C’était la rentrée, j’étais accepté à Harvard, j’étais loin de papa. Vraiment, j’avais tout pour moi. Je crois que j’étais heureux à ce moment-là. J’avais décidé de fêter ce jour au Nephilim. Je connaissais vaguement quelques personnes susceptibles de m’aider par là. Quoi qu’une ancienne église fût presque un lieu inconvenable pour une boite de nuit. Mais qui suis-je ? Un fêtard. J'avais choisi ce pantalon de costume d'un bleu nuit parfait, une chemise aux motifs obscures accompagné de ma veste en cuir. J'avoue que j'aimais beaucoup cette veste et que je l'utilisais pour n'importe quelle occasion.

J’entrai par la grande porte et fut immédiatement ébloui par les lumières néons qui parcouraient la nef. Je me dirigeai aussitôt vers le grand bar qui se trouvait dans le transept. « Un Jägerbomb s’il te plait ». On m’a toujours dit de commencer soft. Après avoir quelque peu parler avec un des gars accoudés au bar, je remarque une jeune blonde, un peu perdue. Probablement sa première fois dans une église. Je parle de soirée, ne vous méprenez pas ! « Je t’offre quelque chose ?» lui avais-je demandé avant de retourner au bar pour passer une autre commande.

Trois ans qu’Hayley passait régulièrement devant le Nephilim, sans jamais prendre le temps de s’y arrêter. Trois ans que ses camarades, ou d’autres étudiants d’Harvard, parlaient du Nephilim, parfois sans arrêt – cette ancienne église transformée en un endroit prisé des artistes et des fêtards. Et pourtant, trois ans qu’Hayley, grande amoureuse des fêtes et de la danse, n’y avait pas mis un pied. Quel gâchis, pensa-t-elle alors qu’elle entrait, accueillie par la musique étourdissante et les lumières éblouissantes. Son cœur tambourinait déjà dans sa poitrine, emballé : elle était dans son élément. Heureusement qu’elle avait pensé à troquer sa fidèle veste en jean oversize contre une plus légère qui ne la gênerait pas lorsqu’elle serait en train de danser – tout comme le reste de sa tenue, un short taille haute accompagné d’un crop top rayé, tous deux moulants. Offrant un sourire aux personnes qui la connaissaient et la remarquaient, la blondinette se fraya un chemin jusqu’à la nef où semblait se trouver le bar. Bien que l’alcool l’avait marquée quelques années auparavant, cela ne l’empêchait pas de s’accorder un ou deux verres lors d’une soirée – mais jamais plus. Un ou deux pour le plaisir, sans aller au-delà. Alors qu’elle cherchait du regard les boissons servies ici, une voix attira son attention et, après avoir réalisé que le jeune homme s’adressait bel et bien à elle, Hayley lui sourit.
« Volontiers ! »
Il avait une bonne bouille, ce garçon. Et des cheveux ! Elle qui avait toujours eu les cheveux raides, elle aurait pu lui envier ses légères bouclettes.
« Mmh, j’adore l’Apple Pie Punch mais je le trouve quasiment jamais… Je suis plus alcool sucré, pas trop fort. Tu me conseilles quoi ? »

« La seule chose que je peux te proposer, c’est de me laisser choisir pour toi » avais-je dis. Après tout, ça sert à ça les contacts, le bar n’offrent pas une possibilité infinie de boisson mais quand les clients sont prêts à mettre le prix sur d’autres marchandises, le serveur ne peut plus rien refuser.

Je me dirige alors vers le grand bar blanc éclairé de néons bleus, m’éloignant ainsi de la jeune fille. « Un Leetchi Sunrise et un 420 s’il te plaît. Je paye en liquide » avais-je dit au serveur. Je me retourne et voit qu’elle s’était rapprochée. C’était définitivement sa première fois ici. La musique presque techno faisait bouger les bras et les jambes des jeunes de passage. Pour moi, pour elle aussi, seulement les épaules. J’aime parfois la techno. Juste pas cette musique.

