Sous l'emprise de mes failles. Je me sens ridicule. Dans un état presque second encore. Naïve de pas avoir eu la présence d'esprit de me méfier. Pourtant, je fais souvent attention à ce genre de détails d'autant plus lorsque je suis seule, mais hier soir j'étais trop contrariée pour m'en soucier. Je voulais juste oublier et ça a faillit me perdre. Lorsque je suis sortie d'observation, j'aurais pu retourner me réfugier chez Zack, mais j'ai oublié mon chargeur à l'appart et j'ai comme une envie de voir Jared. De trouver un endroit sécure et rassurant. Et malgré tout le merdier entre nous, tu me l'apportes Dwayne. Je suis étonnée que tu te sois pas plus inquiété de ça de mon absence à la garde car tu sais que c'est pas dans mes habitudes de manquer à l'appel. Mais on s'est embrouillés toi et moi, une fois de plus. C'est compliqué. La grosse merde même entre nous. Et ça me rend dingue que tout parte en éclats de cette façon. Là, j'ai juste envie de retrouver mon ami, de retrouver ta solidité. Mais t'es trop mal pour en faire preuve et je dois faire mon deuil de ça, comme du reste. Ecouteurs vissées aux oreilles, je marche jusqu'à l'appart, parce que je veux pas prendre les transports, ni un taxi. Je me méfie de tout, de tout le monde. Je surprends mon corps à trembler, ma gorge s'animer de spasmes et parfois sentir les larmes couler dans le froid de novembre. Je suis trop conne. Mais je fais la forte, je rassure les autres, voir j'en parle pas. Je vais pas me vanter de m'être foutue dans la merde toute seule comme une grande. Je me sens coupable d'avoir relâché ma vigilance. Heureusement qu'elle était là, cette fille. Sans elle... je veux même pas y penser. Je défile comme un pantin dans les rues, je sais même pas comment je retrouve mon chemin, en laissant les chaos s'emballer sur la voix de Beth Gibbons. La musique, ça a toujours été mon refuge, pour les bons et les mauvais moments. Ça apaise le mental, ça nourrit l'évasion et là je veux juste être en dehors. Tu dois être absent ou bien occupé à autre chose, toute façon, je dois t'expliquer un jour ou l'autre alors... Je glisse la clé dans la serrure, ouvre la porte après un cran, comprenant que vous êtes là. J'inspire, retire les écouteurs pour les remettre dans mon sac. Portant encore ma robe noire et le reste de la tenue, le maquillage qui a dû couler et me faire une mine de morte vivante, rapidement, je glisse mes empreintes sous les cernes pour effacer les traces, mais doit plus y avoir grand chose. J'entends les dessins animés résonner dans le salon et je compte me précipiter dans ma chambre mais Jared rapplique en criant mon nom. Ludo c'est pas difficile à prononcer pour un gamin de trois ans. Malgré toute la merde, mon sourire s'offre à lui, sincère et doux. Ce gosse, je me sacrifierai sans aucune réflexion pour lui « Salut mon plus beau, tu m'as trop manqué mon chéri. » Je le prends dans les bras alors qu'il glisse sa main dans la mienne pour m'entraîner dans le séjour. Je peux pas vraiment protester quand je suis face à lui. Je le suis en calquant mes pas à son rythme de petit-être, un peu voutée, surtout misérable, quand je te vois posé dans le canap', regard qui t'accroche et qui fuit presque aussitôt « Hey. » Je sais pas quoi dire en fait, j'ai juste trop peur de m'effondrer en morceaux.

