@Zéphyr A. Appleby | Je secoue légèrement la tête. « Je ne pense pas. On parle de Johan. S’il est parti en ne laissant qu’un bout de papier, c’est qu’il sait très bien ce qu’il fait, et qu’il n’a pas prévu de faire marche arrière. Il a trop d’égo pour ça. Comme il sait que je ne chercherais pas non plus à lui courir après à l’autre bout du monde, pas si c’est lui qui me fuit volontairement. » On se connaissait depuis longtemps avec Johan, si longtemps, trop longtemps. Il savait combien il comptait pour moi, combien je lui étais dévoué et loyal, mais il savait aussi que ça, ce qu’il venait de faire, ça revenait à trahir notre relation, et que je ne passerais pas au-delà de ça si facilement. Il y avait de la tristesse dans notre séparation, mais aussi de la colère, et il savait que cette colère ne s’effacerait pas si facilement. Il savait ce qu’il provoquait. Et c’était plus blessant encore de se dire qu’il avait bien conscience du mal qu’il me ferait en partant ainsi, ce qu’il avait pourtant fait. « Mais je n’aurais peut-être jamais la possibilité de lui dire tout ce que je ressens vis-à-vis de son départ, notre relation. Même si l’on se recroise, il y aura surement des membres de sa famille, de la mienne, des gens qui jamais ne devront savoir… Il m’a privé de toute réponse pour un bout de temps, peut-être même pour toujours. » Alors que je n’avais qu’une envie, celle de mettre à plat toute cette histoire, aussi violente puisse être notre discussion, oui, il fallait que tout ce que j’éprouve sorte. Je m’enfonce un petit peu plus dans le canapé, l’arrière de la tête appuyé contre celui-ci. « Je te crois Zéphyr… J’te crois… Mais la colère et la tristesse que j’éprouve, je les ai déjà ressenties, et il m’a fallu tellement de temps pour m’en remettre la dernière fois. » Contexte différent, mais douleur similaire, je ne pensais pas pouvoir faire le deuil d’une de mes relations comme j’avais fait le deuil de mes frères d’armes à une époque, voilà où j’en étais, voilà jusqu’où j’avais le sentiment d’avoir été trahi. « Je ne sais même pas si je vais pouvoir rester à Boston… Si je ne vais pas être rappeler à Copenhague dans les prochains jours. Je sais qu’initialement c’est moi qui l’ait suivi ici, mais encore une fois, il n’a pensé qu’à lui, sans se soucier des conséquences que ça pourrait avoir pour moi, sur ma vie… »

J’avais la sensation que les solutions était tellement évidente, mais à la fois tellement compliqué à mettre en place. Leur relation était au-delà de tout ce que le monde pouvait voir et je pouvais comprendre la douleur ce qu’il pouvait ressentir et le fait qu’il soit bloqué avec toutes ses questions et qu’il n’était clairement pas le maitre de la situation. À tout moment tout pouvais imploser dans sa vie, même si je pense que Johan ne causerait pas de tort à Anders sa famille pouvait néanmoins remettre son cause sa place à leurs côtés. J’espérais que ça en reste là, juste une séparation qui finirais par s’arranger, dans le sens où il retrouverait leur amitié tous les deux. Je laisse Anders s’épancher sur tout ça, je le laisse vider son sac autant qu’il le veut, dire ce qu’il souhaitait sans le forcer à quoique ce soit, dispensant quelques conseils que je pensais juste, mais le fait qu’il devait patienter était la seule chose qu’il pouvait faire. Néanmoins je lui proposais de joindre Johan pour prendre la température sans forcément lui dire que je savais pour eux deux. Je finissais par lui proposer de dormir sur place s’il le souhaitait et une petite après-midi avec Anja pour lui changer les idées, lui faire penser à autre chose. Il n’y a pas de miracle, seul le temps guéri les blessures du cœur.

FIN