Plus c'est flippant, plus c'est intéressant; voilà qui résume parfaitement son état d'esprit, à l'idée d'entrer dans un lieu aussi dangereux. Les idées les plus merdiques offrent toujours des souvenirs mémorables, ça va pas chercher plus loin. Donc forcément, un toit prêt à s'effondrer et un plancher bon à craquer, ça le fait sourire. Mona ne le connait que trop bien, à lui faire promettre d'être prudent. Sachant que de lui-même, Denz' aurait foncé tête baissée, comme un gosse dans une mêlée. - T'as jamais été rassurée, nuance. elle finira bien par le détester, à force de provoquer. C'est simplement sa nature, de l'embêter, de toujours trouver un truc à dire, à rajouter. Denzel s'éparpille, comme à son habitude; toujours attiré par les détails, sachant que d'une idée pourrie, peut en découler une autre, encore pire. - Si tu manques de stylos quatre couleurs, c'est maintenant. Moi.. J'vais prendre les surligneurs, le scotch et les agraphes. une aubaine pour une étudiante, des cahiers gratuits. Dernier coup d'oeil à l'intérieur avant de se rendre compte que la petite a déjà bougé. Le blond la rattrape donc à l'intérieur, éclairant vaguement les restes calcinés à leurs pieds. Plutôt impressionnant, faut bien le reconnaitre. Difficile d'imaginer la papeterie avant l'incendie, cela dit. - Une pensée pour Jeanne d'Arc.. Paix à sa flamme. loin d'être calé en histoire, c'est une blague de mauvais goût. De l'humour noir. En sachant que Mona est française, encore plus. - Je me tais. s'empresse-t-il de rajouter, réajustant le foulard sur ses lèvres pour éviter de parler.      

— t'en connais beaucoup des pépéttes parisiennes qui seraient totalement sereines dans ce genre de lieu ? lui lanças-tu d'un sourire en coin. — j'te rappelle que j'suis tout aussi courageuse que toi, renchéris-tu. certes, tu n'étais pas sereine et tu ne t'en cachais pas, mais tu n'étais pas une froussarde de service. tu venais ici pour te faire flipper, c'était évident, pour braver l'interdit mais surtout pour te surpasser. tu restais tout de même une personne avec un sang froid et un calme olympien. t'étais pas du genre à brayer dès qu'un coup de vent faisait claquer des volets. — t'es con, rigolas-tu en lui décochant un regard amusé. — on n'est pas là pour faire nos courses. on s'occupera de ça plus tard. et concentre-toi denz, j'ai pas envie d'avoir besoin d'appeler les pompiers parce que tu n'étais pas assez concentré où tu mettais les pieds, lui rappelas-tu. c'était un lieu dangereux, donc vous étiez dans le devoir d'être prudents durant toute l'exploration. — chut, fis-tu en posant ta main sur sa bouche. tu éteignis ta lampe, faisant signe à denzel de faire de même. — tu entends ? lui dis-tu. tu entendais des voix au loin, et elles n'étaient clairement pas le fruit de ton imagination.

Okay, elle marque un bon point. Courageuse, aventurière; c'est le minimum qu'il puisse lui accorder. Elle en a dans le pantalon, comme on dit vulgairement. Et ça lui plait; même s'il passe son temps à la taquiner. - Je connais qu'une pépétte déjà, je te rappelle. elle est cheloue cette expression. Même pas certain qu'il ait prononcé ce truc correctement. Elle et son accent français; des fois, c'est compliqué. - Non, toi tu es courageuse. Moi.. J'suis plutôt téméraire. et ça fait toute la différence. Mona a toujours eu le don de l'impressionner, c'est certain. C'est elle, le cerveau des opérations. Lui, c'est le crash-test. La fine équipe. Petite révérence lorsqu'elle rigole, prenant le "con" comme un compliment amplement mérité. Tu brûleras en enfer Denzel, c'est pas un secret. - Ce que tu peux être sérieuse, capitaine Schneider. Message reçu fort et clair. Terminé. après l'esprit de la pucelle d'Orléans, Denz' s'attaque à la radio portative, dont il imite le grésillement. Et il en aurait sûrement rajouté, même des caisses toutes entières, si la belle n'avait pas imposé sa main sur ses lèvres. Un "clic" et la lampe s'éteint, les plongeant dans le noir quasi-complet. Seuls les rayons de la lune sont présents pour amener un minimum de luminosité. - Merde.. Les ennuis sont là. il souffle doucement, alors que des faisceaux lumineux apparaissent, un peu plus loin. A seulement quelques mètres, en dehors de la bâtisse. - Faut qu'on bou.. pas le temps de finir sa phrase, que la lumière blanche traverse une fenêtre et met en évidence leurs visages, à demi-masqués.      

