L'interrogatoire est bientôt terminé. Il est probablement inutile tant le futur n'est pas prévisible. Mais je trouve ça intéressant de confronter nos points de vue, car à quoi bon poursuivre ensemble si nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde.

QUATRE ! Grande tribu, vagin foutu. Toi qui est si amoureux de la liberté avec une famille pareille, bonjour les sacrifices.

Je pensais que deux serait un bon début, mais plus on est de fous, plus on rit. Merde, j'crois que ça se retourne contre moi là.

Mh, pourquoi pas. Mais il faudra sûrement en reparler. On a pas la même vision des choses, j'en suis consciente. Je voudrais pas être la méchante et toi le papa trop cool qu'on préfère.

Je crois que tu serais apparu bien plus tôt, je n'aurais pas été si prudente, mais aujourd'hui, je ne suis plus qu'une froussarde.

Et si je deviens une baleine après avoir enfanté, tu seras toujours à mes côtés ?

Dans le fond, j’aimais bien cette conversation. Une vision du futur qui me plaisait, tant que j’étais avec toi. Tu crois pas que ça pourrait réellement marcher si on y met tous les deux du nôtre ?

« oui bon… trois alors si quatre c’est trop » tant pis pour ma tribu.

Je hochais la tête à tes mots, c’était toute une organisation à avoir. J’avais personnellement grandi dans une famille mono-parentale. Difficile de se faire une idée sur ce qu’est un papa réellement.

« t’en fais pas. on trouvera notre truc, notre équilibre… et puis on y est pas encore »

Sauf si tu veux m’annoncer que t’es enceinte… vu qu’on l’a fait sans capote dernièrement. Et ouais, ça changerait pas mal la donne.

« tu resteras toujours la plus belle à mes yeux » Baleine ou pas, tu étais d’une beauté inégalable.

Les négociations sur le nombre d'enfants me font sourire. Peut-être que la vie m'apportera deux paires de jumeaux et je n'aurais ainsi pas le choix de décider.

T'as raison, une chose après l'autre. Profitons de notre jeunesse. Je peux mourir demain et toute cette discussion n'aura eu aucune utilité.

J'ai encore mes études à finir, un job à trouver, une stabilité à acquérir. C'est pas rien. On devrait peut-être éviter les coups de folie au pieu, comme la fois où l'on a écarté le préservatif.

Sois franc avec moi ok, est-ce qu'on t'a dragué pendant qu'on était .. ensemble ?

Sourire sur tes lèvres, la conversation tournait assez bien. J’espérais ne pas t’avoir fait trop peur malgré tout.

« on va éviter d’en arriver là… mais ouais, profitons déjà de ce qu’on a, de ce qu’on construit »

Main qui se redresse pour que mes doigts s’enlacent aux tiens. J’étais vraiment bien à tes côtés, même si Jelena a l’air de pas mal juger la précipitation. Je m’en fiche, elle est pas à ma place.

« des flirts, par ci par là. rien de plus » Je lâche ta main pour attraper une part de pizza pour commencer à manger. « et toi ? tous les étudiants sont à tes pieds ? »

Quoi, t'as flirté avec des gens sans me le dire ? Je suis à deux doigts d'envoyer ma part de pizza dans ta face. Je pars toujours au quart de tour.

J'ai personne qui s'intéresse à moi, je suis une putain de porte de prison Radovan. Si j'étais libre, je donnerais des sourires et ferais clairement du rentre-dedans, mais là, je vois que toi dans mon esprit. Mais on dirait que j'aurais dû si tu fais planer le doute avec d'autres.

« quoi ?! non ! enfin pas que je sache »

Je fronce les sourcils avant de reposer ma part de pizza.

« les gens flirtent avec moi, c’est pas dit que je rende la pareille. je laisse pas planer le doute ou quoi, je te dis et je te répète que je veux pas aller voir ailleurs »

Pour la mille et une-ième fois.

Les sourcils se froncent. Les bras se croisent et je me retire bien au fond de ma chaise.
Mode défense activé.

Et moi je veux leur faire la peau. Je savais que j'aurais des ennuis avec toi. Tu donnes envie qu'on te bouffe.

Je me venge sur la pizza en tirant sur le bout de la part avec mes dents.

Maintenant j'ai moins envie de te confier un truc avec ces histoires. Pfff.

« y’a que toi qui me bouffe »

Je le répète et je le redis, au cas où. Mais je sens que tu te renfermes, que ça te plait pas. Seulement, qu’est-ce que je pouvais y faire moi ?

« ah non, dis moiiii ! tu sais que je suis curieux, je vais te tirer les vers du nez »

Foutue pour foutue, autant se lancer.
Retournant mon téléphone sur la table, je pianote quelques mots et entends le tien vibrer.
Le silence s'est installé.

Je regarde autour de moi, l'innocence habillant mon visage.

Tu vas regarder quel fan t'envoie un truc ?

Normalement c'est moi.

- Je t'aime.
Lou.

Minimaliste, mais pourtant si vrai, si fort.

Tu disais plus rien et je cherchais à te sonder. Plissant le regard, je voulais savoir ce qui se passait dans ta tête, ce qui se passait dans ton cœur aussi. Cette soirée était étonnante de par la discussion qu'on a eu, que l'évolution que ça prenait. Téléphone qui se met à vibrer, juste après que tu aies tapé un message. Je me calais contre mon dossier, attrapant l'objet après que tu m'invites à le faire. Message de toi, comme c'est étonnant. Je l'ouvre, le lis, puis je me mets à sourire.

« je crois que c'est ma plus grande fan. tu m'excuseras, faut que j'aille la rejoindre »

Je me redressais, feignant de m'en aller rejoindre quelqu'un d'autre, alors que mon but est de simplement contourner la table pour me retrouver à tes côtés. Attrapant ton visage, le relevant vers moi pour que je vienne t'embrasser. Un vrai baiser qui laisse transparaitre tout l'amour qu'il y a entre nous.

« je t'aime aussi » que je dis dans un français bancal.