Tout est en travers, depuis l'autre soir. Depuis c'te garde qui devait sceller notre rapprochement. Résultat inverse, au final. Plus distants qu'jamais. J'ai réalisé, après coup, qu'j'étais tombé plus bas que je n'le croyais. J'pensais pas pouvoir tomber aussi longtemps, aussi fort, aussi loin. J'pensais pas pouvoir dérailler à c'point. J'suis devenu la pire version d'moi même possible, et j'en prends conscience. Difficilement. Notre relation m'a fait péter un plomb, et encore plus après l'histoire du môme, du p'tit blond. C'était la goutte d'eau d'mon vase déjà trop plein. J'pouvais pas accepter qu'tu sois si proche, si complice avec lui. Alors qu'avec moi, c'est l'froid polaire. J'ai vrillé, et ouais, j'ai merdé. Quand on est colère et qu'on possède un minimum de pouvoir, on a tendace à faire n'importe quoi. Alors j'ai tout mis en oeuvre pour lui pourrir la vie, à c'merdeux au sourire colgate. Ce p'tit con représente tout c'que j'suis pas; souriant, d'bonne humeur et foutrement chaleureux; un vrai soleil comparé à moi. Comment pourrais-je seulement rivaliser avec lui ? Bordel, ça m'a tordu les tripes, la tête, l'âme; tout c'que tu veux. J'en ai même pas dormi. Et puis, le lendemain... T'es pas venue à la caserne. C'était bizarre venant d'toi, mais après le clash d'la veille, j'me suis posé des questions. A m'demander si t'avais pas déserté, dans l'simple but de m'faire chier. Mais ça t'ressemble pas Ludo, de faire passer l'personnel avant le côté pro'. Alors oui, j'ai mené l'enquête. Passé quelques coups d'téléphone, avant d'crier à l'abandon d'poste. J'ai dis aux gars que t'avais passé une sale nuit, pour t'couvrir. Mais.... Merde. J'imaginais pas à quel point j'étais juste dans mes mots. J'ai compris que t'étais sortie par ma faute, et j'culpabilise à mort. J'me déteste, de t'avoir "envoyée" dans la gueule du loup.

J'étais incapable de dire si t'allais rentrer. T'as longuement évité l'appart' et j'pouvais pas t'en vouloir. J'espérais seulement que tu reviendrais. Jared a besoin d'toi, et moi aussi. Les dessins animés tournent en boucle à la télévision, finalement sortie d'son carton. Ca m'fait une musique d'ambiance, pendant qu'le petit s'enjaille avec ces jouets. Vieux jogging, débardeur blanc devenu gris, il a le look papa Rashford. Installé sur le canap', l'dossier du pyromane sur les cuisses, j'essaie d'repasser les points cités avec Albus, pour faire avancer l'enquête. Et j'commence à croire qu'il avait vu juste, qu'le coupable n'est autre qu'un gars d'la maison. Un pompier. Mon flot d'pensées s'interrompt à l'instant où j'entends la porte s'ouvrir. Ca n'peut être que toi. J'suis déjà soulagé. J'imagine que t'as aucune envie d'me parler, mais Jared décide de venir te chercher. On peut rien refuser à un gosse, c'est c'qu'on dit. A peine arrivée, qu'nos regards se fuient déjà. Ca commence mal. " Jared, tu laisses papa et marraine, s'il te plait. " je coupe le son d'la télé, mon p'tit file rejoindre sa chambre. Toujours obéissant, il tient ça de Tanwen. J'me relève, passe une main dans mes mèches mal coiffées, vient finalement t'faire face. J'ai pas la force pour qu'on s'engueule, et surtout pas avec lui à côté. Je sais plus ou moins c'qu'il s'est passé, ayant appelé l'hôpital dans la matinée. " J'suis désolé. " pour toute cette merde. Pour c'quotidien pourri que je t'ai imposé. De pas être capable de t'aimer correctement. " Viens là. " j'en perds mon ton glacial, ouvre simplement les bras; j'ai besoin de te sentir, vivante contre moi. J'ai besoin qu'on respire ensembles, j'ai besoin d'sentir ta chaleur contre ma peau. Pour une fois, j'vacille complètement sous ton regard; j'réalise que j'étais à ça d'te perdre, et putain, c'était insupportable. Alors viens Ludo, qu'on recommence ensemble; qu'on remette du béton dans les fondations, qu'on reprenne tout depuis l'début. Repartir à zéro, pour mieux avancer.  

