never let your fear decide your fate | @Rebecca Walsh
regard perdu sur ton pupitre, écoutant à moitié le cours du professeur walsh. tu penses aux examens. tu penses qu'à ça en ce moment d'ailleurs. toujours cette peur d'échec. tu pensais pas aimer autant le droit. vraiment. toi t'étais destiné à la musique dès ton plus jeune âge et quand ton père t'as parlé du droit, t'étais pas intéressé. la musique c'était pour toi; pas le droit. et te voilà aujourd'hui passionné par ça, laissant de côté ta passion numéro une. sonnerie qui annonce la fin du cours, plus boule de papier froissé qui t'atterri sur le crâne de la part d'une certaine flores. ce qui a l'effet de te faire reprendre tes esprits. clignes des paupières, regardes autour de toi, puis attends que la salle se vide peu à peu. petit croche patte à ton agresseur à la boule de papier, lui annonçant par la même occasion que tu la rejoins dans quelques instants. tu te rends vers le bureau du professeur, prends appuie légèrement contre celui ci " professeur ? vous auriez cinq minutes à m'accorder ? " tu remets ton sac à bandoulière en place sur ton épaule, espérant qu'elle aura un peu de temps à t'accorder.

never let your fear decide your fate | @Mikke Fitzgerald
Lorsque je donne cours, j’essaie à chaque fois de mettre de côté ma vie privée, de ne pas y penser, et donner mon maximum pour mes élèves. C’est ça aussi être professeure : être capable de mettre de côté sa vie privée le temps d’un cours. Que l’on soit triste, en colère, fatigué, on ne peut pas le montrer aux élèves. Mais aujourd’hui, j’avais énormément de mal. La veille, ayant eu une discussion plutôt tendue avec Marshall. On en a eu des disputes depuis toutes ces années, mais celle-là était différente. J’ai dit des choses que je regrette maintenant. Et je n’arrive pas à ne pas y penser. Je récite donc mon cours, chose que j’ai toujours détesté faire. Je ne fais même pas attention aux mains qui se lèvent. Pour une fois, je pense bien être celle qui attend le plus la fin du cours. Et ce fut avec un grand soulagement que je laissais partir mes élèves. Espérant qu’aucun d’eux ne viennent. Mais ce fut raté. Je vis Mr Fitzgerald arriver vers moi. Bon, au moins, il ne s’agissait pas de Flores. Je le regardais et souris. Pas un sourire forcé, car je l’aime bien cet élève. “Dites-moi.” Lui répondis-je tout en lui faisant face, pour lui montrer qu’il avait toute mon attention.

never let your fear decide your fate | @Rebecca Walsh
tu comptes bien éviter de lui poser des questions sur le cours, parce qu'en vérité, t'as rien écouté. bien trop prit dans tes pensées. incapable de lui raconter un seul mot du cours. juste des bribes de conversations que t'as écouté vite fait entre la prof et deux ou trois élèves. après t'as vite décroché. bon en fait, tu voulais surtout lui parler d'une chose en particulier. une des nombreuses choses qui te tracassent en ce moment. elle te regardes, te demandant ce qui se passait. t'as pas pour habitude d'être si courtois. sauf quand ça concerne tes études. et surtout avec elle. tu sais pas pourquoi, le feeling passe bien. ce qui n'arrive pas souvent entre les prof et toi. enfin... entre toi et la race humaine plutôt. tu te grattes l'arrière du crâne, légère grimace qui se forme sur ton visage " hm, je sais que vous avez pas mal de contacts dans le monde du droit... normal, mais du coup, je recherche un nouveau lieu de stage. je sais que le cabinet d'avocats B&G s'est rallié à celui de Spector ou je sais pas quoi.. bref, j'ai pas envie de bosser avec eux. ça m'intéresse pas, pour diverses raisons. du coup je me disais que... " tu marques une pause, puis fourres tes mains dans les poches de ta veste " si jamais vous avez un cabinet à me conseiller ou même si vous pouvez me faire une lettre de recommandation pour un de vos confrères, je... [...] je dirais pas non. si je peux éviter de demander à mon père..." un brin gêné, tu te mords l'intérieur de la joue. attendant une réaction de sa part. positive si c'est pas trop demandé. sinon tu te démerderas avec ton père et ses contacts.

