Tu revenais dans la pièce, la curiosité qui titillait alors tes lèvres, ce qui me faisait sourire. « J'y crois encore... Mais je préfère me préserver pour l'instant et me contenter simplement du bon côté des choses » Du sexe notamment, sans l'attachement et la souffrance qui va avec la relation. « Et toi ? » Autant faire confidences pour confidences à ce point.

Je suis dans le même état d'esprit que toi. Faut croire que les histoires de coeur, c'est bien trop platonique pour ma petite personne. J'en conclue qu'une vilaine personne t'a egratiné le coeur ? J'ai failli lui dire, tu veux que je lui pete la gueule. Mais je doute que ça lui fasse rire. En tout cas, compte pas sur moi, pour panser tes blessures. Juste te secouer autant de fois que tu veux.

« Une ou plusieurs... dans tous les cas, le résultat est le même : je suis pas prêt à m’engager dans quoi que ce soit pour l’instant » Et les parties de jambes en l’air comme on vient de vivre me convenaient parfaitement. « C’est ce que j’attends de toi de toute façon, rien de plus » Un sourire qui s’esquisse avant que mon téléphone vibre. Le livreur est là. Simplement vêtu de mon boxer, j’allais vers la porte pour l’ouvrir et récupérer ma commande. Un remerciement avant de refermer et de me caler sur le lit, le sac entre nous. « Allez, reprends des forces »

Un clin d'oeil de ma part suivi d'un sourire. Je ne faillirais pas à ma mission alors. On était sur la même longueur d'ondes et c'était plus que parfait. Bouffe enfin là. Je mords à pleine dents dans cette onctueuse malbouffe. Je te promets pas de tout retenir mais ça fait longtemps que tu es à Boston ? Tu fais quoi de tes journées ? Ca me dérangeait pas d'en apprendre davantage sur mes partenaires. Ce n'est pas pour autant qu'on allait se marier.

Étonné de te voir t'intéresser un peu à moi, à ma vie, mais c'était pas plus mal finalement. Ça comblait un blanc qu'on pouvait très bien éviter. « Un an et demi je dirais, je suis arrivé en septembre 2019, pour étudier à Harvard. Avec un job étudiant à côté » Mes parents payaient la fac mais je devais payer tout le reste à côté, y compris le spring break qui n'allait pas tarder. « Et toi alors ? Je suppose que t'es sorti de tes études depuis un moment »

Un très long moment, t'étais encore entrain d'apprendre à écrire quand j'avais fini. Je n'avais pas honte de mon âge. Mas c'est dans ces moments-là, que je ne pouvais nier, les écarts. Je pourrais un Sugar daddy. Mais ça rapporte pas alors j'ai abandonné cette carrière. J'en ris doucement mais fut une epoque où c'était clairement pour ça qu'on voulait se torcher avec moi. Après ça s'est calmé. Tu étudies quoi ? Je me fais curieux mordant dans le sandwich. C'était pas le mieux que j'ai connu mais ça sera amplement suffisant.

« On aurait pas dit... J'aurais plutôt dit que j'apprenais encore à colorier sans déborder quand tu finissais » Un sourire taquin sur les lèvres, dans les deux cas ça revenait au même, on avait pas mal d'années d'écart. Mais je ne m'en plaignais pas, au contraire. « C'est pas eux qui déboursent tout justement ? » Dans cette vision, mon sugar daddy c'est mon frère, mais on va éviter de penser comme ça. « L'ingénierie et l'informatique... J'suis un peu geek sur les bords » que je disais en reposant mon sandwich dans son emballage pour m'essuyer les doigts.

Je lui fais un doigt d'honneur. Va falloir trouver comment te faire pardonner, je suis vexé. Que je dis faussement boudeur. Je hausse les epaules. Tu sembles être plus au fait sur la question, cher Geek. Tu as un sugar daddy dans la poche ? Je ris doucement. Pourquoi avoir choisi cette voie ? Les 0 et les 1 te font bander ?

« J’ai déjà ma petite idée » Puisque j’étais encore là, c’est que j’espérais bien que notre petit jeu puisse continuer quelque temps cette nuit. « Pas vraiment mais j’aimerais bien. T’es sûr que ça t’intéresse pas d’en être un ? » Je rigolais mais quelque part, pas tant que ça. J’étais bien trop souvent en dèche d’argent et ça faisait chier de quémander à mon frère. « Un peu, pas autant qu’une bite ou un vagin mais je me débrouille »

Tu es vraiment entrain de me demander à être ton sugar Daddy là ? Ai-je l'air de pouvoir t'entretenir ? Non parce que t'offrir des coups de rein et des burgers. Mes poches sont vides. Bon, pas totalement. Assez pleine même. Mais ca me faisait tellement rire au fond. J'en étais presque curieux. Limite à deux doigts de tenter. Qui sait, ça allait m'apporter quelque chose ou rien du tout. Je l'observe, sourire en coin. Je crois qu'il est temps de rivaliser avec les 1 et les 0, je risque de vraiment bouder. Sandwich terminé, je réduis la distance entre nous pour attraper ses lèvres.