C'est étrange de me retrouver ici, je sais plus trop comment aborder les choses et le petit est là. Je suis mal à l'aise, c'est clair, me sentant encore merdique des dernières vingt-quatre heures. Y'a eu ce moment où tout était clair et facile entre nous, limpide et depuis cette fois c'est juste les ombres qui m'étreignent de nouveau. Je t'en veux toujours pour ce que tu as fait à Denzel, je déteste l'injustice et je sais pas pourquoi tu as agit de la sorte. Je pourrais penser que c'est par jalousie, mais tu m'as bien fait comprendre que tu ne me voulais pas. Du moins, pas comme ça. Pour autant, je veux pas rester fâchée pour l'éternité contre toi, t'as suffisamment à affronter pour que j'en rajoute une couche et le petit con m'a bien fait comprendre que de toute manière à son niveau, il se foutait plutôt des conséquences. Jared est heureux de me revoir, spontané, joyeux, c'est comme une bulle dans ces misères qui nous enlacent. Si tu voyais Tan', comme on est pantins malhabiles sans toi, des inaptes. Je regarde le dessin que le petit me tend, le félicite, m'attend à repartir sans plus de dialogue récupérer ce que je suis venue chercher. Je me sens dans une impasse, trop maladroite pour recoller tes morceaux, incapable de rassembler les miens. T'es capable de faire ressortir le meilleur chez moi mais aussi le pire.

Sauf que tu l'entends pas de cette oreille, tu invites le gamin à regagner tranquillement sa chambre. Il comprend , il a oublié d'être stupide, il a bien capté que si je ne suis pas rentrée c'est parce que c'est froid entre nous. Faut l'avouer, la tension est palpable. Mais j'en montre rien, je souris en l'encourageant et en lui faisant un petit signe tandis qu'il regagne l'autre pièce. Je ne sais pas si tu es au courant de ce qui s'est passé pour moi, ça a été le silence radio et j'ai pas forcément envie d'en faire tout un plat. Après tout c'est mon inconscience qui m'a mené dans ce bordel, c'est ma responsabilité et je vais pas me poser en victime. C'est une évidence, je ne suis pas fière. Billes accrochées aux tiennes, parce que tu ne me laisserais pas repartir dans le silence et je sens les émotions monter malgré moi. Mais j'en ai marre. Marre d'être faible et vulnérable et de m'écorcher à un mur. Une façade. T'es désolé. Et je pourrais aussi bien laisser ma colère t'exploser au visage mais j'en suis incapable. Je ravale les émotions qui menacent de remonter, cette tristesse, cette culpabilité. Je ne suis qu'un fardeau supplémentaire, pas assez solide, tellement pas comparable à elle. J'arrive même pas à t'en vouloir. Alors je laisse mes pas me mener entre tes bras, passant les miens autour de ta taille, je laisse ma tête reposer sur ton épaule, et en silence, je profite simplement de cette trêve, de cette étreinte, malmenée par ce désir plus insidieux au rappel de ton parfum, de ta présence. De cette nuit là. « T'as pas à l'être. » Et c'est vrai. Je pourrais jamais te reprocher d'être qui tu es , de vouloir malgré tout tenir debout, et les choses ont été dites entre nous. « C'est moi qui ai merdé. » Je souffle simplement, réprimant cette envie de vouloir disparaître. Ne plus ressentir tout ça, cette colère, cette peine, cet amour et ce désir emmêlés. Ce besoin de reposer contre une personne plus solide, parce que je me suis toujours portée à bout de bras et je sais qu'il en est de même pour toi. Sauf que toi, tu l'avais elle. Et que moi, j'ai jamais eu personne qui donne un sens à tout ça.

