17.08.2021 | @A. Logan Smith-Carlson | J’avais décidé de passer une soirée tranquille dans ma cabine, à gribouiller sur ce petit carnet que j’emportais partout avec moi, jusqu’à être dérangé par les vibrations de mon téléphone. Nouvelle qui tombe, jumeau à Boston, le choc. Mélange de joie et d’inquiétude face à la nouvelle, mes pensées s'embrouillent déjà alors que je ne l’avais même pas encore retrouvé. Mécaniquement, les diverses formes grattées sur le papier prennent celles de moutons. L’esprit hanté en quelques messages, il fallait que j’aille me vider la tête. Je délaisse le short et le débardeur qui me servent de pyjama pour enfiler quelque chose de plus présentable, une robe blanche avec des fleurs dessus. Parfaite pour la saison, parfaite pour le cadre idyllique dans lequel je me trouvais. Je prends ma carte, laisse mon téléphone dans la cabine pour ne pas être tentée toute la soirée de l’appeler, de boucler un vol pour rentrer au plus tôt. J’étais en vacances, j’étais venue pour en profiter, et jusque là, ça me réussissait plutôt bien, alors je n’avais aucune raison de me prendre la tête, de me refuser les formidables aventures qui m’attendaient encore.

Direction le bar du bateau, histoire de boire un verre, ou deux. Bref, autant qu’il m’en faudra pour relayer tout ça tout au fond de mon cerveau et passer une bonne soirée. Et de préférence, pas complètement seule. Arrivée au bar, je regarde autour de moi, cherche un visage connu, ou à défaut, un visage que je ne me lasserais pas de regarder au bout de quelques minutes. Je trouve ce visage, installé sur un tabouret au comptoir. Belle homme ténébreux, tout à fait mon genre. Maintenant, il ne restait plus qu’à établir un contact. Sourire qui se dessine, je fais quelques pas, évaluant la distance qui me sépare de lui pour trébucher faussement, me rattrapant à son épaule, donnant l’air d’être choquée par ma propre maladresse. « Oh la la ! Je suis désolée ! Visiblement, les talons n’étaient pas le bon choix pour la soirée. Je vous assure que je n’ai pourtant pas bu ! Pas encore du moins. » Je me redresse et me glisse sur le tabouret à côté de lui, sourire aux lèvres. « Heureusement que vous étiez là, qui sait comment j’aurais finie ! Un verre pour vous remercier ? »

@A. Logan Smith-Carlson | La remarque du jeune homme est presque assassine. Je me retiens de rouler des yeux et au lieu de ça, me contente de sourire naïvement, amusée. « C’est vrai que j’aurais pu, mais ça n’aurait pas été assez élégant. » Supercificielle, c’est l’image que je renvois, parce que même si je valais bien plus qu’une simple poupée barbie, mon physique était aussi une de mes armes. J’avais eu du mal à l’accepter à une époque, quand on pensait que me vendre pour mon physique était normal, tel un morceau de viande pour quelques charognards. J’en avais eu une telle haine adolescente, mais en grandissant, il m’avait fallu comprendre. Comprendre comment fonctionnait le monde, les hommes. Comprendre ce que mon physique pouvait m’apporter, même sans avoir à coucher. Des sourires, mes grands yeux bleus, tout ça, ça pouvait peser dans la balance, lors d’une discussion, lorsque je devais me tirer hors de certains ennuis, quand je voulais quelque chose. Et ce soir, c’est lui que je voulais.

Je fais signe au barman de la main pour qu’il s’approche, prenne nos commandes. « Ce que Monsieur voudra … » Je désigne le jeune à mes côtés d’un petit signe de tête. «… Et un mojito. » Choix évident pour toujours plus se fondre dans le décor. Après tout, le rhum c’était l’alcool des caraïbes. Je me tourne un peu plus vers le jeune homme, les jambes croisées. « Je peux être honnête ? Je n’ai pas de problèmes à tenir sur mes talons, mais je ne savais pas comment t'aborder. Trop d’hommes sont encore de l’ancienne école et n’aime pas se faire offrir un verre par une femme. » Carte de la franchise, après tout, je n’avais pas de honte à avoir de désirer un si bel homme, mais je voulais être certaine de ne pas me faire rembarrer à cause d’un égo mal placé. « Je m’appelle Elvira. »

@A. Logan Smith-Carlson | Argument pertinent, je n’étais pas  plus élégante à lui tomber dessus, c’est vrai, mais au moins, je pouvais initier un contact physique même sans y avoir été invité. Après tout, tant de choses pouvaient découler d’une simple maladresse, d’un simple imprévu. Qui sait, avec une autre entrée en matière, il m’aurait peut-être tout simplement ignorée. Ou alors les choses auraient pu être plus directes. On ne le saurait jamais, mais ce n’était pas grave, puisque dans tous les cas, j’avais eu mon approche. « C’est vrai que ça ne me montre pas sous mon meilleur jour, mais je peux corriger ça. » Un sourire, des yeux doux, et l’élégance réapparaitrait d’elle-même sans le moindre doute. Alors je ne me gêne pas pour sourire, non pas à outrance pour autant, mais la commissure de mes lèvres reste légèrement étirée. Deux cocktails commandés, je dépose ma carte sur le comptoir, pour offrir comme promis son verre à celui qui devenait un peu plus, à chaque seconde, celui avec qui j’allais très certainement passé une bonne partie de la soirée. Si ce n’est plus. J’espérais plus.