never let your fear decide your fate | @Mikke Fitzgerald
Normalement j’aime bien lorsque les élèves viennent me voir à la fin des cours. Cela prouve qu’ils ont écouté et que cela les a intéressés. Mais aujourd’hui, pour la première fois, j’avais réellement espéré qu’aucun ne vienne. Heureusement il s’agissait de Fitzgerald. Ça passait mieux. Pas besoin de simuler des sourires. Il n’est pas forcément le meilleur de mes élèves, mais je vois en lui du potentiel et il fait ce qu’il peut. Il se donne les moyens. Et j’aime ce genre d’élèves. Ce genre d’élèves qui ne demandent pas à être les chouchous. Je l’écoutais alors me poser sa question. Je lâchai un soupire lorsque je vis qu’il ne s’agissait pas du cours que je venais de faire. Si on peut appeler ça un cours, évidemment... Je continuais à lui sourire, tout en répondant dans la foulée. “Evidemment que je vais vous faire cette lettre.” Je n’avais même pas besoin de réfléchir. Je savais déjà même ce que je pourrais y dire à l’intérieur. “Quant aux contacts, je vais voir ça et je reviens vers vous très rapidement. D’accord ?” En revanche, le fait qu’il ne veuille pas travailler pour Andrew me surprit. “Si je puis me permettre... Pourquoi ne souhaitez-vous pas travailler pour Maitre Spector?” Quel dommage que je n’ai pas encore mon propre cabinet. Je l’aurais embauché directement.

never let your fear decide your fate | @Rebecca Walsh
sourire léger qui se dessine sur tes lippes lorsqu'elle accepte de te faire la lettre de recommandation. tu sais que ça t'aideras par la suite et tu sais aussi que cette lettre va en faire rager une en particulier. la flores va pas en revenir et t'as déjà hâte de voir sa tête quand tu lui diras que le prof walsh t'as aidé dans tes recherches. du moins, t'as recommandé à ses confrères " merci.. " dis-tu simplement d'un ton léger pour la remercier pour la lettre mais aussi pour les contacts qu'elle pourrait te partager. arques un sourcil lorsqu'elle en demande plus sur la raison pour laquelle tu ne veux pas bosser avec andrew " en réalité, rien d'important. c'est personnel. " est ce que t'as besoin d'en dire plus ? non, tu penses qu'elle comprendra. t'as pas envie d'en parler parce que franchement, ya plus intéressant que de parler d'une amitié qui n'est plus aujourd'hui. les causes ? tu ne les connais même pas. et t'as juste pas envie d'y penser. tu t'en fous, c'est du passé. mais bosser avec lui, non.

never let your fear decide your fate | @Mikke Fitzgerald
Au contraire de Miss Flores, j’appréciais Mr Fitzgerald. Je me mis alors à penser à ma dernière conversation avec la jeune fille. En fin de compte, elle avait raison. Malgré mon statut de professeure, je ne peux pas m’empêcher d’aimer ou non mes élèves. J’aimais beaucoup l’élève face à moi. Chose improbable, car contrairement à Flores ou d’autres dans genre, il ne fait rien pour se démarquer. Il est attentif en cours, il fait le travail qu’il faut... Sans jamais trop se mettre en avant. Mais il a des capacités, dont lui-même ne les connait pas. Il est très réservé et venir me voir aujourd’hui avait dû être compliqué pour lui. Je l’imagine d’ailleurs y avoir pensé durant tout le cours. Réfléchir à la façon dont il me poserait la question. Typiquement le genre de questions que ne se poserait pas Miss Flores. Elle, elle serait venue avec une grande assurance, me demander si je pouvais l’aider d’une quelconque façon. Enfin, demander... Elle l’aurait même plutôt exigé. Prétextant être une bonne élève et donc être méritante. “Je vois...” Je trouvais cela dommage. Il aurait pu apprendre aux côtés de grands avocats. Peut-être que d’autres professeurs auraient tenté de le faire changer d’avis. Moi non. Je ne voulais pas qu’il se sente mal à l’aise et qu’il foire son stage à cause d’affaires privées. Même si ça serait un bon travail. Il faudra qu’il apprendre que l’on doit bien séparer sa vie privée à son travail. Mais ça sera pour une autre fois. “Sinon, vous allez bien ? Les cours ça va ?” Maintenant qu’il était sous ma main, je pouvais en profiter pour prendre un peu de ses nouvelles. J’aime bien faire cela. Prendre un peu des nouvelles de mes élèves. Savoir s’ils vont bien. Et leur faire comprendre que je suis présente, si besoin. Alors qu’il était en train de me répondre, j’entendis mon portable sonner. “Excusez-moi.” Je jetais un regard sur le numéro. Inconnu. La personne allait attendre. Je posais le téléphone sur le bureau et reposais mon regard sur le jeune homme.

