@Lyra Bain Parler d'elle à une inconnue, après avoir fait un bad trip. J'en suis pas si fier. Je me sens minable. Je suis sûr que de là-haut, elle doit tellement me juger. Me faire de gros yeux, avoir pitié de moi. Elle aurait voulu que je me batte, que je continue de vivre, que je laisse la chance à une autre fille de soigner mon coeur et d'en prendre soin, comme elle a échoué. Mais non, je n'y arrive pas. Le deuil est toujours là et c'est impossible pour moi d'accepter la perte. Epaules qui se haussent quand la blonde voit juste dans mon jeu. « ouais, d'habitude ça fonctionne. » mais ce soir, j'ai pris un truc de trop et maintenant, je l'ai encore plus en tête. C'est à se demander si la voir en face de moi est réel ou pas. Parler d'elle... elle veut sérieusement me faire chialer. Je soupire en levant les yeux au ciel et je fixe les étoiles, je laisse mon regard s'y perdre. « elle était exceptionnelle... elle voyait toujours le bon côté chez chacun. elle donnait des ondes positives partout où elle passait. » j'étais tout le temps boosté. Mais depuis qu'elle n'est plus là, je n'arrive plus à chercher ces ondes qui me font vibrer. Alors je tente de les trouver dans la drogue.

@Loyd Higgins

Gamin écorché, abîmé par la cruauté de ce monde. Le sort est impitoyable. Il n’a que faire de la beauté des âmes, de leur innocence et la mort semble même perverse, nous arrachant les plus solaires, les plus lumineux. Sourire amère qui vient border mes lèvres voluptueuses. Tu la vois la cassure dans mes yeux de poupée. Irrépressible, ma mâchoire vient se serrer comme pour laisser dévaler l’acide de ma salive. « Tu n’es pas en colère ? » Elle est meilleure tu sais ? Plus salvatrice. Plus efficace pour armer le battant, lui ordonner de continuer sa mécanique et permettre au corps d’aligner les pas l’un devant l’autre, sans pour autant avoir de destination. La tristesse, elle abat, elle désarme, elle nous rend plus faible encore, plus vulnérable. Et toi ? De quelle espèce es-tu ? Les faibles ou les battants ? Les Révoltés ou les Désabusés ? « Tu n’as jamais eu envie de faire tout exploser ? » Propre tambour qui s’anime entre mes côtes, parce que c’est la seule issue, celle qui permette un mouvement, celle qui donne un semblant d’énergie, d’exutoire. Le soulagement est éphémère certes, mais il a le mérité d’être présent.

@Lyra Bain Une rencontre peu commune. N'importe qui utiliserait des mots doux pour me raisonner. Me dire que ça va aller pour la énième fois depuis un an. Mais la blonde, elle cherche ce que j'ai de plus noir au fond de moi. J'ai tout essayé. Aller de l'avant en restant la tête hors de l'eau, difficilement, mais j'y arrivais. Maintenant, j'arrive à un stade où je suis perdu. Le temps me semble trop long. Cela fait trop longtemps que mon nez flotte hors de l'eau et je sens que l'énergie n'y est plus. Et si je sombrais ? Peut-être que les résultats attendus seraient plus faciles. « bien sûr que si. » je me fais du mal à moi-même. J'explose tout dans ma tête, dans ma vie. Et je laisse les autres loin de moi pour ne pas qu'ils soient heurtés. « mais bon, à quoi sert la violence ? » c'est ce qu'on m'a toujours appris. Elle ne résout rien. Mais peut-être que si, peut-être qu'on nous a mis ça dans le crâne pour éviter qu'on le fasse car ça marche du tonnerre.

