J'ai souvent questionné le sens du pourquoi je me trouvais ici. Quelle pénitence avais-je mérité pour que ma vie soit ici préservée alors que tout le reste m'a été arraché ? J'ai été en colère, une rage froide et noire qui exulte d'entre mes pores, et puis cette tristesse qui m'a engloutit parfois jusqu'à ne plus vouloir vivre. Le courage m'aurait poussé au suicide mais j'avais choisi une autre voie bien plus insidieuse et bien plus lente, pour autant aussi destructrice. Ne plus abreuver mon corps de vie, ne lui faire expérimenter que les violences, des coups répétés. Jusqu'à Lui. Cette fragilité avec laquelle je me suis construite, je l'ai maudite. Que faire de cette sensibilité dans notre monde ? Elle est forcément aveu de faiblesse. Trop sentir, les gens, les émotions, les vulnérabilités, c'était tout simplement trop. Dans cet environnement dépourvu de justice et de la moindre once de logique. Le chaos n'est pas de ce qu'on apprivoise mais simplement de ce qu'on accepte. Et je ne pouvais pas accepter. Jusqu'à m'écorcher les mains, abîmer l'âme, laisser le corps souffrir pour ne plus sentir le reste. Jusqu'à Lui. Mince sourire de fille ébréchée qui vient s'arrimer à mes lèvres. Tu sèmes une drôle de légèreté l'Ange maudit, de l'humour étrange dans le drame, et vois-tu, ça fait du bien. Dans tes yeux, je ne lis pas cette pitié qui donne envie aux autres de fuir, ce sentiment d'étrangeté qui pousse à me ranger de côté. « C'était beau. » Et la beauté c'est parfois la seule chose à laquelle j'ai besoin de me raccrocher, pour me prouver qu'il y a encore du bon par ici. Je n'y croyais plus à cette beauté, à cette douceur dans les violences. Jusqu'à Lui. J'opine à ta remarque. J'ai touché le fond oui. De tout mon corps en long, de cette agonie du cœur qui a abandonné les armes à tes pieds. « Il paraît qu'on ne peut que rebondir ? » Regarde ma silhouette, comment veux tu qu'elle rebondisse encore ? Mais j'ai ce besoin de m'accrocher à toi. Tu me hisseras et qui sait peut-être ensuite ? C'est peut-être moi qui t'aiderait à poursuivre ce palier supplémentaire. Je n'oublie pas que toi aussi, tu étais sur ce toit. Tu as tes propres ombres. « Depuis la mort de mes parents et de mes sœurs. » ça a commencé doucement parce que je n'avais tout simplement pas de quoi me nourrir. Et puis le corps s'y habitue, se gorge d'adrénaline même, j'ai eu cette impression de contrôler, que plus rien ne pourrait m'arriver. Immortelle de pacotille, gamine qui a ignoré le brasier sournois entrain de la dévorer. Affamée du vide. Jusqu'à Lui. « Shayn. » Je tousse doucement parce que chaque mot est pénible, chaque mot est encore difficile. « C'est pour lui que je veux m'accrocher. » Parce que dans toute cette folie, c'est lui que je ne veux pas laisser. Le seul vivant qui me permettrait de décrocher les morts de mon intime cimetière. Une étrange résurrection mais présente. « Qui sait, je serai peut-être un jour sa femme, celle qui l'incarnera en mari ? » Sourire plus léger, parce que cela ne nous correspond pas vraiment. Mais ici, au fond, j'entrevois à la surface quelques lueurs, j'ai tout à loisir de contempler un ciel que dans la descente je ne pouvais plus voir.

J'ai toujours été persuadé qu'chaque chose arrive pour une bonne raison. Dans la vie ou dans la mort, peu importe. J'ai perdu mes parents et j'ai ensuite découvert l'sens de la famille. J'ai perdu un bébé, avant de découvrir la paternité. J'ai loué les flammes, avant de rencontrer ma femme. J'ai perdu mon âme soeur et ma vengeance m'a conduit jusqu'à toi. Mon ch'min m'a amené ici, à tes côtés. Détruit, sans aucun doute. Mais présent, et vivant. J'suis là, et c'est tout c'qui compte finalement. J'ai pas besoin d'penser à plus, pas d'mon côté, tout du moins. C'que je souhaite désormais, bien qu'ce soit aussi étrange et spontané que notre rencontre en elle-même, c'est comprendre. Je sais bien qu'il ne suffira pas d'répondre à "comment ?" et "pourquoi ?", que l'histoire en question est plus profonde que ça. Mais j'ai besoin d'faire les liens, pour pouvoir te relever. D'comprendre ton passé, pour soutenir ton présent. Faire de ton avenir, quelque chose de mieux. Va pas finir comme moi putain. T'as l'potentiel de devenir tellement mieux, ça s'voit au premier coup d'oeil. " A peine à ta hauteur. " je te vois, telle que tu es. Et j'peux t'assurer que tu es magnifique, Lyra. Je n'parle pas de physique, au diable les apparences. J'évoque c'que tu caches derrière, le "toi" qu'la plupart des gens ne verront jamais. Celle que j'ai pu observer sur ce toit, avant qu'le voile ne s'empare de ton regard. Qui a dit qu'la beauté devait absolument être lumineuse ? Connerie. L'obscurité possède ces propres anges, sa propre façon d'agir, d'aimer. Si