never let your fear decide your fate | @Rebecca Walsh
t'es pas du genre à cracher dans la soupe. andrew est un très bon avocat, ça tu ne le nies pas. t'aurais beaucoup appris à ses côtés et tu ne retiens que de bonnes choses des mois passés dans son cabinet. malheureusement il n'y aura pas de suite à tout ça. c'est dommage que les affaires privées viennet empiéter sur la vie professionnelle, mais c'est comme ça. malgré ses compétences qui ne sont plus à prouver, tu sais qu'il n'y a pas que spector comme avocats compétents dans le coin. elle n'en demande pas plus et t'apprécies. au moins, tu n'auras pas à lui répéter un peu moins aimablement que ça ne la regarde pas. ça t'aurais vraiment embêté parce que tu l'apprécies cette prof. et c'est surement réciproque, sans aucun doute. ça se voit. sinon, elle n'aurait pas accepté pour la lettre de recommandation. elle demande de tes nouvelles, savoir si tu vas bien, si les cours te plaisent. haussement d'épaules, signe de tête qui veut dire que tu vas bien. tout va bien non ? mais au moment d'ouvrir la bouche, son téléphone se mit à sonner. elle regarde, ne répond pas puis le pose sur le bureau. ok. elle s'en fout complet de cet appel. elle priorise l'échange qu'elle a avec toi. t'en demandais pas tant " mh, ça va. je suis en pleines révisions, je me coupe limite du monde, j'ai plus de vie, mais à part ça tout va bi.. " téléphone qui sonne de nouveau. encore et encore. signe de tête vers le cellulaire " vous gênez pas pour moi. je vous ai parlé du principal. je reviendrais au pire.. " hausses les sourcils, t'apprêtant à partir pour qu'elle puisse prendre l'appel qui semblait surement important. sait-on jamais.

never let your fear decide your fate | @Mikke Fitzgerald
Les examens arrivaient et tout bon étudiant se devait de bien réviser. Ils devaient tout donner, même si cela devait signifier ne plus avoir de vies pendant quelques semaines. Après les examens, ils seraient tranquilles pour profiter des vacances de fêtes de fin d’années, en famille ou entre amis. Je savais combien pouvaient être durs les semaines de révisions. Devoir se couper du monde. J’en profitais donc pour prendre des nouvelles de mon étudiant. Savoir comment il vivait cette période. Alors qu’il était en train de se livrer à moi, j’entendis mon portable sonner à plusieurs reprises. Puis ce fut au tour de mon mobile professionnel. Si c’était important, on me laisserait un message. Mais apparemment cela gênait l’élève en face de moi. Je lui souris, en signe de remerciement. Oui, je comptais bien revenir vers lui, pour continuer cette conversation, aussi longue soit-elle. Je répondis donc, tout en regardant Mr Fitzgerald s’éloigner. Mon interlocuteur demanda après moi. “C’est bien moi.” Et là, je ne pourrais plus trop vous dire ce qu’on me dit. Je me souviens de seulement de ces quelques mots : Accident de moto, mari, fils, état critique. Et on devait m’avoir dit plus, mais j’avais déjà laissé tomber mon portable au sol. Totalement sous le choc. Je tentais de tenir le coup, mais je sentis mes jambes fléchir. Ces mots résonnèrent dans ma tête. Je voyais trouble. Puis je me sentis tomber au sol, sur les jambes. Je n’arrivais plus à réfléchir. Etat critique. Etat critique. Etat critique.  

