Cette petite guerre anime autant qu’elle peut me lasser, et pourtant, je suis toujours prêt à repartir sur le champ de bataille et l’affronter. Les mots qui blessent font partie intégrante de notre quotidien, de cette relation qu’on cherche autant à détruire qu’à protéger, et pourtant, il y a de fines limites. Des sujets que l’on sait intouchables et qu’elle n’a pas hésité à choisir, pour un simple verre descendu en son absence. Peut-être aurait-il fallu rester, si elle tenait temps à me garder sobre pour la soirée. Je ne repars cependant pas dans cette discussion que nous avons eu, le soir même, ne souhaitant pas voir les choses se terminer de la même façon, avec Liam pour témoin de nos petits drames pathétiques en comparaison au sort qu’il lui a été réservé, des années plus tôt.

Un bras autour de ses épaules, le deuxième l’englobe lorsque Wendy ne me repousse pas alors que mon menton vient se poser sur le haut de son crâne. J’expire lentement, interdit et surtout bien incapable d’ajouter quoi que ce soit. « J’interdis de me lâcher. » Jamais. Je le pense, exerce une pression autour de son corps frêle, mais ne dit mot. Balle au centre, à nouveau, mais Witter va devoir y mettre du sien aussi car si elle m’a manqué, ces vingts derniers jours, je n’ai aucun regret sur ma décision de me tenir à l’écart après ses mots tranchants.  « Je n’aurais peut-être pas dû dire ça, ce soir-là. » Lèvres pressées l’une contre l'autre, je baisse les yeux vers elle et retiens un soupir face à ce qui ressemble de très près à des excuses. Le mieux que j’obtiendrai de Wendy, pour sûr. « S’il y a une personne à qui je refuse de me justifier à ce sujet, c’est toi. » Parce que j’ai besoin qu’elle me fasse confiance, qu’elle en soit convaincue, sans jamais avoir besoin de l’entendre de ma bouche. De toutes les personnes de mon passé, elle est l’unique à être restée sans remettre ma parole en question et si notre relation a grandi, avec le temps, c’est avant tout pour cette raison qu’elle a pris une place particulière. Wendy est en droit de questionner mes choix, mes actions, et même ma franchise. Il n’y a aucun doute sur le fait qu’elle continuera à le faire, à l’avenir, mais j’espère ne plus jamais avoir à répondre de mes actes à ce sujet.

Le regard dans le sien, je viens effleurer ses lèvres sans y goûter tout de suite, savourant ces quelques secondes en suspens, l’attente qui ne fait qu’accroître le désir. Dans un soupire, je trouve ses lèvres, ma langue s'immisçant entre celles-ci pour aller danser avec la sienne. L’avoir vue boire ne change rien à ma surprise de trouver ce goût amer sur la bouche de Wendy, parce qu’elle ne m’y a jamais habitué. « On rentre ou t’aimerais rester encore un peu ? » Je demande sans éloigner mon visage du sien. Je ne sais pas elle, mais moi, j’ai très envie d’elle. De nous, après plusieurs semaines de privation, mais je ne peux pas lui dire clairement - ni décemment - sur la tombe de son meilleur ami.