peut-être que dolly aurait pu un jour croiser la route d'orson,
mais son état d'esprit plus jeune n'était pas celui de maintenant,
ou alors elle n'était qu'à un stade embryonnaire de ce qu'elle voulait développer aujourd'hui.
dans tous les cas, même si elle avait croisé monsieur morrow plus jeune,
elle n'était pas certaine que leurs esprits auraient pu fusionner autant que là.
politiques, puis je suis parti dans une université communautaire,
je n'avais ni les moyens ni l'envie de m'investir dans un domaine aussi grand qu'harvard.
quand on était étudiant d'harvard, il y avait la fierté du prestige que dolly avait du mal à comprendre.
elle soupçonnait même les gens de n'y aller que pour ça et ça l'exécrait au plus haut point.

les lieux étaient sublimes, elle découvrait des endroits qu'elle ne connaissait pas,
et il prenait un réel plaisir de marcher aux côtés d'orson.
d'extérieur, ils avaient l'air d'être un couple parfaitement équilibré.
dans ses oreilles, les petites notes des oiseaux caressaient ses tympans et elle appréciait particulèrement le cadre,
il expliquait donc par la suite n'avoir jamais eu la bague au doigt mais...
que faisait-il ?
mettait-il vraiment un genou à terre ?
avait-il conscience de ce qu'il était en train d'entreprendre ?
que dolly allait juste s'enfuir et ne jamais revenir ?
pire même, elle était certaine qu'elle exploserait de rire à son visage et que rose red prendrait le pas sur toutes ses volontés ?
il mit un pied en arrière, à regarder où est-ce qu'elle pourrait courir pour se réfugier,
c'était bien dommage, elle l'aimait bien.
il gâchait tout pour... quoi ?
puis en fait.
non.
mais.
quelle
idiote.
orson se relève et elle se raccroche à son bras,
espérant qu'il ne voit pas le demi-sourire qu'elle essayait de dissimuler.
elle y avait bien cru une seconde.
et vous n'étiez pas déguisé ? qu'elle essayait de détourner,
pour masquer le malaise qu'elle subissait toute seule. ça ne m'est jamais arrivé ce genre de... folie.

Orson se releva, à des années lumières d’imaginer les fausses idées qu’il a pu mettre dans la tête de Dolly, et heureusement pour lui. De toute façon, Orson n’était pas – plus – mariage, il avait du mal à se faire à l’idée que quelqu’un d’extérieur à son couple, un curé ou un maire, puis officialiser son union avec une femme. « Non, mais nous ne sommes pas allés jusqu’au bout, nos parents et amis nous ont raisonné … et heureusement. Quatre ou cinq mois après, nous nous séparions » ajouta le professeur en haussant les épaules. Puis il tourna la tête vers la jeune femme. « Jamais, vraiment ? » . S’il y avait bien quelqu’un qu’il imaginait d’assez fou pour succomber de la sorte à des idées folles, c’était Dolly. « Promis. Je jure de ne pas vous demander en mariage devant le sosie raté d’une célébrité » , ou devant qui que ce soit d’autre.

Les deux tourtereaux continuèrent leur promenade. Orson emmena son amante devant les amphis de sa faculté. Il poussa l’une des deux portes pour y emmener Dolly. Vide, l’amphi se démarquait par le silence qui y régnait. « Et vous ? Des frères et sœurs ? Des exs dont je devrais me méfier ? » demanda-t-il pour tenter d’en apprendre davantage sur la jeune femme. « Qu’est-ce qui vous a poussé à travailler à la mairie ? La politique municipale vous plait ? » ajouta Orson, l’assaillant de questions.

elle cherchait ses mots, dolly, parce qu'expliquer ce qui lui était arrivé en jouant les veuves éplorées,
c'était un exercice facile mais orson lui rendait la tâche difficile.
elle avait l'impression d'être capable de lui ouvrir son coeur,
mais sa réalité lui empêcherait toujours d'atteindre la vérité.
je me suis mariée il y a quelques années de cela,
il a malheureusement succombé à un arrêt cardiaque quelques années plus tard.
elle laisse sa voix devenir mélancolique, pour utiliser ses ressources.
dolly n'a pas lâché le bras d'orson et regarde au loin, comme on parle d'un vieux souvenir.

