ENFANCE

Je n'ai que peu de souvenirs de mon enfance mais il y en a bien quelques-uns plus marquants que d'autres... A commencer par le décès de ma mère. Dire que je m'en souviens serait mentir, je n'avais que deux ans lorsqu'elle a décidé de mettre fin à ses jours. Mais je me rappelle très clairement l'avoir réclamée durant des mois sans jamais comprendre pourquoi elle ne revenait pas. Le plus dur dans cette perte n'a pas été la perte en elle-même mais plutôt l'incompréhension. Pourquoi ? Voilà une question à laquelle je n'ai jamais pu répondre. Mais heureusement ou non, mon père s'est presque immédiatement remarié avec Carol, une Italienne treize ans plus jeune que lui — et que je suspecte d'avoir entretenu une relation avec lui bien avant qu'il ne soit veuf... Enfin soit. J'ai trois ans lorsque ma demi-soeur, Hayley, voit le jour. Elle est ce que j'ai de plus précieux, mon phare dans la tempête. Depuis qu'on est gosse, on s'adore, comme si elle était la seule à pouvoir me comprendre.
Assez jeune, je me découvre des capacités et un goût pour le sport. Je commence par la natation, le tennis et peu de temps après s'ajoute l'équitation jusqu'au jour où je décide de me consacrer quasi exclusivement au polo.
Mon père est absent, ma belle-mère souvent partie en voyage et on reste pour la plupart du temps seuls avec Hayley et la jeune fille au pair qui s'occupe de nous.

ADOLESCENCE

Si mon père et moi n'avons jamais été très proches, notre relation se dégrade vraiment lorsque j'intègre un lycée privé à Londres. On a déménagé, Woodstock me manque mais je me fais rapidement à cette nouvelle vie. Mais comme on s'est rapproché du travail de mon géniteur, cela signifie qu'il est beaucoup plus souvent à la maison. Il me met constamment la pression et tout prétexte est bon pour le fuir. C'est le début des sorties, le début des excès et surtout, le début d'une course sans fin entre moi et la solitude qui ne cesse de vouloir me rattraper. C'est aussi à ce moment-là que je me questionne vraiment au sujet de ma mère. J'ai besoin d'apprendre à la connaître et comme le sujet est tabou à la maison, j'entre en contact avec sa famille restée au Canada. Beaucoup de démarches pour peu d'informations et surtout le début des vraies emmerdes avec mon père. Lorsqu'il découvre que je communique avec mes grands-parents et ma tante maternels, il menace de me couper les vivres jusqu'à ce que je rompe définitivement les ponts avec eux. S'en suivra un chantage malsain qui s'étendra bien au-delà de cette histoire de famille canadienne.

UNIVERSITE

Oxford... Ce n'était pas une option, je devais réussir. J'ai dû bosser dur pour être admis, encore plus dur pour parvenir à la fin de mon Bachelor tout en supportant la présence étouffante de mon père. Mon diplôme en poche, j'ai eu le choix entre accepter un poste avec mon père ou poursuivre ma formation. Mais ça non plus, ce n'était pas une option: je ne survivrais pas à un seul mois de plus en sa compagnie.
Mon arrivée à Harvard m'est alors apparue comme un soulagement. J'ai toujours eu le contact facile, m'intégrer sur le sol américain n'a pas été très compliqué. Loin de l'atmosphère austère d'Oxford, je peux enfin respirer ici... Bien sûr, j'ai dû laisser ma vie à Londres derrière moi. Ma copine de l'époque, tous mes amis que je considérais comme des frères, Hayley... Mais surtout mon père. Et rien que pour ça, c'est fucking bien.