J'commence à croire que rien n'sera jamais normal entre nous. Nos histoires ne sont pas banales, et encore moins évidences. On a des tempéraments forts, tous les deux; on a c'te manie de s'rentrer dedans, d'aller vriller les cordes sensibles de l'autre. J'ai vrillé avec l'histoire du gamin, à m'demander comment il a fait, pour obtenir si vite tes faveurs. Non, j'comprends pas; ça m'échappe. Enfin, j'imagine surtout qu'c'est plus simple d'aller vers quelqu'un qui garde l'sourire du matin au soir. La sanction est lourde, et j'sais bien que c'est pas adapté. Avec Tan'.. On a limite conçu Jared dans l'camion, donc.. C'est pas justifié. Mais oui, ça m'a fait chier, d'pas être à sa place, de pas être capable de revenir sur des nuances plus claires, légères. J'le connais même pas ce Denzel, j'sais seulement que les équipes de paramédics avaient rien à lui reprocher. Comme quoi, c'était personnel.

Jared t'force à venir au salon, j'en déduis que t'aurais probablement déserté les lieux s'il avait pas été là. Fais chier, qu'on en vienne à ça. Bordel, on est deux adultes, incapables de s'parler. On fait l'inverse de c'que Tanwen nous disait d'faire. Sa lumière me manque, et j'sais bien que c'est également ton cas. On est éclatés, toi comme moi, deux âmes brisées. J'sais pas comment créer du positif. J'sais pas faire, c'est pas ma nature. C'était Elle, qui l'insufflait, cet élan d'bonheur. Ca a jamais été moi.

J'fais signe à mon rouquin préféré d'nous laisser, et un certain malaise s'installe. On a l'air sacrément cons. J'ai su pour la drogue dans ton sang, j'ai rapidement fait le lien avec ta sortie, et ton absence à la caserne. Un type a tenté d'jouer avec ton feu, et j'vais le retrouver. Lui aussi. Les flics sont prévenus, j'ai fait jouer les contacts pour que ton dossier remonte en haut d'la pile. Mais si j'le trouve avant, j'le crève. Dans ma tête, c'est simple. J'suis en colère contre le monde entier, c'est qu'une raison d'plus. Une raison valable d'faire la guerre. Mais pour l'instant, il faut qu'on s'retrouve. Qu'on invente un moyen pour faire la liaison, sans s'taper dessus. Alors j'commence, un pas dans ta direction. Bras ouverts, parce qu'il nous reste plus grand chose d'autre. De cet amour qu'on partage, silencieusement, même si j'refuse toujours plus. On sait que c'est là, quelque part. T'es une étoile dans ma vie, peu importe qu'tu sois noire ou blanche, nuancée ou pas. Tanwen était ce qu'elle était, j'dois arrêter de chercher des comparaisons; ça existe simplement pas. " Evidemment qu'si. " dis-je, alors qu'mes bras encadrent tes épaules, d'une main s'invite dans ta chevelure sombre, pour t'offrir une caresse des plus douces. J'suis mon propre contraire. " Je t'ai cherchée.. Et j'ai appris. " comme pour te dire que j'suis au courant, qu'on en parlera si tu l'souhaites, ou pas. Suis-je assez fort pour nous porter ? Je le voudrais Ludo, tu l'sais. J'aimerais être capable d'nous tenir à la force de mes épaules. Mais j'tombe moi-même en ruines, j'suis incapable de faire le bien. Pour toi, on a vu l'résultat. C'est pire. " J'suis incapable d'aimer correctement. Tu mérites tellement mieux qu'cette merde.. " quelque part, j'aimerais qu'tu changes de bord. Que tu trouves une voie, une personne; une flamme, j'sais même pas. La personne qui saura te tendre la main, te tirer vers le haut. J'suis une épave, sur l'point de couler. Et même si j'souhaite recommencer à zéro, notamment avec toi, j'sais aussi qu'il faut que je t'évite le naufrage. Si j'dois tomber, c'est seul.    