never let your fear decide your fate | @Rebecca Walsh
téléphone qui sonne, qui sonne encore... t'en déduis que c'est surement important et t'as aucune envie qu'elle évite de répondre parce que vous êtes en pleine conversation. tu lui dis de répondre et lui précise que tu reviendras plus tard. t'as rien de plus à ajouter, qu'elle s'en fasse pas, le reste n'est pas très important, tu peux attendre. bien plus que la personne qui essaye de la joindre visiblement. alors que tu commences à partir, tu te stoppes puis te retournes rapidement lorsque tu entends un objet tomber à terre. c'est là que tu te rends compte qu'il se passe quelque chose de grave. téléphone à terre, la prof qui s'effondre. t'accours vers elle, te mets à sa hauteur en t'agenouillant, essayant de capte rson regard. manquait plus que ça. main posée sur son épaule " eh, ça va pas ? qu'est ce qui se passe ? " t'attrapes rapidement le téléphone à terre, entends une voix puis répond " euh, c'est qui ? " un docteur vient d'appeler, te racontes ce qui venait de se passer. grimaces sur ton visage, tu comprends alors pourquoi ta prof était dans cet état " je suis son élève [...] oui... [...] quoi ? mais non... bon. oui ok je m'en occupe. ouais ouais. aurevoir. " soupires, tu raccroches puis reposes le téléphone sur le bureau tout en restant agenouillé devant elle; pourquoi ça te tombes dessus à toi ? pourquoi ? putain, t'as vraiment pas de cul. tu sais pas trop quoi dire sur le coup. tu sais pas comment réagir. tu gardes le silence, le temps qu'elle se reprenne. puis quelques secondes plus tard, tu dis doucement " j-je dois vous accompagner à l'hôpital. ou si vous voulez j'appelle la doyenne ? " au secours, on fait comment dans ces cas là ? la compassion mikke, il est temps d'en avoir un peu non ? faudrait pas que tu perdes des points auprès de ta prof là.

never let your fear decide your fate | @Mikke Fitzgerald
Les paroles du docteur faisaient écho dans ma tête. Je voyais trouble. Plus aucune force dans mes jambes qui me fit tomber à terre. J’entendais aussi le battement de mon cœur. Un battement qui s’accélérait. Je tentais de me calmer car je sentais la crise de panique arriver. Je n’en avais jamais faite jusque-là, mais je sentais que j’allais perdre tout contrôle : de mes pensées ainsi que de mon corps. J’avais envie de crier et de pleurer. Mais rien ne venait. Jusqu’au moment où je perdis conscience. Du moins c’est ce que je pense car je ne vis plus rien. Pendant combien de temps ? Aucune idée. Mais après ce blackout, peu importe sa durée, je sentis une présence à mes côtés. Il me fallut un peu de temps pour me replacer. Je venais de terminer mon cours et Monsieur Fitzgerald était venu me parler jusqu’à ce que je perde connaissance. Je le regardais. Surprise de tout ce qu’il me disait. A l’hôpital ? “Non ça va aller. Je n’ai pas mangé à midi ça doit être pour ça. Je vais aller grignoter et ça ira mieux. Ne vous en faites pas.” Au regard de mon élève, je pouvais voir que quelque chose n’allait pas. “Quoi ?” Je me touchais le visage, le crâne, sait-on jamais si je me suis ouverte quelque chose en tombant dans les pommes. Me sentant mieux je me levais. Mais le jeune homme semblait toujours aussi préoccupé. “Ne vous en faites pas, je n’ai pas oublié : je vous fais votre lettre et je vous mettrais en relation avec mes contacts.” C’est bien la dernière chose dont je me souvenais. Je faisais un déni total de l’appel que j’avais reçu.