Il fallait bien que je lui dise, que je sois honnête. Je pouvais baiser toutes les filles d’Harvard, ça ne changeait rien. Je ne faisais que combler un manque physique. Parce que Roxanna était la seule dont j’étais amoureux, et c’était ce qui rendait les choses encore plus difficiles. Sauf que la demoiselle ne semblait pas tellement convaincue face à ma déclaration, me lançant alors d’un air froid et fermé, « Rectification, tu m'aimais. Si tu avais encore un tant soit peu d'honnêteté dans tes sentiments envers moi, tu n'agirais pas comme le plus parfait des cons. » Je fronçais les sourcils, et elle me prit Aaron des bras sans me demander mon avis. Le petit me regardait alors qu’ils s’éloignaient, tendant sa petite main vers moi. Je me mis alors à marcher derrière eux, attrapant la main de mon fils, « Si t’étais pas partie, j’aurais tout fait pour arrêter… j’aurais tout fait pour m’en sortir si tu m’avais pas laissé tomber… » J’accélérais le pas pour me mettre face à elle, lui barrant le passage. « J’étais le même con quand tu m’as connu… qu’est-ce qui a changé aujourd’hui.. ? » J’étais totalement désespéré, je voulais juste la récupérer, et récupérer notre vie d’avant.

Putain d'hormones à la con. Une partie de moi avait envie de le gifler et de s'enfuir en courant, une autre de pleurer et de … S'enfuir en courant. Dans tous les cas, la suite me semblait être la seule issue, parce que je ne voulais plus croire en la sincérité de ses sentiments à mon égard. Jude me suivit alors que je m'éloignais hors de la garderie, atterrissant dans le couloir de l'hôtel. « Si t’étais pas partie, j’aurais tout fait pour arrêter… j’aurais tout fait pour m’en sortir si tu m’avais pas laissé tomber… » Jude pris alors de la vitesse afin de me dépasser, pour mieux me barrer la route. Je serrais Aaron contre moi, ne quittant pas du regard Jude. « J’étais le même con quand tu m’as connu… qu’est-ce qui a changé aujourd’hui.. ? » Une nouvelle fois, je tournais les yeux. Instinctivement, mon index vint froler la place vide au niveau de mon annulaire. « Y a qu'à l'époque, si tu merdais, tu m'appelais... Là, tu te droguais avec tes petits copains Mathers dans mon dos. » Après un moment de silence, je déclarais d'un ton plus sec. « Y a qu'y a un an j'avais l'impression d'être en mesure de te sortir de tout ça... Et que maintenant, j'ai plus l'impression d'être le fardeau qui t'y enfonce. » Je le contournais pour avancer à nouveau.

Ça commençait à être vraiment compliqué. Elle était là, face à moi et j’essayais désespérément de lui faire comprendre que sans elle, je n’y arriverais pas. Sauf qu’elle était têtue, et que les hormones qui s’en mêlaient n’aidaient vraiment pas les choses. Me plantant face à elle, je lui demandais ce qui avait changé depuis l’année dernière, j’avais besoin de comprendre pourquoi elle était partie, pourquoi elle m’avait laissé tout seul. « Y a qu'à l'époque, si tu merdais, tu m'appelais... Là, tu te droguais avec tes petits copains Mathers dans mon dos. » Je baissais les yeux : j’avais merdé, c’était indéniables, mais je voulais me racheter, coute que coute. « Y a qu'y a un an j'avais l'impression d'être en mesure de te sortir de tout ça... Et que maintenant, j'ai plus l'impression d'être le fardeau qui t'y enfonce. » Je fronçais les sourcils, la regardant me contourner pour à nouveau s’enfuir. Aaron se mis à s’agiter, me regardant en commençant à pleurer de plus en plus fort. « Le fardeau.. ? », répétais-je avant de me lancer à sa poursuite à travers le couloir, « Mais qu’est-ce que tu racontes ? T’as jamais été un fardeau Roxanna ! » Je continuais de la suivre, attendant une réponse.