différente qu'on la juge naturellement inacceptable. Mais je n'suis pas de cet avis. " Ca n'tient qu'à toi. A ta volonté. " cela peut être complexe à accepter. Mais personne ne peut faire ce travail à ta place. Tu n'es pas seule pour autant, loin de la. J'en suis la preuve. " Je vois. " et je n'peux comprendre, alors je n'irais pas prétendre l'inverse. Tu portes de lourds fardeaux sur tes frêles épaules, pourtant, tu es plus forte que tu n'le penses. Ton corps l'a prouvé, autant qu'ton esprit. Tu es revenue. Là où bien d'autres ont abandonné avant toi. Il est plus facile de mourir que de vivre. Sourire ancré au visage, à l'annonce de ce nom; inconnu que je devine être ton petit-ami. Il n'est pas venu, et n'est probablement pas au courant de ton état. J'irais jusqu'à supposer qu'il n'est au courant de rien, concernant ta santé. Certains signes crèvent pourtant les yeux, d'après moi. Enfin, la jeunesse se réincarne, illumine chacun des jeunes traits d'ton visage. Radieuse. Et je n'peux m'empêcher de sourire, encore. Phalanges portées à l'alliance, scellée à mon doigt; ma propre histoire en reflet. J'étais et suis encore un mari. Et toi, tu aspires peut-être à devenir épouse. " Ose. " et fait fi du reste. Voilà le fond d'ma pensée. J'ai longtemps hésité à poser l'genou au sol, mais je n'ai jamais regretté. " La vie est imprévisible, t'en as eu la preuve. Cesse donc les questionnements et fais c'que t'as envie d'faire. Demande le lui, si c'est c'que tu veux. " on s'fiche de l'âge, d'la situation. Qui serions-nous pour te juger ? N'attends pas, prends les devants. Tant qu'il est encore temps. " J'ai demandé ma femme en mariage au cours d'une garde.. On avait sorti la grande échelle avec une banderole déployée dessus. C'était tellement cliché putain. et j'en rigole, encore aujourd'hui. C'était digne d'un film, l'genre de truc que je fais jamais, en règle générale. Sauf pour elle. " J'ai à peine eu l'temps d'faire ma demande, qu'on est partis en intervention. Tu comprends c'que j'veux dire ? " la vie nous rattrape, toujours. Tu l'sais, tu viens de le vivre. Ceux qui n'croient pas à ces histoires se font surprendre. Prends ta chance Lyra. Bague de fiançailles que je fais péniblement tourner le long d'mon doigt, pour la première fois en dix grosses années. Tellement longtemps qu'j'ai la marque de l'anneau incrustée dans la peau. " Cette bague, elle me l'avait offerte quelques jours plus tard. " elle est rouillée, foutrement simple; Tanwen avait opté pour l'seul truc que j'étais en mesure d'accepter. Et cette fois, c'est ta main que j'prends, avant de déposer le bijou dans ta paume et d'refermer tes phalanges dessus. " Shayn serait foutrement con de dire non. " et c'est la meilleure chose que j'puisse faire. Au delà d'une bague de fiançailles, c'est un héritage que j'souhaite te transmettre. Prends la. Deviens l'épouse que tu souhaites incarner. Il est encore temps pour toi d'réaliser tes rêves, Lyra.

Je ne sais même pas qui tu es et j'ai pourtant cette impression qu'on se connaît depuis toujours. Ça pourrait paraître mystique pour la plupart des gens, indéfinissable c'est une certitude, mais j'ai besoin de me raccrocher à toi, à ta présence. Tu me rassures et en même temps, je le sens, tu me comprends. Viscéralement. Je me surprends à ricaner de façon très spontanée lorsque tu viens me complimenter. De cette joie sincère, presque enfantine, de celles qui vous font rougir de joie. Un élan de lumière que je ne me suis pas vue avoir depuis des années. C'est si doux, si étrange, mais apaisant à la fois. Je suis gênée mais de la bonne façon parce que je te sens sincère dans tes mots et sans aucune arrière pensée. Ma beauté, je ne la vois plus depuis longtemps, mais crois-moi, le brouillard commence à s'estomper. Je serre doucement tes phalanges entre les miennes, comme pour te remercier. « Je ne sais même pas comment tu t'appelles ? » Sourcils froncés devant l'absurdité de la chose. « Dans ma tête, tu es l'Ange Blond. » Je suis presque fière en annonçant ton surnom, persuadée qu'il ne te plairait pas du tout, parce que t'es tout sauf un ange aux yeux du monde mais pour moi t'es le seul qui peut compter en tant que tel parmi les rangs. Rien n'est parfait, mais la pulsion qui t'a animée à te rapprocher de moi cette nuit là, crois-moi, elle était sincère et parfaite à sa façon. La beauté est partout et même dans les âmes les plus brisées. Un peu comme je peux entrevoir la beauté dans ces démons à lui. Cet amour que je pensais impossible à renaître et qui porte désormais son nom. Plus fort que les précédents, balayant sans doute le reste et de façon surprenante, cette obscurité dans laquelle je baigne depuis des années. Pourtant, il n'est pas lumineux, bien au