comme d'habitude, denzel n'arrêtait pas de faire le pitre. ça ne te dérangeait pas en règle générale, puisqu'il te permettait de te détendre à sa manière. il parvenait en quelque sorte à te faire oublier l'angoisse et la peur que tu pouvais ressentir en exploration. mais cette papeterie était l'endroit le plus dangereux que vous aviez jamais visité et tu n'avais pas envie de terminer à la nuit aux urgences, avec une plainte aux fesses pour violation de propriété privée. tu éteignis soudainement ta lampe torche, posant ta main sur le tissus qui recouvrait la bouche de ton camarade, afin de le faire taire. des voix. et tu n'hallucinais pas, puisque tu les entendais encore. ton cœur se mit à battre de plus en plus vite, et l'angoisse te tiraillait les tripes. des urbexeurs, comme vous ? la police ? la sécurité ? des personnes malintentionnées ? tant de possibilités et pourtant, qu'une seule d'entre elles était positive. un faisceau lumineux traversa la vitre juste en face de vous, vous éclairant en pleine face. sans que tu puisses comprendre quoi que ce soit, tu entendis une voix grave beugler sécurité, ne bougez plus. — et merde ! t'exclamas-tu. hors de question de sortir par où vous étiez entrés, ça serait se jeter dans la gueule du loup. — par là, vite ! t'écrias-tu en filant à toute vitesse dans un couloir étroit et au plafond défoncé. tu n'allumas pas ta lampe, afin de rester le plus discret possible dans le bâtiment. tu enjambas une poutre qui vous coupait la route et tu commenças à escalader des escaliers très peu rassurant. — mieux vaut aller à l'étage, pensas-tu à voix haute, le souffle court.

C'est ce qu'on aime avec l'urbex, ce goût du risque et le sentiment de faire quelque chose de "mal", de toucher l'illégalité du bout des doigts. Encore plus ici, sachant que le site est condamné et que personne n'est censé y entrer. Seulement, rien à faire pour Denzel; chassez la connerie et elle revient au galop, aussi sec. Sauf à cet instant, lorsque la sécurité débarque et qu'elle met en évidence leurs visages, de part la lumière d'une lampe-torche. La présence d'un gardien, ils auraient dû s'en douter. - J'imagine que c'est mort pour jouer les robins des bois. commentaire perspicace, plus qu'il n'est pertinent dans cette situation. Suivre Mona est la seule option pour éviter les fers. Autant dire qu'il se précipite à sa suite, mais c'était sans compter sur la poutre, qu'il ne voit qu'à la dernière seconde. Une gamelle, et le blond s'écroule dans les débris calcinés. Toujours plus de bruit. - Meeeeerde ! l'agent de sécurité doit faire le tour pour venir les cueillir à l'entrée. Suivant l'idée de Mona, le jeune homme se relève et file en vitesse à l'étage, s'assurant de ne pas passer au travers d'une marche abîmée. - Dans un coin ! souffle-t-il en la tirant par le bras jusqu'à une zone d'ombre, malheureusement proche d'une partie clairement endommagée de la structure. Si c'est pas le veilleur qui vient les choper, c'est le ciel qui leur tombera sur la tête. - Shhhht.. index posé sur les lèvres, gardant la belle contre lui en espérant que la sécurité ne s'aventure pas jusqu'à eux. En terrain miné.     