Le serveur, ma foi fort mignon, me dépose un verre. Je tends ma main pour déposer un billet dans la sienne. Plutôt gros billet pour un simple verre pourrait pense la plupart des gens autour de moi s’ils voyaient le montant. Je passe ma main sur sa paume et récupère mon bien avant de déposer plus discrètement le billet. « Merci » avais-je dis en déposant l’objet dans le fond de ma poche et en récupérant le Leetchi Sunrise et mon verre de Jag’ commencé. « Et voilà votre boisson ma chère demoiselle » avais-je annoncé, avançant le liquide devant la belle blonde. « Si vous trouvez ce que c’est, je vous invite à danser ! »

Hayley offrit un sourire au jeune homme, lui montrant qu’il avait carte blanche et qu’elle lui faisait confiance sur ce point. Oui, c’était peut-être inconscient de sa part – après tout, il pouvait se passer n’importe quoi, telle une « mauvaise » pilule diluée dans son verre comme aimait dire sa mère à chaque appel vidéo, lorsqu’elle apprenait que sa fille sortait – mais quelque chose lui disait que ce garçon n’avait pas ce genre d’intention derrière la tête. Et puis, c’était bien gentil de sa part de proposer un verre à une inconnue, elle n’allait pas refuser. Elle garda un œil sur les deux verres qu’il venait de commander, avant d’être distraite par un léger changement dans la musique, dans le rythme. Ça lui donnait envie de danser, de bouger. La tête, les épaules, le haut du corps. Puis, la voix du jeune homme la fit se tourner vers lui.
« Je vous remercie, très cher ! »
Elle récupéra son verre. La boisson était joliment colorée, lui rappelant même une sorte de version du populaire Sex On The Beach. Ses yeux bleus se posèrent à nouveau sur le garçon, et elle lui sourit, se prêtant au jeu.
« Oh là là, j’espère ne pas me tromper parce que j’ai réellement envie de danser, avait-elle dit en riant légèrement, avant de porter le verre à ses lèvres pour une première gorgée. C’était la première fois qu’elle goûtait cette boisson – peut-être qu’il était plus prudent d’en boire encore un peu. Il y a du schweppes et… ah, c’est… ça me rappelle un fruit qu’on ne mange pas tout le temps. »
Et le nom lui avait échappé. Elle fit la moue pendant deux secondes, avant de se rapprocher du jeune homme et de passer son bras sous le sien, désormais tout sourire. L’appel de la piste de danse était trop fort.
« Cassons un peu les codes ; et si c’est moi qui te demande ton prénom et t’invite à danser, plutôt ? »

Le litchi, ce fruit à la fois connu et inconnu. C'est à la fois sucré, pêchu, frais et hydratant. On a tous goûté du litchi dans sa vie mais très peu se souvient de son nom. Certains disent que c'est aphrodisiaque tout comme le gingembre mais je n'y crois pas vraiment.

"Cassons un peu les codes ; et si c’est moi qui te demande ton prénom et t’invite à danser, plutôt ?"

Mais ? Non, ça aurait dû être moi. J'aurais dû lui prend la main en la poussant sur la piste de dance blanche située au centre de l'église. J'aurais dû lui faire poser son verre après qu'elle en ait bu les trois quart. J'aurais dû rapprocher ses hanches et son visage en lui murmurant à l'oreille quel est son prénom. Attendez, est-ce que je suis actuellement bouche ouverte en train de totalement bugger ? Oui, c'est probable. Il faut que je dise quelque chose Caesar, qu'est-ce que tu fous ?

"Litchi Sunrise, Caesar Fall, avec plaisir ?" avais-je dis dans cet ordre, au bord du bégayement. La situation était particulière ou disons plutôt unique pour moi.