c'était jeffrey kennedy jr., l'outsider de la famille kennedy. un grand homme connu pour son conservatisme et son parti politique républicain, à l'instar du reste de la famille profondément démocrate.
elle était même apparue dans le journal lors de sa mort, des larmes de crocodiles à ses joues.
parfaite petite comédienne, la dolly.
et depuis je n'ai pas eu d'histoires d'amour. mais de la sexualité, il y en avait tout le temps,
même avant la mort de kennedy, même pendant et... même après.

merci bien ! ça ne serait pas du tout romantique ! qu'elle pouffa légèrement, la bouche en coeur et les yeux rieurs.
puis il retournait la question. je n'ai pas de frères et de soeurs. j'ai une amie d'enfance que je considère comme ma soeur mais je ne lui ai pas parlé depuis... pfiou, longtemps.

la balade était même champêtre quand les jardins s'étendaient à perte de vue.
parfois même qu'elle laissait choir sa joue contre l'épaule d'orson,
sa chaleur était rassurante et bienveillante.
aucun ex à se méfier ! mais je cotoie des gens avec de sacrés caractères.
un pas de travers et... elle mime avec le pouce un couperet à la gorge.
puis elle rit, pour dédramatiser la situation car bien entendu, c'était de l'ironie.
(pas du tout.)

j'ai toujours eu vocation et volonté de faire de la politique,
j'ai des désirs de changement du monde.
croyez-moi orson, vous verrez bientôt "dolly mayfield, présidente des états-unis d'amérique" et vous serez peut-être mon conseiller si le coeur vous en dit !
elle lui vole un baiser rapidement, juste par envie. mais pour l'instant, je préfère commencer à ce poste là, apprendre les rouages à plus petite échelle.

un banc se dessine un peu plus loin et elle attire orson vers celui-ci pour qu'ils s'assoient cinq minutes, histoire d'admirer la vue qui se dépeint devant eux.
et vous ? la musique alors ?
pourquoi ce groupe ? quel en est son histoire ? avez-vous envie de vous professionnaliser au point de devenir très connu ?

Le musicien eut un geste attentionné, une caresse, son emprise sur le bras de Dolly qui se resserra alors qu’elle évoqua son veuvage. Orson n’était pas doué avec les mots, mais il savait faire preuve d’empathie. Et plus encore, il tenait à Dolly. En à peine quelques jours, la jeune femme avait prit une place importante pour lu. S’il appréciait les moments qu’ils passaient ensemble lorsque leurs deux corps se mouvaient à l’unisson, il s’étonnait d’aimer tout autant ces moments plus légers. « Je suis désolé » commença-t-il à dire ; il le pensait vraiment. Il s’abstint alors de tout commentaires sur le Kennedy, il en serait incapable.

Il haussa ensuite les sourcils. « J’ignorais que ce genre de personne se cachait à la mairie » commenta Orson, un sourire moqueur aux coins des lèvres. Son appréhension pour les fonctionnaires n’était pas un secret pour son amante. A sa connaissance, seul un fonctionnaire se démarquait du lot, et il était à son bras. « Et quel serait votre programme Mme la Présidente ? Un avis sur l’écologie et l’environnement ? Sur la situation des camps de travail en Chine et ailleurs ? » lui demanda Orson en moquant le ton d’un journaliste de CNN. Pourtant, il n’était pas moqueur envers ses ambitions ; il les enviait. Orson avait sa vie bien rangée, son rythme parfaitement ordonné. Ses ambitions, il y avait bien longtemps qu’il les avait rangées au placard.

Assis sur un banc, il attira Dolly contre lui, posant une main sur la cuisse de la jeune femme. Sans arrière-pensée non, son geste se voulait tout bonnement affectueux. « J’ai toujours voulu faire de la musique. D’abord du classique, mais j’ai échoué. Puis j’ai découvert le jazz, moins académique, plus libre ; ça m’a tout de suite plu » . Avec son pouce, il effleura la peau de la rousse, continuant son discours. « Le groupe est né il y a quelques années, simplement parce qu’on était plus ou moins tous amis », il ne connaissait pas tous les membres à la formation du groupe, « et on joue surtout pour nous amuser, pour vivre un peu. Je pense que c’est pour ça qu’on restera à notre échelle. Je suis bien où je suis Dolly, le succès ne m’attire pas, je ne pense pas être un meilleur musicien si je vends des millions d’albums » , pourtant il serait indéniablement plus riche, c’est sûr.