passer ta soirée au commissariat n'était clairement pas dans tes projets. la fuite était donc la solution la plus évidente bien que la papeterie calcinée était un terrain dangereux, dans lequel tu t'élanças tout de même. quittant la grande salle dans laquelle vous étiez, tu débouchas dans un couloir étroit. dans la pénombre, tu bondis par dessus une poutre usée tandis que denzel tomba par terre d'un bruit sourd. le souffle court, tu te tournas vers lui, la mine inquiète. — ça va ? rien de cassé ? lui demandas-tu. en voyant qu'il se releva rapidement, tu pris les escaliers sur votre droite pour aller vous réfugier à l'étage, là où le danger était imminant. tu les grimpas avec prudence mais tout en rapidité, n'ayant nullement envie que la sécurité mette la main sur vous. denzel t'attrapa le bras et te tiras dans un coin, dans la pénombre la plus totale. tu t'accroupis près de lui, serrant par automatisme ta main contre la sienne. sa présence te rassurait. le souffle court, le cœur battant, tu te penchas vers denzel. — faut qu'on trouve un moyen de repartir d'ici sans repasser par ces escaliers, chuchotas-tu. — parce qu'ils ne vont pas tarder à monter ... à peine eus-tu terminer ta phrase que des voix au rez-de-chaussée te firent frissonner. trois hommes, de ce que tu entendais. ils s'organisaient en se donnant les zones à sécuriser et tu adressas un regard paniqué à denzel lorsque tu entendis qu'un d'entre eux allait monter. t'étais tétanisée, ta main fermement serrée contre celle du garçon.

Holy shit. C'est la merde, et la vraie cette fois. Les options diminuent à mesure que les secondes s'écoulent. Ils sont même acculés au premier étage, dans un coin sombre. Planqués, mais pas pour longtemps. Denzel le sait, la seule possibilité de sortie se trouve au rez-de-chaussée, là d'où ils viennent. Impossible de passer par les toits, sachant qu'ils effondrés ou sur le point de tomber. Main accrochée à la sienne, coeur battant la chamade, le blond réalise aussi à quel point cette situation pourrait impacter la vie de Mona. Harvard ne fera aucun cadeau à une délinquante. - Tu vas faire exactement ce que je dis, okay ? Fais moi confiance, ça va bien se passer. un joint sorti de sa poche, le briquet pour l'allumer et Denzel tire dessus comme un fou furieux. - T'as trop à perdre Mona, et je risquerais pas ton avenir. S'il te plait, laisse moi gérer ça. les marches craquent lentement, l'agent est en train de monter. Denzel reconnait le "clic" familier d'une arme, dont la sécurité vient d'être enlevée. Ces gars ne feront pas de cadeaux. - Toi, tu bouges pas d'ici. Tu restes cachée, le temps que ça se calme. Denz' lui fourre le couteau suisse dans la poche, pour éviter d'être considéré armé. - Je les attire tous les trois, et tu dégages quand la voie est libre. c'est le plan, le seul qui vaille le coup. Avec le pétard qu'il vient de s'envoyer, il pourra prétendre être venu fumer, déjà sous l'emprise de la weed. C'est qu'un plan foireux parmi tant d'autres. Tant qu'il sauve les miches à la demoiselle, Denzel vote pour.

la situation n'allait pas à s'arrangeant. c'était la première fois que tu tombais nez à nez avec la sécurité en exploration. c'était bien plus angoissant que tu ne l'avais imaginé. tu t'en voulais terriblement de ne pas t'être rendue sur le lieu de jour, afin de t'assurer que les locaux carbonisés étaient vides et non contrôlés. t'avais pas géré mais c'était bel et bien la dernière fois que tu faisais cette erreur. quelqu'un allait monter pour vous chercher à l'étage, et il vous trouverait. t'avais peur. peur d'être en garde à vue pour une connerie pareille. tu écoutas le plan de denzel, esquissant une grimace lorsque la fumée de son joint vint titiller tes narines. — t'es au courant que si tu te montres avec ça, tu vas prendre cher ? déclaras-tu en indiquant ce qu'il tenait entre les phalanges. — il est hors de question que tu te sacrifies pour moi. c'est de ma faute si on en est là. t'étais sérieuse. hors de question que denzel se rende pour sauver ton casier judiciaire vierge. entendais quelqu'un monter à l'étage, tu pris la main de denzel et tu le tiras de force à travers l'immense couloir de l'étage. — on va trouver une sortie, pas le choix. je préfère sauter par une fenêtre que tu finisses en garde à vue, grommelas-tu, le cœur battant. serrant toujours la main du jeune homme contre la tienne, tu t'arrêtas près d'une pièce. — la fenêtre doit donner sur la route où nos voitures sont garées, supposas-tu en avançant prudemment jusqu'à celle-ci. — regarde les rebords du mur. suffit d'être agile, non ?

