LA CAVERNE D'ALI BABA.

@Seth Gremlins

Lorsque ma main se pose avec délicatesse et douceur sur la sienne, je n’y réfléchis pas. C’est instinctif, naturel en soit, puisque je désire le rassurer ce jeune Seth. Encore une fois, je comprends ce qu’il ressent, ses impressions et sensations, bien que je n’ai jamais montré le fait que je sois impressionné lorsque j’ai commencé ici, à Boston, mon premier travail. Je ne connaissais rien ni personne. J’étais une étrangère dans la ville, mais également une étrangère à ce continent et ses coutumes, venant d’Australie et il m’a fallu apprendre à vivre seule, étant donné que j’ai toujours refusé de rejoindre les miens. Mes soucis personnels, j’ai essayé de les laisser derrière moi, je me suis appliquée à les ranger dans un tiroir au sein de mon esprit, seulement, ils sont comme des fantômes, ils me hantent, mais cela, personne ne le sait. Il a fallu que je survive seule et c’est une force incommensurable que je me suis découverte. C’est ce que j’aimerais qu’il trouve en lui, ce jeune homme. Seulement, pour le moment, je réalise qu’il a pu mal percevoir mon geste. *Pense-t-il que je suis trop familière ?* Sans doute, puisque je suis connue pour ma froideur, mais je ne peux me démontrer glaciale à présent et puis je n’en ai pas la moindre envie. Alors, j’ôte avec lenteur ma main de la sienne et lui offrant un sourire, je termine de lui souffler que je préfère travailler avec deux écrans et non trois, alors que la plupart de mes collègues usent de chacun d’eux. Nous sommes peu, à n’en avoir que deux sous nos yeux, mais cela ne m’importe pas. C’est pour mon confort que j’agis ainsi, mais aussi pour m’éviter des torticolis. « Je ne suis pas un cas unique alors ! Cela me rassure. » Je prononce à son intention dans un tendre sourire, jusqu’à recouvrer mon sérieux, puisque nous devons travailler, car je me dis qu’ainsi, Seth pourra me démontrer une part de son potentiel. Je suis persuadée qu’il peut faire des merveilles, qu’il va devenir un journaliste de renom et je vais m’essayer à tout faire afin de l’aider. Nous commençons donc par un titre pour mon article et je demande au jeune homme s’il a une idée, quelque chose qui lui vient et à ses mots, je ne peux m’empêcher de largement sourire. « Boule de neige et jour de l’an et bonne année grand-mère ! » J’entonne, avant de poster l’une de mes mains sur mes lèvres et rougir. Cela ne m’arrive jamais, de chanter au bureau, même durant les fêtes, mais la bonne humeur de Seth et sa joie d’être présent sont communicatives. « Flûte. » Je prononce tout bas pour m’empourprer de plus belles et reprendre, après quelques secondes de silence : « C’est adorable, seulement, nous devons évoquer la tempête alors il faudrait un titre plus sérieux, plus accrocheur et plus formel. » M’emparant de l’un de mes stylos, je tapote mes lèvres avec ce dernier dans le but des réfléchir.