contraire, mais on brille étrangement ensemble. C'est étrange d'admettre aussi ouvertement mes sentiments pour lui avec toi. Peut-être que c'est aussi parce qu'on ne se connaît pas et que pourtant on a partagé ensemble le pire moment de mon existence. Brisée pour mieux renaître, fragments que j'assemble pour reconstituer un nouvel être, aussi clair qu'obscur, j'accepte finalement l'ensemble de mes contrastes, les polarités, les ombres ne viennent que dissimuler la lumière, elles ne sont pas inverses, elles sont liées. Mon attention se porte sur tes mots, sur cette acceptation des choses qui vient s'insinuer jusqu'au cœur de mes veines. Oser. S'affranchir, se donner, se jeter à la vie sans avoir peur des nouvelles chutes, n'entrevoir que les possibles rebonds. « C'est super romantique. » Tu les vois, les étoiles de gamine que j'ai dans les yeux ? Celles de la fille un peu trop fleur bleue. J'assume plus cette partie depuis longtemps mais finalement tout arrive. « Tu peux me parler d'elle ? » Je pense que c'est difficile et en même temps, je sens qu'elle t'a apporté autant que lui m'apporte aujourd'hui. J'ai cette envie qu'elle vive un peu encore entre nous. Tu sais, j'ai personne à qui parler d'eux et parfois pourtant j'en aurais envie. Pendant des années, j'ai pas pu le faire et puis l'envie de les retrouver prévaut sur la peine. Je souris en prenant la bague entre mes doigts. Elle est pas de qualité extérieure mais elle a une valeur inestimable, je le sens. Tes phalanges se referment sur les miennes, écrin de peaux, écrin des cœurs à la lueur d'une nouvelle promesse. Je te regarde intensément, je prends même plus garde à l'eau qui s'exprime, qui semble sortir pour nos deux âmes, pour ton histoire qui sans qu'on comprenne vient se lier à la mienne. Tout est question de cycle et tout renaît, tout recommence toujours. « T'es sûr ? » Je le sais que tu l'es, je sens qu'elle aimerait aussi, mais je me sens responsable, comme chargée d'une nouvelle lumière, et je ne sais même pas si il acceptera de se lier de la sorte avec moi. Peu importe non ? J'en ai envie. « J'ai même pas de camion, ni de banderoles. » Ma voix est tremblante par l'émotion, gamine égarée mais affirmée dans sa volonté. Je crois que ce sera simple et finalement peut-être encore plus cliché. Il ne me reste plus qu'à assumer. « Si il accepte, tu me conduiras à l'autel ? » Mon regard devient implorant, on se connaît pas le moins du monde et en même temps tu serais parfait dans ce rôle, j'ai ce besoin irrépressible que tu deviennes une sorte de ciment à mes nouvelles fondations, parce que cette deuxième vie, je te la dois. Et que finalement, lors de cette épreuve, le sort n'a peut-être pas sauvé que moi.

Tu sais, je n'ai ressenti pareille évidence qu'une autre fois au cours d'ma vie. Avec Elle. Nos liens sont différents, mais pas moins importants. J'imagine qu'elle aurait pu être à ma place, en c'moment même. Qu'elle aurait pas hésité à rester près d'toi, durant ces deux journées. Qu'elle aurait espéré, tout comme je l'ai fait, que tu t'réveilles. C'est drôle tu vois.. Mais parfois, j'ai l'impression d'sentir la chaleur de sa main sur la mienne. J'ai l'impression qu'elle est encore là, près de moi. Comme en c'moment, dans cette chambre d'hôpital. Comme si on était deux à tenir ta main. Tanwen aurait sû te voir, telle que j'te vois à cet instant. Elle savait comprendre, se projeter au delà des apparences. C'est même elle qui m'a appris, tout c'que je sais aujourd'hui. Et sérieusement, ça m'fait du bien de te voir sourire. Plaisanter. C'est banal, c'est vrai; mais après c'qu'on a vécu sur le toit, ça prend tout son sens. Hier encore, j'avais la conviction que tu souhaitais rejoindre les morts. Aujourd'hui, ta joie d'vivre pulse jusqu'à moi. T'es une force à toi toute seule, je peux l'assurer. Et tu m'fais remarquer que j'me suis pas présenté. Merde. C'est un détail con, mais relativement important. C'est drôle, parce qu'on aurait pu bavarder pendant des heures, sans aucun problème; j'aurais jamais pensé à ça. J'ai l'impression qu'on s'connait depuis toujours, alors qu'on a même pas échangé nos prénoms. Délirants. " L'Ange Blond ? Pas mal, j'suis flatté. " à mon tour d'en être amusé, de cette légèreté qui règne désormais entre nos âmes; un truc que j'ai pas ressenti depuis trop longtemps. " Dwayne. Dwayne Rashford. " je trouve ton surnom plutôt cool, mais j'ai pas la tête de l'ange. Sauf pour toi, peut-être. Et finalement, j'me fiche bien de c'que peuvent penser les autres. Après tout, à la base, j'avais pas besoin d'exister dans l'moindre regard, si c'n'est le sien. Ta lumière ressemble à la sienne, maintenant qu'elle se met en évidence. C'est beau à voir. Comme un lever d'soleil, pour quiconque