@Loyd Higgins

Gamin perdu, agneau blessé. Ange dont on ne voit plus les ailes. Elle les a emporté avec elle, ta douce, dans ce paradis qu’on devine, qu’on imagine, qu’on maudit aussi souvent pour nous prendre sans crier gare, ceux qui nous sont chères. Alors oui, cette injustice vient laisser naître la colère. Une rage, sourde, froide, insidieuse, qui ne demande qu’à hurler là, tapie dans l’ombre, qui ne demande qu’à exulter, s’épanouir dans les fleurs carmines de la douleur. Mes orbes détaillent tes traits fins et juvéniles, l’air aussi innocent et perdu que j’ai pu l’être. Ça me ramène une vague et étrange nostalgie, un peu lancinante, un peu agaçante.  « ça permet de ne pas oublier. » De ne pas s’endormir dans cette étrange et souffreteuse léthargie, entre rêve et réalité, où la douleur pourtant ne vient pas s’effacer, la rage elle, l’aveugle quelques instants. « Tu veux essayer ? » Épaules qui viennent se hausser. « Je parie que t’as tout essayé. Je parie que y’a personne qui comprend. » Des phrases toute faites, des regards inspirés de pitié, des murs qu’on vient dresser sur la douleur, sur la peine, parce que la vérité est là. Personne ne peut la voir en face. Sauf une personne qui n’en connaît que trop les reflets.

@Lyra Bain Une proposition peut commune qu'on me fait. Au lieu de me lever vers le haut, on préfère me baisser vers le bas. C'est peut-être une solution si effrayante qu'elle soit, alléchante à l'idée. Il me reste quoi de toute façon ? J'ai tout essayé, comme elle le dit si bien. Et rien ne fonctionne. Alors allez vers du côté obscur me semble ma dernière option. Après, si ça ne fonctionne pas, je peux dire à ce moment là que oui, j'ai vraiment tout fait pour m'en sortir. Sourcils qui se froncent. « mais... le but c'est d'oublier, non ? » je ne comprends pas. Faire du mal, exploser sa colère pour continuer à y penser ? Drôle de thérapie. Mais vous savez quoi, au point où j'en suis, je prends tout ce qui passe. Si ça peut me permettre d'arrêter d'empoisonner mon corps avec des substances illicites. « je veux bien. » mes épaules se haussent et mon regard tourne vers elle. Je veux bien essayer, ça ne m'engage à rien et puis merde, j'ai déjà tout perdu, qu'est-ce que je risque ?

@Loyd Higgins
Sourire ironique qui vient envahir mes lippes enfantines. Ingénues au premier abord, elles parlent les enfers d’elle-même. C’est presque attendrissant de voir l’agneau en action. Il souhaiterait oublier. Il souhaiterait une trêve. Et comme cette croyance est naïve. « Parce que tu crois que c’est possible d’oublier ? » Continuer la vie comme avant alors que le sens même s’est perdu en cours de route. C’est aveugle que de penser qu’on oublie. « Alors autant faire quelque chose de la peine. » La transformer en quelque chose de plus productif. Détruire le monde, plutôt que de se détruire soi-même, mais y perdre une parcelle supplémentaire d’âme un peu plus. « Viens. » Regard qui vient se glisser de côté avant que les azurées ne fixent un objectif invisible, il n’en faut pas plus pour que mes pas amorcent la cadence, nous conduise vers des destinations bien plus destructrices. Plus à l’écart, à l’abri des arbres dans ce parc désormais désert, il serait facile de t’ôter la vie, te permettre de ne plus souffrir, mais là-dessus, moi aussi je sais être égoïste, ce n’est pas tous les jours qu’on se trouve un élève dans la douleur. « Essaie de me frapper. » Laisse parler la noirceur. Parce qu’elle existe. Elle ne demande qu’à vibrer, à se consumer entre tes phalanges, quand bien même tu y résisteras. Comme tout autre détruit, elle finira bien par se révéler.