Je voulais juste m'enfermer dans ma chambre et fermer les yeux, oublier tout ça, avoir la paix une bonne fois pour toutes. Au lieu de cela, Jude continuait de me poursuivre à travers les couloirs, et Aaron commençait à pleurer. Pourquoi est ce que j'étais venue en Thaïlande, putain ? « Le fardeau.. ? » Et en plus il était sourd ? Oui, le fardeau ! La pauvre petite amie enceinte qui avait des sautes d'humeur, et allait d'ici peu lui ajouter sur les bras un deuxième enfant. « Mais qu’est-ce que tu racontes ? T’as jamais été un fardeau Roxanna ! » Je pivotais d'un coup sec, des larmes me brulant les yeux à nouveau, comme chaque fois. « C'est l'impression que tu m'as donné, Jude ! A être fantomatique ! Ca a commencé par une soirée à boire avec les copains Mathers, et maintenant t'es une épave ! Et à cause de qui ? MOI ! Encore et toujours, et encore ! » Je me retournais encore pour reprendre ma route, berçant comme je le pouvais Aaron qui pleurait toujours. « C'est fini, t'auras plus d'emmerdes par ma faute. Retourne te faire tout le campus, fait ce que tu veux, j'en peux plus. »

Alors là, j’avais du mal à comprendre : comment pouvait-elle croire qu’elle était un fardeau ? Elle n’avait jamais été un fardeau, au contraire même. Elle m’avait sortie de la drogue, elle m’avait fait devenir quelqu’un de bien, quelqu’un qui se voyait un avenir et qui voulait construire une belle petite famille. Une belle petite famille avec elle. Elle se tourna vers moi, les yeux remplis de larmes, « C'est l'impression que tu m'as donné, Jude ! A être fantomatique ! Ça a commencé par une soirée à boire avec les copains Mathers, et maintenant t'es une épave ! Et à cause de qui ? MOI ! Encore et toujours, et encore ! » Je fronçais les sourcils et je secouais la tête, alors qu’elle pivotait pour reprendre sa marche. Je la suivais, de près, « C'est fini, t'auras plus d'emmerdes par ma faute. Retourne te faire tout le campus, fait ce que tu veux, j'en peux plus. » Continuant de secouer la tête, j’attrapais son bras pour l’arrêter, « Non…non attends ! T’as jamais été un fardeau Roxanna ! Écoute-moi s’il te plait... » Aaron se mettait à pleurer encore plus, et je pris sa petite main de ma main libre alors que l’autre tenait le bras de la jeune femme, « J’ai déconné…j’ai déconné parce que j’avais trop de pression mais ça n’est pas de ta faute ! On a décidé ensemble de fonder une famille, et ça…ça jamais j’aurais pu me regretter… » J'étais désespéré, moi qui m'était dit que si je la croiserai, je resterais fort, pourquoi est-ce que je baissais toutes mes armes avec elle ?

Je n'eux pas l'occasion d'avancer bien loin, puisque quelques mètres plus tard, Jude rattrapa encore une fois mon bras pour m'arrêter dans mon élan. « Non…non attends ! T’as jamais été un fardeau Roxanna ! Écoute-moi s’il te plait... » Je m'arrêtais en lui faisant face à nouveau, ma main libre caressant le dos d'Aaron pour le calmer tant bien que mal. Mais c'était difficile à faire, sachant que je n'étais moi-même pas calme. Je soutenais le regard de Jude, difficilement, alors qu'il reprenait la parole. Il voulait que je l'écoute, soit, j'allais l'écouter une dernière fois. « J’ai déconné…j’ai déconné parce que j’avais trop de pression mais ça n’est pas de ta faute ! On a décidé ensemble de fonder une famille, et ça…ça jamais j’aurais pu me regretter… » Je baissais les yeux, m'efforçant tant bien que mal de ne pas me mettre à pleurer. Le problème, c'est que lorsque j'étais rentrée dans sa chambre, et que j'avais découvert ses mensonges, quelque chose en moi s'était brisé en même temps que toutes ces seringues que j'avais détruites. « Je t'ai demandé de me prouver que tu tenais à moi, de prouver que tu tenais à notre famille, et au lieu de ça, tu t'es enfoncé. Et ne dis pas que c'est de ma faute ça, si tu m'avais dit que tu te ressaisirais, on en serait pas là ! » Trop tard, je pleurais, et marmonnais entre mes dents. « Au lieu de ça, tu t'es contenté de me dire que j'étais comme toutes les autres... » J'avais encore cette image gravée dans ma mémoire.

J’avais l’impression d’avoir brisé quelque chose que nous ne pourrions plus jamais reconstruire, et ça me tuait, car tout ça était de ma faute. J’avais beau rejeter la faute sur Roxanna, au fond, je savais que c’était moi qui avais déconné. « Je t'ai demandé de me prouver que tu tenais à moi, de prouver que tu tenais à notre famille, et au lieu de ça, tu t'es enfoncé. Et ne dis pas que c'est de ma faute ça, si tu m'avais dit que tu te ressaisirais, on en serait pas là ! » Je baissais légèrement le regard : elle avait raison. Qu’est-ce que je pouvais répondre à ça ? Que j’étais désolé ? Je n’étais plus sûr que ça suffise… « Au lieu de ça, tu t'es contenté de me dire que j'étais comme toutes les autres... » Je relevais le regard vers elle, elle recommençait à pleurer, et encore une fois, c’était de ma faute. Roxanna ne méritait pas tout ça. « Je…j’étais en colère…je le pensais pas… » Je relevais le regard vers elle et je souris tristement à Aaron, « Laisse-moi une chance de te prouver que j’peux changer… je…j’ai fait n’importe quoi…j’regrette…j’ai jamais voulu te perdre toi ou Aaron… j’ai jamais voulu perdre ma famille… » J'avais l'impression de faire pitié, mais qu'est-ce que je pouvais bien dire d'autre ?

