Van' le bricoleur. Je suis prête à prendre le risque, prépare le ciment bébé.

Le coeur est fêlé ici et là, mais il bat toujours, preuve que les chagrins d'amour ne tuent pas.

Réfugiée dans tes bras, quasi engloutie par ton corps, un klaxon strident m'oblige à perdre ta chaleur si désirée.

Putain !

Les phares m'aveuglent. Quelques pas sur la gauche et la voiture repart, non sans une flopée d'insultes volant dans les airs.

On est trop romantique, ça va pas, faut se ressaisir, la dernière fois que j'étais en guimauve j'me suis faite bouffée tsss Et je te tape dans la poitrine, relevant le menton, comme si j'étais insensible à tes câlins divins.

Tout ce que je voulais, c'était que tu ailles bien, que tu ailles mieux. Si je me perdais en chemin, je ne tarderai pas à te le dire pour autant. Je veux ton bonheur, mais également le mien. S'ils sont intimement liés, je suppose qu'ils peuvent également être dissociés. Et alors qu'on était tous deux lovés dans les bras de l'autre, c'était un klaxon qui rompait la magie du moment.

« ok donc on fait quoi pour devenir moins romantique ? on s'insulte à longueur de journée ? » que je demande en grimaçant.

J'étais pas vraiment un fervent adepte des insultes à tout va. Moi j'étais plutôt dans un pacifisme sans faille - ou presque.

« reste à dix mètres de moi et on mourra pas comme ça »

Et je commence à m'éloigner, dans le simple but de te protéger.

« Non, c’est que .. » Que le romantisme est souvent synonyme de faiblesse. Et qui dit faiblesse, dit possibilité d’être blessé.

« Quoi ? On ne mourra pas comment ? »

La voiture nous observe et son conducteur s’impatiente. Toi, tu traces, sens inverse. Je pige que dalle.

« Hey, Van, j’ai dit un truc qui ne fallait pas ? »

Je cours aussi vite que je peux, m’interdisant de lancer mon majeur à l’autre bonhomme colérique.

« Tu dors où ce soir ? » Tant pis si je me mange un coup d’pelle en pleine gueule.

Faut croire que mon humour laissait à désirer puisque tu ne semblais pas le capter. Je sens la panique t'envahir et je me mettais à me facepalmer d'un coup d'un seul intérieurement. J'suis vraiment con quand je m'y mets.

« j'parlais de la voiture, qui a failli nous écraser » alors que tu m'avais rattrapé. Je m'assurais d'être sur le trottoir et que l'autre con s'en soit allé pour te regarder de nouveau.

« désolé, je manque de tact des fois. c'était de l'humour... on était dans une bulle et il a failli nous renverser, voilà tout »

J'esquisse un sourire, entoure mes bras autour de toi avant de frotter mon nez au tien, espérant que tu m'en veuilles pas pour ce moment déroutant semblerait-il.

« avec toi, j'espère. si tu ne me tues pas pour avoir un humour incompréhensible » Et j'esquisse un sourire qui montre toutes mes dents, afin que tu me pardonnes cette frayeur infondée.

Je nage dans l’incompréhension. Le chauffeur qui déverse sa haine sur nous, je l’ignore. C’est vers toi que j’cours, parce que j’ai eu l’impression qu’une tension avait pu naître entre nous et tout ça, par ma faute. Plantée devant toi, rassurée par ta tendresse, je descends en pression.

« C’est comme tu veux chéri, je veux pas te forcer à supporter mes ronflements, peut-être que t’as besoin d’espace, quelques heures sans la dictatrice Chamberlain » Parce que c’est finalement l’image que j’ai de moi. Une reine diabolique et malfaisante.

« C’est vraiment tout nouveau pour moi, cette histoire, toi. J’veux dire, tu sors du lot par rapport à mes anciennes conquêtes » Je me tais ou je vais m’enfoncer.