De tes mains belliqueuses, tu viens cueillir mes rafales émotionnelles. Tu n'as aucun sens de la nuance Dwayne. Avec toi, on ne s'attarde pas dans les nuances grisées, on alterne entre blanc et noir et le contraste est toujours plus violent. Corps et âme chahutés par tes revirements, et je m'accroche malgré moi. Tu me rappelles ce premier. Et crois-moi, je lui aurais tout donné. Je l'ai fait d'ailleurs, sacrifiant ma liberté au passage et mon avenir. Je m'étais jurée de pas recommencer. J'ai promis à Tanwen que j'allais pas te lâcher, ni toi, ni Jared si jamais il lui arrivait quelque chose. Parce qu'on a parfois ce genre de conversation au détour des nuits de garde, des retours d'intervention. On y pense, on exulte et puis on passe à autre chose. J'avais pas beaucoup d'instructions à lui donner pour ma part, mais je lui ai donné. Qui respectera ce que je veux désormais ? Personne. Et le pire c'est que je m'en contrefous. Je suis trop occupée à vivre pour redouter de mourir. Je pourrais me cacher derrière cette excuse de cette promesse, de cette loyauté inscrite entre nous, mais c'est bien plus profond. Je veux pas te lâcher parce que je t'aime, avec tes chaos, tes bosses, tes cicatrices, mes envies de t'exploser puis de te serrer dans mes bras. Et crois-moi, ça me rend assez dingue comme ça.

Je varie les facettes là à tes pieds, parce que je suis ainsi, insaisissable, aussi nuancée que t'es manichéen. Amoureuse, haineuse, forte et vulnérable, mature et enfantine, cartésienne et spirituelle. Je m'accroche pas aux cases, je déborde toujours. Trop. Parfois ça me fatigue, ça me donne envie de tout arrêter, mais est-ce que je peux m'arrêter d'être moi ? Autant crever dès maintenant. Alors oui, je me sens merdique de ma connerie, brisée un peu plus d'avoir faillit être sacrifiée dans les bras d'un homme une fois de plus, d'être réduite au simple statut de proie, ça me rend folle. Je voudrais encaisser, dire que c'est un connard et passer à autre chose. Mais me retrouver là en face de toi, ça me fait réaliser à quel point, je l'ai échappé belle. J'ai tenu bon jusque là, pour les autorités, pour Joyce parce qu'elle est douce et que je la connais pas. Mais toi. Tu me connais. Main qui passe dans ma chevelure et mes sourcils qui annoncent la fissure. J'ai envie de crever là, perdue dans un souffle qui vient tordre ma gorge. La boule monte jusqu'à m'étouffer et j'ai pas d'autres choix que de laisser aller, je sens l'eau monter, brûler les paupières et le corps se relâcher quand les larmes viennent se pointer. Epaules secouées de mes marasmes. J'aurais préféré que tu m'engueules, la colère protège toujours davantage. « J'ai été stupide. J'aurais dû surveiller. On intervient suffisamment sur ça. » Mais je voulais oublier, m'enfuir. Visage qui lézarde, la porcelaine qui s'émeut des enfers qui se jouent sous la surface. « Je suis fatiguée. » De tout porter, d'être forte seule. Je vais juste respirer là entre tes bras, et je reprendrai les bagages, parce que je sais pas faire autrement. J'ai toujours supporter le monde sur mon dos et moi en premier. « T'y es pour rien Dwayne. C'est ma seule responsabilité. Et t'es pas là pour m'aimer. T'es là pour le petit, pour vivre ta vie. » Je suis un problème de plus et clairement, t'as juste pas besoin de ça. « Je ferai peut-être mieux de chercher un endroit où crécher. Histoire que tu puisses avoir des bases saines avec lui. Je pourrais toujours le garder quand t'es au boulot et moi de repos. » Parce que lui même, il doit plus rien comprendre. Parce que je t'empêche d'avancer, je suis l'intruse de l'histoire, la fille de trop.

