APPEL DE BENJAMIN A IZZY ET CONNOR

Une fausse mort qui ébranle tout ceux qui étaient proches de moi. Je le savais, qu'Izzy et Connor allaient être touchés et c'est bien pour ça que je voulais les rassurer. Les seuls qu'il me restait à présent, ayant perdu tout le reste. Téléphone jetable laissé dans la boite aux lettres du Nephilim, avant de m'éclipser bien assez vite. Un mot avec, indiquant qu'ils soient tous les deux ensemble à 22h. Je ne voulais pas le faire séparément. Trop compliqué, trop d'organisation. Il fallait qu'on se serre les coudes dès à présent. Numéro composé, j'attendais qu'ils décrochent.

APPEL DE BENJAMIN A IZZY ET CONNOR

Petit téléphone entre les mains que je posais sur le bureau avant de tourner la tête vers Connor. « J’la sens pas cette histoire. » Sauf un ennemi, qui pouvait bien utiliser ces techniques sécurisées pour nous contacter ? Le mot disait 22 heures, alors on se tenait près. Regardant le cadran, je voyais l’aiguille s’approcher de l’heure fatidique, alors après un long soupir, je buvais une gorgée de bally, quand le téléphone sonnait. Je voyais Connor s’en saisir pour décrocher.

“ Deja vu, think of you, now so far, once so near ”

Il ne savait pas non plus à quoi s'attendre. Observant Izzy, il fit un signe négatif de tête. Que pouvait cacher cette mise en scène...? Un ennemi n'utilisera probablement pas une telle mise en scène. Le sang étant bien plus éloquent.

La basse sur les genoux, noyant ses interrogations dans les riffs, il tendit le bras vers le portable lorsqu'il vit qu'Izzy hésitait. Faisant cesser le mouvement des cordes, il monta le volume du combiné avant de répondre.

- Qui êtes vous ?

APPEL DE BENJAMIN A IZZY ET CONNOR

Une chance sur deux qu'ils décrochent. Cependant, je croyais en ma famille, je savais qu'ils seraient intrigués. Qu'ils n'étaient pas forcément idiot. Suis-je vraiment du genre à me laisser mourir durant une rixe en prison ? Fort peu probable. Et peut-être m'ont-ils déjà démasqué. Ou peut-être pas. Sonnerie qui retentit à plusieurs reprises avant de finalement entendre le bruit de l'autre côté du combiné. La voix de Connor résonne dans mon oreille et j'esquisse un sourire en coin. Je reste silencieux quelques secondes, pour analyser la situation, avant de simplement dire « C'est moi. » Voix suffisamment reconnaissable pour qu'ils tiltent. Ou peut-être pas, avec la distorsion du son à travers les téléphones. On verra bien leur réaction.

APPEL DE BENJAMIN A IZZY ET CONNOR

J’étais épuisée de devoir endosser un rôle qui ne me correspondait pas, usée de devoir feindre que tout allait bien, quand j’étais littéralement craquelée par la perte de nos êtres chers. Alors bien sûr que j’espérais une bonne nouvelle derrière cette mise en scène, pourtant peu probable à mon sens, mais j’avais toujours été la plus naïve et la plus positive. Je laissais Connor faire le premier pas, quand le son sa voix me glaçait le sang. Impossible, quoi que... Mains qui tremblaient, quand je me baissais jusqu’au téléphone paré-payé. « Je vais te tuer de mes propres mains. » Pour la peine qu’il m’avait fait subir. C’était ma manière de lui dire que je l’aimais et que j’étais heureuse qu’il soit encore parmi nous. J’étais soulagée, quoi qu’interrogative. Je soufflais fortement pour expirer ma joie/mécontentement avant de dire : « Tu fais chier. » Je regardais Connor, le visage plus lumineux.

“ Deja vu, think of you, now so far, once so near ”

La voix qui résonne dans le téléphone lui est étrangement familière. Beaucoup trop à vrai dire. Comme un fantôme du passé qui vient lui murmurer à l'oreille alors que le décès vient à peine d'être prononcé. Il perd un peu de couleur sur son teint déjà fort pale. Ses yeux se relèvent en direction de sa sœur alors que ses mains se mettent à trembler. Un nouveau choc dans son monde déjà instable. Il pose le téléphone sur la table et laisse Izzy s'en emparer. Posant son pouce et son index sur ses paupières closes, il respire lentement, sa gorge est serrée, les larmes montent jusqu'à la lisière de ses yeux... Il était vivant.