n'a jamais eu l'occasion d'y assister. Coloré et chaleureux, l'genre de chose qui amène un simple sourire aux lèvres. Parfois, le bonheur est aussi simple que ça. Tu vas t'en sortir, j'le sais. Ca va aller, même s'il faudra un peu de temps. T'es lumineuse, et obscure à la fois. Comme le monde. Jamais tout noir ou tout blanc. Ta capacité à jouer sur les deux tableaux sera ta plus grande force. Et crois moi, j'serais fier de te voir reprendre ton envol. Ca arrivera, en temps voulu. " C'était super, en effet. Le meilleur cliché d'ma vie. " voile brillant installé à la surface de mes cristallins, véritable reflet à ton regard. Parce qu'on rêve ensembles, à cet instant. On visite mes souvenirs, et voilà qu'ils écho à tes propres désirs. Ma main s'aventure doucement contre ma barbe blonde, et j'dois prendre une grande inspiration avant d'me lancer. " Tanwen, c'est.. La première évidence de ma vie. Une amoureuse de la nature, et de la vie. Une femme de caractère, elle a toujours eu cette volonté de se battre pour ces convictions. Douce et forte à la fois, souriante et parfois boudeuse.. A chaque journée avec elle, tu vivais un feu d'artifice; ça bougeait toujours dans tous les sens, parce qu'elle a jamais tenu en place. Dynamique, mais pas téméraire. Ca, c'était mon contraire. Elle a toujours eu les mots pour apaiser, j'parle de moi mais c'était vrai avec les autres aussi. Elle avait goût à la simplicité, tant que c'était authentique. On a toujours vécu à la force de notre amour, ça a toujours été notre richesse. Et puis.. Elle avait un délire avec les fleurs; les roses en particulier. J'ai jamais compris pourquoi, et j'ai jamais retenu si elle préférait les rouges, les roses ou les blanches.. Alors je lui apportais un peu de chaque, tous les matins. On était le feu et la glace, différents mais complémentaires. J'ai jamais été le meilleur des maris, j'ai pris quelques verres d'eau dans la figure, à dire des conneries.. Mais je l'aimais. Plus que tout au monde. " je sais que j'peux te raconter tout ça, sans chercher à m'protéger. J'ai jamais vraiment parlé d'elle avant aujourd'hui. Tu sais, le plus dingue quand on perd quelqu'un, c'est qu'les proches cherchent à éviter l'sujet. Plus personne n'en parle, de peur d'faire mal. Et j'me rends compte, au même titre qu'les perles salées qui filent sur mes joues, que ça m'fait un bien fou d'en parler avec toi. J'pourrais jurer qu'elle est là, que sa main porte aussi la tienne. Et j'crois même que tu vas la faire vivre, dans ta propre histoire. Moi, je l'aimerais toujours; c'est un fait. Bague ou pas, je la porterais toujours avec moi. Alors oui, j'suis certain de vouloir te la transmettre, tout comme j'peux sentir qu'elle le voudrait, elle aussi. C'est comme si elle était de l'autre côté du lit, une main posée sur ton épaule. Comme deux amis, présents pour toi. Comme des parents. J'pourrais jurer avoir croisé ces billes océanes, l'espace d'un instant. " Je n'répondrais même pas à cette question. " un geste pareil, on l'fait pas sans être certain. Tanwen vivra dans ton amour, dans ton union à venir. Et si c'fameux Shayn te dit non, il recevra d'la visite. Tu sais, c'est drôle; ta réaction m'rappelle clairement une autre personne. Quand elle a réalisé qu'on allait s'marier, elle a paniqué pour l'organisation. " Ca peut s'arranger.. Mais j'crois que tu dois faire les choses à ta façon. " j'peux obtenir un camion, des banderoles. Mais ça doit correspondre à votre couple. " J'suis certain qu'tu sais déjà comment faire ta demande. " ça relève de l'évidence, ces choses-là. C'est quelque chose qui vous définit, tous les deux. Quelque chose me dit que tu t'en sortira à merveille. La suite, j'm'y attendais pas. Ca m'prend de court. Et ça m'ramène quelques années en arrière, lorsque Tanwen est tombée enceinte, la première fois. Dans l'cas d'une fille, j'imaginais c'moment, vingt-cinq ans plus tard, où j'devais l'amener à l'église, en robe de mariée. Rêve disparu dans les flammes. Mais tel un Phénix, cet espoir renaît de ces cendres. A notre image. On est tombés, ensembles, l'autre soir. Et on s'relève, main dans la main. Nouveau cristal salé sur ma joue, de cette émotion qu'on ne calcule pas, qu'on ne retient pas. " J'en serais.. Très honoré. " ce serait un privilège, auquel je n'pensais pas avoir droit un jour. Notre lien relève de cet inexplicable, de c'que le monde a de meilleur à offrir. Tu es la meilleure chose qui m'soit arrivée depuis son décès; ta lumière résonne en moi, elle me redonne ce goût à la vie, cette saveur que j'pensais avoir perdue. Tu m'as probablement sauvé, à ta façon. Et j'ai pas d'mot pour t'exprimer ma gratitude. Mais je sais qu'tu le comprends, dans mon regard; dans la force de notre alliance.  