C'est une question d'habitude; les menottes, les passages en cellule. Denzel ne risque pas grand chose, si ce n'est de finir la joue contre le capot d'une patrouille de flics. C'est la solution évidente, celle qui permet à Mona de s'en tirer. Mais forcément, la jeune femme est contre l'idée. Il aurait dû s'en douter. Prête à jouer son avenir, sa place à Harvard. Un désaccord que Denzel ne peut exprimer à voix haute; gamin aux mâchoires crispées, dents serrées. - T'es pénible. Vraiment vraiment pénible. parce qu'elle est têtue et qu'elle ne va pas lâcher l'affaire. D'ailleurs, elle ne lui laisse pas le choix et l'entraîne à sa suite, dans le grand couloir du premier étage. Au risque de trahir leur présence. - Et moi je préfère finir - encore - en garde à vue, plutôt que de jouer ton avenir. Toi, t'as tout à perdre ! c'est pourtant évident. Mais la parisienne n'en démord pas, et Denzel se mord l'intérieur de la joue pour ne pas lui crier dessus. - T'es complètement tarée.. souffle-t-il en observant les rebords. On parle d'une structure abîmée, instable. Et elle veut jouer. Ca lui plait, c'est vrai. C'est son style d'idée, en règle générale. - Bon, okay. Mais si tu tombes, je te termine moi-même, pigé ? rien n'est trop con, elle joue sur sa corde préférée. Chieuse de service. - Passe en première. et si l'agent se pointe, il fera diversion.  

hors de question d'abandonner denzel. t'étais pas comme ça, à fuir les problèmes en abandonnant tes proches. il était évident pour toi que tu allais te tirer d'ici en sa compagnie. tu n'envisageais même pas qu'il se rende pour tes beaux yeux. le faisant taire d'une grimace, tu pris sa main et tu l'amenas à travers les couloirs ravagés par les flammes. le sol était incertain, tu le sentais à tes moindres pas mais la peur de finir derrière les barreaux t'empêchait d'être prudente. découvrant une fenêtre ouverte, tu fis signe à denzel de te suivre à travers cette pièce plongée dans la pénombre. c'était dangereux mais c'était votre seule issue de secours. — j'vais pas tomber t'inquiète pas, le rassuras-tu en ajustant ton sac à dos sur les épaules. tu sortis de la poche arrière de ton jean un couteau suisse que tu déposas dans la main du garçon. — si le mec arrive, tu vises la jambe, ça fera une diversion. et ne me demande pas pourquoi est-ce que j'ai ça sur moi, je n'ai pas envie de t'effrayer. sourire malicieux malgré la situation délicate, tu grimpas sur le rebord de la fenêtre. la brise nocturne te fouetta le visage. tu grimaças et tu te laissas glisser contre le mur. tes ongles grinçant sur la roche, tu descendis prudemment de cette fenêtre. alors que tu t'apprêtais à sauter, tu sentis ta main glisser. tu tombas dans le vide, tombant lourdement dans un épais buisson. il t'avait clairement avalé. — putain ! t'exclamas-tu, essayant de te dégager du mieux que tu le pouvais. — j'ai rien de cassé, juste quelques égratignures, dis-tu à denzel tandis que tu continuais à essayer de te tirer de cette dense végétation.