Je fais pas exprès, d'être comme je suis. Noir ou blanc. Jamais dans l'entre deux. Tanwen m'avait montré les nuances, au fil du temps, et j'arrivais presque à m'en accommoder. Sauf que, c'est pas ma nature. J'suis tout sauf coloré comme type. J'alterne brutalement, d'un extrême à l'autre. C'est vrai. Je souffle le chaud et l'froid, j'prends des décisions connes sur des coups de tête; tout comme j'suis capable d'être dans la réflexion, le jour d'après. J'connais pas les mesures, autant pour gérer ma vie qu'mes sentiments. Comment veux-tu que je n'sois pas bancal avec toi ? On est complémentaires et différents, véritablement différents. T'as des nuances que j'comprends pas, et ça m'fait souvent péter les plombs. J'pourrais m'arracher les cheveux, à tenter de suivre ta personnalité. Mais c'est comme ça; c'est c'que tu es et jamais je t'en voudrais pour ça. Au fond, j'suis même content que tu me ressemble pas; il n'y a rien à gagner, à me ressembler.

T'as toujours pris pour les autres Ludo, et tu l'sais. T'es toujours là, dans les parages, même quand j'suis au plus mal. Forcément, ça te remonte souvent à la gueule. Et c'est complexe, de suivre un type qui te prend dans ces bras, pour ensuite t'envoyer chier pour une histoire à la con. Mais c'est moi. J'peux pas changer ça, au même titre que j'te demande pas de changer qui tu es. Je regrette seulement Tan', elle qui voyait ta beauté, dans son ensemble. Personne n'a jamais été tendre avec toi, en dehors d'elle. C'était elle, la femme qui te comprenait. Je connais pas votre histoire à cent pour cent, mais j'peux imaginer le vide qu'elle t'a laissé, là, dans la poitrine.

Viens maintenant. Contre moi. J'ai merdé, j'le reconnais. C'était pas la première fois, et tu sais qu'ce sera pas la dernière. Mais pour aujourd'hui, trêve. J'suis un connard insensible, mais j'essaie de laisser cette partie d'ma personnalité, bien enfouie au fond d'un casier. Je connais assez tes mimiques, chacun des traits d'ton visage, pour savoir que tu vas craquer. Que t'en as besoin. Et qui serais-je pour te le reprocher ? J'vais aller fumer ce connard, crois moi. C'est pas une solution, mais c'est ma seule idée. " Ca excuse en rien son geste. " et tu sais qu'j'ai raison. Aucune femme ne mérite ça. Avec toi, ça devient personnel. J'suis pas forcément d'accord avec tes paroles, et j'en pousse un soupir bruyant, quand bien même mon corps reste là, ancré pour toi. Mes bras comme une armure, mon corps comme un socle, solide d'apparence. " Ferme la, tu veux ? Juste.. Tais toi. " tes paroles me font bouillir et j'me défais de ton étreinte, secouant nerveusement la tête. Phalanges passant dans ma barbe blonde, de ces gestes qui canalisent; c'est pas l'bon moment pour se foutre en pétard. " Tu fais partie d'ma vie. Arrête d'agir comme si t'étais la fille d'à côté, celle qui compte pas. T'es pas comme elle, mais personne n'a jamais demandé à c'que tu l'deviennes. " bordel, t'as rien compris. Je cherche pas Tanwen en toi, même si elle était ce pilier entre nous. Je cherche que dalle, c'est tout. " T'as l'intention d'me fuir maintenant ? C'est nouveau ? " mais peut-être qu'on en est vraiment à c'point. Que t'es juste à la limite, entre la fuite et l'explosion. Tu m'détestes sûrement autant que t'es capable de m'aimer. Entre nous, tout ne ressemble qu'à de profonds extrêmes; on a beau aspirer à des jours meilleurs, à une suite plus stable et posée; au final, on attise encore la destruction.