C'est comme sentir l'eau sur son visage après des heures passées dans le désert. Je n'ai jamais passé des heures dans le désert, mais j'imagine. Cette légèreté pure et joyeuse qui vient de nouveau m'éclairer. Tu sais. Jusqu'à présent, je ne pensais pas que ça puisse de nouveau m'arriver. Âme mélancolique, bercée par le spleen, par les drames plutôt que les bonheurs, j'ai toujours eu cette appétence pour les noirceurs bucoliques plutôt que pour les joies simples. Pourtant j'ai su l'inviter dans mon royaume cette joie enfantine autrefois, et avec toi, il semble que de nouveau je puisse l'apprivoiser. « Je trouve aussi. » Tu pourras être un démon aux yeux du monde, tu seras mon Ange à moi. Auréole que je t'accorde pour avoir su m'extirper un instant de mes drames. T'es cette lueur inattendue, presque oui, providentielle, alors plus que jamais tu mérites ce titre honorifique. « Enchantée Dwayne. » Ton prénom et ton nom, ils font super héros, j'imagine des aventures autour de tes épaules, une identité que tu cacherais au commun et une cape que tu viendrais enfiler la nuit venue. L'imagination qui déborde à nouveau, fantasque. A croire qu'ils ont trouvé comment redémarrer le système de la pauvre petite Bain. Et aussi naturellement qu'inattendue a été notre rencontre, tu viens me livrer certains de tes souvenirs les plus intimes. Comme ce mariage avec cette femme que tu as perdu désormais. Je sais comme ça fait mal mais comme ça fait du bien aussi de se baigner de nouveau dans la légèreté de ces moments oubliés aux yeux du monde. Mais pas de nous. C'est le pire et le meilleur qui vient te hanter, te prendre en otage dans des moments que tu n'as pas préparé. Une image, un détail, une odeur, c'est toujours un rien qui ouvre la brèche. Et dans cette profondeur légère, je laisse nos doigts entrelacés, comme pour qu'on se raccroche l'un à l'autre. Je t'écoute parler d'elle et j'aimerais qu'on parle ainsi de moi un de ces jours. De sentir tout l'amour qui exulte encore de tous tes remparts, à sa simple évocation. Un mot, un prénom. Et tu t'allumes, tu t'embrases, tu rayonnes pour de bon. Doux sourire qui vient éclairer mes traits dociles, bien plus jeunes qu'ils ne l'ont été et pourtant bien plus fidèles à Celle que je suis en réalité. « Comment tu l'as rencontré ? » J'ai toujours eu ce goût pour les rencontres, pour les débuts d'un roman qui s'ignore encore. Si on savait à cet instant, que notre vie s'apprêtait à basculer, est-ce qu'on y porterait davantage d'attention ? De conscience. « Elle avait l'air d'être une femme formidable. » Forte, et fragile à la fois, ce genre d'âme qui fascine. Alors ça me touche d'autant plus lorsque tu viens me donner le vestige physique de cette union, anneau dorée et banal, qui pourtant porte tellement de significations. « Merci. » Juste ce mot. Prononcé de tout mon cœur, de toute la lumière dont je puisse être capable. Peut-être que tu seras cette lanterne dans mes noirceurs Dwayne, et pour être que moi aussi, je saurais t'éclairer à ma façon. Sourire immense qui vient rehausser les striures salées qui viennent décorer la porcelaine ébréchée de mes joues. Paupières closes, en un instant, j'imagine, le décor, l'ambiance, les mots. A notre image. C'est fort. Et un murmure qui vient conclure ton hypothèse. « Oui. » Je sais. Je sais parfaitement comment faire, comment m'y prendre. Quelque part, j'ai cette certitude depuis que ses poings et sa rage sont venus me rencontrer dans l'atmosphère survoltée de cette salle de sport. On sait finalement quand l'âme résonne. Simplement, on a pas su le voir tout de suite. Mais en y repensant, c'est évident. Comme cette évidence qui s'impose, de te demander de me conduire à l'autel. Parce qu'un père je n'en ai plus, un frère je n'en ai jamais eu, mais en toi, je semble avoir trouvé les deux facettes, un soutien et une aide évidente, une compréhension tacite, une envie de se soutenir maintenant et ensuite. « J'ai hâte ! » Moi dire ça ? C'est le monde qui bascule, c'est l'envers du décor qui se retourne et s'impose mais on peut tous changer d'avis n'est-ce pas ? Tout ceci ne m'est pas arrivé pour rien et je ne veux plus perdre de temps, je veux cueillir, arracher la moindre parcelle de bonheur que le monde pourra m'offrir car je sais comme parfois, il peut en être avare. Mes bras s'entrouvrent, oisillon apprivoisée, qui vient entourer le colosse de ses bras décharnés, se reposer contre un pilier improvisé et pourtant durable. Doucement dans cette étreinte, je viens m'éprendre de ton odeur, prendre de ta force, et je murmure dans notre secret. « Je vais m'en sortir pas vrai ? » Tu vas m'aider ? Parce que je le veux, mais je ne sais plus vraiment par où commencer.

