plus tard finalement dans cette robe. Elle correspond réellement à ce que je m'imaginais pour mariage. Me tournant pour que tu le vois, une nouvelle fois . Je n'ose rien dire, un peu émue de me voir ainsi, mais avec cette sensation tacite, de vraiment être moi. Posant mon regard, sur le tien, j'attends fébrilement le verdict.

Tant de choses encore à partager, et c'est là l'aspect que j'préfère à notre relation. Des ombres et des lueurs, nous tiront finalement expériences et profits. Autant pour nous-même que pour l'autre, une histoire parfaite à double sens. " Si j'ose, tu pourrais représenter mon prochain modèle. " j'en serais d'ailleurs honoré. Voilà une éternité qu'un visage ne s'est pas invité sur ma planche; personne depuis Tanwen, comme pour bon nombre d'autres choses. Aux essayages, je n'suis qu'un piètre spectateur, peu enclin aux critiques constructives. La première robe vient d'en faire les frais; faut dire qu'elle ressemblait plutôt à un rouleau d'papier toilette. Chacun ces goûts, n'est-ce pas ? La deuxième, en revanche, me donne cette agréable chair de poule, ce véritable frisson en provenance directe du coeur. " Tu es superbe, sincèrement. " celle-ci te va à ravir, et pourtant.. Il y a un hic, j'le sens. Dans ton ressenti, peut-être. Dans l'image qu'elle te renvoie ? Je l'ignore, mais tu n'sembles pas encore certaine et ça fait toute la différence, selon moi. " Va pour le troisième essai. " puisqu'on est là pour ça. Bouge pas, comme si j'allais partir en courant. J'en lève les yeux au ciel, amusé de t'voir excitée, dynamique; princesse sortie de ces propres cendres pour accomplir ces rêves. Et lorsque, enfin, tu réapparais, je reste d'abord sans voix, comprenant sans mal pourquoi t'as gardé ce choix pour la fin. Parce que toi même, tu l'sens. C'est presque magique, comme si la robe se mariait parfaitement à la femme qui la porte. " Celle là. " dis-je en me levant à nouveau, ému de te voir ainsi vêtue. Cette robe n'est qu'une extension de ta beauté, elle te correspond en tous points. " Celle-ci. " j'me répète en approchant, glissant mes phalanges contre les tiennes, invitant ton corps à approcher du mien. " Un peu de musique, s'vous plait ? Que j'fasse danser l'étoile ici présente. " la vendeuse semble surprise, mais devant mon air convaincu, se contente d'acquiescer. " Tu m'accordes cette danse ? " paume de main ouverte, prête à accueillir tes phalanges au dedans, en bon cavalier que j'me dois de représenter. Comme une répétition pour l'grand jour, tu vois l'idée ?