l'attention était attendrissante, de la part d'orson.
et elle jouait alors la peine à la perfection, l'illusion d'une femme au coeur brisé,
en train de se faire panser par le bassiste à ses côtés.
ce qu'il ne savait pas ? c'était qu'il ne pansait rien, mais il faisait naître en elle des papillons au niveau de son estomac,
et son coeur s'emballait un peu.
il avait un drôle de pouvoir, ce monsieur morrow.

puis vint la question journalistique, sur un ton d'humour qui détend l'atmosphère lourdement amenée à cause de dolly,
et elle réfléchit un instant...
- faire une thanos,
- faire une purge,
- faire the walking dead.
mais elle ne pouvait décemment par étaler ce projet aux yeux d'orson où elle passerait pour...
ce qu'elle était réellement, indeed.
alors elle bordait, dans le jeu.
je révolutionnerais le monde et offrirait déjà beaucoup plus de visibilité aux femmes dans le travail,
la cause féministe me tient particulièrement à coeur. ça, ce n'était pas un mensonge.
et je... ramènerais la paix dans le monde ! qu'elle haussa le ton pour appuyer ses propos,
bien entendu avec autant d'humour et de dérision dont elle put prétendre avec ce genre d'utopie.

puis quand il expliquait alors son amour de la musique, elle ne sut faire autre chose que d'enrouler ses doigts dans les siens,
ceux sur la cuisse.
l'écoute attentive, elle hochait la tête.
son ambition a lui était beaucoup plus pudique, mais tout aussi égalitaire.
et elle se disait que... le jour où elle atteindrait un poste à responsabilité,
elle lui donnerait toutes les places du monde.

je peux déjà vous promettre qu'à chaque concert caritatif,
je réserverais une place pour purple haze, soyez en sur.
premier degré, elle avait beaucoup apprécié sa musique.
et le professorat ?

« La paix dans le monde ? Rien que ça ? » . Il rit doucement, apréciant la caricature. « Ecoutez Miss Mayfield, c’est décidé : vous avez mon vote ! » , comme si son simple vote ferait la différence, comme s’il pouvait outrepasser le système électoral américain. Puis il tourna la tête vers elle avec un haussement de sourcil amusé. « Mais on vous accuserait de favoritisme. Vous voulez que le Washington Post s’en mêle ? » et l’idée de faire les gros titres pour quelque chose d’aussi risible l’amusa. « Mais ne vous en faites pas pour moi, je me moque d’être connu et d’être la tête d’affiche d’un concert. J’aime jouer dans des bars ou pour des publics plus restreints » .

Orson se leva ensuite, sa visite n’était pas terminée, il lui restait un lieu à faire découvrir à Dolly. « Ça fait trois ans environ que je suis prof’. C’est toujours quelque chose qui m’a attiré. J’aime transmettre ma passion aux autres » que ce soit devant un tableau noir ou sur la scène d’un bar. « Vous trouverez ça peut être ridicule, mais j’aime m’imaginer que c’est un devoir, que c’est ce que je dois faire » . Les deux amants arrivèrent dans une salle à l’ambiance chaleureuse dont les murs étaient parsemés de photos de musiciens de légende. « C’est ici que j’enseigne la musique. Je crois que c’est mon endroit préféré à Harvard » précise le musicien un sourire satisfait au bord des lèvres.

elle s'amuse de la situation dolly,
ses mains qui restent contre les siennes, elle apprécie beaucoup la chaleur qui s'en dégage,
au point de ne jamais vouloir les lâcher.
elle rit pleinement de la théâtralité que met orson dans sa prose et elle met une main sur la coeur,
simulant une larme à essuyer au coin de son oeil. merci, merci. trop d'honneur !

dolly dévoile ses dents dans un sourire franc et le remplace par un visage vainement choqué.
ma vie privée ainsi dévoilée ? je nierais en bloc ! mais il revient à une réalité plus sensible, là où il prend sa main pour la conduire au bout de l'univers.