C'est quand même perturbant, qu'la situation se joue dans ce sens. J'veux dire.. Ca devrait être moi, à ta place. On l'sait tous les deux. T'es tellement jeune; t'as la vingtaine gravée sur l'visage. Pourtant, on dirait qu't'as déjà vécu le double, au grand minimum. Tu devrais pas flotter dans mes sphères, niveau traumatismes. Mais la vie fait pas d'cadeaux, on n'le sait que trop bien. Je sais déjà qu'tu mérites pas toutes ces galères. J'peux seulement espérer qu'à présent, on te foutra un minimum la paix. Que les démons aillent se faire foutre, qu'ils te lâchent la grappe une bonne fois pour toutes. Que tu puisses vivre cette jeunesse qui t'revient de droit. Bizarrement, j'ai l'impression qu'c'est possible. Limite à ta portée, cette fois. J'ai rencontré une Lyra totalement noire sur ce toit; blessée et à bout d'forces. Mais là, tu rayonnes. Tu es devenue ton propre contraire, sans pour autant effacer l'autre partie. C'est beau; ce sont tes facettes réunies. Et regarde ! Comme ton corps respire, transpire la vie. La machine en route; pas encore vraiment sur les rails, mais dans la bonne voie. T'es incroyable, t'es puissante et somptueuse; t'es une putain d'force de la nature. Et j'crois que tu commences à en prendre conscience. Ta vie n'sera plus jamais comme avant; parce que son noyau vient d'évoluer. Chrysalide devenue papillon. Tu m'fais penser à... Moi. Avant et après Tanwen. Elle a fait de moi un homme, avant toute autre chose. Et j'crois sincèrement qu'une bouffée de cette énergie pourrait t'permettre de t'envoler. La Tanwen Power, elle fait toute la différence. J'parle d'elle comme du plus merveilleux des trésors, parce que c'est c'qu'elle incarnait, tu vois. Ca m'fait même plaisir de constater que jamais j'pourrais aimer une autre, comme elle. Que je m'étais pas trompé sur notre relation; parce qu'on était uniques, ensembles. On le sera toujours. " A la formation des pompiers de Californie. J'étais con et prétentieux, doué mais trop.. Téméraire. Elle a été major de promo', haut la main. Elle était mon binôme, et puis.. On s'est jamais séparés. " c'était une femme formidable. Dans une autre vie, j'me dis que tu l'aurais sûrement connue, ma belle aux boucles rousses. Elle aurait fait office de grande soeur; de confidente, comme si elle savait si bien l'faire avec moi. Si facile de vous imaginer ensembles; sorties entre femmes et soirées pyjama. Des trucs totalement anodins pour certains, mais tellement précieux, pour nous qui avons - presque - tout perdu. " Tu m'remercieras quand t'auras la bague au doigt. " mais j'prends note. Et j'te vois briller, comme le soleil que t'es capable de devenir. T'avais besoin d'une étincelle, et j'imagine que c'est la bonne représentation pour moi. Peut-être que tu seras ma lumière, aussi; une lueur dans mes ténèbres parfois trop obscures. Une partie de moi l'espère. J'en ai cruellement besoin. J'ai pas peur de mourir Lyra, et c'est bien là mon plus grand défaut. Peut-être qu'en retrouvant l'goût à la vie, à ton côté; peut-être qu'alors, j'aurais peur de dame faucheuse. " Garde ça en tête. Garde le pour toi, pour vous. C'est votre histoire. " et ce sera parfait, j'le sais. A votre image. Je n'ai pas envie d'savoir, je serais très heureux que c'moment en particulier devienne votre refuge, votre idéal de paix et d'amour. J'espère seulement que ce Shayn te mérite. J'espère qu'il sera capable de reconnaitre la chance qui est sienne, de pouvoir devenir ton mari. " L'impatience a du bon, parfois. " celle-ci en particulier. La vie t'secoue, elle te fait vibrer. C'est ta renaissance. Pour être honnête, j'ai hâte, au moins autant qu'toi. Rien qu'à imaginer la scène, j'en souris. Ton bonheur est contagieux. C'est pur, ça m'rappelle simplement les folles années avec Tanwen. Notre mariage. Nos mains jointes sur son ventre, lorsqu'elle portait encore Jared. J'te souhaite de connaitre ça. Quelque chose m'dit que tu imaginais pas ça, avant. Qu'la perspective d'une union officielle, et d'ces choses qui s'y rapportent, c'était pas trop ta came. Mais goûte au bonheur; prends le ! Il te revient de droit. Douce étreinte que j'accueille avec plaisir, avec une certaine émotion aussi; comme si t'étais déjà une membre de ma famille. J'crois que c'est l'cas, dans un sens. Je n'ai pas l'souvenir d'avoir été aussi apaisé, ni aussi doux avec quelqu'un, depuis Elle. Mes doigts glissent contre ton dos, retrouvent cette habitude perdue d'offrir une caresse, simple et sans prétention aucune, si ce n'est de dire: tout va bien. Lèvres naturellement déposées contre ta tempe, ma noirceur semble presque disparaitre, comme congédiée par tes soins. Ensemble, on brille. Je ne saurais dire lequel de nous aide le plus l'autre. Peut-être qu'on est simplement, pile à cette même longueur d'ondes. Comme parfaitement connectés. " Tu vas voler de tes propres ailes. Et tu vas briller comme jamais. Tout ira pour le mieux. " j'le sens, profondément. Le meilleur est à venir. J'ai pourtant pas l'habitude de dire des trucs pareils. Mais tu vois.. J'vais te donner mes plumes, et on va te fabriquer des ailes. J'vais t'apprendre à voler, et t'iras haut dans le ciel. Et si tu tombes, je serais là. Pour te relancer. Te permettre de remonter.