@Lyra Bain Sourcils qui se froncent. Qu'est-ce qu'on peut bien faire de la peine ? Elle est incontrôlable. Elle est encrée en nous comme une sangsue. Impossible de la faire partir. Alors l'accepter et l'utiliser ? J'y crois moyen, voir pas du tout. Mais qu'importe. Peut-être qu'elle a la recette miracle. Je ne sais même pas comment elle s'appelle, mais je m'en fiche. On est pas là pour faire connaissance. Je ne sais même pas pourquoi on est là tous les deux. J'ai dévoilé mon coeur, partagé la pire partie de mon histoire à une parfaite étrangère. J'sais pas si c'est à cause de ce que j'ai ingurgité ou si parce qu'elle a cet aura qui pousse les gens à se confier à elle. La blonde m'invite à la suivre jusqu'à un endroit encore plus reculé, et dubitatif, je l'observe, les bras croisés, tout en mordant mon doigt. Mes yeux doublent de volume, je lâche un petit rictus et bouge la tête négativement. « te frapper ? » j'ai bien entendu ? J'ai jamais frappé qui que ce soit du haut de mes dix-neuf ans et encore moins une fille. « je ne frappe pas les filles. » mais toi, t'as le droit de me frapper si tu veux. Je suis anesthésié, je sentirais rien.

@"Loyd Higgins"
Forcément, l’agneau a des principes. Je n’y crois pas une seule seconde lorsque je lui demande de me frapper. Il est trop doux. Trop docile. Trop innocent encore. « Pourquoi ? Parce que nous sommes des êtres faibles et fragiles ? » Je vomis les principes archaïques et machistes qui laissent supposer qu’une femme est vulnérable, qu’elle doit être respectée. Tous les êtres peuvent prétendre à ces précautions. Tout le monde ou personne, un point c’est tout. Je pourrais très bien me défouler en lui portant moi-même les coups, mais ce n’est pas vraiment le but ici. Je veux que tu exultes dans la colère, pas que tu puisses te cacher en dessous en la subissant de plein fouet. « suis-moi. » dis-je avec un sourire plus complice. Allons loin d’ici. « T’es prêt à marcher un peu ? » Parce que l’endroit que je vise n’est pas tout près, mais peu importe, Alexis ne me tiendra sans doute pas rigueur de m’inviter un peu trop dans son endroit. Après tout, elle me doit certaines faveurs, elle aussi.

@Lyra Bain Frapper une fille, mais... et puis quoi encore ? On est dans quel monde ? Je veux bien tenter de faire partie du côté obscur mais si c'est pour commettre un acte aussi cruel, non. Même si c'est pour jouer, même si elle s'en fiche et semble être habituée de recevoir des coups masculins. C'est non. Wake up Loyd, t'es totalement en décalage avec la réalité. Les filles fragiles ? Pitié, je suis plus fragile que n'importe qui. Je bouge la tête négativement. « non. juste... je frappe personne. » mes poings n'ont jamais rencontrés le visage de qui que ce soit dans ce monde. Mis à part le mien. Car me faire du mal, c'est ce qui me permet de tenir le coup. La blonde m'emmène encore plus loin et je la suis d'un pas lent. La fatigué me prend. Le mal de ventre revient et ma tête menace d'exploser encore une fois si je n'arrête pas de cavaler. « on va où ? je suis fatigué. je devrais peut-être rentrer chez moi. » tant que je suis encore plus ou moins conscient. La jeune femme ne me rassure pas trop, mais d'un autre côté, je la suis quand même, comme attiré par les drôles ondes qu'elle dégage.

@Loyd Mansfield
Azurées qui viennent palpiter en quelques secondes de leurs vices. Tu ne frappes personne. Car les agneaux ne sont pas ainsi, naturellement. C’est un rictus ironique qui vient peindre mes traits. Ton innocence, traverse, me rappelle un temps désormais perdu. Tu as tout simplement échappé à la jungle jusqu’ici. Parce que finalement, la vie n’est que violence. « Je vois. » Ne pas abîmer les autres. S’abîmer seulement soi. Mais lorsque les dommages sont trop grands, quand la survie est choisie malgré tout, l’instinct porte la brutalité en dehors. Mes pas s’alignent, tissent un fil invisibles vers des nuances plus obscures, une tentation qui se dessine, de céder à des images bien plus perfides, de cette noirceur qu’on s’obstine de cacher dans le décor. On a tous notre part d’ombre, n’est-ce pas ? « Ce n’est plus très loin, mais tu peux t’arrêter ici. » Retourner dans tes malheurs, sans exutoire, d’errance en errance. Je n’impose rien, je permets juste de te laisser apercevoir la porte désormais entrouverte. Vers cette inconnue. L’obscure part fatalement humaine.