- T'es un connard.

APPEL DE BENJAMIN A IZZY ET CONNOR

Je savais pertinemment qu'ils n'allaient pas être fous de joie, cet ascenseur émotionnel pouvait être celui de trop. Mais je m'en fichais pas mal. Ils devaient savoir que j'étais en vie, que je ne me retrouvais pas entre quatre morceaux de bois, prêt à être enterré dans la fosse commune. « J'avais pas le choix. Pour m'évader sans qu'on me recherche. » Heureusement, j'étais dans un lieu safe pour pas qu'on entende cette conversation. Et je leur faisais confiance pour que ce soit le cas pour eux aussi. « Je pouvais pas risquer de prévenir qui que ce soit, moins de personnes étaient impliquées, plus j'avais le contrôle de la situation. » Ils comprenaient, je suppose, la démarche que j'ai suivi. La logique imparable de ce genre de problème. « Aux yeux du monde, Devon Bulger est mort. »

APPEL DE BENJAMIN A IZZY ET CONNOR

Cette emprise au cœur en attendant sa voix, qui se serait un instant, avant de se sentir libérer pour à nouveau battre. Mon pouls était tachycarde, à la limite de rompre tant la joie se mêlait à la colère. Était-il obligé de nous infliger cette peine, quand aucun de nous n’arrivait réellement à faire le deuil de Jamie ? En tout cas le mien n’était pas fait et il n’y aurait que le sang de nos ennemies qui pourraient l’amorcer. Alors sous de brèves tirades un tantinet violentes qu’on t’accueillait toi et cette bonne nouvelle. « On le connaît ce discours, ça ne rend pas les choses plus facile, ni n’essuie la douleur des derniers jours. » Manière détourner de lui faire comprendre que oui ça avait été difficile, à la hauteur de l’attachement et du lien qu’on avait. « T’es devenu qui, t’es où et tu fais quoi ? » Que je demandais sans interruption avant de chuchoter faiblement : « Et quand est-ce qu’on pourra te.. Voir ? »

“ Deja vu, think of you, now so far, once so near ”

C'était clairement celui de trop pour Connor. Lui faisant perdre de plus en plus pied avec la réalité. Il ne comprenait plus ce qu'il se passait. Les bases de son univers étaient remises en question à chaque tremblement, menaçant de le faire disparaitre à tout instant. Il venait d'insulter son grand frère. En temps normal, il aurait eu peur des représailles. Mais pas aujourd'hui, trop perturbé par tout cela. Était-il en train de rêver cette scène ? On ne pouvait pas revenir d'entre les morts. Glissant ses doigts dans les mèches brunes de son crane, il tira dessus pour essayer de s'arracher à ce cauchemar mais se fut sans succès et il n'arrivait pas à l'accepter. Des larmes se mirent à rouler sur ses joues, le souffle court. Ses mains tremblaient et il avait envie de vomir. Il essayait d'écouter la conversation mais il n'en percevait que des brides, faisant un rejet de ce qui était en train de se passer.

APPEL DE BENJAMIN A IZZY ET CONNOR

C’était une situation pas facile dans laquelle je les avais mis, je le sais. C’était cependant la seule solution pour ressortir en vie et ne pas mettre leurs vies en danger. Si j’étais égoïste en bien des points, la famille n’en faisait pas partie. C’était pour eux aussi, que j’avais fait ça. Que je m’en étais sorti, que j’avais fait en sorte de pas avoir les flics à mes trousses. Ainsi, ils ne les auraient pas non plus. « Benjamin Snyder, un mécano sans embrouille en banlieue de Boston. » que je répondais à ma petite sœur, me rendant compte que Connor ne disait rien de son côté. « Quand vous voulez. Faites juste attention de ne pas être suivis. » Le silence s’installe alors entre nous et je décide de le rompre. « Connor. » Je savais que c’était le plus sensible d’entre nous et je voulais pas non plus l’affecter plus qu’il ne l’était déjà. « Izzy, Connor est toujours là ? »