Je me demande où tu as pu trouver un amour pareil, le changement d'un destin, ça repose parfois dans les détails, dans cet infime mouvement qui aurait pu être inverse et qui nous conduit parfois à nous demander ce qu'il serait advenu de nous si... « Elle était meilleure que toi dès de le départ. » Sourire complice à évoquer cette femme qui semblait parfaite pour toi. Ce genre d'âme si lumineuse qu'on ne peut que pleurer lorsque le monde l'a repris. Ça pousse à crier à l'injustice, à sentir la révolte au cœur, quand on ne peut plus se consoler que de quelques souvenirs qui deviennent brumeux avec le temps. « Et sa voix, son visage, ils étaient comment ? » C'est ce qu'on oublie en premier bizarrement et pourtant c'est l'âme même. J'ai oublié, la voix de mes parents, de mes sœurs et même un peu leurs visages, puisque je n'ai pas pu emporter d'images d'eux. J'ai rien pour les faire vivre dans mes méninges, hormis quelques objets récoltés. « Oui, je vais y réfléchir davantage mais je pense avoir le principal de l'idée. » Laisser l'intuition parler et mon envie, je ne veux pas que ce soit parfait, simplement à notre image, et je suis persuadée que si je laisse parler l'authenticité, ça serait la vraie beauté du moment. Un instant, mon regard se perd à imaginer ce moment. Je devrais sans doute pas, me raccrocher à ce genre de douceurs, à ces petits bonheurs, mais je réalise que j'en ai besoin, j'ai autant besoin de vivre les lumières que le reste. Prête à vivre ma vulnérabilité. C'est ce que j'avoue entre tes bras, t'es ce nouveau refuge, cette pierre angulaire pour ce nouveau chapitre. La destinée nous a conduit sur nos chemins respectifs et peut-être que cela n'aura pas de sens aux yeux du monde. Peu importe. On sait tous deux l'importance qu'on gagne l'un pour l'autre, sans même me connaître. « Tu as des enfants? » Tu l'as évoqué sur ce toit, rapidement, tu as été un mari, mais as-tu eu des des enfants avec elle ? Je vais peut-être remuer le couteau dans la plaie mais j'ai envie de savoir, besoin aussi, savoir si il y a des personnes qui te raccrochent encore à notre monde, comme pour moi Shayn peut être la raison de tenir.

Complexe d'évoquer Tanwen, sans ressentir ce pincement dans la poitrine, là où gît le myocarde. Elle l'a emporté dans sa chute, tu sais. Tout est resté en Californie. C'est pas facile d'être si loin des attaches, si loin d'la terre natale. Mais c'était encore plus complexe de vivre dans ces pas, dans les souvenirs. Je nous revois facilement à l'académie, notre première rencontre. L'instant où tout a basculé. J'nous revois dans l'herbe, dans la prairie, ce soir-là; lorsqu'on a consumé notre amour. La côte ouest porte sa marque, où que j'aille. " J'ai jamais eu la moindre chance face à elle. " et ça m'fait sourire, quand j'y repense. Sur l'coup, j'me rappelle m'être demandé pourquoi, j'pouvais pas faire mieux. Parce que c'était dans son sang, ce boulot faisait partie d'elle; et ça, personne n'pouvait le lui enlever. Même un bosseur acharné n'aurait pas eu la couronne. Evidence envolée, arrachée par les flammes qu'elle savait dompter, mieux qu'personne. Par un lâche. " Elle était rousse, son visage respirait la tendresse. Elle avait ce regard perçant, bleu océan, et ce sourire ravageur; j'ai jamais été capable de lui résister. Ca s'voyait direct quand elle était fâchée, elle prenait cet air dur, mais.. Ca durait jamais longtemps. Elle avait tendance à s'mordre la lèvre, quand.. " je cesse subitement de parler, sourire amusé ancré sur mon visage, tête légèrement abaissée. Tu sais déjà d'quoi j'parle, mais j'pensais pas être capable de m'aventurer jusque là. " Sa voix.. C'était l'chant de la rivière, et celui des oiseaux. Doux, agréable, comme la caresse du vent. Autoritaire lorsqu'il le fallait, mais jamais méchante, ni blessante. Mon contraire. " j'ai pas oublié, ou du moins, j'crois pas. Elle m'apaisait, c'est aussi simple que ça. Et tu vois, j'espère que ce sera aussi, ton cas. Que ton Shayn saura t'faire vibrer, à sa façon. Que tous les deux, vous allez faire l'grand saut, prendre de belles décisions. N'pas vivre dans la peur, l'appréhension, mais simplement profiter. " C'est votre histoire, à vous de l'écrire comme vous l'souhaitez. " mais ça, tu l'as déjà compris. Je sais qu'à votre façon, ce sera parfait. J'peux lire dans ton regard, qu'elle sera magnifique, cette demande. Peu importe la façon, peu importe qu'ça plaise aux autres; tant qu'elle vous correspond. Et j'serais ravi de jouer mon rôle, même infime, dans ton quotidien. De conseiller ton futur mari, sait-on jamais; pas que j'sois un professionnel non plus. Vous êtes encore jeunes, mais l'amour n'connait ni âge, ni frontières. Vous serez beaux, j'imagine déjà la photo d'famille à venir. A ta question, j'viens m'installer un peu plus près d'toi, posant une fesse sur c'matelas d'hôpital, ouvrant mon bras en guise d'invitation. Prenant garde à tes fils, pour pas faire sonner les machines. Ni arracher les perf'. Et j'sors une petite photo d'mon portefeuille, laquelle présente un p'tit gars, cheveux roux et regard clair comme le ciel. " C'est notre fils, Jared. Tu le rencontrera bientôt. " tu fais partie d'la famille maintenant. Je souhaite que tu t'y installes, qu'tu prennes la place qui te revient. Que tu rencontres ce p'tit ange, fruit de notre union. " Et toi ? Tu y songes ? " à devenir épouse, et mère. C'est un rôle dans lequel je t'imagines aisément. Qui sait, peut-être qu'un jour, ton gamin m'appellera "tonton", comme Jared pourrait te surnommer "tata". Famille recomposée par nos soins. Les enfants perdus, les âmes reconstruites, ensembles.  

