Elle n’a plus qu’une seule chose au creux de son esprit, l’idée, le besoin et l’envie de partir d’ici. De retourner dans sa chambre pour le reste de la soirée, et chercher une solution afin de le quitter. Elle n’aurait jamais dû accepter de venir passer ces journées de convalescence à ses côtés. Assaillie par les mots prononcés par Piotr, par Riley… Il y a sa respiration qui est obstruée. Elle espère, pour rien. Elle est là, elle l’aime, l’attend, en vain. Haiwee qui a cette foi qu’aucun ne peut ébranler, se retrouve amoindrie par la faute de ces sentiments qui ne sont pas partagés. C’est un sens unique, depuis de longs mois, et ça prend fin ce soir, parce qu’elle souffre, qu’elle n’y croit plus, n’y croit pas. Il a réussi l’exploit d’abîmer son cœur, une seconde fois. « Et en langage terrien ça donne quoi ?! » Il s’invective alors elle en retourne son visage afin d’essayer de croiser son regard du sien, incontestablement assassin.

Si elle, elle a pris le soin de déguiser cette insulte qu’elle peine à assumer, car elle est une colombe, un signe de paix, lui, ses attaques, elles ne sont pas teintées d'opacité. Elles viennent, elles claquent. Elles frappent, et elle est épuisée de se prendre des baffes. Cet acte, cette déloyauté, sa passion à son égard, aussi importante soit-elle, à l’évidence, elle ne l’efface. « Ca donne… » une brève hésitation, elle en pose sa main sur la poignée de sa porte, qui n’est pas la sienne, et l’impression de ne pas se trouver chez elle, lui brûle les veines. Dès le départ, elle n’a jamais été faite pour être là. Elle voulait s’essayer à cette vie qui la faisait tant rêver, mais elle entend les paroles que lui susurreraient ses parents, s’ils voyaient l’état qui habille les traits de leur unique fille maintenant. « que tu peux aller te faire foutre. » L’entrée de la pièce est ouverte, prête à disparaître, et pourtant, l’ingénue plus rien ne l’arrête. De t'aimer, elle le regrette. « C’est assez terrien ? » Si éloignée du respect inculqué par ses anciens. Elle se déteste d’être autant transformée que cela, une poupée qu’elle retire de ses doigts. Haiwee, elle ne souhaite plus jouer avec toi.     

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Elle ressent son sang battre dans le moindre de ses membres, elle bout intérieurement, si bien que son esprit s’en devient de plus en plus dément. Le choc qu’elle lit sur le visage de l’étudiant ne l’atteint pas, parce que sa vue, elle est brouillée par ce mélange de déception et de haine. Ca brûle, putain, dans ses veines. Ça se multiplie, même, quand il agrafe à l’insulte sa pensée. « Bravo. Très gracieux, » Parce que ce que toi, tu as fait, ça l’était ? Lui mentir. Lui cacher. La trahir. Et la blesser. La laisser cultiver ces sentiments dont tu te contrefous à longueur de temps ? Lui montrer combien elle peut être conne de s’être attachée. D’avoir espérer.

Pourtant c’était limpide, sentimentalement parlant, il n’a jamais rien promis, mais elle a pensé naïvement que c’était en silence qu’ils l’avaient écrit. « J’vois même pas pourquoi on en parle. » Parce que cette photo, elle a été envoyée dans le but de la blesser. Car elle est au milieu d’une guerre qu’elle n’a pas demandé. Parce qu’elle a pris conscience de leurs différences, et qu’elle n’est tout simplement pas faite pour la perfidie qui règne dans leurs existences. Ils en parlent… puisqu’elle estime qu’il a fauté, que la confiance est brisée. « Je baise qui je veux » Soit. Cinq mots et il achève d’embraser le feu. Lui rappeler qu'ils sont loin d'être un couple, tous les deux. Grand bien lui fasse, de baiser toutes les garces de l’université, mais dans la partie de carte, Haiwee préfère se coucher.

Alors elle disparaît derrière la porte de la chambre qu’elle ne considère plus sienne. Le dos collé à cette dernière, elle frappe plusieurs fois de son poing fermé, laisse les larmes d’énervement couler. Elle recherche rapidement dans la liste de contacts de l’arme du crime le prénom d’une amie, peut-être la seule qu’elle possède ici. Malgré ses phalanges tremblantes, dessus celui-ci, elle appuie. L’appel est rapide, remplis de pleurs et de rancœur, passablement compréhensible aux oreilles d’Elinor. De sa volonté de rentrer chez elle, de partir de chez lui. Quitter cet appartement où elle ne se sent plus légitime à présent. S’enfuir, à tout prix. La conversation s’achevant sur le billet d’avion offert afin de réaliser ses volontés, bien que ce soit pour Londres qu’il est destiné. Qu’importe, une fois sur place, dans deux jours, Haiwee saura la convaincre de lui avancer celui de retour à sa contrée.

Durant ces deux journées, dans cette pièce, elle a erré, elle a fait ses affaires, récupérant le peu de choses accumulées chez lui, elle a tout fait pour l’éviter, pour ne pas le croiser. Deux jours à ruminer le fait que pour lui, elle n’a jamais compté. Le cœur enseveli dans sa valise, chaque morceaux brisés enfermé. Elle est partie, sans se retourner.

FIN DU RP   

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