Honnêteté et franchise de mise, monsieur avait vu clair dans mon jeu. Se pourrait-il qu’il ait autant d’esprit que de charme ? Il semblerait. « Grillééée ! » Je ris légèrement. Inutile de faire semblant plus longtemps, ni d’essayer de justifier mon piètre jeu d’actrice pour ce soir. J’étais venue chercher de la compagnie pour une partie de la nuit, rien d’autre, et cela devait se ressentir. Sa main vient prendre la mienne, je le laisse faire, étonnée qu’il choisisse ce contact distant de poignée de main pour me saluer. Oh mais… ! La surprise est réelle mais plaisante lorsque ses lèvres viennent se poser sur le dos de ma main. « Enchantée Logan. » Charmée même, de le voir se comporter en tel gentleman. « Comment se passe ta soirée ? J’espère que je ne perturbe pas tes plans pour ce soir. » Autrement dit, que personne n’allait avoir le culot de nous interrompre ou nous déranger, qu’importe le sexe de cette personne, parce que je n’allais pas aimer. Et je n’étais pas du genre à m’effacer si facilement. Nos cocktails sont déposés sur le comptoir, et j’attrape le mien sans pour autant le porter à mes lèvres. « Est-il trop tôt pour porter un toast à cette soirée, ou bien nous pouvons nous le permettre, car on sait tous les deux que nous n’allons pas l’oublier de si tôt ? »

@A. Logan Smith-Carlson | Il marque des points. Bien sûr, il y a cette petite pointe d’excès quand il dépose ses lèvres sur ma main, quand il assure que je fais partie de ses plans. Il y a ce côté cliché de toutes les techniques de drague pour les mecs en manque d’imagination, mais je sais bien qu’il vaut plus que cela. Je le devine. Parce qu’il ne manque pas d’esprit, ni de charme, et parce qu’il dégage bien trop d’assurance pour un mec qui n’a pas l’habitude de plaire. Il doit d'ailleurs savoir, combien il peut plaire, il doit savoir que les femmes - et même les hommes - se retournent sur son passage. Et même si je ne suis pas la première à lui faire comprendre, même si je ne suis pas la première à entendre ce genre de clichés un peu mensongers de sa part, je ne m’offusque de rien. Je ne lève même pas les yeux au ciel. Après tout, j’étais venue avec une idée en tête, et il y était réceptif. Alors pourquoi m’en plaindre ! « Ravie de l’entendre. » Et tant qu’on serait sur la même longueur d’onde, ce sentiment perdurerait.

Son verre vient tinter doucement contre le mien, laissant un nouveau sourire se dessiner. Je porte enfin le verre à mes lèvres, apprécie la fraîcheur du cocktail, l’acidité du citron, la douceur de la menthe. Parfait pour accompagner ce moment. Lueur de malice quand il évoque la suite de la soirée. Je n’avais pas vraiment réfléchi aux belles choses que je pouvais lui promettre pour cette nuit, mais ce n’était pas un problème. « Pas du tout ! J’agis et ensuite, je me laisse porter par le vent. » Ce n’était pas toujours vrai, mais ce soir ça l’était. « Mais bon, une jeune femme qui te bouscule volontairement pour boire un verre avec toi, je pense que tu te doutes bien de quoi elle est capable. Et si jamais tu as besoin d’une démonstration, je serais ravie de te le montrer... dans ta cabine. » Transparente et claire sur mes intentions, la balle était désormais dans son camp.

@A. Logan Smith-Carlson | Je hoche lentement la tête à ses propos. Oui, au feeling. Et ce même si mon éducation avait tenté de faire disparaître cette notion. Bien sûr, il n’était pas pour autant question d’amour, ou de quoique ce soit du même genre, d’aussi puissant, mais il s’agissait quand même de moi, qui fonçait tête baissée vers mes envies, sans réfléchir aux conséquences. Ce que mon paternel désapprouverait complètement s’il venait à l’apprendre. Mais ça aussi, je tachais de ne plus m’en soucier. Frères à Boston, moi toujours sevrée, en soit, je n’avais rien à me reprocher. Et tant qu’il n’était pas question d’attachement, lui non plus ne pourrait rien me reprocher. Heureusement pour moi, Logan ne semblait pas de ceux qui s’attachait dès le premier soir. Non, il semblait comme moi, à répondre à ses envies quand elles se présentaient, à accepter quelques propositions indécentes quand celles-ci se révélaient intéressantes. Et je suppose que la mienne devait être très intéressante pour qu’il me presse à finir mon verre rapidement pour mettre les voiles vers un autre lieu, plus intime j’espère. « Avec plaisir ! » Comme lui, je termine mon verre d’une traite, prête à me lever quand je vois sa main devant moi. « Un vrai gentleman. J’ai vraiment eu de la chance de tomber sur toi ! » Sourire et regard malicieux alors que je dépose ma main dans la sienne, posant enfin les pieds sur le sol, même si je savais qu’il n’y avait aucun risque pour que cette “maladresse” se reproduise une seconde fois. Pourtant, je ne la relâche pas tout le long du chemin qui nous mène à sa cabine, me laissant joyeusement entraînée à sa suite. Une fois sur place, je découvre sans surprise une cabine presque identique à la mienne. Je suppose qu’elles l’étaient toutes. Je relache la main de Logan pour attraper son visage et l’embrasser langoureusement. Les hostilités étaient lancées.