J'ai besoin de me raccrocher à quelqu'un qui m'aime et t'es le candidat parfait ? Tu crois que c'est ce que t'es, le candidat parfait pour essuyer mes frasques ? Celui pour fonder une famille oui et t'es le mien. De candidat parfait pour cela. Mais pas pour autre chose. Je contrôle ma voix autant que possible, tentant de cacher les trémolos mais aussi la colère qui monte doucement. Il est parfait sur bien des choses mais je sens bien que sa colère et tout ce qu'il y a avec ne lui fait pas voir les choses clairement. Je peux être une garce mais à ce point, jamais. Pas avec lui. Surtout pas avec lui. T'as vraiment envie de savoir ce sur quoi j'ouvre les yeux ? Parce que je ne suis même pas sûre qu'il en ait vraiment envie ou que ça l'intéresse plus que cela. De toute façon, il semble paré à réfuter tout ce que je peux dire et avancer. Alors, si j'ouvre mon coeur, j'aimerais qu'il me croit sur toute la ligne et non pas avec le prisme de son humeur, plus que justifiée certes. Oh, tu crois que je me trompe ? Moi je crois plutôt que je vois tout ce que je n'ai pas voulu voir depuis des années. Parce que les barrières, je les ai dressé il y a des années de cela, pour diverses raisons. J'ai toujours dis haut et fort que les relations amoureuses, ce n'était pas pour moi. Et je ne suis pas passée à côté d'une histoire avec Jeremiah parce qu'il vaut moins que Wesley ou je ne sais quoi d'autre. Si je l'ai fais c'est parce que j'avais trop peur de le perdre comme ami, et surement comme amant aussi, réfléchissant plus avec mon vagin que ma tête à l'époque. Sans oublier le fait que je me pensais incapable d'aimer et d'être aimée en retour. Pour moi, il y a toujours une couille dans le pâté, un qui aime et l'autre non. Un qui se lasse et l'autre qui se fracasse. Et, égoïstement, je n'ai jamais voulu prendre le risque d'être celle qui aime, celle qui prend le risque de se faire du mal. Pas parce que j'ai jugé que Jeremiah n'en valait pas la peine mais parce que je n'ai jamais voulu perdre ce que nous avions. Aujourd'hui, c'est différent. Mes relations m'ont fait voir et comprendre qu'il y a tellement de beautés dans les relations amoureuses. Mais je ne veux pas sauter sur Jeremiah pour le faire, dans le doute ou je ne sais quoi. Mon cerveau, c'est en ordre qu'il me le faut, surtout pour quelque chose de ce type. Parce que l'amour, ça change tout. Les relations amicales soudées n'y survivent que très rarement. Et bien que mon coeur et ma tête tentent de me faire comprendre tout ce que j'évinçais avant, je ne peux me précipiter et il l'expose aussi bien qu'il l'a toujours fait. Une chose est sûre, tout cela me monte doucement à la tête mais je ne peux pas craquer. Je dois rester forte et ne montrer aucune part de vulnérabilité, n'ayant guère envie qu'il se mette des idées saugrenues en tête. Le prisme de notre relation est définitivement entrain de changer ce soir et je crois que je ne m'en remettrais pas si c'est irréversible. Surtout quand il énonce à voix haute et claire qu'il va prendre ses distances. Je sens mon estomac remonter et menacer de me sortir par la bouche. Mes mains toujours croisées au niveau de mon estomac, je les pose doucement l'une sur l'autre et inspire puis expire comme pour me calmer. Technique apprise lors d'une de mes nombreuses entrevues avec ma psychologue. Seulement, ce n'est pas assez pour me préparer à sa prochaine sentence. Eden et Wesley vont ensemble et tu le sais. C'est son oncle, je le verrais forcément d'une manière ou d'une autre. Lorsque j'irai voir le petit ou que j'irai le chercher, le ramener, tout cela. Je rêve de lui demander comment je suis sensée me débrouiller pour sortir le gardien du petit de ma vie sans en sortir le bambin mais je l'entends déjà, son accent anglais perçant, me dire que "je trouverais bien une solution" alors je préfère me taire. Et alors que je réfléchis déjà à tout cela. À l'anniversaire d'Eden qui approche à grands pas. Et puis, j'ai tellement peur que Wesley, par esprit de vengeance, me retire Eden et foute en l'air cette garde alternée que l'on a mis en place. J'avais pensé comprendre qu'il ne ferait jamais parti de la vie du petit, ça oui... Je ne comptais pas lui présenter le bébé. Et dire ça, ça m'arrache une petite parcelle de plus de mon coeur. Garder Wesley loin de la vie de notre enfant, bien sûr. Mais de la mienne ? Et, en même temps, je comprends. L'américain a ce don de me faire replonger, rechuter de plus belle. Il a cette facilité déconcertante à me mettre à terre pour mieux me piétiner mais aussi me relever. Pas de la manière des manières, un peu plus pantin que marionnettiste chaque fois. J'en perds un bout de moi à chaque fois et je ne devrais pas, je le sais bien. Pourtant, je continue de m'enfoncer, posant mes limites et les réduisant en cendres à chaque fois. Peut-être pas sûre de la raison pour laquelle je le faisais, ne me sentant pas assez 'worthy' de me choisir et me complaisant dans mon petit enfer. Dans lequel je vais rester encore quelques temps, je le sais. Je vais le faire. Le tri. Et me contenir de lui dire tout ce que je pense par message parce que c'est des fois plus facile que de le faire de vive voix. Je n'ai pas à voir son visage incrédule en face de moi comme c'est le cas depuis quelques minutes, doutant tout ce que je dis. Je vois sa main remonter sur la poignée et je lève ma main dans sa direction. Jem, attends. Que je souffle à demi voix. Est-ce que je peux te prendre dans mes bras ? Un câlin, une embrassade, un accolade. Une dernière fois. Quelque chose pour me rappeler de cet homme qui va me manquer comme on peut manquer d'oxygène.