Je pose mon verre, et me dirige vers la piste où je prends la jeune blonde par la taille. Pas plus haut, pas plus bas. Juste sa taille que j'approche doucement de mon corps tout en balançant de temps en temps mes bras. Je ne connais même pas son nom mais je crois que je l'apprécie d'jà. Elle a comme une aura de bienveillance et de générosité à mon contraire, mais ne dit-on pas les opposés s'attirent ?

"Au fait, je ne t'ai même pas demandé ton prénom !"

Elle ne s’attendait pas à cet air décontenancé ; ce n’était pas tous les jours qu’elle arrivait à prendre quelqu’un au dépourvu. Mais il fallait avouer que cette mine était plutôt adorable ! Tout comme sa façon de répondre, en mélangeant presque les informations. Hayley pouffa légèrement de rire, lui fit un grand sourire. Litchi Sunrise – ça devait être ce qu’il lui avait commandé. Mais oui ! Le litchi ! La liqueur qu’elle n’arrivait plus à nommer… Et Caesar. Quel joli prénom !
Caesar qui prenait désormais les rênes. Tandis qu’il posait son verre, elle porta rapidement le sien à ses lèvres pour quelques gorgées avant de l’abandonner sur le comptoir, se laissant entraîner par le jeune homme sur la piste. Elle avait tout ce qu’il lui fallait : de la musique, une ambiance électrisante autour d’elle et un partenaire de danse. Quoi de mieux ? Elle pouvait enfin bouger sa tête ses bras, ses hanches, le haut de son corps selon le rythme des chansons, mais également celui du jeune blond.
« Je m’appelle Hayley ! Enchantée Caesar, répondait-elle en se rapprochant encore plus de lui, toujours en train de danser. Pas mal du tout le Litchi Sunrise, d'ailleurs ! J'ai eu raison de te faire confiance. »
Leurs corps s’effleuraient, mais elle s’en fichait. Tout ce qui comptait et tout ce qu’elle voulait, c’était danser – et elle n’allait pas cracher sur un bon moment passé en bonne compagnie. La machine était lancée. Elle était prête à danser pendant des heures.

Elle prit quelques gorgées de sa boisson et sembla agréablement surprise du goût ou peut-être était-ce simplement de savoir que c'était du litchi ?

Nous allons danser. Elle danse bien, elle est jolie et surtout elle et drôle. Alors que nos corps se rapprochaient, elle me dit "Je m’appelle Hayley ! Enchantée Caesar, pas mal du tout le Litchi Sunrise, d'ailleurs ! J'ai eu raison de te faire confiance." Joli prénom, je ne l'avais jamais entendu auparavant.
Elle n'avait pas vraiment eu le choix que de me faire confiance. Dit comme ça, ça sonne un peu pervers mais c'est pas du tout ce que je voulais dire ! Je voulais juste dire que ... vous savez quoi, je ne vais pas me justifier.

1, 2, 3, 6, 10 chansons passèrent. Je commençais non pas à me fatiguer mais surtout à avoir chaud après les 3 ou 4 verres que nous avions bu entre temps, je ne me rappelle plus exactement du nombre, mais je sais qu'ils étaient bien corsés.

"Je vais prendre un peu l'air, tu veux venir ?"
Je sors de l'église et me pose sur un des bancs, juste devant.

Je sors mon petit sachet, celui que l'on m'avait donné (ou plutôt que je m'étais acheté) plus tôt dans la soirée et en sort le contenu pour le mélanger à mon tabac.

