et parfois, c'est l'épuisement. le coeur qui s'essouffle là, on oublie les tachycardies, et c'est de nouveau les pas qui martèlent le sol, sans relâche. et l'observe elle, voler les éclats, les rire enfin, et c'est là qu'on voit - on se ressemble, s'assemble. l'approcher, l'étreinte douce qui envoûte, prendre sa cadette dans ses bras, joue collée à la familière chevelure d'ébène. " je viens à peine de me retrouver, est-ce que c'est égoïste de ma part de vouloir l'être ? " et d'enfin savoir me reconnaître, quelque part où j'pense m'être perdue depuis des mois

rester assise, attendre, suivre des yeux jusqu'à ce qu'elle revienne, quête de réconfort. suhee enlace, enfouit le visage contre elle, profite de l'étreinte rassurante, du parfum familier. home sweet home, secoue la tête aux propos, dodeline, droite gauche. « c'est pas égoïste, c'est humain. » ils ont tous ce besoin, cette quête silencieuse d'être pleinement heureux. les doigts caressent le dos, respiration calme, souffle apaisé, quand elle murmure : « et même si tu l'étais... on m'a appris récemment qu'être égoïste, c'est parfois positif. »

quête de réconfort, au creux de mes bras - là où s'éteignent les larmes. j'admire, la beauté de l'aurore, au creux de l'étreinte la cadette qui m'apaise. doigts qui glissent dans la chevelure d'ébène, m'imprègne de son odeur, le sourire doux, juste quelques instants. " je veux être égoïste, je veux t'écouter et pour une fois arrêter d'être têtue. " et l'air de rien, les lèvres qui se déposent sur son front, presque un peu protectrice - peut-être trop. " merci, suhee, d'être là. " à enfin pouvoir embrasser un peu de paix.

et ce que ça fait du bien, de l'entendre faire comme elle. faire preuve d'égoïsme, et pour une fois, penser à elle. alors c'est ça qu'ils ressentent, les autres ? les opales se ferment au contact des lèvres baume réconfort, sourire doux sur les lippes abimées par l'hiver - et peut-être un peu par d'autres. « toujours... j'serai toujours là, jo hee. comme tu l'es pour moi aussi. » une évidence, dès le premier jour, et tous les jours, mois, années ayant suivi. « tu sais que tu peux m'appeler n'importe quand, hein..? » elle lève le nez, bouille innocente, tendresse d'une petite soeur à l'égard de la grande.

évasive, au coin de mes lèvres le sourire qui rayonne, l'air de rien tenter d'étouffer la douleur. le bout des doigts qui effleurent sa joue rebondie, le regard sombre qui l'observe, prêtresse de douceur, à l'adorer même quand je suffoque là, à presque retenir ma poitrine par peur que le coeur ne finisse par me tuer. un sanglot perdu là, au fond de ma gorge, à l'empêcher de s'en sortir, à l'y faire crever - là où c'est sombre. " je sais, et tu peux aussi. c'est ça d'être sœurs. " orpheline qui s'accorde (au moins) le rêve d'une famille. observe furtivement l'heure, soupire, extériorise (ce qui fait mal). " ace devrait pas tarder, va rejoindre ton beau theo. " parce que t'imaginer heureuse m'aide à surmonter ma peine.

elle voudrait pouvoir faire plus, pouvoir faire tant, autre que simple acte de présence, la douceur des gestes contraste avec la noirceur de sa détresse, tente de l'affronter ; et elle hoche la tête suhee, bien sûr qu'elle sait, bien consciente que si le frère peut parfois être distant, elle s'est trouvé une soeur, pillier stable, présence rassurante. l'encourage à repartir vers un autre ciel, celui de son soleil, l'inquiétude qui fait froncer les sourcils. prendre les mains de la brune dans celles de la pianiste. « t'es sûre...? je peux rester encore, si tu as besoin. » elle sait que quoi qu'il arrive, theo comprendra.

cacher, sans remord (c'est faux), la douleur pesante, l'effort insupportable pour savoir respirer convenablement. l'air de rien, le sourire au bout des lèvres, les pouces qui caressent la peau de ses mains. la pianiste, qui même sans musique, sait me faire m'évader. mais c'est encore trop présent, trop récent. " ça ira, je suis forte, tu me l'as dit trop souvent, il est temps que je le prouve. " car même si c'est différent, les déboires amoureux, je les connais sur le bout des doigts, à les admirer bien trop souvent.

elle rassure, apaise, repousse le baume pour affronter la peine, les pouces se veulent rassurant autour de ses paumes, et suhee elle ploie l'échine, se redresse doucement, les bras qui se détachent pour revenir autour d'elle tendrement. « tu l'es, forte. y a aucun doute là dessus, jamais. » à embrasser sa joue, la relâcher délicatement, sonder une dernière fois les traits. « tu m'appelles si il faut, hein ? je passe voir mon père, theo est encore un peu malade. mais si t'as besoin je rapplique illico. » même au milieu de la nuit, à quitter les bras de l'amant pour rejoindre la famille. elle saurait le faire, suhee. la démarche qui traîne jusque la porte, enlace une dernière fois avant le départ. « je t'aime, jo. t'es courageuse. tout ira bien. » paroles réconfortantes qu'elle veut graver dans sa mémoire, quite à ne plus être là.

à graver dans l'esprit les moments de réconforts, à s'y sentir bercée, tant que ça peut être bon, même quelques secondes. l'étreinte rendue, presque à s'y accrocher désespérément, se sentir sauvée quand je refuse de mériter ça. les doigts qui s’accrochent, aux mots (aux maux). hoquet, empêche les sanglots qui bien vouloir s'extirper, et elle que je laisse partir, le sourire mélancolique aux lèvres, à caresser une dernière fois sa joue. " je t'aime aussi, suhee, ne t'en fais pas pour moi, sois heureuse. " la regarder partir, retenir la poitrine, le dos contre la porte, à suffoquer là. et l'attendre lui, plus que quelques minutes, peut-être.