dolly s'empresse de le suivre et d'écouter sa façon dont il aimait transmettre sa passion,
là où les élèves rêvaient de vrais caractéristiques professionnelles,
là où orson laissait transpirer son art au travers de son devoir,
parce qu'elle comprenait pleinement ce terme là.
auprès des souls stealers, elle avait cette sensation de faire quelque chose de plus grand qu'elle,
qu'être auprès d'eux lui semblait tout à fait naturel.

non, je comprends votre ambition,
l'association dans laquelle j'opère m'apporte ce sens du devoir qui me parait primordial dans ma réussite personnelle.

vint le moment où il lui montrait la salle de classe,
et elle eut une odeur d'émerveillement dans les yeux.
elle parcourait les photos avec attention, du bout du doigt,
glissant un index sur la batterie,
la pièce ne résonnait pas avec sa voix, comme si elle était insonorisée,
c'était vintage.
et coriace.
et vraiment bien travaillé.
je comprends parfaitement votre amour pour ce local,
il est divin.
il sent... la passion. des chaises étaient rangées, ouvertes.
dolly s'y assit.

alors professeur, nous avons cours de quoi aujourd'hui ?

Orson la regarde se déplacer dans la pièce, satisfait de l’effet qu’un tel endroit – si important pour lui – pouvait procurer chez Dolly. Parce qu’il s’ouvrait à elle, à sa façon. Il la laissait entrer dans son monde, en savoir plus sur lui. « Oui, c’est assez enrichissant de savoir que nos actions trouveront un sens dans le futur » . Ainsi, il se sentait important, comme si son passage sur Terre avait servi à quelque chose, qu’il ne s’était pas résumé à l’existence ridicule d’une poussière. Le professeur s’approcha alors de son élève, la toisant de haut. « Normalement aujourd’hui à cette heure-ci, histoire de la musique » , rien de très passionnant, aussi bien pour les élèves que pour le professeur à qui on avait assigné ce créneau. « Mais pour être honnête, c’est assez ennuyant … » . Il se pencha alors au-dessus d’elle, déposant ses lèvres contre le front de la rousse. « Je ne voudrais pas vous infliger ce genre de cours. Vous seriez venue demain, j’enseignais le piano » ajouta Orson en haussant les épaules, souriant à l’idée d’avoir Dolly parmi ses élèves.

mais orson ne saisissait pas la perche que dolly lui tendait,
c'était bien sa veine, elle en rirait plus tard mais là tout de suite,
l'idée même d'avoir un cours d'histoire l'enchantait guère.
d'un baiser chaste, il laisse s'envoler l'espoir d'une bestialité corporelle,
et dolly était certaine d'une chose : elle ne se laisserait pas démonter.

non, non monsieur morrow, vous m'avez mal comprise.

elle prit sa main, déterminée, sans pudeur, et la collait contre son sein,
en forçant pour ne pas qu'il l'enlève.
de son autre main, il lui saisit le col pour qu'il se force à tomber à genoux,
j'ai demandé quel cours nous avions aujourd'hui,
professeur. et elle insistait sur le dernier mot.
allait-il comprendre la subtilité ?
parce que ce qui était sûre, c'est qu'elle ne partirait pas de cette pièce sans avoir mangé un bout d'orson morrow.
encore.
toujours plus.
elle était insatiable.

Orson haussa un sourcil ; elle était insatiable. L’appétit de son amante n’avait aucunes limites. Mais il n’allait pas s’en plaindre non ; Orson avait au moins aussi faim qu’elle. On aurait dit deux adolecents profitant de chaque instant d’intimité, de chaque décor inédit pour s’adonner au plaisir charnel. A genoux devant sa muse, « miss Mayfield, la leçon d’aujourd’hui est inédite » dit-il un sourire en coin, avant que sa tête ne disparaisse sous la jupe de la jeune femme.

~

Le musicien se releva lorsque sa muse fut comblée. « Voyez cela comme une entrée en matière » . Orgasme 101. « Aujourd’hui, le temps me manque, mais croyez-moi, nous avons encore beaucoup de choses à voir » ajouta Orson dans le creux de l’oreille de Dolly. Cela l’amusait de la faire languir, de jouer avec ses désirs. Il se dirigea alors vers la porte, prêt à sortir. « Vous venez ? »