Tandis qu’elle dansait, Hayley retrouvait toutes les sensations qui rythmaient presque son quotidien depuis son emménagement à Boston. L’emballement de son cœur. L’écho de la musique dans son corps. La moiteur dans le bas de son dos. L’effondrement de certaines barrières. Partager un moment particulier avec quelqu’un. Profiter de ce moment et des suivants. Se rapprocher. Être enivrée par la musique, l’ambiance, les autres. Être à bout de souffle. Se faire offrir un verre. Ne pas refuser, puis boire. Discuter. Rire. Retourner sur la piste de danse. Elle souriait, plaisantait, riait, entraînait Caesar avec elle, se calait sur son rythme pour pouvoir le suivre. Ils parlaient, se découvraient, se marraient, puis ils dansaient encore.
« Je vais prendre un peu l’air, tu veux venir ? »
Hayley acquiesça et, à ce moment-là, sa tête se mit à tourner et une vague de chaleur l’envahit. Ok, elle avait peut-être un peu trop bu – plus que d’habitude en tout cas – et oui, elle avait besoin de prendre l’air aussi. Elle noua ses cheveux en un chignon ébouriffé, en bataille, et le suivit à l’extérieur du Nephilim. Tout en retirant son gilet, elle inspira un grand coup l’air frais. Ça faisait du bien.
Elle se mit à frissonner lorsque ses cuisses entrèrent en contact avec le banc frais et remit son gilet, prenant place à côté du jeune homme. Elle arqua un sourcil en le regardant faire son mélange de tabac et d’herbe, probablement.
« J’vais peut-être abuser mais t’aurais pas quelque chose à grignoter ? »
Ou est-ce qu'il n'avait que… ça ?

Nous étions dehors et le vent frais me rafraichissait sans pour autant me refroidir. Je n'avais pas froid mais je n'avais plus chaud. Enfin ... plus pour très longtemps.
Hayley avait un creux. Je cherchais dans mes poches à la recherche de quelque chose. J'étais sûr d'avoir quelque chose justement pour après ce que j'apprêtais à fumer. Dans ma poche de jean peut-être ? Non, ma poche gauche de manteau ? Non plus, à moins que ce ne soit la droite ? Bingo ! une barre de céréales ! J'en ai toujours sur moi de toute façon !

"Tiens, je l'ai même pas ouverte" Je lui tends la barre en souriant.

J'allume mon joint. Enfin là, y avait plus de tabac qu'autre chose parce que je sais que certaines personnes n'apprécient pas l'odeur et je ne voulais pas déranger la belle blonde. Je pris une bouffé de cet air pollué à l'hallucinant.

"Tu veux ?" lui proposais-je par pure courtoisie et partage. Des fois les meilleures expériences se font avec un inconnu devant une boite sur un banc gelé alors pourquoi ce ne serait pas ce qu'il se passerait maintenant.

À sa plus grande surprise, Caesar dégaina une barre de céréales après avoir fouillé toutes ses poches. Elle lui rendit son sourire immédiatement et prit le paquet, se penchant vers lui jusqu’à ce que leurs épaules se heurtent.
« My hero ! Merci beaucoup. Je te pique juste la moitié. »
Voire un peu moins. Deux crocs par exemple. Histoire de se remplir le ventre avec autre chose que de l’alcool et de se réveiller plus tard dans un meilleur état. Tandis qu’il finissait et allumait son joint, Hayley s’occupait d’ouvrir la barre de céréales et d’en croquer un morceau, fredonnant de plaisir. Son estomac la remerciait déjà. Elle allait pour prendre un dernier morceau de la barre sucrée quand Caesar lui tendit son joint. Elle hésita pendant une fraction de seconde, avant de décider qu’elle n’allait pas jouer les rabat-joies et qu’elle pouvait très bien tirer une taffe ou deux comme lorsqu’elle était en soirée avec Andréa.
« Allez ! acquiesça-t-elle en approchant les lèvres du bout du joint, tirant une taffe… un petit peu plus grosse que prévu. Elle toussa un coup – ça faisait un moment déjà qu’elle n’avait pas tiré sur un joint, en fait. Ah, c’est toujours autant dégueulasse, rit-elle avant de mordre dans la barre de céréales de nouveau. Une fois le morceau avalé, elle ajouta, J’ai une amie qui me laisse tirer un coup ou deux de temps en temps en soirée, juste histoire de dire, mais je crois qu’elle charge ses joints un petit peu plus que les tiens. Elle haussa les épaules, souriant. Bah, tu m’diras, je suis pas une pro quand il s’agit de joint ! »