Je m'étais promis de rester de glace, mais les hormones jouaient avec mes émotions, et encore une fois, la moindre phrase de travers me faisait éclater en sanglots. Quelques larmes parcouraient déjà mes joues, et Aaron, qui s'était un peu calmé, posa sa petite main sur mon menton, ou une larme terminait sa chute. « Je…j’étais en colère…je le pensais pas… » Et voilà que Jude recommençait à prendre un air de chien battu. Je ne pouvais même pas soutenir son regard plus de deux secondes, reportant mon attention sur Aaron. « Laisse-moi une chance de te prouver que j’peux changer… je…j’ai fait n’importe quoi…j’regrette…j’ai jamais voulu te perdre toi ou Aaron… j’ai jamais voulu perdre ma famille… » Je soupirais, prête à céder, avant de me ressaisir. Je déglutis, me forçant à cesser de pleurer, et disant tout en regardant un espace vide face à moi « Si tu veux voir Aaron, tu devras m'envoyer un message, et te sevrer. Pareil pour Aylin quand elle sera née. Prouve au moins à tes enfants que tu peux être un bon père. Quant à moi.. » Je soupirais une nouvelle fois et secouais la tête. « C'est une autre histoire. » Il allait en falloir beaucoup plus pour réparer mes sentiments à son égard. Oui, j'étais toujours folle amoureuse de lui, mais en même temps, j'étais brisée.

Je me disais toujours que face à elle, je devais rester fort et ne pas passer pour un pauvre minable désespéré. Mais comment est-ce que je pouvais me comporter autrement, alors que j’étais un pauvre minable désespéré ? J’avais mis une année à construire quelque chose de solide et de stable, j’avais réussi à tout remettre en ordre dans ma vie et j’avais tout foutu en l’air en l’espace de quelques jours. « Si tu veux voir Aaron, tu devras m'envoyer un message, et te sevrer. Pareil pour Aylin quand elle sera née. Prouve au moins à tes enfants que tu peux être un bon père. Quant à moi.. » Je me mordais la lèvre, presque soulagé parce qu’elle venait de dire : elle allait me laisser voir mon fils et ma fille ? C’était déjà un bon début mais…pour nous… ? « C'est une autre histoire. » Je déglutis et je baissais les yeux, continuant de caresser la main d’Aaron qui tenait fermement mon doigt. « D’accord… », murmurais-je en haussant les épaules. J’avais le droit de voir mes enfants, c’était déjà une belle victoire. « De toute façon, tu mérites mieux qu’au pauvre toxico dans mon genre… c’était couru d’avance que ça terminerait comme ça… » Je souris tristement : je l’avais toujours pensé, qu’elle méritait mieux, un gars stable et sur qui on peut compter. J’étais loin d’être cet homme.

J'avais du rassembler tous les efforts du monde pour rester de marbre, et lui dire que pour l'instant, je ne pouvais pas lui accorder mon pardon. Après, bien entendu, ça ne voulait pas dire que je ne l'aimais pas, bien au contraire. Et les choses seraient tellement plus simples si je ne l'aimais plus... Je serais terriblement moins déchirée. « D’accord… De toute façon, tu mérites mieux qu’au pauvre toxico dans mon genre… c’était couru d’avance que ça terminerait comme ça… » Je secouais la tête. Comme si j'allais chercher quelqu'un d'autre. Jude était le seul homme que je m'étais autorisée d'aimer. Et il serait certainement le dernier. « T'es pas un pauvre toxico, t'as su me le montrer l'an dernier... Tu te convaincs juste que c'est le cas pour pas avoir à lutter. » Je soupirais et me pinçais les lèvres, ajoutant en plongeant mon regard dans le sien « Et le fait que je dise qu'on ne peut pas retourner ensemble ne veut pas dire que je ne t'aime plus. » Voilà, c'était dit, il fallait que ça sorte, mais maintenant je ne pouvais plus décemment lui faire face. Je reprenais donc Aaron correctement dans mes bras et m'éloignais à nouveau à travers l'hotel.