Mes lèvres s'étirent dans une lueur profonde. Elle était meilleure que toi et tu l'avoues de bon gré. Je vois tellement de quoi tu parles, ce genre d'âme, on a juste de la chance de les rencontrer. C'est doux de les évoquer même si ça fait mal. Je t' écoute simplement parler d'elle comme une gosse attendrie à qui on vient raconter une histoire. Bercée par tes paroles, je maudis la mauvaise fin de ce conte mais je me délecte des prémices de l'histoire. Riant doucement lorsque tu t'arrêtes dans tes paroles. « Je fais ça aussi, ça doit être un truc de filles. » remettant une mèche de cheveux en place, parce que bon, on ne va pas si loin dans la conversation normalement mais c'est amusant et agréable de voir à quel point le dialogue est facile entre nous. Et je pourrais t'entendre parler d'elle pendant un moment, tu sais quoi, j'aimerais bien qu'un jour un homme parle de moi comme tu le fais pour elle. Ce que je dois vivre avec Shayn, je veux me l'autoriser. « On pourra pas faire tout comme on le souhaite mais je veux nous donner les moyens d'accomplir ce qu'on peut. » J'oublie pas l'ombre de son père qui rôde sur nous, ni même le monde dans lequel on vit, malheureusement, les soucis s'invitent dans notre chaos. Toutefois, ça n'enlève rien à la beauté de ce qu'on vit. Et je veux y croire. M'y accrocher de toutes mes forces. Et la curiosité me pousse à nouveau, à te demander si tu as des enfants. Te rapprochant de moi, tu viens ouvrir ton bras dans lequel je me réfugie avec précaution, la douceur ancrée dans mon regard qui s'accentue lorsque j'observe la petite tête de gosse qui se dessine sur ta photo. Je comprends déjà qu'il lui ressemble à Elle. « Ce sera avec joie. Il est magnifique et il a l'air coquin. » Je souris en te regardant alors que tu viens me demander pour moi. Je me surprends moi-même à te répondre ça. « Jusqu'ici je ne voulais pas d'enfants, je voulais pas lancer un enfant dans un monde comme ça. J'ai d'ailleurs mis fin à une première grossesse. » Regard qui se baisse. Mon corps a subi bien trop de blessures et traumatismes, mais aussi de violence. Il faudra du temps pour le réparer, pour qu'il puisse engendrer quelque chose de beau à nouveau. « Mais quand je pense à Shayn, je veux vivre cet ultime amour avec lui, créer un être qui résulte de nous. » J'étais prête à changer pour lui, à évoluer. A me réconcilier avec ma part profonde d'humanité.

On en parle avec une déconcertante facilité; d'Elle, de ces mimiques qui relèvent du plus intime, et tout semble si facile entre nous. L'évidence s'impose encore, affectueuse et plus lumineuse que jamais. Je m'prends à sourire bêtement, à étirer les traits d'mon visage; ça en deviendrait presque douloureux, faute d'avoir oublié l'sens des expressions plus joyeuses, au profit de la glace, du marbre inexpressif. Comme une résurrection sous ta flamme, dans un second souffle partagé. Tanwen m'aurait botté l'cul depuis longtemps, et j'en ai conscience. Ludo me l'a rappelé à maintes reprises. Mais, dans toute cette merde, dans cette violence sans fin, j'avais peut-être simplement besoin du contraire; d'une douceur précieuse, enfantine sur les bords, une personne capable de remonter et de croire en l'avenir. Comme tu crois actuellement à l'amour, à ton histoire romantique; et dieu sait que tu la mérites. " Tout chemin connait ces embûches. Mais aucun mur n'est trop grand, trop épais lorsqu'il s'agit d'amour. " j'ignore quelles sont vos préoccupations, mais j'veux croire que vous pouvez tout surmonter. Tout affronter. J'veux croire en votre force, en votre amour. Que l'malheur ne remporte pas toujours la partie. Soyez triomphants, ensembles. Contre le chaos, lève une armée et éclaire ton ciel de mille soleils. Ne laisse personne te prendre c'qui te revient de droit. Ton bonheur. Et le mien, présentement, de t'accueillir plus proche que jamais. Comme la soeur que je n'ai jamais eue. Le partage, évident, d'mon plus grand pilier de vie, Jared. P'tit gars, véritable portrait d'sa mère. " Il voudra surement jouer avec tes cheveux, c'est clair. " j'imagine déjà ces p'tites mains dans tes boucles dorées, à les faire tourner sans jamais pouvoir les décrocher. Peut-être qu'à Noel, on pourra faire une photo d'famille. Et j'ignore pourquoi, mais je t'imagine parfaitement enceinte, à l'aube d'une nouvelle étape dans ta vie d'jeune femme, future maman. " Je vois.. Et j'comprends cette peine. " une vie pleine de traumatismes, en somme. Ta famille toute entière, un bébé; le monde t'as arraché des plumes, c'est certain. Lèvres que j'pose contre ton front, comme un signe chaleureux pour ton avenir; tu as beaucoup perdu, mais tu n'cesses de te battre. Tes efforts sont sur l'point de payer, j'en suis l'témoin direct. " J'crois que vous avez un paquet d'choses à vous dire, tous les deux. " et tu le réalises, tu en prends conscience. Les cartes reposent entre vos mains. Vous avez les atouts, crois moi. " T'es jeune Lyra, j'imagine qu'il l'est aussi.. Pardonne moi l'expression, mais.. Il serait peut-être temps d'vous sauter dessus, non ? " de vivre à fond, d'profiter de votre amour et d'le consommer. A force de trouver des excuses, l'temps passe et vous perdez le fil. Ce serait bête d'ouvrir les yeux, un jour, et d'réaliser que l'opportunité est passée, sans y avoir prêté attention. Soyez simplement jeunes et amoureux, pour une fois.